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public ni en particulier, la part qui lui re venait de cette gloire. En 1789, il fut nommé pour commander l'armée de Pologne; et quoique l'un des plus grands antagonistes de la guerre contre la France, il fit les campagnes de 1792, 93 et 94, et montra constamment beaucoup de bravoure et d'habileté. Le S octobre 1792, le général Kalkreuth et le duc deBrunswick eurent une conférence avec les généraux français Labarolière et Galbaud, à une demi-lieue de Verdun. Cette ville était alors occupée par les troupes prussiennes : l'objet de cette conférence fut d'en obtenir l'évacuation; mais on se sépara sans avoir rien décidé. Le 11 du même mois, le général Kalkreuth eut une entrevue avec le général Dillon, et il lui promit la restitution de Verdun de la part du roi son maître. Le général Kalkreuth se distingua au siége de Mayence en 1793, et ce fut lui qui en signa la capitulation. Il se distingua encore le 26 septembre 1793, à la prise de Bliescastel; le 17 novembre, au moment de l'évacuation de l'Alsace par les alliés, et le 23 mai 1794, auprès de Kaiserslautern. La prise de Trèves, dont il s'empara dans le courant de cette même année, donna lieu à des discussions très-vives entre les officiers autrichiens et les officiers prussiens à l'armée du Rhin. On reprochait au général Kalkreuth de ne faire la guerre que pour qu'il en résultât du désavantage à la maison d'Autriche. Il répondit à cette accusation par un long mémoire, dans lequel il exposait les motifs de sa conduite, et réfutait, par des faits, les griefs qui lui étaient imputés. Il est cependant vrai de dire qu'il ne faisait qu'à regret la guerre contre la république; et il le prouva en travaillant de tous ses moyens à empêcher, en 1794, l'expédition de Hollande, lorsque les Français se disposaient à en faire la conquête. Aussi se montra-t-il l'un des plus grands approbateurs du traité de Bále. Le comte de Kalkreuth fut nommé, à la fin de 1805, commandant des troupes prussiennes rassemblées dans la Pomeranie; et, au mois de mai 1806, gouverneur de Thorn et de Dantzig, colonel en chef du régiment des dragons de la reine, et inspecteur-général de toute la cavalerie. Après avoir désiré la paix avec la France république, le comte de Kalkreuth désira vivement la guerre avec la France gouvernée par Napoléon, et il y contribua de tout son pou

voir. Lorsque les hostilités eurent commencé, il quitta la Pomeranie avec le corps d'armée sous ses ordres, qui était en face des Suédois ; pénétra en Saxe, rejoignit le corps principal, et se porta, vers la fin de septembre, sur Weimar. Il n'assista donc point aux conférences qui eurent lieu dans cette ville, et dans lesquelles furent prises les mesures qui devinrent si fatales à la Prusse. Après la bataille de Jéna, où il commandait une partie du corps de réserve qui ne fut point employé, il sollicita de Napoléon un armistice de six semaines, qui lui fut refusé, et se retira à Brunswick, où il arriva le 17 octobre avec le duc, blessé dangereusement. Arrivé à Koenigsberg, il fut chargé de la défense de la ville de Dantzig, assiégée par le maréchal Lefebvre, et conclut, le 27 mai 1807, après 51 jours de tranchée ouverte, une capitulation dont les conditions furent les mêmes que celles qu'il avait accordées à la garnison de Mayence en 1793; c'est-à-dire,que ses troupes ne furent pas prisonnières de guerre. La manière dont il avait défendu cette place, lui valut l'estime des vainqueurs, qui rendirent hautement justice à la fermeté ainsi qu'à l'intelligence qu'il avait déployées, et louerent surtout l'artillerie prussienne, qui, suivant le témoignage consigné dans les Moniteurs du temps, « avait prouvé qu'elle était de la bonne école. » L'auteur de la Galerie des caractères prussiens, qui traite avec beaucoup de sévérité les personnages les plus distingués de ce royaume, ne balance pas à dire que si le gouverneur de Dantzig eût reçu du secours de Koenigsberg et de Memel, cette citadelle se serait, sans aucun doute, défendue plus long-temps. Le 24 juin de cette année, général Kalkreuth fut chargé, par son souverain, de conclure le traite de Tilsitt avec Napoléon. Au mois de janvier 1810, le roi de Prusse le créa gouverneur de Berlin, et le chargea d'aller complimenter Napoléon à Paris, sur son mariage avec l'archiduchesse Marie-Louise. Le comte de Kalkreuth, après avoir été gouverneur de Breslau, fut nommé, en 1814, gouverneur du grand - duché de Varsovie. Ce général est mort en 1818, à l'age d'environ 83 ans. L'auteur ci-dessus cité, prétend qu'il doit être regardé moins comme un homme de génie que comme une tête très-lumineuse; » mais à le juger par ses divers faits d'armes, on voit en lui l'un des officiers supérieurs qui,

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dans l'époque actuelle, ont le mieux soutenu la gloire de la monarchie illustrée par Frederic-le-Grand.

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lui: Description politique et géographique des Pays-Bas, 1816, in-8. Cet ouvrage est très-recherché, et l'auteur travaille en ce moment à une seconde édition, augmentée et corrigée. — Histoire de la domination française en Europe; 1816, 3 vol. in-8.-Une traduction en vers blancs de la Médée d'Euripide; divers mémoires de littérature, publiés dans la Mnemosyne, ouvrage perio`dique, dont il est l'éditeur avec M. le professeur Tydeman. M. van Kampena fourni à M. Eichhorn pour son Histoire générale de la littérature en Europe, les matériaux qui concernent la Hollande. Dans tout ce qu'a produit ce profond et laborieux écrivain, on remarque une vaste érudition jointe à beaucoup de jugement, qualités qui ont fait le succès de ses nombreux ouvrages, dont nous n'avons cites que les principaux. On lui doit encore plusieurs bonnes traductions de l'allemand et

KAMPEN (NICOLAS-GODFRIED, VAN), est né en 1776, à Harlem, où son père est cultivateur-fleuriste. Destiné à la libraiil fut envoyé à Leyde, pour y apprendre cet état. Ayant eu des sa jeunesse un goût passionné pour les lettres, il s'y appliqua, dans cette ville depuis long-temps consacrée aux sciences, avec une ardeur incroyable. Parvenu à l'âge où il faut se choisir un état, etn'ayant aucun penchant pour celui auquel ses parens l'avaient des tiné, il préféra s'adonner entièrement à la profession d'homme de lettres, et prouva bientôt qu'il ne s'était pas trompé sur sa vocation. Il fut ensuite, pendant quelque temps, rédacteur de la Gazette de Leyde, et enfin, en 1816, nommé professeur (lector) de langue allemande à l'université de cette ville. M. van Kampen est un de ces hommes, qui privés par leur naissance des moyens de s'instruire, savent y suppléer par cet ardent amour des lettres, dans lequel ils trouvent des ressources inconnues au vulgaire; il apprit plusieurs langues presque sans maître; il forma son style par de nombreuses traductions des auteurs classiques, anciens et modernes, et cultiva son esprit par une lecture assidue de ces modèles du bon goût. Le premier ouvrage qui le fit connaître comme un littérateur distingué est son Essai sur l'histoire de la poésie, tant chez les peuples anciens que chez les peuples modernes, les plus connus et les plus civilisés, couronné par la société de Teyler, à Harlem, en 1807, publié dansla collection de ses œuvres. Un autre mémoire, adressé à la même société, obtint quelque temps après une pareille récompense; celui-ci a pour objet une Comparaison de la vertu et du bonheur des anciens avec les mêmes avantages chez les modernes. Cet honneur lui fut décerné encore deux fois: la première par la société des sciences à Harlem, pour un Mémoire sur l'utilité des traductions des auteurs grecs et latins; la seconde par la même société, pour une Comparaison des cinq principaux poèmes épiques modernes, tant entre eux qu'avec ceux d'Homère et de Virgile. En 1808, il publia: Beautés morales des anciens, 4 vol. in-8: ce sont des traductions des plus beaux passages des auteurs grecs et latins sur la morale. On a encore de

et

du français.

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KANTELAAR (JACQUES), un des orateurs et écrivains hollandais dont les ouvrages jouissent d'une haute réputation, justement méritée est né à Amsterdam en 1759. Il fit d'excellentes études à l'université de Leyde, et s'y concilia l'amitié du célèbre professeur de langues orientales, H. Schultens, qui lui inspira le goût de ces langues, dans lesquelles il fit bientôt de grands progrès. Ayant été reçu comme candidat en théologie, il fut d'abord appelé comme ministre des protestans-réformés à Westwoud, et ensuite à Almelo, où il embrassa avec chaleur la cause des patriotes et se signala particúlièrement comme un ardent défenseur des citoyens de cette ville, qui réclamaient contre les droits seigneuriaux, des Rechteren seigneurs d'Almelo. Ne se croyant pas en sûreté lorsque l'ancien ordre de choses fut rétabli par l'intervention prussienne, en 1787, il partit pour Amsterdam, où il vécut en simple particulier, et ne s'oc cupa que de l'étude des belles-lettres. Entre autres ouvrages, il y traduisit la vie du fameux baron prussien de Trenck, 3 vol. in-8. La révolution de 1795, quianeantit les droits seigneuriaux pour rétablir les droits de l'homme, dont M. Kantelaar s'était montré toujours un des plus zélés partisans, apporta un grand changement dans sa carrière. La province d'Over-Yssel s'honorade l'avoir nommé député à la première convention nationale, quise tint à la Haye

en 1796. M. Kantelaar ne tarda pas à se faire connaître de la manière la plus favorable dans cette assemblée, composée des talens les plus distingués dans la république, et il y figura comme l'un de ses principaux orateurs. On fut surtout étonné d'entendre cet ancien ministre du culte, disserter sur les affaires politiques et administratives avecune profondeur et une élégance qui auraient fait honneur à l'homme d'état le plus consommé. Dans cette assembléedes représentans de la nation, il professa toujours des opinions libérales et modérées, ce qui lui valut l'honneur d'étre incarcéré après le 22 janvier 1798, avec ceux de ses collègues qui avaient fait profession des mêmes sentimens. Le parti des modérés ayant heureusement triomphé le 12 juin suivant, M. Kantelaar fut mis en liberté ; on lui offrit plusieurs emplois aussi honorables que lucratifs, mais il crut ne devoir pas les accepter, dans les circonstances où se trouvait alors la république ; il établit un bureau d'agence et de banque, à la Haye. Après y avoir exercé cet état avec beaucoup de succès, pendant douze ans, il se retira des affaires, à cause de la faiblesse de sa santé. On lui doit plusieurs ouvrages, écrits avec beaucoup de goût et dont voici les titres : Specimen observationum criticarum ad quæ dam V. T. Loca 1701.- Eloge de H.A. Schultens, Amsterdam, 1794. Discours sur l'influence qu'a exercée le progrès des lumières sur le sort des femmes, prononcé dans une occasion solennelle.-Traité sur la poésie pastorale, couronné par la société des sciences d'Amsterdam, et imprimé dans le2 volume de ses œuvres, 1813, in-8. En 1793, il publia avec M. Feyth des Considérations sur les belles-lettres (Bydragen), 3 vol. in-8, ouvrage rempli d'observations judicieuses et fines; et, en 1816, avec le professeur Siegenbeek, un magasin littéraire, sous le titre d'Euterpe, travail qui, au grand regret des amateurs de la littérature nationale, n'a pas été continué par ces habiles écrivains. M. Kantelaar est encore auteur de plusieurs pièces de vers très-estimées, publiées, pour la plus grande partie, dans des recueils de poésies ou de littérature. Son Elégie sur la mort d'un enfant est un chef-d'œuvre, et son Ode à Schimmelpenninck prouve que le genre lyrique lui réussit tout aussi bien que l'élégiaque. M. Kantelaar habite actuellement Amster

dam, où il est raffineur de sucre. Il est membre de l'institut des Pays-Bas.

KARAMSIN, savant Russe, qu'on dit être le premier écrivain de son pays, est auteur d'une histoire nationale, dont il a publié, en 1816, les neuf premiers volumes, jusqu'à l'an 1560. Ses Lettres d'un Russe en voyage, ont été traduites en allemand par Richter, Leipzig, 1799-1800, 4 vol. in-8. Parmi ses poésies, nous indiquerons seulement Aglaia, Moscou, 1794, 2 vol. in-8. Il a traduit en russe les Nouveaux contes moraux de Marmontel. M. de Bouilliers a traduit en français, Julie, nouvelle, de Karamsin, Moscou, 1797, in-8. Les contes de l'auteur russe ont aussi été traduits en allemand par Richter, Leipzig, 1800, in-16. L'empereur Alexandre l'a décoré de l'ordre de Ste-Anne, l'a nommé conseiller d'état, et lui a accordé, pour la publication de son grand ouvrage, 60,000 roubles, et un logement dans une maison de plaisance de l'impératrice Caherine II.

KASTEELE (Pierre-Léonard van de), de la province de Hollande, fut d'abord pensionnaire de la ville de Haarlem, et ensuite, après la révolution de 1795, membre de la convention nationale, qu'il a même présidée, et dans laquelle il prononça souvent des discours pleins de raison et d'éloquence. Sous Louis Napoléon, il fut à la tête de la commission de l'arriéré des finances, et mourut en 1811. On a de lui des poésies qui sont estimées en Hollande, une traduction métrique d'Ossian, qui a réuni les suffrages des partisans de ce genre; 1793. Il n'en a paru que le premier volume, qui est précédé d'une longue préface, dans laquelle l'auteur traite avec beaucoup de sagacité la question de savoir si les vers mesurés, dans le genre des anciens grecs et romains, peuvent être introduits avec succès dans la poésie hollandaise, opinion dans laquelle il soutient l'affirmative. On lui doit encore une bonne traduction de plusieurs Odes de Klopstock et de Wieland, 1798, un vol. in-3.

KASTNER (C. W. G.), successivement professeur de physique et de chimie aux universités de Heidelberg, Francfort, Halle et Bonn, fit la guerre dite de la délivrance, en qualité d'adjudant du feldmaréchal Blucher, resta quelque temps à Paris, et fut ensuite envoyé en mission à Londres. Après la paix, il repritsa première

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profession. Il occupe à juste titre lepremier
rang parmi les chimistes théoréticiens et
penseurs. Ses ouvrages, tous empreints de
la subtilité de son génie, sont: Of grund-
riss der chimic, 2 vol. in-8, 1806, Hei-
delberg. Beitraege zur begrundung ei-
ner wissenschaftlichen chimic, ibid. 2
vol. in-8, 1806.- Grundriss des experi-
mental physik, 2 vol. in-8.
paedische uberzetzungen, in-8. Phy-
siologic der anorganischen natur, Hei-
delberg, 1806, in-8.- Einleitung in die
neuere chimic, Halle, 1814, in 8. La
préface de cet ouvrage est datée du quar-
tier du passage de Manheim, février 1814.
Gewerbs freund, dont il a jusqu'ici

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Encyclo

paru 8 vol. in-4. - Deutscher sachbuch für die pharmacic, Berlin, 1819, 5e vol. in-16. Cet ouvrage se continue. M. Kastner est membre d'un grand nombre d'academies.

KAUFFMANN (MARIE-ANNE-ANGÉLIQUE-CATHERINE), l'une des femmes les plus distinguées dans la peinture, naquit à Coire, pays des Grisons, en octobre 1741. Son père, peintre assez médiocre, avait cependant approfondi les principes de son art: il cultiva les dispositions qu'elle annonça de très-bonne heure, et s'attacha particulièrement à lui faire connaitre la science du coloris. Il lui fit donner en outre des leçons d'histoire et de musique; et Angélique, âgée de 11 ans, jouissait déjà d'une sorte de célébrité à Come, où son père venait de s étabiir, lorsque l'évêque de cette ville, ayant entendu parler du talent précoce de cette jeune fille, lui fit faire son portrait. Le succès avec lequel elle s'en acquitta fut la cause de sa fortune. Renaud d'Este, duc de Modène, gouverneur de Milan, se déclara dès ce moment son protecteur, et de nouveaux ouvrages achevèrent de la faire avantageusement connaître. Elle demandait quelque temps avant d'esquisser ses portraits : en attendant, elle épiait une attitude favorite de celui qu'elle devait représenter ; elle cherchait adroitement un effet bien saisi de clair-obscur, science que son père lui avait particulièreme at recommandée; et partout où elle pouvait l'essayer sans altérer la verité, elle introduisait un style élégant et gracieux. Angélique avait atteint vingt ans. Des amis de son père l'engageaient fortement à quitter la peinture pour la musique. On voulait la faire débuter sur un théâtre, où elle aurait acquis,

.

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sans

disait-on, une grande fortune compromettre sa santé. Un tableau de cette femme célèbre la représente placée entre la musique et la peinture, qui s'efforcent de l'attirer par des caresses. Elle a choisi le moment où elle adresse de tendres adieux à la musique. Le goût pour la peinture prédomina, et elle cessa dès-lors de cultiver l'art de la musique avec autant de soin; mais elle n'en resta pas moins toujours une habile musicienne. Dès lors elle commença à voyager, visita successivement les principales villes d'Italie, fit à Rome, en 1764, un cours de perspective, et partit l'année suivante pour Londres, sur l'invitation de quelques seigneurs anglais qu'elle avait rencontrés à Venise. Arrivée dans la capitale de la Grande-Bretagne, elle y fut parfaitement accueillie par le célebre Reynolds, auprès duquel elle perfectionna ses talens, et qui bientôt éprouva pour son élève un sentiment passionne, contre lequel elle sut toutefois se défendre, d'autant plus qu'elle ne voulait point renoncer à l'Italie. Néanmoins cette résolution ne put la défendre des tentatives plus dangereuses d'un aventurier, doué de l'extérieur le plus séduisant et des manières les plus distinguees, qui se faisait appeler le comte Frederic de Horn, et se disait noble Suédois. Il se fit aimer d'Angélique, qui lui donna sa main : mais on ne tarda pas à découvrir que le prétendu comte n'était qu'un adroit imposteur. On peut juger de l'effet que produisit sur elle cette découverte; heureusement des amis agirent efficacement en sa faveur, et ce malheureux mariage fut annullé le 10 février 1768, par un acte de séparation. Rendue à ses travaux, elle fut inscrite avec une sorte desolennité sur le registre des membres de la société royale de peinture de Londres. La fortune aussi commençait à lui sourire elle put amasser des rentes. Elle se vit chanter à-la-fois par Klopstock et par Gessner, à qui elle envoya, en échange de leurs vers, des tableaux d'un effet agréable. Le faux comte de Horn étant mort, Angélique épousa à Londres, le 14 juillet 1781, Antoine Zucchi, peintre vé nitien. Čet artiste, recommandable par le feu de ses compositions, la fécondité de l'invention, et une certaine disposition à peindre avec vérité et franchise des ruines d'architecture, avait gagné des sommes assez considérables en Angleterre. Unis par

l'analogie des goûts et des talens, les deux époux partirent pour l'Italie, séjour vers lequel Angélique ne cessait de tourner les yeux. A Venise, elle composa pour un Anglais la Mort de Léonard de Vinci, expirant dans les bras de François Ier. Elle se rendit ensuite à Naples, puis à Rome, où elle s'établit définitivement. Sa manière de composer, expressive, facile, remplie de grâce, fut généralement approuvée. Joseph II, qui était alors à Rome, voulut aussi avoir de ses tableaux ; elle lui destina son Retour d'Arminius, vainqueur des légions de Varus, et la Pompe funèbre de Pallas (Eneide). En 1795, Angélique perdit son époux, et elle éprouva des revers de fortune. Elle avait coutume de dire alors que deux consolations lui restaicnt: la première qu'elle avait à remercier le ciel de lui avoir conservé les deux mains; la seconde de n'avoir pas oublié qu'elle avait vécu autrefois dans un état voisin de l'indigence. Elle avait l'habitude de confier au papier une foule de réflexions qui la surprenaient dans ses travaux; et elle gardait soigneusement ces papiers, que l'on trouva en grand nombre après sa mort. Sur un de ces papiers, daté de 1801, elle avait écrit : « Un jour que je trouvais des difficultés à exprimer dans la tête de Dieu le père, ce que je sentais, je dis en moimême : Je ne veux plus tenter d'exprimer des choses supérieures à l'imagination humaine, et je réserve cette entreprise pour le moment où je serai dans le ciel, si cependant au ciel on fait de la peinture. »> La considération publique ne cessait de l'entourer: mais sa santé dépérissait,et, attaquée d'une maladie de langueur, elle y succomba le 5 novembre 1807. Après sa mort, elle reçut les honneurs que la patrie des arts aime à prodiguer au talent. Les

académiciens de St-Luc assistèrent à ses funérailles. Comme à celles de Raphaël, on porta derrière son corps ses deux derniers tableaux: on avait, en même-temps, placé sur le cercueil, sa main droite, moulée en platre, posée comme quand elle tenait le pinceau. Les compositions d'Angélique Kauffmann furent toujours ingénieuses, raisonnées, et le fruit de longues méditations sur les traits mythologiques ou historiques qui en faisaient le sujet, ainsi que d'une étude approfondie des écrivains qui en avaient parlé, Comme les Carraches, elle évitait la confusion des figures. La partie del'art qu'elle possédait le plus impar

faitement était peut-être le dessin, et cette circonstance s'explique par le genre de travail que cette partie exige, et que la décence de son sexe ne lui permettait pas de pousser trop loin. Elle inventait et dessinait les draperies avec goût, imitant le faire du Poussin et l'antique, mais sans servilité, et elle se refusait à trop envelopper les figures dans leurs vêtemens. Un de ses amis lui disait un jour : « Vos personnages, Angélique, peuvent marcher sans déranger leurs habillemens. » Les tableaux de cette artiste célèbre sont répandus non-seulement dans les principales villes d'Italie, mais en Angleterre et en Allemagne: il s'en trouve aussi à Paris, chez des amateurs distingués.

KAUFFMANN, célèbre musicien de Dresde, n'est pas moins connu comme mécanicien. On lui doit l'invention de plusieurs instrumens, tels que le Beltonéon, le Cordaulodion et l'Harmonicorde, qu'il a fait entendre dans diverses villes de l'Europe, et entre autres à Bruxelles et à Paris, en 1817. Il est en outre auteur d'un automate-trompette, véritable chef-d'œu vre de mécanique et de précision. Ces nouvelles conquêtes de l'art musical ont longtemps attiré beaucoup d'amateurs et d'artistes aux soirées de M. Kauffmann.

KAUNITZ-RITTBERG-QUESTENBERG (Lé prince ALOYS), chambellan de l'empereur d'Autriche, né le 20 juin 1774, a rempli diverses ambassades au nom de la cour de Vienne à Dresde, à Copenhague, à Naples et à Madrid. Il était dans cette dernière résidence en 1816, lorsqu'il y fut remplacé par le comte de Saurau. De retour à Vienne, il fut nommé, dans le courant de cette même année, ambassadeur auprès du St-Siége, et décoré de l'ordre de St-Étienne de Hongrie. L'objet de sa mission était de régler les différends qui existaient encore avec la cour de Rome pour les affaires ecclésiastiques. Par l'acte du congrès de Vienne, du 9 juin 1815, le comté de Rittberg, appartenant au prince de Kaunitz, a été enclavé dans le territoire du royaume dePrussc.—KAUNITZ (Le comte), est aide-de-camp du roi des Pays-Bas.

KEATE (THOMAS), membre de la société royale de Londres, chirurgien de la famille royale et chirurgien en chef des armées anglaises, jouit en Angleterre d'une très-grande réputation. Il a publié : Expériences sur l'hydrocèle, avec des ob

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