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nira la graine donnant naissance au produit adultérin. Si le transport était fait par les insectes, on trouverait l'hybride aussi bien d'un côté que de l'autre du ruisseau. Or, malgré de sérieuses recherches, j'en ai rencontré seulement deux pieds sur la rive gauche, en un point où, le ruisseau faisant un coude, le grandiflora se trouve encore par suite audessous du vent par rapport à l'officinalis.

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En le suivant dans la direction de l'ouest, on rencontre entre les fermes du Pré et de Courbolin, un taillis de trois hectares environ, sur la droite, c'est-à-dire au nord du ruisseau, dont il est séparé par une prairie, où le P. officinalis croît encore en abondance. Mais, en cet endroit, le P. grandiflora, quittant les rives du cours d'eau où pas un pied ne se montre, s'est réfugié dans le bois, qu'il a complètement envahi, ne laissant place qu'à de rares exemplaires de l'officinalis et seulement à la lisière. Dans le pré n'apparaît aucun hybride, tandis que le P. hybrida, de formule grandiflora officinalis, est répandu dans le bois où, le 19 avril 1905, nous en avons compté plus de trente pieds.

Il est manifeste qu'ici le pollen de l'officinalis a été transporté du pré, situé au sud du bois, sur les fleurs du grandiflora, qui s'y trouve à profusion et la cause apparente de ce transport est encore le vent.

J'ai donné pour les hybrides des prés et ceux du bois des formules différentes. C'est qu'en effet, ils ne sont point identiques. Dans le bois, la corolle, relativement grande, est pâle, se rapprochant de celle du grandiflora, mais avec le calice de l'officinalis, qui ne permet pas la confusion avec la variété caulescens, bien que les dents soient légèrement plus longues et moins obtuses que chez l'officinalis type. Les feuilles sont celles du grandiflora, insensiblement atténuées vers la base. Il s'agit ici du grandiflora fécondé par l'officinalis. On l'appellera donc grandiflora officinalis, en suivant la règle qui me paraît bonne, je dirai pourquoi tout à l'heure,

de nommer d'abord la mère.

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Dans les prés, l'hybride tient du grandiflora l'ampleur de la corolle, plus petite cependant et de couleur plus foncée que dans le bois. Mais le calice appartient nettement à l'officinalis. Il en est de même pour les feuilles, brusquement contractées en pétiole. Cette fois, le père ayant fourni le pollen, est le grandiflora. Les porte-graines ont été les pieds d'officinalis au milieu desquels il croît. Il s'agit donc du P. officinalis × grandiflora.

Ce que je viens de dire confirme d'ailleurs l'opinion, admise par de bons esprits, que l'hybride se rapproche davantage de la mère par les organes végétatifs. Or, pour le nommer, il me semble naturel et logique d'indiquer d'abord l'ascendant dont il se rapproche le plus par son aspect général. C'est pourquoi j'adopte la règle de placer le nom de la mère en premier lieu. Aussi bien, la formule officinalis × grandiflora doit se lire officinalis fécondé par grandiflora, ce qui indique bien que ce dernier a fourni le pollen.

Amb. GENTIL.

Obs. Deux des échantillons hybrides rencontrés dans les prés susdits, que je désignerai par les lettres A et B, présentent des particularités qui me paraissent mériter d'être signalées.

A. Feuilles de l'officinalis. Fleurs de l'hybrida. Huit pédoncules tous radicaux, grêles et allongés (11 à 13 centim.). Pas de hampe ni par conséquent d'ombelle. Forma acaulis.

B. Feuilles de l'officinalis. Fleurs de l'hybrida. Deux hampes : 'une de 19 centim., terminée par une ombelle de 5 fleurs à pédoncules courts (3 centim.); l'autre de 5 centim. portant une ombelle de 10 fleurs à pédoncules allongés (9 à 10 centim.), du milieu de laquelle part un prolongement de la hampe (11 centim.) se terminant par une deuxième ombelle de 5 fleurs à pédoncules courts (2 à 3 centim.). Forma biumbellata.

QUELQUES MOTS

AU SUJET DU

THLASPI REVELLIERII BOR.

Par M. GENTIL, Membre titulaire

Dans la 3e édition de sa Flore du centre de la France, p. 60, après avoir donné la description du Thlaspi perfoliatum L., Boreau dit : « Je propose, sous quelques réserves, l'espèce suivante, qui me paraît bien distincte, mais dont je n'ai vu qu'un petit nombre d'exemplaires ».

Il s'agit du Thlaspi Revellierii Bor., décrit sous le no 226, avec cette remarque complémentaire : « Diffère du T. perfoliatum par ses feuilles plus dentées, sa floraison estivale, ses silicules plus petites, en grappes bien plus serrées, ses graines de couleur plus foncée, bien moins nombreuses dans chaque loge».

C'est donc simplement une question de plus ou de moins et cela suffit pour donner à penser que le T. Revellierii, dont les quelques échantillons vus par Boreau ont été recueillis par Revellière à Brézé (Maine-et-Loire), pourrait bien n'être qu'une variété du T. perfoliatum L.

Admettant cette manière de voir, Rouy et Foucaud (Fl. Fr., II, p. 144) subordonnent le T. Revellierii Bor. au T. perfoliatum L., à titre de variété de la forme erraticum Jord. et l'indiquent dans la Sarthe.

Il n'est pas sans intérêt, tout au moins pour les botanistes. manceaux, de savoir sur quels faits peut s'appuyer cette indication.

En 1890, j'envoyais à Foucaud, pour son herbier, un assez

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grand nombre de plantes sarthoises. Il m'écrivait à cette occasion « Je viens d'examiner les plantes que vous avez eu la bonté de m'envoyer... T. perfoliatum paraît être T. Revellierii Bor... Vous m'obligerez beaucoup s'il vous est possible de me procurer cette plante, que je serais content de cultiver >> .

Au printemps suivant, le 16 avril, je lui écrivais : « Je vous adresse un Thlaspi, recueilli sur le talus du chemin de fer, rive droite de l'Huisne, au-dessus du port de l'Epau... Je crois que c'est la forme indiquée par Desportes (Fl. M., p. 15), sous le nom de minus. C'est peut-être le T. erraticum Jord. ; mais, je ne pense pas que ce puisse être le T. Revellierii Bor. ».

La réponse ne se fit pas attendre. Je l'avais par retour du courrier « Votre Thlaspi de l'Epau me paraît bien se rapporter au T. Revellierii... Si je ne craignais vraiment d'être indiscret, je vous en demanderais 60 parts, afin de le distribuer à la Société Rochelaise, ce qui permettrait de le faire connaître. Il en faudrait 400 ou 500 pieds

Heureusement, dans la localité cette forme était abondante et je pouvais facilement donner satisfaction au désir de mon correspondant, qui distribuait en effet ma plante, sous le nom de T. Revellierii Bor., dans les exsiccata de la Société Rochelaise, no 3024.

Mais, je n'étais pas convaincu et j'écrivais le 27 avril 1891 : «Je vous adresse de nouveaux échantillons de Thlaspi, que j'ai recueillis hier dans la commune d'Yvré-l'Evêque, en cinq endroits différents; près de la Fourche, au plateau d'Auvours, carrière de Monsor, vallée Saint-Blaise et près de BoisDé. Je vous avoue que je ne vois en tout cela que des différences de développement. Sous ce rapport, j'ai trouvé en chaque endroit des échantillons très variés. »

Cet envoi modifiait quelque peu l'opinion de mon savant confrère, qui me disait le 30 avril : « De l'étude que j'ai faite des nombreux échantillons de Thlaspi, que vous avez eu la

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