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servations sur une méthode particulière de trailer cette maladie, 1788 ̊, in-8.— Observations sur les rapports de divers comités médicaux, nommes pour s'assurer de l'état de santé des troupes, 1808 et 1809.

KEATS (Sir RICHARD GODWIN), contreamiral anglais, fut lieutenant à bord du vaisseau le Prince George, qui faisait partie de l'escadre envoyée aux Iudes-occidentales, sous l'amiral Rodney, et sur lequel le duc de Clarence était embarqué comme garde-marine. Ce prince fut coufié, pour son instruction, au lieutenant Keats, regardé alors comme un des hommes les plus propres à lui donner les notions necessaires pour l'exercice de sa profession. De ces rapports naquirent entre eux une liaison durable et une amitié sincere, qui firent disparaître toutes les distinctions de rang; et de ce moment, le duc de Clarence contribua avec zele à l'avancement d'un homme qui, dans tous les temps, s'est montré digne de cette protection. Le lieutenant Keats fut promu au grade de capitaine dans l'année 1789. Il commandait le Superbe dans l'ac. tion d'Algésiras, le 12 juillet 1801, et s'y distingua par son intelligence et son sang froid. I commandait aussi le vaisseau que montait l'amiral Duckworth àla bataille de San-Domingo, le 9 février 1804. En novembre 1805, il reçut le titre de colonel des Royales-marines, et le grade de contre-amiral de l'escadre bleue, le 2 octobre 1807. Ce fut lui qui donna au mar. quis de la Romana et aux troupes espagnoles confinées dans le nord de l'Europe, les moyens de s'échapper pour aller défendre leur pays. Ses services lui valurent, en octobre 1808, le cordon de l'ordre du Bain.

KEESSEL (DIONYSIUS-GODEFRIDUS VAN DER), professeur de jurisprudence à l'université de Leyde, naquit le 22 septembre 1738, à Deventer, où son père etait minis tre des protestans-réformés. Après avoir fait de bonnes études à l'athénée de sa ville natale, il alla à l'université de Leyde pour y étudier la jurisprudence, et y fréquents pendant cinq ans les leçons des savans professeurs qui y enseignaient cette science. Ayant obtenu le grade de docteur en droit, il s'établit comme avocat à la Haye, et y pratiqua avec beaucoup de succès. Nommé professeur en droit à l'université de Groningue, en 1762, n'étant age que de

24 ans, il y enseigna la jurisprudence pendant sept années consécutives, jusqu'à ce qu'il fut appelé, en 1771, à la chaire de droit à l'université de Leyde, établissement qu'ilhonora par ses talens et son érudition. Il a formé plusieurs élèves qui ont illustré leurs noms dans la carrière du droit et de la politique. Le roi actuel des Pays-Bas fut son disciple, et fit toujours le plus grand cas de son respectable maître, qu'il a nommé membre de l'ordre du lion belgique. On a de lui: Dissertatio inauguralis de usucapione partus et foctus reifurtivo, 1761.-Oratio qua disquirttur an capita illa juris Romani quæ in usu hodie non esse dicuntur, in acade miis doceri expediat, Groningue, 1762. -Oratio de legislatorum belgarum in recipiende jure romano prudentia, Lugd. Bat, 1770.-Oratio de amore patrice i juventute belgica excitando prudenterque dirigendo, 1774. — Oratio de nequitate judicantium,optimo turbatæ reipublicæ remedio, 1786.—Oratio de studio juris civilis ad bonos mores formandos et virtutem colendam aptissimo, 1790. -Oratio de advocato christiano, 1792. Theses selectoe de juris Hollandici et Zelandici, 1800, in-4. Cet ouvrage, publié à l'usage de ses disciples, est un très-savant commentaire sur l'Introduction au droit hollandais par H. Grotius. Il a légué à l'académie de Leyde les observations ultérieures qu'il a faites sur ce livre du célèbre jurisconsulte hollandais. Il est mort en 1816.

KEITH (Lord vicomte GEORGE ElphinsTONE), amiral anglais, né en 1747,, d'une famille ancienne et distinguée d'Écosse, montra, de bonne heure, du goût pour le service de mer, dans lequel il s'engagea. Après avoir passé par les grades inférieurs, il était, en 1773, lieutenant de vaisseau dans la Méditerranée. Deux ans après, il devint capitaine. Il se fit nommer, en 1774 et 1780, membre du parlement par le comté de Dumbarton, et, en 1786, par celui de Stirling. Il figura, en 1780, parmi les membres indépendans qui s'efforcerent en vain de reconcilier Pitt avec Fox et le duc de Portland. Le capitaine Elphinstone se distingua dans la guerre contre les colonies d'Amérique, où il commanda long-temps un vaisseau de 74. A l'époque de la revolution française, il fut envoyé dans la Méditerranée, sur le Robuste, de 74 canons, sous les ordres de

l'amiral Hood, et se rendit avec cet amiral, en août 1793, à Toulon, lorsque ce te ville eut proclamé Louis XVII. George Elphinstone eut le commandemement du fort Lamalgue. Lorsque le départ de l'armée anglaise fut résolu, le comte Elphinstone fut chargé de faire embarquer les royalistes français qui voulurent quitter leur patrie. A son retour en Angleterre, en 1794, il fut nommé chevalier de l'ordre du Bain, et ensuite contre-amiral de l'escadre blanche. En avril 1795, il fut envoyé avec une flotte au cap de BonneEspérance, et il s'empara de cet etablissement important. Il fut, à cette occasion, créé, en 1797, pair d'Irlande, avec le titre de baron Keith de Stone-Haven-Marischal, et rejoignit ensuite la flotte du Canal, commandée par lord Bridport,qu'il remplaça en 1799. Il fut envoyé, comme vice-amiral, pour aider l'amiral SaintVincent dans la Méditerranée, bombarda Gênes en 1800, et se rendit avec le grade d'amiral, dans la baie de Cadix, pour soutenir l'entreprise formée contre cette pla, ce par le général Abercromby; entreprise que fit échouer la vigoureuse résistance du gouverneur espagnol, puissamment secondé par l'amiral Massaredo (voy. ce nom). Lord Keith commandait la flotte qui, en 1801, transporta le général Abercromby en Égypte. Il contribua par ses bonnes dispositions au dé barquement des troupes, et prépara ainsi les victoires qu'elles remporterent ensuite, Ce fut lord Keith qui, en exigeant que tous les Français se rendissent prisonniers, rompit la convention d'El-Arisch, par laquelle ceux-ci s'obligeaient à évacuer l'Egypte (voy. KLEBER ). Les journaux français prétendirent à cette époque qu'il avait cu de mauvais procédés envers ses prisonniers, et rapporterent les reproches que le général Desaix lui avait adressés à ce sujet. Lord Keith recut, à son retour en Angleterre, des remercîmens des deux chambres, la permission de porter l'ordre du Croissant, et la pairie d'Angleterre. La ville de Londres lui envoya le droit de cité dans une boîte d'or magnifique, et il fut nommé chambellan, secrétaire et garde du sceau du prince de Galles, etc. En 1803, il fut nommé amiral du port de Plymouth. Il mit à la voile le 10 septembre 1804, à bord du vaisseau le Monarque, pour les côtes de France, afin de reconnaître les préparatifs qui s'y faisaient

contre les Anglais, et il donna des instructions aux capitaines de la flotte de Dunes pour défendre la côte en cas d'attaque. Le 15 avril 1812, il presida la cour martiale établie pour juger des causes de l'échouement du vaisseau le Conquestador sur les bas-fonds de la baie de Quiberon. L'amiral Keith commandait, en 1814, les forces navales de l'Angleterre depuis le Finistère jusqu'à Baïonne, Iorsque les événemens de la campagne de France vinrent changer la face des affaires. Le préfet maritime de Rochefort et le contre-amiral Jacob lui écrivirent, au mois d'avril, au nom du gouvernement provisoire, pour lui proposer de cesser les hosti'ités. L'amiral anglais y consentit avec empressement, et il permit à tous les navires marchands qui avaient des relations sur les côtes de France, de circuler librement. Le prince-régent lui conféra, cette année, le titre de vicomte, transmissible à ses héritiers. En 1815, il eut, sur le Northumberland, un entretien avec Bonaparte, avant le départ de celui-ci pour Ste-Hélène. Lord Keith a épousé, en 1787, Jeanne, fille et unique héritière de William Mercer, morte en 1788, et dont il a eu une seule fille, Marguerite-Marie Elphinstone, qui a épousé le comte de Flahaut en 1816.

KELLER (LOUIS-DOROTHÉE, Comte DE), est né à Stedten, près d'Erfurt, terre dans laquelle son père, ancien conseiller du duc de Wurtemberg, s'était retire. Après avoir achevé ses études à Gœttingue et à Strasbourg, il entra au service de Prusse, et obtint, très-jeune encore, le titre de ministre plénipotentiaire près la cour de Suède. Apres la mort de Frederic II son successeur le fit passer, dans la même qualité, à la cour de St-Pétersbourg, d'où il fut envoyé, en 1789, à la Haye. C'estlà qu'il travailla, de concert avec le ministère hollandais et les plénipotentiaires des cours de Londres et de Vienne, aux arrangemens qui rétablirent l'autorité de la maison d'Autriche en Belgique. En 1793, il assista aux conférences d'Anvers, où quelques diplomates s'étaient réunis à la hate pour examiner les propositions de Dumouriez après sa défection (voy. ce nom). M. Keller contribua au rejet de ces propositions, que d'ailleurs celui meme qui les avait faites se trouva bientôt hors d'état de réaliser. L'entrée des troupes françaises en Hollande mit fin à la mission

du comte de Keller près les états-généraux. Il resta sans emploi jusqu'en 1797, où il reçut celui d'envoyé extraordinaire à la cour de Vienne, emploi qu'il résigna en 1805, pour vivre dans la retraite. En 1806, il fut question de lui conférer une place de second ministre des affaires étrangères, à côté du comte de Haugwitz; mais il déclina cette charge, dont l'activité se serait bornee à celle d'un chef de bureau, d'autant plus que le systême politique du comte de Haugwitz n'était pas le sien. En 1807, il n'exerça d'autres fonctions que celles de membre des états-généraux convoqués à Cassel. Mais bientôt après, il devint ministre du prince primat, grand duc de Francfort (duc de Dalberg), auprès de Napoléon. Il quitta Paris en 1813; et les evenemens de la guerre ayant fait évanouir deux souverainetés, celle du grandduc de Francfort, et celle du royaume de Westphalie, l'électeur de Hesse, reintegré dans ses états, le chargea de ses intérêts au congrès de Vienne, à l'issue duquel le comte de Keller rentra au service du roi de Prusse, qui le nomma, en 1815, premier président de la régence d'Erfurt. KELLERMANN (FRANÇOIS-CHRISTOPHE), duc de Valmy,pairet maréchaldeFrance,né à Strasbourg, le 30 mai 1735, commença par être simple hussard dans la légion de Conflans; et s'étant fait remarquer pendant la guerre de sept ans, il fut fait officier, devint ensuite colonel du régiment de colonel-général hussard, et enfin maréchal-de-camp en 1788. Il fut employé au commencement de la révolution en Alsace, où il fit quelques efforts pour arrêter l'indiscipline des troupes dont la véritable cause était dans l'incivisme des officiers. Il reçut à Landau, oùil comman. dait alors, une couronne civique, pour avoir engagé les soldats à fréquenter les sociétés populaires. Dévoué aux principes de la révolution, comme à toutes les conséquences qui devaient en résulter, le gé neralKellermann adhéra à la révolutiondu 10 août 1792; prêta, après cette époque, le serment à la liberté et à l'égalité, exigé de tous les fonctionnaires publics; obtint le commandement de l'armée de la Moselle; opera,en septembre, sa jonction avec le général Dumouriez, en Champagne, et occupa alors la position de Valmy. Le 19 de ce mois, il y soutint une attaque qui, sans être d'une grande importance en ellemème, décida du succès de la campagne

de Champagne, et détermina la retraite des allies. Employé ensuite sous les ordres du général Custine, il fut dénoncé par celui-ci pour ne s'être pas emparé de Treves et de Mayence. Kellermann écrivit à la convention, le 6 novembre, « que cette dénonciation ne pouvait être que l'effet de la folie ou du vin. » Tantot attaqué, tantôt défendu par les jacobins, il fut employé successivement sur la Moselle, et au siége de Lyon, dont il conduisit les premières opérations avec peu de succès; cequi lui attira de nouvelles denonciations, qui lui firent désirer de passer à l'armée des Alpes, où il contribua utilement à la defense des frontières méridionales. Cependant il ne put échapper aux accusations qui accablaient alors tous les généraux; accusé de faiblesse, même de trahison, à la tribune desjacobins, il fut exclu de leur société, puis destitué et constitué prisonnier à l'Abbaye; en septembre 1793. Traduit au tribunal révolutionnaire, où il ne fut, heureusement pour lui, mis en jugement qu'après la mort de Robespierre, il y fut acquitté le 18 brumaire an 3 ( 8 novembre 1794). Ayant repris, en 1795, le commandement de l'armée des Alpes et d'Italie, il fit une campagne remarquable par sa résistance à des forces supérieures, mais peu importante dans ses suites. Le général Bonaparte ayant éte nommé au commandement en chef de l'armée d'Italie, le directoire ne conserva à Kellermann que celui de l'armée des Alpes, et cette armée devint, en quelque sorte, la réserve de la première. Le général Kellermann se rendit, en 1797, à Paris, où il reçut du directoire l'ordre de mettre la ville de Lyon en état de siege. Nommé, en 1798, à une inspection générale, il fut couronné au spectacle d'Angers, et envoya sa couronne aux autorités constituecs. Il fut ensuite membre du bureau militaire établi près le directoire. Après le 18 brumaire (9 novembre 1799), il entra au sénat-conservateur, dont il fut nommé président le 2 août 1801. Le 3 juil let 1802, il obtint le titre de grand-officier de la légion-d'honneur, et, bientót après, fut élevé au grade de maréchal d'empire, et pourvu de la senatorerie de Colmar. Il se rendit, à la fin de 1805, dans les départemens du Haut-Rhin, et y organisales gardes nationales. Enjuillet 1806, il proposa l'érection-d'un monument en l'honneur de l'empereur Napoléon. Pen

dant la campagne de Prusse, il fut chargé d'organiser des régimens provisoires, à Mayence. En 18o9, il commanda le corps d'observation de l'Elbe. Le 1er janvier 1811, il fut nommé président du college électoral du Haut-Rhin. Après la bataille de Hanau (30 et 31 octobre 1813), il alla prendre le commandement de toutes les réserves à Metz. Le 1er avril 1814, il vota la création d'un gouvernement provisoire et la déchéance de l'empereur. Nommé quelque temps après, par le roi, commissaire extraordinaire dans la 3 division, il fut élevé le 4 juin au rang de pair, et reçut, le 23 août, la grand'croix de l'ordre de St.-Louis. Demeuré sans fonctions pendant les cent jours, le duc de Valmy a repris sa place dans la chambre des pairs, après le second retour des Bourbons.

KELLERMANN, comte de Valmy lieutenant-général, fils du précédent, né à Metz vers 1770, reçut son éducation à Paris, au college des Quatre-Nations. Il servit long-temps auprès de son père, et fut employé, en 1796, comme adjudantgénéral à l'armée d'Italie, où il montra beaucoup de bravoure, notamment le 16 mars,au passage du Tagliamento,où il chargea la cavalerie ennemie avec la plus grande impétuosité, et la culbuta, malgré plusieurs coups de sabre qu'il avait reçus dans la mêlée. Employé de nouveau, en 1800, à l'armée d'Italie, sous les ordres du premier consul, il eut, avec Desaix, la part la plus active au gain de la bataille de Marengo, où il chargea en flanc l'armée autrichienne, avec une poignée de cavalerie, au moment où Desaix l'attaquait de front avec la réserve. Nommé général de division, le 18 messidor an 8 (1800), il servit en cette qualité à l'armée d'Italie, commandée par Brune, et se distingua au passage du Mincio. Employé à la grande armée d'Allemagne, à la fin de 1805, il fut blessé à la bataille d'Austerlitz. Il passa ensuite à l'armée de Portugal; s'y distingua en plusieurs occasions; fut envoyé en parlementaire auprès des généraux anglais, après la perte de la bataille de Vimiera; et signa, au nom du duc d'Abrantes (Junot), qui commandait en chef l'armée, la capitulation de Cintra, le 30 août 1808. Le 20 mai 1809, il s'empara de la ville de la Pola de Lena; battit,au mois de novembre, le duc del Par. que, au combat d'Alba de Tormes, et

parvint à couvrir la Vieille-Castille. Rentre en France, il fit la campagne de 1813, pendant laquelle il se signala, le 19 mai, au combat de Wessie, et le 20, à la bataille de Bautzen. Le 17 février 1814, il montra une grande bravoure au combat de Nangis, et à Provins, d'où il délogea l'ennemi, en lui faisant un grand nombre de prisonniers. Nommé le 6 mai suivant, membre du conseil de la guerre, il fut fait, , à la même époque, inspecteur général de cavalerie dans les places de Lunéville et Nancy. Créé pair, au retour de Bonaparte de l'île d'Elbe, il cessa ces fonctions au retour du roi. En 1817, le comte de Valmy a intenté, devant les tribunaux deParis, une action en divorce contre sa femme.

KELLY (Miss), l'une des actrices les plus distinguées du théâtre de Drury-Lane, à Londres, doit une partie de sa célébrité à la circonstance d'avoir été l'héroïne d'une scène qui faillit devenir fort tragique pour elle. Le 17 février 1816, remplissant un des rôles de son emploi, dans la pièce intitulée : les Antiquités modernes, un des spectateurs dirigea sur elle, du parterre, où il était assis, un coup de pistolet, qui heureusement ne l'atteignit pas. Arrêté sur-le-champ, et conduit devant les magistrats, il fut reconnu pour un jeune avocat, nommé Barnett, auquel les avantages extérieurs de l'actrice et la grâce de son jeu, avaient inspiré une passion violente. Il résulta de l'examen ultérieur qui fut fait de cette singulière affaire, qu'il avait écrit à miss Kelly plusieurs lettres, où respirait toute l'ivresse de l'amour; que, ne recevant pas de réponse, et se croyant dédaigné, il lui en avait adressé d'autres, conçues dans les termes les plus menaçans, et dans lesquelles il finissait par l'appeler en duel au pistolet. L'aliénation de ce jeune infortuné ayant été constatée, il fut acquitté sur le fait de la tentative de meurtre, et remis entre les mains de ses parens, qui répondirent de lui.

KEMBLE (JEAN-PHILIPPE) célèbre acteur anglais, frère de la fameuse actrice Mme Siddons, est né à Prescot, dans le comté de Lancastre, en 1757, d'une famille catholique. Il commença son éducation en Angleterre, et la termina au collége de Douai, Flandre française, on le destina à l'état ecclésiastique, et l'on prétend qu'il fut compagnon de classe de Talma; mais ne se sentant aucune vocation pour cet état, il s'enfuit du college,

revint en Angleterre, et entra dans une troupe de comédiens, malgré les efforts de sa famille pour l'en empêcher. Il joua avec beaucoup de succès à Liverpool, à Edimbourg et à York. Il fit représenter dans cette dernière ville, une imitation de la comédie de Massinger, Nouveau moyen de payer de vieilles dettes, et une autre de la comédie des Erreurs. Vers le même temps, il publia un petit recueil de Poesies fugitives; mais, peu content de cet ouvrage, il brûla presque toute l'édition, le lendemain de sa publication. Pendant son séjour à York, M. Kemble réunit d'autres acteurs pour réciter des odes de Mason, de Gray et de Collins, des contes pathétiques de Sterne, et d'autres morceaux en vers et en prose. Ce nouveau genre d'amusement fut fort goûté, et lui attira beaucoup d'applaudissemens. A Edimbourg, il lut une pièce d'éloquence qui augmenta sa réputation. De cette ville, il vint à Dublin, où il resta deux ans, et en septembre 1783, il debuta à Londres, sur le théâtre de Drury-Lane, par le rôle d'Hamlet. L'accueil enthousiaste du public décida sa vocation; il se voua désormais à la carrière theatrale, et mérita de nouveaux applaudissemens dans les divers rôles qu'il remplit successivement. A la retraite de M: King, il devint directeur du théâtre de Drury-Lane, place qu'il conserva pendant huit ans. En 1802, il visita le continent pour étudier les théâtres de France et d'Espagne; et après avoir passé une année à Paris et à Madrid, il revint en. Angleterre, où il fut nommé directeur du theatre de Covent-Garden. Les rôles dans lesquels il excelle, sont ceux d'Hamlet, de Macbeth, de Coriolan, de Caton, de Beverley et d'Othello. Ce célèbre acteur est, pour ses compatriotes, l'objet d'une admiration passionnée, que les étrangers eux-mêmes partagent jusqu'à un certain égard. On prétend que la fille d'un ministre-d'état conçut, il y a quelques années, une violente passion pour Kemble. Le père, en ayant été instruit, offrit à l'acteur une somme de 3000 liv. sterl., à condition qu'il épouserait sur-le-champ toute autre femme que sa fille. Kemble accepta la proposition, et épousa en conséquence la veuve de M. Brereton. En 1808, un incendie détruisit le théatre de Covent Garden, et enleva à M. Kemble le fruit d'un grand nombre d'années de travaux

et de succès. Il alla jouer alors sur le théâ tre de l'Opéra italien. On ouvrit, le jour même, une souscription de cent actions, de 500 liv. sterl. chacune, pour la édification de la salle de Covent-Garden. Cette souscription fut remplie en vingtquatre heures. Il est intéressant de voir le parallèle que des écrivains distingués, les auteurs du Critical-Review, ont fait des deux plus grands tragédiens de deux nations, entre lesquelles il existe tant de genres de rivalités. «L'extérieur de Kemble, disent ces écrivains, est plein de noblesse. Talma est d'une stature moins imposante; mais ils ont tous deux un buste si parfaitement romain, qu'un statuaire ne pourrait choisir de plus beau modèle. Les traits de Talma sont fortement prononcés; son regard vif et perçant leur donne la mobilité la plus animée. La physionomie de Kemble paraît faite pour exprimer uniquement les sentimens les plus élevés de l'ame humaine. L'organe de Talma, riche et mélodieux, s'élève, quand il le veut, jusqu'à cet accent de l'héroïs me, qui fait le caractère principal de la poesie de Voltaire. La voix de Kemble, quoiqu'en général dépourvue d'harmonie, obéit tellement en lui à l'art du comédien, qu'elle électrise dans Coriolan, et subjugue dans Caton. Lorsque Kemble remplit le premier de ces roles, il semble que l'ame fière, inflexible, imperieuse du vain. queur de Corioles vienne commander notre admiration. Dans Caton, sa déclamation noble et pure retrace avec une admirable vérité des émotions moins violentes. Pour donner une juste idée du degré de perfection auquel Kemble est par venu dans ce genre, nous rappellerons à nos lecteurs le personnage de Caton, au moment où le bruit sourd des tambours voilés lui annonce l'approche du cadavre de son fils. Ici Kemble surpasse toute attente. Sa figure obéissante prend aussitół l'empreinte de la vertu farouche d'un vieux romain : mais lorsque le convoi funebre s'est arrêté, on pénètre à travers ce stoicisme apparent le travail secret de la douleur paternelle. Une agitation concentrée, mas violente, soulève sa poitrine, et gonfle les muscles de son cou nu; la nature et la patrie se livrent le plus pénible combat; enfin le citoyen triomphe du père, et Caton, jetant un regard d'orgueil sur le corps inanimé, s'écrie: Dieux, je vous rends grâces, mon fils a fait son

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