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Dans la première moitié de ce cours, nous avons vu l'histoire des sciences naturelles pendant l'antiquité et pendant le moyen age; nous avons remarqué leurs différentes phases, leurs différens progrès, au travers des mouvemens politiques qui s'accomplirent à ces premières époques de leur existence.

D'abord elles étaient renfermées dans l'intérieur des temples, tenues secrètes par le collége des prêtres, ou présentées sous des emblèmes dont ceux-ci avaient seuls la clef. Développées ensuite dans la Grèce par les philosophes qui les avaient étudiées dans l'Inde, puis en Égypte, elles furent portées par Aristote et Théophraste au plus haut degré qu'elles aient atteint chez les anciens. Les évènemens qui ruinèrent la Grèce et firent de l'Égypte une province romaine les transportèrent

définitivement à Rome : mais elles n'y reçurent que très peu de développement, et à peine y avaient-elles fleuri quelque temps qu'elles furent entravées dans leur marche et rapidement affaiblies par le despotisme des empereurs et les guerres civiles qui s'élevèrent au sujet de la succession à l'empire; de telle sorte que les sciences et les lettres étaient tombées dans une grande, décadence, même avant le moment où l'invasion des barbares y mit le dernier terme.

pour

Ce grand évènement une fois accompli, elles eurent, ainsi dire, à renaître, à se développer, à se propager de nouveau, presque aussi difficilement que pendant l'antiquité. Peu à peu cependant elles reprirent de la force, d'abord, par les efforts de Charlemagne, ensuite par des communications plus fréquentes avec les Arabes d'Espagne, les seuls qui en eussent conservé la tradition dans l'Occident; enfin, par des communications ultérieures qui eurent lieu pendant les croisades, soit avec les Arabes de l'Orient, soit avec les Grecs de Byzance, dont on était séparé depuis longtemps par suite du schisme de Photius.

A ces moyens de progrès vinrent se joindre l'établissement des universités, celui des ordres mendians, en grande partie consacrés à l'enseignement, et diverses inventions qui changèrent la face des gouvernemens, telles que la poudre à canon, la boussole, l'alcool et quelques autres découvertes chimiques. Mais c'est surtout pendant le quinzième siècle que se préparèrent les plus grands progrès, par les immortelles découvertes qui se firent à cette époque. La première de toutes est celle de l'imprimerie, qui fut contemporaine de l'invention de la gravure autant la première est

importante pour les sciences humaines, autant l'autre l'est pour les sciences naturelles.

La prise de Constantinople qui rapporta dans l'Occident ce qu'il y avait à Byzance de l'antiquité (et alors cet évènement fut d'autant plus avantageux que l'imprimerie put recueillir ces trésors, les multiplier et les répandre); la découverte d'un nouveau chemin pour les Indes; celle de l'Amérique, et la liberté de penser et d'écrire, qui fut le résultat des luttes religieuses, tels sont les principaux évènemens qui préparèrent pendant le seizième siècle le mouvement des dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième, pendant lesquels les sciences ont constamment marché vers le point où elles sont aujourd'hui, et d'où elles s'élèveront, nous n'en pouvons douter, à des destinées plus hautes. C'est de cette dernière période des sciences, celle qui a rempli les trois derniers siècles, que nous allons nous occuper.

Comme il était facile de le prévoir, le nombre des écrivains y est infiniment supérieur à celui des temps précédens. Avant l'invention de l'imprimerie, il était très difficile de produire des livres en grand nombre ; ceux qu'on faisait étaient moins étendus, moins volumineux que les nôtres, car il eût été impossible alors de multiplier les très grands ouvrages comme on le fait aujourd'hui. Il était aussi difficile de les conserver : tout livre est maintenant impérissable.

Il me serait impossible de distribuer mes leçons de la même manière que pour les siècles précédens. Je serai contraint de faire un choix parmi cette innombrable quantité d'ouvrages conservés pendant les trois derniers siècles que nous allons explorer. Je devrai m'en tenir à ceux dans lesquels paraissent des découvertes,

à ceux qui ont fait époque dans l'histoire des sciences; je négligerai, à moins d'un mérite particulier, ceux qui n'ont fait que recueillir les faits connus auparavant. Ces compilateurs, si précieux au moment où les auteurs originaux n'existaient pas, ne méritent plus le même intérêt aujourd'hui que nous possédons ces auteurs originaux.

Je suivrai aussi une disposition plus précise dans l'exposé que je ferai des diverses sciences. Dans les preшiers temps de la philosophie, toutes les sciences étaient à peu près cultivées par un même individu; elles n'étaient pas divisées, comme de nos jours elles ont dû l'être, parce que, peu riches en détails, une tête un peu vaste pouvait en embrasser l'ensemble.

Aujourd'hui cette science universelle est tout-à-fait impossible. Il n'existe aucun homme au monde qui pût embrasser avec quelque précision, quelque détail, la totalité même des sciences naturelles. Je dis plus, nous arrivons à un temps où chacune de ces sciences devra peut-être être subdivisée elle-même; déjà il y en a qui le sont telle est, par exemple, la zoologie, dont les branches sont si nombreuses, contiennent tant d'objets d'étude différens, qu'il n'est presque aucun homme qui les possède dans leur entier. On peut bien en connaître les principes généraux, les règles générales, mais pour les détails, nous le répétons, il faut des hommes tout-à-fait adonnés à une seule branche de cette vaste science pour qu'ils puissent la posséder au point de l'étendre, d'y faire des découvertes, ou de la présenter sous un nouveau point de vue. Ainsi, j'ai maintenant à diviser les sciences; la distribution qui m'a paru la plus simple, la plus commode, est la sui

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