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Après le Tartufe et le Misanthrope, viennent les Femmes savantes, l'Avare, le Bourgeois gentilhomme, les Précieuses ridicules, le Festin de Pierre,

etc. etc.

MOSCHUS (n. vers 195 av. J.-C.—m. vers 130), a laissé des poésies où l'on remarque moins de simplicité et de naïveté que dans celles de Théocrite ; la plus belle est sans contredit son Enlèvement d'Europe; celles qui suivent sont : le Chant funèbre ent l'honneur de Bion; et Mégare, épouse d'Hercule. Perrault, l'ennemi des anciens, dit que «l'idylle de Moschus, intitulée l'Amour fugitif, est une des plus agréables poésies qui se soient jamais faites (voilà qui est vrai), et qu'elle ne se ressent point de son antiquité. » (Voilà du Perrault. )

CHARLES FREY DE NEUVILLE (n. 1693-m.1774), jésuite qui tient un rang distingué parmi les prédicateurs du second ordre, a composé beaucoup de sermons (8 vol. in-12), qui dans le temps lui ont valu une grande réputation. Il en est deux surtout qui l'emportent sur les autres : l'un, le premièr de ses ouvrages et peut-être le meilleur, est le Panégyrique de Saint Jean de la Croix, qu'il a composé en professant la rhétorique à Orléans ; l'autre est son sermon sur le Péché mortel, dont les dix dernières pages surtout peuvent passer pour le chefd'œuvre de l'auteur et rivaliser avec ce que l'on a de mieux dans ce genre.

PIERRE NICOLE (n. 1625, et non 1623 comme il est dit par erreur, tom. 1, pag. 154—m. 1695 ). Ses Essais de morale, qui ont eu le plus grand succès lorsqu'ils ont commencé à paroître en 1671, sont encore aujourd'hui son plus beau titre à l'estime publique ; on ne récusera sans doute pas le témoignage de Voltaire; il dit formellement : « Les Essais de Nicole, qui sont utiles au genre humain, ne périront pas. Le chapitre sur les Moyens de conserver la paix dans la société, est un chef-d'œuvre auquel on ne trouve rien d'égal dans l'antiquité. »

P. OVIDE N. ( n. 711 de R. 43 av. J. C. — m. 770 de R. 17 de J. C.) Parmi les poésies de cet ingénieux, brillant et fécond écrivain, on regardera toujours les Métamorphoses comme son chef-d'œu vre, etcomme l'ouvrage qui lui assigne un rang parmi les premiers poëtes de l'antiquité. Ce beau travail présente en xv livres, une suite à peu près chronologique de deux cent quarante-six fables de la Mytho logie, qui commencent au chaos et vont jusqu'à la mort de César. Rien n'est plus admirable que la va riété et la flexibilité du talent avec lequel le poëte a rendu tant de tableaux curieux et piquans qui finissent presque tous par une métamorphose, et qui cependant forment un tout bien suivi, bien lié; car on voit l'auteur tenir toujours dans sa main le fil imperceptible qui, sans se rompre jamais, guide le lecteur dans ce dédale d'aventures merveilleuses. Il est difficile de désigner les tableaux les plus beaux

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de cette riche galerie. Indiquerons-nous la description éblouissante du palais du Soleil, la fable si naïve, si touchante, si morale de Philémon et Baucis, celle de Myrrha, les plaintes d'Hécube, la dispute des armes d'Achille, etc. etc.? Combien d'autres morceaux dignes d'être cités le disputeroient à ceux-ci. Ne soyons donc pas surpris si Voltaire, qui n'étoit pas prodigue d'admiration, en avoit une réelle pour cet ouvrage; et si La Harpe a dit que c'étoit un des plus beaux présens que nous ait faits l'antiquité.

Après les Métamorphoses, les Építres ou Héroïdes passent pour l'ouvrage le plus achevé d'Ovide, et celui qui a trouvé le plus d'imitateurs. On en compte vingt-une, à la tête desquelles on met l'Épitre de Sapho à Phaon, qui est un véritable chef-d'œuvre.

Ses Élégies partagées en trois recueils, sont nombreuses (145). Le premier recueil intitulé Amores, qu'il ne faut pas confondre avec l'Ars amatoria, en contient quarante-neuf distribuées en trois livres. Cet ouvrage a tout l'éclat, toute la fraîcheur de l'âge où l'auteur le composa; mais on voit qu'il n'a ni la sensibilité, ni l'élégance, ni la précision de Tibulle, et il est moins passionné que Properce. Le second recueil, les Tristes, renferme cinquante élégies en cinq livres ; la plus intéressante, sans comparaison, est celle où il détaille les circonstances de son départ, la dernière nuit qu'il passa dans Rome, et les adieux tendres et douloureux de son épouse. Le troi

sième recueil, Lettres écrites du Pont, est en quatre livres et contient quarante-six élégies. Celles-ci sont adressées à des personnes nommées, tandis que les Tristes également écrites du Pont, sont des épanchemens de cœur dans lesquels le poëte s'occupe de lui-même et de sa douleur. N'oublions pas son élégie sur la mort de Tibulle, qui est peut-être la meilleure de toutes.

Les Fastes sont encore un ouvrage d'Ovide qui est estimé quoiqu'il ne soit pas terminé. Quant à ses autres productions, nous ne croyons pas devoir en parler.

ALEXIS PIRON (n. 1689-m. 1773). La Métromanie est son chef-d'œuvre, et lui a fait beaucoup plus de réputation que Gustave Vasa. « La Métromanie, dit un moderne, semble être l'anneau de la chaîne qui unit le beau siècle de Louis XIV avec le suivant. C'est un modèle de style, d'imagination de verve et de conduite. Aucun vers qui ne tende à l'action, aucune situation qui ne soit vraiment comique, aucun personnage qui ne soit soutenu aucun caractère qui ne soit dessiné avec vérité. Cette pièce suppose plus de connoissance du théâtre que tous les ouvrages de nos meilleurs écrivains dramatiques du XVIIIe siècle, etc. » Croiroit-on qu'elle fut, dans le temps, refusée par les comédiens?

PLATON (n. 429 av. J. C.-m. 348), le plus célèbre des philosophes anciens et modernes, a

laissé d'assez nombreux ouvrages parmi lesquels on distingue les suivans: Criton ou du devoir du citoyen ; ce dialogue est censé avoir lieu dans la prison de Socrate, à qui Criton avoit conseillé de prendre la fuite pour éviter la mort injuste à laquelle il étoit condamné. C'est un des plus beaux morceaux de Platon et de toute la littérature ancienne. Le Banquet ou de l'Amour ; ce dialogue est celui que Platon a le plus soigné. Selon Wiéland, « c'est un ouvrage de luxe poétique, auquel toutes les Muses ont pris part. Platon y verse sur ses lecteurs, comme de la corne d'Amalthée, toutes les richesses de son imagination, de son esprit, de son sel. attique, de son éloquence et de son talent pour la composition; ouvrage travaillé, poli et perfectionné à la lueur de la lampe, et par lequel Platon a voulu nous montrer qu'il dépendoit de lui d'être à son choix le premier parmi les orateurs, les poëtes ou les sophistes de son temps. De la République ou de ce qui est juste, en dix livres; cet ouvrage est regardé comme le chef-d'œuvre de Platon (excepté cependant ce qu'il avance sur la communauté des femmes); il y établit l'idée d'un gouvernement bien ordonné, dans lequel tous les citoyens obéissent aux lois de la morale, et où tous concourent au bien général. Il distingue toutes les institutions politiques, d'après le nombre des personnes qui prennent part au gouvernement, en monarchiques, oligarchiques et démocratiques ; ou d'après les motifs qui guident les gouvernans, en philosophiques, ambitieuses, avides, absolues et

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