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géographe, naquit à Saint-Pol, le 21 cctobre 1761. Occupé de l'étude des arts lorsque la révolution éclata, Bacler en accepta les principes, et voulant en assurer les conséquences, il s'enrôla, et devint bientôt capitaine d'artillerie, pendant le siége de Toulon. Bonaparte, durant les campagnes d'Italie, l'attacha à son état major en qualité de directeur du bureau topographique, puis de chef des ingénieurs géographes. Il fut chargé, après la paix de Campo-Formio, de dresser la carte de l'Italie en cinquante-quatre feuilles. Devenu géné ral de brigade, il fut nommé, en 1813, chef du dépôt général de la guerre; mais la restauration lui enleva cette place, et Bacler se retira à Sèvres, où il se livra de nouveau à la culture des arts. Il s'occupa de la lithographie, et fit plusieurs publications qui popularisèrent cette précieuse découverte. Bacler mourut à Sèvres, le 12 septembre 1824. Parmi ses œuvres d'art, on doit citer plusieurs ouvrages lithographiés sur la Suisse, l'Espagne, etc, et surtout deux tableaux, les batailles d'Arcole et d'Austerlitz, auxquelles il avait assisté. Comme cartographe, Bacler d'Albe est au premier rang: il a publié dans le Mémorial topographique plusieurs dissertations sur la gravure des cartes; il a formé les artistes du dépôt de la guerre, qui depuis ont gravé de si admirables cartes. C'est lui qui a fait prévaloir la projection horizontale sur l'ancienne méthode perspective. A tant de titres, on doit ajouter le service que Bacler a rendu à la France, en empêchant les alliés de s'emparer des cuivres de la grande carte de Cassini.

BACO DE LA CHAPELLE était procureur du roi à Nantes, lorsqu'il fut envoyé aux états généraux en 1789. Travaillant surtout dans les comités, il ne prit la parole à la tribune qu'une seule fois, contre Maury. Toutefois, Baco n'embrassa pas franchement le parti de la révolution, et se déclara ouvertement contre la journée du 31 mai, ce qui le fit accuser de fédéralisme. Enfermé à l'Abbaye, il en sortit

après le 9 thermidor. Envoyé en qualité de commissaire par le Directoire exécutif, aux îles de France et de la Réunion, il n'y fut pas reconnu par les autorités du lieu, et fut même déporté aux Manilles. De retour en France après bien des obstacles, il fut quelque temps directeur de l'Opéra, place qui lui convenait beaucoup mieux que la première. Enfin, chargé de se rendre comme commissaire délégué à la Guadeloupe, il s'acquitta assez bien de sa mission, et mourut à la Basse-Terre, en 1801.

BACON (Alexandre-Mathieu), né à Verseville, dans le département du Calvados, était parvenu au grade de capitaine au 10 régiment de chasseurs, lorsque le 3 juillet 1796 il fut chargé d'enlever une batterie dont le feu nuisait à une division française. Il avait réussi à s'emparer de deux pièces de canon, quand il fut coupé en deux par un boulet, au moment où il s'élançait sur une seconde batterie, à la tête de cinquante hommes.

BACON (N.), s'engagea au commencement de la révolution, et se distingua dans la première guerre contre l'Espagne, à la prise de Bilbao, le 30 octobre 1798, et de Santander le 7 novembre de la même année. Au combat de Guinas, dans la province de Biscaye, où les Espagnols perdirent quatre mille hommes, Bacon se conduisit si bravement, qu'il fut cité par le maréchal Lefebvre. Le courage et les talents militaires de Bacon le firent nommer colonel du 63° régiment d'infanterie de ligne.

BACON (N.), cultivateur du Pas-deCalais, fut député par les électeurs de ce département au Conseil des cinq-cents. La journée du 18 fructidor le renvoya à la charrue. Quoique né dans les rangs du peuple, Bacon vota toutes les mesures contre-révolutionnaires. Il est resté ignoré depuis sa sortie du Corps législatif.

BACOURT, terre et seigneurie dans le duché de Bar, à 13 kilomètres de Château-Salins.

BACQUET (Jean), qui vécut au seizième siècle, était conseiller et avocat

du roi à la chambre du trésor, à Paris, et en même temps avocat au parlement. Il plaidait peu, compilait beaucoup et écoutait encore mieux. On le voyait toujours derrière le barreau, prenant note de tous les points remarquables des plaidoiries et arrêts, et poursuivant les avocats et les juges pour se faire expliquer ce qu'il n'avait pas bien compris. Pendant que personne ne faisait attention à lui, il entassait les matériaux de divers sujets relatifs au domaine royal. Il est auteur de plusieurs traités qui lui ont mérité l'honneur d'être le plus complet et le plus clair de nos domanistes anciens. On cite de lui une réponse maligne au jurisconsulte Chopin, qui lui reprochait un jour d'avoir pillé son traité de Domanio, écrit en latin assez barbare: « Je l'aurais bien voulu faire, lui répondit Bacquet, mais il faut que je vous confesse qu'ayant voulu lire votre latin, je n'ai pu le comprendre.»> BADAJOZ (PAIX DE). Bien que ce traité ait été signé entre l'Espagne et le Portugal, nous avons cru devoir, en raison de ses conséquences, le mentionner dans ce dictionnaire. L'Espagne, depuis la paix de Bâle (1795), était devenue l'alliée fidèle de la république française; elle avait déclaré la guerre à la Grande-Bretagne, et dès l'année 1797 elle avait menacé le Portugal d'une invasion, s'il ne renonçait à l'alliance anglaise. Les négociations traînèrent en longueur jusqu'à l'établissement du consulat. Alors Bonaparte envoya son frère Lucien à Madrid,et bientôt après Gouvion SaintCyr, pour hâter la solution de la question. Le Portugal hésitant encore, une armée espagnole, soutenue par une armée française, envahit le Portugal, conquit l'Alemtejo et força le Portugal à signer la paix à Badajoz, le 6 juin 1801. Le Portugal cédait Olivenza à Espagne, et plusieurs places sur la Guadiana, qui devint la limite des deux Etats; le Portugal consentait à de plus recevoir les vaisseaux anglais dans ses ports du Tage et du Douro. Mais Bonaparte s'indigna de ce qu'on avait traité sans son ordre, refusa

de ratifier le traité et fit marcher contre le Portugal une armée sous le commandement du général Leclerc. Aussitôt l'ambassadeur de Portugal à Madrid se hâta de signer avec Lucien un nouveau traité qui ne différait en rien du traité de Badajoz. Alors Bonaparte y donna sa sanction, et le Portugal entra pour quelque temps dans l'alliance francaise.

BADAJOZ (prise, siége et bataille de). La bataille de Geborra, gagnée par le maréchal Soult sur les Espagnols, le 19 fevrier 1811, ouvrit à nos troupes les portes de Badajoz, capitale de l'Estramadure, où elles entrèrent le 11 mars. Deux mois après, cette ville fut investie par Beresford, général anglais, à la tête de trente mille hommes, que couvrait en outre une armée espagnole presque aussi nombreuse. A cette nouvelle, le maréchal Soult réunit ses forces pour secourir cette place, et s'avance contre Béresford. Celui-ci, à son approche, lève le siége, et se porte avec toutes les troupes anglaises, espagnoles et portugaises qu'il commande, en avant de Burgos, sur les rives de l'Alboïrra, petite rivière qui se jette dans la Guadiana. Le combat fut opiniâtre de part et d'autre et les pertes considérables. Les alliés laissèrent dix mille hommes sur le champ de bataille et les Français cinq mille. L'ennemi perdit ses positions et battit en retraite : cependant il célébra cette journée comme son côté, s'attribua la victoire; et un triomphe. Le maréchal Soult, de certes il en avait le droit, puisqu'il avait à regretter la moitié moins de monde que l'ennemi; puisque le champ de bataille lui était resté; puisqu'il avait atteint le but qu'il s'était proposé, de dégager Badajoz, et de faire entrer des secours dans la place. Toutefois, les chants de triomphe de l'ennemi eurent un fâcheux résultat pour Cadix, avaient envoyé une députation les Français. Les cortès, qui étaient à au roi Joseph, pour traiter de la paix; mais arrivés à Séville où ils apprirent que dans les deux camps ennemis on se faisait honneur du gain de

la bataille de Badajoz, les députés, jugeant que si la victoire appartenait aux Français, elle n'avait point eu de résultat décisif, hésitèrent d'abord à aller remplir leur mission, puis bientôt rebroussèrent chemin. Après avoir assuré la défense de Badajoz, Soult revint à Séville, où était son quartier général. Mais bientôt il fut forcé de voler de nouveau au secours de la place. Béresford avait opéré sa jonction avec Wellington, et, leurs forces réunies, ils avaient repris le siége de Badajoz et ouvert la tranchée. Deux assauts terribles furent livrés; mais la ville repoussa avec vigueur les assiégeants. Cependant Soult et Marmont s'étaient réunis à Mérida et marchaient contre l'armée anglo-espagnole. Mais Wellington, fidèle à ses habitudes de retraite, ne crut pas devoir les attendre. Le 17 juin, il leva le siége et repassa la Guadiana. En vain Soult lui présenta-t-il la bataille, le général anglais la refusa, et rentra en Portugal.

BADAUD. Dans la basse latinité, le mot badare, que la langue italienne a conservé, signifiait l'action de regarder, faire attention, réfléchir; de ce mot dérivait le substantif badaldus, d'où vient le mot français badaud. Si l'on en croit Furetière et ses copistes, badaud voudrait dire sot, niais, ignorant, qui s'amuse à tout, qui admire tout. Il prétend qu'en vieux français bader veut dire « tenir la bouche ou la gueule ouverte et béante, ce qui, suivant Lavater, serait un signe certain de bêtise, d'imbécillité, d'idiotisme. Il ajoute encore: « C'est un sobriquet injurieux qu'on a donné aux habitants de Paris, à cause qu'ils s'attroupent et s'amusent à voir et à admirer tout ce qui se rencontre en leur chemin, pour peu qu'il leur semble extraordinaire. » En 1642, Corneille disait dans son Menteur:

Paris est un grand lieu plein de marchands mêlés;
L'effet n'y répond pas toujours à l'apparence;
On s'y laisse duper autant qu'en lieu de France;
Et, parmi tant d'esprits plus polis et meilleurs,
Il y croit des badauds autant et plus qu'ailleurs.

En 1669, Molière, dans son Pourceaugnac, faisait encore dire à un

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provincial, parlant à des Parisiens,
«Eh! messieurs les badauds, faites vos
affaires; et depuis on n'a cessé de je-
ter cette épithète à la tête des Parisiens,
de rassembler mille historiettes attes-
tant toutes la frivolité des habitants de
la capitale. Ainsi on cite un monsieur
qui, arrivant à l'Observatoire après
une éclipse, priait l'astronome de re-
commencer son expérience. Un autre
trouvait que la Loire était une assez
belle riviére pour une rivière de pro-
vince. Un autre demandait à son do-
mestique s'il était endormi. — Oui,
monsieur. C'est bon. Une Pari-
sienne se plaignait de ne pas pouvoir
se voir dormir dans la glace. Et tout
récemment encore un admirateur de
Napoléon, trompé par la rhétorique de
M. Rémusat annonçant la translation
des cendres de l'empereur à Paris, de-
mandait, avec une généreuse indigna-
tion, si les Anglais avaient brûlé le
grand homme. On appelle ces gens-là
des badauds, et l'on a grand tort: ce
ne sont pas des badauds, ce sont des
imbéciles ou des niais: il y a des im-
béciles partout; or il n'y a des ba-
dauds qu'à Paris.

Le badaud parisien n'est pas un imbécile, c'est un observateur, fin, philosophe, cherchant des impressions et s'y livrant avec joie. Tous ces ouvriers qui, aux heures des repas et les jours de fête, se promènent dans Paris, admirant ses monuments, ses merveilles, flanant au Louvre, lisant les affiches, les proclamations, les avis du pouvoir, riant à la vue des caricatures chez Martinet, et s'extasiant devant le luxe des magasins d'orfévrerie, sont-ce des imbeciles, eux qui admirent les chefs-d'œuvre de l'art, eux qui s'intéressent aux actes du pouvoir, qui s'enquièrent de leurs droits et de leurs devoirs politiques? souvent tel badaud, debout devant une affiche blanche, est un pauvre diable qui lit une ordonnance de recrutement, et se prépare à verser son sang pour la patrie; ou bien, s'il rit à Martinet, c'est que là on ne paye pas, c'est que la liberté de la presse n'étant qu'une dérision pour lui, il va

faire son cours de politique à la porte des caricaturistes. S'il admire les merveilles de l'industrie, ne le blâmez pas, lui qui les produit et qui ne peut que les admirer; ne lui reprochez pas sa pauvreté. Vous trouverez encore le badaud au spectacle gratis, aux fêtes publiques, devant notre admirable polichinelle, écoutant les chanteurs des rues; vous le trouverez partout où on ne paye pas, partout où l'on s'amuse naivement, partout où les traditions appellent le peuple; mais vous trouverez aussi le badaud parisien que vous avez vu apprendre l'art de la guerre en suivant au pas les régiments, et en regardant faire l'exercice aux soldats, se levant contre l'étranger et formant ces légions de diables, des enfants de Paris, les meilleures troupes du monde. Vous trouvez le badaud brisant la tyrannie en 1789 et 1830, et voyez son admirable bon sens, restant spectateur impassible pendant ces innombrables émeutes des dix dernières années. Que connaissez-vous de plus gai, de plus spirituel, de plus complétement Français que le gamin de Paris? et vous appelleriez tous ces gens-là des niais, des sots? Cela est impossible, et cependant ce sont des badauds.

Les gens dont nous venons de parler ne se livrent au délassement de l'observation qu'à certains intervalles. A cette catégorie appartiennent encore les gens d'étude, les hommes de cabinet, les érudits, les philosophes, tous penseurs, qui, à certains moments, fatigués de leurs travaux, de leurs méditations, sortent, vont prendre l'air, et se livrent à toutes les impressions qu'ils rencontrent. Ceux-là sont les flaneurs. Eux aussi ils ne flanent qu'à des intervalles plus ou moins rapprochés, et leurs flaneries sont souvent des heures employées utilement à réparer l'épuisement du corps, à réfléchir plus à l'aise, à observer et à méditer souvent très-séreusement, ou quelquefois à penser tres-profondément à rien. Que dis-je, à rien? est-ce que ce n'est pas dans ces flaneries qué le satirique Regnier,

Molière, Regnard, le Sage, Marivaux, Beaumarchais, Scribe, Charlet et tant d'autres, ont été étudier les mœurs qu'ils ont peintes avec tant de vérité et de charmes?

Après les badauds qui ne flanent que par intermittence, viennent ceux qui passent presque toute la journée à badauder ceux-là sont de vieux rentiers, de vieux soldats, d'anciens bureaucrates, des négociants retirés des affaires, tous bonnes gens, sur le déclin de l'âge : ils ne sont plus dans la vie active, mais ils ne renoncent pas pour cela à la politique et à la guerre. Leur grand plaisir c'est de se chauffer au soleil, à la petite Provence, au cadran du Luxembourg, dont on les a privés si longtemps. Là, ils causent avec les petits enfants, leur donnent de sages conseils, leur racontent les exploits de l'empereur, et préparent d'utiles citoyens à la patrie. Croyez bien que les traditions nationales se conservent là plus vivaces qu'ailleurs. L'auteur de cet article y a souvent passé des journés entières, et toujours il rentrait heureux d'avoir entendu d'admirables histoires.

D'autres, plus égoïstes, ne sont ni acteurs ni narrateurs. Ce sont de vieux célibataires; vous les reconnaissez à leur parapluie, à leur maintien; on les voit le long des quais, où ils regardent pêcher à la ligne. Vous les trouvez aussi au canon du PalaisRoyal; plusieurs n'ont une montre que pour savoir si elle marque exactement midi quand le coup part. D'autres ne manquent jamais, au 20 mars, d'aller aux Tuileries, voir si le marronnier historique a poussé ses premières feuilles. C'est la mauvaise queue des badauds, ce sont d'inutiles oisifs.

Viennent enfin les curieux. Cette espèce de badauds est très-difficile à décrire : elle se compose de toutes les classes de badauds, dans certaines circonstances, dans les grandes occasions; mais en temps ordinaire, elle se réduit exclusivement aux curieux. Le curieux est avide de nouvelles, il lui en faut absolument; et pour s'en procurer, on le voit, les jours d'é

meutes, de révolution, affronter les charges de cavalerie, les balles, les boulets, et même l'arrestation, pour assister au combat, et avoir, le soir même, la joie de donner aux habitués de son café, aux locataires de sa maison, des détails véridiques sur les événements du jour, et le droit de dire : J'y étais. Sa satisfaction est grande quand il a pu voir un individu écrasé par un omnibus, quand il a été spectateur d'un incendie, ou qu'il lui arrive de passer là où l'on vient de commettre un assassinat. Il ne manque pas une exécution capitale, une séance de la cour d'assises, une représentation de Van Amburg, ou de Carter, dans l'espérance de pouvoir un jour raconter qu'il les a vu dévorer par un de leurs farouches élèves.

Nous arrivons entin à une autre division: elle se compose de provinciaux et d'étrangers; ce sont de beaux esprits venant des quatre parties du monde; vous les reconnaissez à leur air étonné, à leur bouche ouverte, à leurs sottes questions. Ils ont un livre à la main; c'est un guide du voyageur. Pour ceux-là, le titre de badaud, dans son acception injurieuse, n'est pas trop fort; mais ce ne sont pas des badauds, ce sont des gobe-mouches, des niais, et des niais insupportables, car ils sont sots et orgueilleux. Aussi sont-ils le jouet de tous les gamins, de tous les désœuvrés, et des chevaliers d'industrie de toute espèce, de telle sorte que le vol à l'américaine est devenu proverbial. C'est au Louvre, les jours réservés, qu'on peut les observer le mieux. Vous les voyez là dans l'état de nature. C'est là que vous entendez demander d'un Daniel dans la fosse aux lions: « De qui est ce portrait? » et le malin artiste de répondre : « De M. de Balzac. » — «Quelle fantaisie d'apprivoiser ainsi des animaux si méchants. » C'est là que vous voyiez, en 1839 une honnête famille, le livret de l'exposition à la main, parcourir le musée égyptien, et tombant par aventure sur le portrait de Sésostris, dont le numéro correspondait au portrait de la duchesse

de ***, trouver bizarre qu'elle eût une barbe pointue.

Mais arrêtons-nous. Nous croyons avoir prouvé que l'épithète de badaud décernée au peuple de Paris par l'univers entier ne saurait être injurieuse; que badaud signifie observateur, et que s'il n'y a des badauds qu'a Paris, c'est qu'il n'y a qu'à Paris que l'on puisse observer, car là tout change, tout se meut, tout, à chaque moment, prend un caractère nouveau; tout inté resse, tout plaît, parce que tout est plein de vie, parce que tout entraîne, tout saisit; et c'est à ce caractère spécial de la grande cité, à ce caractere fin, observateur, de ses habitants, habitués à tout voir, à tout entendre, à tout comprendre, que Paris doit d'être devenu la premiere ville de l'univers ; voilà pourquoi tous ces grands mouvements, toutes les révolutions de la pensée, qui étonnent et agitent le monde entier, y prennent naissance, et y sont acceptés avec enthousiasme par un peuple intelligent composé de badauds!

BADE (traité de). Quoiqu'ayant mis un terme à la guerre genérale pour la succession d'Espagne, la paix d'Utrecht n'avait pas stipulé directement la réconciliation de la France et de l'Almagne. La république hollandaise, il est vrai, avait reçu en dépôt les PaysBas espagnols pour les remettre à l'Autriche, après s'être assuré par un traité une barriere contre la France; mais l'Autriche conservait de plus hautes prétentions, et l'Angleterre ainsi que les autres coalisés, après avoir profité habilement de la lutte, ne semblaient pas fâchés de la voir continuer encore entre les deux premières puissances continentales. Ce qu'il y a de certain, c'est que, l'Empire ayant refusé d'accepter le renouvellement du traité de Ryswick, les hostilités furent reprises sur le Rhin. L'Autriche se flattait à tort que le sort des combats avait définitivement tourné contre la France l'homme qui, avant l'ouverture du congrès d'Utrecht, avait déjà donné un premier démenti à la maŭvaise fortune, et relevé l'honneur de

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