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CHOICE EXTRACTS,

WITH

TRANSLATIONS.

COMBAT DE TURENNE ET D'AUMALE.

MAIS la trompette sonne. Ils s'élancent tous deux;
Ils commencent enfin ce combat dangereux.
Tout ce qu'ont pu jamais la valeur et l'adresse,
L'ardeur, la fermeté, la force, la souplesse,
Parut des deux côtés en ce choc éclatant.
Cent coups étaient portés et parés à l'instant.
Tantôt avec fureur l'un d'eux se précipite;
L'autre d'un pas léger se détourne et l'évite :
Tantôt plus rapprochés, ils semblent se saisir;
Leur péril renaissant donne un affreux plaisir;
On se plaît à les voir s'observer et se craindre,
Avancer, s'arrêter, se mesurer, s'atteindre:
Le fer étincelant, avec art détourné,

Par de feints mouvemens trompe l'œil étonné :
Telle on voit du soleil la lumière éclatante,
Briser ses traits de feu dans l'onde transparante,
Et se rompant encore par des chemins divers,
De ce cristal mouvant repasser dans les airs.
Le spectateur surpris, et ne pouvant le croire,
Voyait à tout moment leur chûte et leur victoire.
D'Aumale est plus ardent, plus fort, plus furieux;
Turenne est plus adroit, et moins impétueux;
Maître de tous ses sens, animé sans colère,
Il fatigue à loisir son terrible adversaire.
D'Aumale en vains efforts épuise sa vigueur :
Bientôt son bras lassé ne sert plus sa valeur.
Turenne, qui l'observe, aperçoit sa faiblesse ;
Il se ranime alors, il le pousse, il le presse:
Enfin, d'un coup mortel il lui perce le flanc;
D'Aumale est renversé dans les flots de son sang:
Il tombe, et de l'enfer tous les monstres frémirent;
Ces lugubres accens dans les airs s'entendirent :
"De la ligue à jamais le trône est renversé,
"Tu l'emportes, Bourbon! notre règne est passé."

COMBAT BETWIXT TURENNE AND AUMALE.

Now sounds the trumpet, to the dubious fray
Rush the brave chiefs, impatient of delay.
Whate'er of skill, whate'er of strength, is known,
By turns each daring champion proves his own;
While all around the troops with anxious sight,
Half pleas'd, half frighted, view the desp'rate fight.
The rushing swords cast forth promiscuous rays,
Blinding the eye-sight with their trembling blaze;
As when the sun, athwart the silver streams,
Darts his strong light, and breaks in quiv'ring beams;
The thronging crowds around with eyes intent,
Look on amaz'd, and wait the dread event.
With nervous strength and fury uncontrol'd,
Full of himself, and as a lion bold,

Seems stern Aumale; the wiles his rival brave,
Nor proud of strength, nor passion's headlong slave,
Collected in himself, awaits his foe,

Smiles at his rage, and wards each furious blow.
In vain Aumale his utmost efforts tries,

His arm no more its wonted strength supplies;
While cool Turenne the combat's rage renews,
Attacks with vigour, and with skill pursues;
Till proud Aumale sinks baffled to the ground,
And his hot blood flows reeking from the wound :
The champion falls, Hell echoes with despair,
And dreadful sounds affright the troubled air.

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League, thou art all o'erthrown, the prize is won; "Bourbon, thou hast it now-our reign is done.” The wretched people, with lamenting cries,

Attest their grief, and rend the vaulting skies:
Aumale, all weak, and stretch'd upon the sand,
His glitt'ring sword fall'n useless from his hand;
Fainting, yet strives fresh vigour to regain,
And seems to threaten still, though all in vain.

Tout le peuple y répond par un cri lamentable,
D'Aumale, sans vigueur, étendu sur le sable,
Menace encor Turenne, et le menace en vain;
Sa redoutable épée échappe de sa main.

Il veut parler; sa voix expire dans sa bouche,
L'horreur d'être vaincu rend son air plus farouche.
Il se lève, il retombe, il ouvre un œil mourant,
Il regarde Paris, et meurt en soupirant.
Tu le vis expirer, infortuné Mayenne!

Tu le vis, tu frémis, et ta chûte prochaine,
Dans ce moment affreux s'offrit à tes esprits.

Voltaire, Henriade

ELIZABTH, ET SON ROYAUME.

UNE femme, à ses pieds enchaînant les destins,
De l'éclat de son règne étonnait les humains.
C'était Elizabeth; elle dont la prudence,
De l'Europe à son choix fit pencher la balance;
Et fit aimer son joug à l'Anglais indompté,
Qui ne peut ni servir, ni vivre en liberté.

Ses peuples sous son règne ont oublié leurs pertes; De leurs troupeaux féconds leurs plaines sont couvertes,

Les guérets de leurs bleds, les mers de leurs vaisseaux;

Ils sont craints sur la terre, ils sont rois sur les eaux,
Leur flotte impérieuse asservissant Neptune,
Des bouts de l'univers appelle la fortune.
Londres, jadis barbare, est le centre des arts,
Le magasin du monde et le temple de Mars.
Aux murs de Westminster on voit paraître ensemble
Trois pouvoirs étonnés du nœud qui les rassemble;
Les députés du peuple, et les grands, et le roi :
Divisés d'intérêt, réunis par la loi;

Fain would he speak, while deep-fetch'd lab'ring

breath,

Denies him utt'rance in the pangs of death:

Shame's quick'ning sense augments his furious air,
And his red eye-balls flash extreme despair.
He heaves, he sinks, he struggles, all in vain,
His loosen'd limbs fall lifeless on the plain;
To Paris' walls he lifts his closing eye,
Then dies indignant, with a desp'rate sigh.
Mayenne, thou saw'st him die; and, at each look.
Thy trembling nerves with shudd'ring horrors snook:
Then to thy mind thy own approaching fall
Came full, and thou wast conquer'd with Aumale .
The Henriade, transl. by Smollett and Franklin.

ELIZABETH, AND HER REALM.

A VIRGIN queen the regal sceptre sway'd
And fate herself her sov'reign pow'r obey'd:
The wise Eliza, whose directing hand
Had the great scale of Europe at command;
And rul'd a people that alike disdain
Or freedom's ease, or slav'ry's iron chain.
Of ev'ry loss her reign oblivion bred;

There, flocks unnumber'd, graze each flow'ry mead.
Britannia's vessels rule the azure seas,

Corn fills her plains, and fruitage loads her trees.
From pole to pole, her gallant navies sweep
The waters of the tributary deep.

On Thames's banks each flow'r of genius thrives,
There sports the Muse, and Mars his thunder gives.
Three diff'rent pow'rs at Westminster appear,
And all admire the ties which join them there.
Whom int'rest parts, the laws together bring,
The people's deputies, the peers, and king.
One whole their form, whose terror wide extends
To neighb'ring nations, and their rights defends.

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