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NIC. BOILEAU-DESPRÉAUX (Voy. tom. 1.er, pag. 184). Sa neuvième Satire : C'est à vous, mon esprit, etc., passe pour son chef-d'œuvre ; c'est un modèle du badinage le plus ingénieux; elle a été composée en 1667, et publiée l'année suivante. La Satire sur l'Homme (la huitième), également composée en 1667, est aussi l'une des meilleures, l'une de celles où il y a le plus de mouvement et de variété, et qui dans le temps eut le plus de vogue. La Satire sur la Noblesse (la cinquième) est encore fort belle; mais elle pourroit être plus approfondie. Celle qui regarde la difficulté de la Rime (la deuxième), peut également être citée parmi les bonnes. On lira toujours avec plaisirle Mauvais repas (Satire troisième), les Embarras de Paris (satire sixième); quoiqu'inférieures aux précédentes, elles sont bien supérieures aux autres que nous ne citons pas.

Parmi les Épîtres de Boileau, on recherchera toujours la quatrième sur le Passage du Rhin, et la sixième où il peint les douceurs du séjour de la campagne. Il avoit de la prédilection pour la dixième qu'il appeloit ses inclinations. Elle est adressée à ses vers. La première, sur les avantages de la Paix, est aussi fort belle.

L'Art poétique est connu depuis long-temps pour une législation parfaite dont l'application se trouve juste dans tous les cas, un code imprescriptible dont les décisions serviront à jamais à savoir ce qui doit être condamné, ce qui doit être applaudi. Ceux qui ont étudié l'art d'écrire, qui en connoissent, par

une expérience journalière, les secrets et les diffi cultés, peuvent attester combien ils sont frappés du grand sens renfermé dans cette foule de vers aussi bien pensés qu'heureusement exprimés, et devenus depuis long-temps les axiomes du bon goût. Il est certain que l'Art poétique est la principale base de la haute renommée de Boileau; c'est de tous ses ouvrages celui qui le place le plus près d'Horace. En renfermant, tous les principes de l'art d'écrire dans des vers parfaits et faciles à retenir, il a laissé dans tous les esprits la mesure qui doit servir à régler leurs jugemens. Il a rendu familières au plus grand nombre ces lois avouées par la raison de tous les siècles et par le suffrage de tous les hommes éclairés (1).

Le Lutrin, quoique bagatelle qui n'a rien de l'importance de l'Art poétique, ne fait pas moins d'honneur au talent de Boileau. Ce poëme est un de ceux où la perfection de la poésie française a été portée

(1) Un passage de M. Dussault sur PArt poétique, trouve ici naturellement sa place : « Dans les quatre chants d'un poëme très court, dit-il, le législateur du Parnasse français a embrassé toutes les parties de la littérature; non-seulement il a exposé tous les principes de l'art d'écrire; mais il a défini tous les genres, crayonné l'historique de quelques-uns, caractérisé un assez grand nombre de poëtes anciens et modernes, esquissé le tableau des révolutions du goût, depuis François I.er jusqu'à Louis XIV, et tracé aux auteurs des règles de conduite. On a peine à concevoir comment il a pu renfermer tant de choses dans un cadre si étroit; et cependant cette extrême briéveté ne dérobe rien à la grâce et à l'agrément: l'auteur de l'Art poétique est précis sans être sec; il a su

le plus loin, enfin celui où l'auteur a été, s'il est possible, plus poëte que dans tous les autres: il n'en existoit pas de modèle. Que l'on examine la petitesse du sujet si heureusement vaincue (un pupítre remis et enlevé dans une église), l'action si bien ordonnée et augmentant toujours d'intérêt, du moins pendant les cinq premiers chants (car le sixième n'est pas digne des autres), tous les personnages si bien caractérisés, tous les discours si bien soutenus, cet admirable épisode de la Mollesse, ces peintures si variées et si riches, cette excellente plaisanterie, ces comparaisous si bien placées, cette mesure si parfaitement gardée dans le mélange du sérieux et du comique, enfin cette perfection continue d'un style qui prend tous les tons, et l'on conviendra que le Lutrin est un chef-d'œuvre de verve poétique, une de ces créations d'un grand talent, dans lesquelles il a su faire beaucoup de rien.

NICOLAS THYREL DE BOISMONT (n. 1715 — m. 1786), célèbre prédicateur, s'est fait une grande réputation surtout dans l'oraison funèbre. On lui re

trouver encore dans un espace si plein et si resserré, de la place pour les ornemens..... »

En 1817, M. Chaussard a publié une Poétique secondaire, ou Essai didactique sur les genres dont il n'est pas fait mention dans la poétique de Boileau. Cet ouvrage en quatre chants est

peu connu.

... En 1809, M. Leduc a donné un Nouvel Art poétique, plaisan terie très ingénicuse, qui a eu deux éditions, in-12.

proche un peu trop de pompe oratoire; aussi n'estil placé qu'au second rang parmi les orateurs de la chaire. Cependant il faut convenir qu'il a des morceaux de la plus grande beauté. Parmi ses ouvrages (Paris, 1805, in-8.o), on distingue le dernier, son sermon sur la fondation d'un hospice pour les militaires et les prêtres infirmes. La seconde partie surtout est le plus glorieux triomphe de son talent, et c'étoit la plus délicate à traiter. Rien n'est plus touchant, plus sublime que le tableau qu'il fait d'un vénérable pasteur de campagne, prodiguant ses soins et ses secours à ses paroissiens, et particulièrement aux infortunés succombant sous le double fléau de la plus horrible misère et de la plus cruelle épidémie. « Seul (le pasteur) au milieu des gémissemens et des pleurs, livré lui-même à l'activité du poison qui dévore tout à ses yeux, il l'affoiblit, il le détourne; ce qu'il ne peut sauver il le console, il le porte jusque dans le sein de Dieu; nuls témoins, nuls spectateurs, rien ne le soutient, ni la gloire, ni le préjugé, ni l'amour de la renommée, ces grandes foiblesses de la nature auxquelles on doit tant de vertus; son ame, ses principes, le ciel qui l'observe, voilà sa force et sa récompense. L'État, cet État qu'il faut plaindre et servir, ne le connoît pas ; s'occupet-il, hélas! d'un citoyen utile, qui n'a d'autre mérite que celui de vivre dans l'habitude d'un héroïsme ignoré. » Après le discours dont nous venons de parler, les Oraisons funèbres de M. l'abbé de Boismont, que l'on distingue, sont celle du Dauphin et

celle de Louis XV. On admire surtout dans cette dernière, le passage où l'orateur retrace l'ascendant que prit dans l'Europe, vers 1734, la politique modérée du cardinal de Fleury, ascendant qui malheureusement ne dura pas long-temps.

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JACQUES-BENIGNE BOSSUET (Voyez tom. 1.er pag. 172). Parmi les nombreux ouvrages de ce grand homme, les principaux sont : le Discours sur l'histoire universelle, ses Oraisons funèbres, ses Sermons, son Histoire des Variations, sa Politique tirée de l'Écriture Sainte, ses Élévations, ses Méditations sur l'Evangile, son Traité de la connoissance de Dieu et de soi-même, et son Exposition de la doctrine de l'Église.

Parmi ses Oraisons funèbres, les quatre principales, celles que l'on regarde comme quatre chefsd'œuvre d'une éloquence qui ne pouvoit avoir de modèle dans l'antiquité et que personne n'a depuis égalée, sont 1.° l'Oraison funèbre d'HenrietteMarie de France, reine d'Angleterre ; 2.o celle de Madame (Henriette-Anne d'Angleterre, duchesse d'Orléans); 3.o celle de Louis de Bourbon, prince de Condé, et 4.o celle d'Anne Gonzague de Clèves, princesse Palatine. Cette quatrième est un inférieure aux trois premières.

peu

« Le sermon de Bossuet, sur l'unité de l'Église, dit le cardinal Maury, qu'il prêcha si à propos avec le succès le plus inoui et le mieux mérité, à l'ouverture de l'assemblée du Clergé de France, en 1681,

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