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despotiques. Nous pouvons encore citer comme morceaux très renommés et les plus généralement connus, l'Apologie de Socrate ou le discours que ce sage prononça devant l'Aréopage; et le Phédon, dialogue fameux où, quelques heures avant de boire la ciguë, Socrate entretient de l'immortalité de l'ame ses amis qui l'admirent et qui pleurent.

Comme personne n'a mieux parlé que Platon de la Divinité et de nos rapports avec elle, on a pensé que les livres des Hébreux, qui font partie de nos livres saints, ont bien pu ne pas lui être inconnus. En effet, outre les passages que nous avons cités, tom. 1, pag. 256-257, en voici un tiré de son dixième livre des Lois, qui coïncide non-seulement pour le sens, mais pour l'expression, avec une phrase de David: il est question de la présence de Dieu à toutes nos actions et à toutes nos pensées. Platon dit: « Quand vous seriez assez petit pour descendre dans « les profondeurs de la terre, ou assez haut pour << monter dans le ciel avec des ailes, vous n'échap« perez pas aux regards de Dieu. » Le psalmiste s'adressant à Dieu, lui dit : «Si je m'élève jusqu'aux « cieux, vous y êtes; si je descends dans les profon<<< deurs de la terre, je vous y trouve. » C'est bien la même pensée. Cette rencontre est assez singulière. Il faut remarquer que Platon a beaucoup voyagé en Egypte, que les livres des Hébreux y étoient assez répandus, et qu'il ne s'est écoulé guère qu'un siècle depuis notre philosophe jusqu'à Ptolomée Phi

que

ladelphe qui a ordonné la traduction des septante. Un morceau de Platon, très sublime, qui se trouve encore dans le dixième livre des Lois, est celui où il établit et justifie la Providence par des moyens puisés dans la plus saine philosophie. Il prouve très bien l'indifférence et l'impuissance à l'égard des choses humaines, sont également incompatibles avec la nature divine ; et il est le premier chez lequel on trouve cet argument invincible, que l'homme qui ne peut jamais voir que les accidens de l'individu et du temps, c'est-à-dire, ce qui est partiel et passager, ne sauroit être juge compétent du dessein de Dieu qui doit nécessairement rapporter et subor• donner le particulier au général et le temps à l'éter

nité.

M. A. PLAUTE (n. 527 de R. 227 av. J. C.m. 570 de R. 184 av.J.C.) Des vingt pièces qui nous restent de cet auteur sur cent trente que les anciens lui attribuoient, celle intitulée les Captifs, est regardée par plusieurs critiques comme la meilleure ; c'est une comédie de caractère. Le Rudens (le cable ou le naufrage) est encore une des bonnes pièces de Plaute. L'Epidicus ( ou le querelleur) étoit celle que l'auteur aimoit d'affection, quam ego fabulam æquè ac meipsum amo. Il faut aussi mettre au rang de ses pièces choisies le Trinummus (le trésor caché) imité du grec de Philémon. La diction de Plaute est peu harmonieuse; mais elle est naturelle,

forte et même assez élégante, quoique remplie d'archaïsmes; cependant on ne peut la comparer à celle de Térence.

C. PLINE L'ANCIEN (n. 776 de R. 23 de J. C.m. 832 de R. 79 de J. C.), avoit composé un grand nombre d'ouvrages dont on voit l'énumération dans une lettre (5, liv. 111) de Pline le Jeune son neveu; mais il ne nous en reste qu'un de cet infatigable écrivain, heureusement l'un des plus considérables et des plus curieux ; il a pour titre : Histoire naturelle, et est divisé en 37 livres (voy. notre tom. 1, pag. 328-330). On regarde avec raison cet ouvrage comme le dépôt le plus précieux des connoissances de l'antiquité. C'est, ainsi que l'auteur nous l'apprend lui-même, le résultat de ses recherches et d'extraits puisés dans plus de deux mille volumes sur toutes sortes de sujets. Mais ces extraits ne sont pas cousus simplement les uns au bout des autres comme dans une compilation stérile. Pline a su se les approprier, les mettre dans un ordre conforme à son but, leur donner la vie et les embellir par la hardiesse des pensées, par l'énergie des expressions, la vivacité des mouvemens et cette fécondité d'imagination qui rend sensibles tous les objets qu'il décrit. C'est dommage que son style ne soit ni aussi pur, ni aussi simple, ni aussi élégant que celui des écrivains du siècle d'Auguste. Malgré cela on distinguera toujours dans ce grand ouvrage, comme chefs-d'œuvre d'éloquence, de morale et de vraie

philosophie, la plupart de ses préambules. Par-tout on y reconnoît le citoyen passionné pour la vertu et l'écrivain éloquent. Ses descriptions ne sont pas moins intéressantes; vives et animées, elles mettent sous les yeux les objets et les présentent tels qu'ils sont. Voyez celle du lion et celle du chien, liv. vIII; celles de l'aigle, du paon, du coq, du rossignol, de l'hirondelle, des grues et des cigognes, liv. x. Voyez son éloge de l'Italie, liv. 111; ce qu'il dit de la terre, liv. 11, et tout le liv. VII consacré à l'homme. Ces différens morceaux et mille autres récits qui tiennent à des anecdotes curieuses, à des singularités piquantes, surtout à l'origine et au progrès du luxe chez les Romains, sont semés de réflexions brillantes et solides qui ne font pas moins d'honneur à la sensibilité de l'auteur qu'à la force de son génie.

C. PLINE S., dit LE JEUNE (n. 816 de R. 63 de J. C. m. vers 863-110 de J. C.). Les Lettres de cet estimable auteur et son Panégyrique de Trajan jouissent d'une grande célébrité. ( V. tom. 1, pag. 330-334). Parmi ses lettres, nous signalerons les suivantes, comme étant les plus intéressantes à notre avis. I. La lettre à Marcus, dans laquelle il rend compte de la manière de vivre de son oncle et de tous les ouvrages qu'a composés cet auteur infatigable, liv. m, ép. 5; c'est là qu'est ce mot de Pline l'Ancien : Nullum esse librum tam malum, ut non aliquá parte prodesset ; « il n'y a si mauvais livre où l'on ne puisse apprendre quelque chose. >> II. Celle

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à Tacite, où il raconte la fin tragique de ce grand homme, liv. vi, ép. 16; (l'ép. 20 du même liv. en est la suite). III. Deux autres lettres assez étendues, où il donne la description de deux de ses maisons de campagne ; l'une à Gallus, sur celle du Laurentin, liv. 11, ép. 17; l'autre (1) à Apollinaire, sur celle de Toscane, liv. v, ép. 6. IV.o Celle où il présente à Trajan le résultat de l'enquête qu'il avoit faite contre les chrétiens, liv. x, ép. 97 (2). V.o Celle qu'il écrit à Tacite sur le commerce littéraire et les liaisons qui existent entre eux, liv. vII, ép. 20. VI.° Celle qu'il adresse à Quintilien sur le mariage de sa fille, à qui il donne 50,000 sesterces en cadeau de noces,

liv. vi, ép. 32. VII.o Celle à Calestrius, où il raconte la mort de Corellius Rufus, liv. 1, ép. 12; on peut y joindre celle à Voconius Romanus sur la mort de Virginius Rufus, liv. 11, ép. 1. VIII. Celle à Marcellin, sur la mort de la fille de Fundanus, liv. v, ép. 16. IX. Celle à Sura, sur un fantôme, liv. vii, ép. 27.

(1) On a publié deux ouvrages à ce sujet; l'un intitulé: Plans et Descriptions de deux maisons de campagne de Pline, Paris, 1699, in-8.o; l'autre ayant pour titre : Délices des maisons de campagne appelées le Laurentin et la maison de Toscane. Amsterdam, 1736, in-8o.

(2) L'authenticité de cette lettre a été attaquée par Semler qui, dans ses Historiæ ecclesiasticæ selecta capita. Halæ, 1767, 3 vol. in-8. tom. 1, accuse Tertullien de l'avoir fabriquée; mais cette opinion n'a point prévalu. Il en est de même de la légende à laquelle a donné lieu cette lettre, et où l'on prétend que Pline, ayant rencontré en Crète Tite, disciple de Saint Paul, fut converti par cet évêque, et souffrit ensuite le martyre. Cette légende est supposée.

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