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tres pièces, elles n'ont eu aucun succès et ne se sont jamais relevées de leur chute primitive.

ESCHYLE (n. 526 av. J.-C.-m. 456), est considéré comme le véritable père de la tragédie, celui qui le premier lui donna une forme régulière. Des sept pièces échappées aux ravages du temps sur à-peuprès quatre-vingt-dix qu'il avoit composées, les Coëphores (porteurs de libations) et les Sept Chefs devant Thèbes sont les meilleures. Les Coëphores surtout renferment des beautés vraiment tragiques vraiment théâtrales et qui sont assez rares dans les autres pièces d'Eschyle; ces pièces sont Prométhée; les Perses; Agamemnon; les Suppliantes, et les Euménides.

EURIPIDE (n. 480 av. J.-C.—m. 406), avoit composé cent vingt-trois pièces dramatiques. Le temps en a épargné seulement dix-huit, à la tête desquelles on place Iphigénie en Aulide comme le chefd'œuvre de l'auteur, et comme l'une des tragédies anciennes où l'art a été porté à sa plus grande perfection. Unité d'action et d'intérêt, exposition admirable, caractères soutenus, vérité dans le dialogue, pathétique dans les situations, éloquence vraiment dramatique, enfin gradation d'intérêt qui va croissant de scène en scène jusqu'au dénouement: voilà ce qui justifie l'admiration qu'on a eue dans tous les temps pour cette tragédie. Racine l'a heureusement imitée, embellie et perfectionnée. Les autres pièces

d'Euripide sont: Hécube; Oreste ; les Phénisses; Médée ; Hippolyte couronné; Alceste; Andromaque; les Suppliantes; Iphigénie en Tauride ; les Troyennes ; les Bacchantes; les Héraclides; Hé lène; Ion; Hercule furieux, et Electre. Il ne reste le commencement de sa Danaë,

que

FR. SALIGNAC DE FÉNÉLON (n. 1651-m. 1715). Nous ne considérons ici cet illustre écrivain que comme orateur sacré, ses autres titres littéraires étant suffisamment connus et appréciés ; nous dirons donc que comme prédicateur, Fénélon a deux morceaux que M.Maury metau premier rang; mais laissons parler M. Maury lui-même : « Le nom chéri de Fénélon, dit-il, s'est associé à la prééminence de nos trois immortels prédicateurs (Bossuet, Bourdaloue, Massillon), et marche leur égal, sans avoir besoin d'autres titres que deux discours qui lui en assurent le droit aux yeux de la postérité.... L'un de ces titres oratoires est le sublime et pathétique discours que Fénélon prononça dans l'église collégiale de Lille, en 1708, quand il fit la consécration du prince de Bavière, archevêque électeur de Cologne. C'est une pièce d'éloquence du premier ordre... Le second sermon est celui qui fut prêché une seule fois aux Missions étrangères, le jour de l'Épiphanie, en 1685, par l'abbé de Fénélon alors âgé de trente-quatre ans....» M. Maury prétend qu'on y trouve << tantôt l'imagination d'Homère, tantôt là véhémence de Démosthène, tantôt le génie et le pa

thétique de saint Jean Chrysostôme, tantôt la verve et la majesté de Corneille, tantôt même dans quelques traits de la péroraison, l'énergie et la profondeur de Tacite, souvent les élans de Bossuet, mais toujours une pureté unique de goût et une perfection inimitable de style qu'on ne pouvoit assez admirer. Ce sermon étoit pour ainsi dire inconnu ; M. Maury le lut dans une société de littérateurs distingués, et le présenta comme étant de Bossuet. Tout le monde s'écria que l'aigle brillant de Meaux étoit seul capable de s'élever à une telle hauteur. Quelle fut la surprise de ces messieurs quand on leur annonça que ce discours étoit de Fénélon; il ne leur en parut que plus beau. M. Maury dit ailleurs que pour donner à ces deux chefs-d'œuvre qui appartiennent éminemment à la première classe du genre, la consistance tutélaire d'un volume, il faudroit y joindre les Dialogues de l'auteur et sa Lettre sur l'éloquence. Son opinion sur ces deux derniers ouvrages, doit encore trouver place ici. « Nous n'avons point, dit-il, de meilleur livre didactique pour les prédicateurs, que les dialogues de Fénélon sur l'éloquence de la chaire; toutes les règles de l'art y' sont fondées sur le bon sens, sur le bon goût, sur la nature.............. » Puis plus loin il dit : « La lettre de Fénélon à MM. de l'Académie française, sur l'éloquence, est un chef-d'œuvre. En la lisant, on admire l'auteur, disons mieux, on l'aime. On est at¬ tendri par l'exquise sensibilité de cet écrivain; et

l'on voit, s'il est permis de parler ainsi, que son goût n'étoit la délicatesse de son ame. » que

HENRI FIELDING (n. 1707 m. 1754), est auteur d'un assez grand nombre de romans dont la plupart sont très estimés; mais celui qui l'emporte sur tous les autres, est sans contredit Tome Jones. On n'en connoît point qui attache davantage et dont l'intérêt soit mieux gradué. Il offre, dans les deux principaux personnages, un contraste qui n'est malheureusement que trop l'histoire de la société. Des deux acteurs qui occupent la scène, l'un paroît toujours avoir tort, l'autre toujours raison; et il se trouve à la fin que le premier est un honnête hom

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et l'autre un fripon. Mais l'un, plein de la candeur et de l'étourderie de la jeunesse, commet toutes les fautes qui peuvent prévenir contre lui; l'autre toujours maître de lui-même, se sert de ses vices avec tant d'adresse, qu'il sait en même temps noircir l'innocence et mentir à la vertu. L'un n'a que des défauts, il les montre et donne des avantages sur lui; l'autre a des vices, il les cache et ne fait de mal qu'avec sûreté. Tous les autres personnages sont des originaux supérieurement tracés, que l'on voit tous les jours dans le monde, et que l'auteur peint, non par l'abondance des paroles, mais par la vérité des actions. Le fil de l'intrigue principale passe à travers les événemens épisodiques sans que jamais on le perde de vue; et le dénouement est aussi bien sus

pendu que bien amené. La Harpe dit que c'est le livre le mieux fait de l'Angleterre, et il ne craint pas de le nommer le premier roman du monde. Nous avouerons que nous en avions porté à-peu-près le même jugement après l'avoir lu plusieurs fois; il est vrai que la lecture de Don Quichotte qui est d'un genre si différent, nous a fait éprouver le même plaisir à la lecture.

ESPRIT FLÉCHIER (n. 1632-m. 1710). La plus belle, la plus parfaite de toutes ses oraisons funèbres, est celle de Turenne, prononcée le 10 janvier 1676, à l'église Saint-Eustache de Paris; elle est infiniment supérieure à tous ses autres discours. Si les couleurs étoient un peu plus vives dans l'oraison funèbre du premier président de Lamoignon, elle pourroit approcher de celle de Turenne. En général il n'y a aucun des discours de Fléchier qui n'offre de riches détails. Et comme l'a dit Thomas dans ses Éloges : « l'éloquence de Fléchier paroît être formée de l'harmonie et de l'art d'Isocrate, de la tournure ingénieuse de Pline, de la brillante imagination d'un poëte, et d'une certaine lenteur imposante qui ne messied peut-être pas à la gravité de la chaire, et qui étoit assortie à l'organe de l'o

rateur. >>

J. P. CLARIS DE FLORIAN (n. 1755-mort 1794). Parmi les ouvrages de cet aimable auteur, ses Fables tiennent le premier rang, et on peut le leur conserver entre toutes les productions du même genre,

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