Page images
PDF
EPUB

BRETAGNE (dom Claude), bénédictin de la congrégation de StMaur, né en 1625 à Semur en Auxois, diocèse d'Autun, d'une des familles les plus considérées de cette ville, embrassa la vie monastique au monastère de la Charité-sur-Loire en 1643, et vint faire profession à celui de Moutiers - Saint-Jean le 6 novembre de l'année suivante. Il était regardé comme un des plus illustres supérieurs de sa congrégation, par sa vertu, son urbanité, et le rang qu'il y tint. Il y gouverna successivement les plus célèbres monastères, tels que Saint-Médard

de Soissons, Saint-Corneille de Compiègne, Saint-Remi de Reims, Saint-Germain-des-Prés. Il fut assistant du père-général, et visiteur des provinces de Bourgogne et de Normandie, et se distingua par sesprédications. Il mourut à BonneNouvelle de Rouen le 15 juillet 1694, dans le cours de ses visites. On a de lui: 1° la Vie de M. Bachelier de Gentes, Reims, 1680, in-8°. Pierre Bachelier était devenu célèbre par sa conversion. 2o Les Merveilles de Notre-Dame de Bethleem de Ferrières en Gatinais. 3° Relation de ce qui s'est passé dans la procession du corps de saint Remi. 4o Méditations sur les principaux devoirs de la vie religieuse, marquées dans les paroles de la profession des religieux, avec des lectures spirituelles tirées de l'Ecriture et des saints pères, etc., Paris, 1696, in- 4", réimprimées plusieurs fois, etc. Livre solide, bien écrit, où la force se mêle avec la douceur et l'onction.

BRETEUIL (Louis-Auguste le Tonnelier, baron de) naquit à Preuilly en Touraine en 1733, d'une famille noble et ancienne, mais peu fortunée. Son oncle, l'ab

bé de Breteuil, ancien agent du clergé et chancelier du duc d'Orléans, se chargea de son avancementet le produisit dans le monde. Il le fit nommer guidon de la gendarmerie. La carrière que le baron de Breteuil paraissait devoir suivre n'était pas extrêmement brillante; mais les belles qualités de son cœur et de son esprit l'ayant fait remarquer de Louis XV, il fut nommé ministre plénipotentiaire près l'électeur de Cologne en 1760. Il partit pour la Russie avec le même titre. Il entretint avec le roi une correspondance secrète; mais il n'avait encore rien fait de remarquable dans la carrière politique, lorsque l'abbé Chappe d'Auteroche fut envoyé en Russie pour observer le passage de Vénus. Il fut parfaitement accueilli par le baron de Breteuil, qui le logea chez lui à SaintPétersbourg, le présenta à l'impératrice Élisabeth, et lui obtint des secours et des facilités de toute espèce pour remplir l'importante mission qui lui était confiée. « J'ai » des obligations sans fin à M. le >> baron de Breteuil, écrivait M. Chappe d'Auteroche; l'académie >> lui en a encore plus. » Lors de la célèbre révolution qui précipita Pierre III du trône de Russie, il ne se trouvait pas à Saint-Pétersbourg: il avait reçu de la cour de Versailles des instructions particulières pour ne point prendre part à cette terrible catastrophe, et profita d'un congé qui lui fut accordé pour se tenir éloigné du théâtre de ces agitations. Mais Catherine II étant montée sur le trône, il reçut ordre de se rendre de nouveau comme ambassadeur auprès d'elle; il se conduisit dans cette mission délicate, avec toute la sagesse que l'on pouvait désirer, et ne quitta Saint-Pétersbourg que pour aller

[ocr errors]

en 1769 jeter à Stockholm les premiers fondemens de la fameuse diète dont les suites furent si importantes. Nommé ambassadeur en Hollande, il quitta cette cour en 1770 pour celle de Vienne, jusqu'au moment où la chute du duc de Choiseul l'entraîna avec tous les amis et partisans du ministre. On n'osa cependant pas laisser entièrement à l'écart un diplomate qui avait déjà rendu d'importans services, et en 1771, le baron de Breteuil fut envoyé en ambassade à Naples. En 1775, il retourna à Vienne pour y prendre la place du prince Louis de Rohan, et figura trois ans après au congrès de Teschen, où, par son heureuse médiation, il étouffa l'embrasement près d'éclater en Europe, à cause des intérêts opposés des puissances voisines de la Bavière, après la mort de l'électeur Maximilien. En 1783 il fut nommé au département de la maison du roi et de Paris, en remplacement de M. Amelot. Il donna la liberté à quelques prisonniers enfermés par les ordres de l'ancien ministére, et convertit le donjon de Vincennes en grenier. Il améliora le sort des prisonniers, et se fit pardonner par plusieurs actes d'humanité la rudesse de ses manières et l'âpreté naturelle de son caractère. Lors de la célèbre affaire du collier, il fut accusé d'avoir provoqué l'arrestation du cardinal de Rohan en habits pontificaux. On connaissait son aversion marquée pour ce prince, qui l'avait remplacé à la cour de Vienne après la chute du duc de Choiseul. Mais il a constamment démenti cette accusation, et affirmé qu'il n'avait agi dans cette circonstance que d'après les ordres exprès du roi. Malgré les nombreux ennemis qui l'entouraient, le baron de Breteuil se

soutint au ministère jusqu'en 1787; mais l'avènement de M. de Brienne et les changemens que cet archevêque voulait introduire, le forcèrent à donner sa démission. Après la prise de la Bastille il conseilla, mais en vain, à l'infortuné Louis XVI de se retirer à Compiègne sous la sauvegarde des troupes cantonnées à Versailles. Il crut devoir éviter l'orage luimême, et se retira à Soleure où il reçut des pouvoirs du roi pour traiter avec les puissances étrangères, afin d'aviser aux moyens les plus expédiens pour le salut de la monarchie. Quelques personnes ont reproché au baron de Breteuil de s'être servi de ces pouvoirs, quoique le roi les eût révoqués peu de temps après; mais peut-on jamais faire un crime à un sujet fidèle de dépasser les volontés de son prince, pour sauver à la fois et le prince lui-même et son peuple. Il passa à Hambourg une partie de la révolution, et rentra en France en 1802. Un héritage qu'il recueillit de madame de Créqui sa parente, le tira de l'état voisin de l'indigence dans lequel il se trouvait. M. le baron de Breteuil est mort à Paris le 2 novembre 1807. Ce ministre a bien mérité des Parisiens par plusieurs embellissemens dont il a orné la capitale; les gens de lettres surtout et les artistes trouvèrent auprès de lui un protecteur fidèle et éclairé.

BRETEUIL. Voyez CHASTELET (Gabrielle-Emilie, marquise du).

BRETON (François le ), avocat, né à Poitiers, est auteur d'une satire contre Henri III, intitulée le Salutaire, 1586, in-8°. Il y accusait le roi d'hypocrisie, se plaignait du peu de justice qui se rendait sous son règne, et lui reprochait son peu d'autorité. Le faible

mais vindicatif monarque le fit pendre le 22 novembre 1586. Le Îivre, qui n'était pas encore entiè rement imprimé, fut brûlé par les mains du bourreau.

BRETON (Raymond), religieux de l'ordre de Saint-Dominique, naquit à Beaune le 3 septembre 1609. Ses supérieurs le destinèrent à leurs missions d'Amérique : il y passa, et exerça le ministère à Saint Domingue pendant 12 ans. Pendant 8 autres années, il visita les Antilles, et en évangélisa les insulaires, dans la langue desquels il s'était rendu habile. Rappelé en France en 1654, il s'y livra à la prédication et à la direction des consciences. Le temps que lui laissait cette double occupation, il l'employait à des ouvrages utiles aux missions et à ceux qui y étaient destinés. Parmi ces ouvrages on distingue: 1° Petit catéchisme, ou Sommaire des trois premières parties de la doctrine chrétienne, traduit du français en langue des Caraïbes insulaires, Auxerre, 1664, in-8°. 2o Dictionnaire français-caraïbe, et caraïbefrançais, mélé de quantité de remarques historiques pour l'éclaircissement de la langue, de 1665 à 1667, in-8°. 3° Relatio gestorum a primis prædicatorum missionariis in insulis americanis ditionis gallicæ, præsertim apud Indos indigenas, quos Caraibes vulgo dicunt, ab anno 1634 ad annum 1643. Ce dernier ouvrage fut composé par l'ordre du général de l'ordre de Saint-Dominique : quoique resté inédit, le P. Mathias Dupuis du même ordre, et Jean-Baptiste Dutertre, jésuite, en ont eu connaissance, et en ont profité pour la composition de quelques ouvrages sur le même sujet. Le père Breton mourut le 8 janvier 1679.

BRETON (Luc-François) na

quit à Besançon en 1731, de parens peu fortunés, qui, dès son enfance, l'occupèrent à l'état de menuisier. Son maître ayant remarqué en lui un goût naissant pour la sculpture, cultiva ce talent, l'encouragea, et lui facilita les moyens de se perfectionner. Après avoir travaillé quelque temps chez un sculpteur en bois, il alla à Rome et parvint à se faire connaître avantageusement par un bas-relief représentant l'Enlèvement du Palladium, qui remporta le prix à l'école de Saint-Luc. Admis en qualité de pensionnaire à l'école française, il se distingua par de nouveaux succès. C'est à lui que l'on doit le bas-relief en marbre représentant la Mort du général Wolf, et la statue colossale de saint André, placée au devant de l'église SaintClaude-des-Bourguignons. De retour dans sa patrie, il composa divers ouvrages, entre autres, le magnifique Tombeaudes la Baume que l'on voyait à Nîmes avant la révolution. On a encore de lui: 1o deux Anges adorateurs en marbre à l'église Saint-Jean de Besançon. 2o Une Descente de croix en pierre de Tonnerre, à l'église Saint-Pierre. 3° Deux Statues en pierre, à l'hôtel de ville. 4° Un saint Jérôme qu'il présenta pour sa réception à l'académie de Paris, où il ne fut point cependant admis. Ce sculpteur, plus remarquable par son goût et sa composition que par son génie, est mort à Paris en 1800. Il fut nommé avant sa mort membre associé de l'Institut.

BRETON. Voyez GUILLAUME LE BRETON.

BRETONNEAU (François), né à Tours en 1660, jésuite en 1675, mourut à Paris l'an 1741, après avoir passé par tous les emplois de sa compagnie. Il fut révi

seur et éditeur des Sermons de ses confrères Bourdaloue, Cheminais, et Giroust. Le P. la Rue lui appliquait à cette occasion ces paroles de l'éloge que l'église fait de saint Martin, et l'appelait Trium mortuorum suscitator magnificus. Il a revu aussi les OEuvres spirituelles du père Valois, et une partie des Sermons du père la Rue. On doit rendre justice à chacune des préfaces qu'il a mises à la tête de ces éditions. Les analyses qu'il a faites des Discours dont il est l'éditeur, sont exactes, claires, précises, et trés-propres à donner aux jeunes orateurs chrétiens l'idée d'un plan bien concerté, et bien rempli par l'enchaînement des preuves. Bretonneau était prédicateur luimême. Ses Sermons en 7 v. in-12, publiés en 1743 par le père Berruyer, respirent une éloquence chrétienne. Les grâces de l'action lui manquaient; mais il avait toutes les autres parties de l'orateur sacré. Ses vertus furent l'appui de ses Sermons. On a encore de Bretonneau desRéflexions chrétiennes pour les jeunes gens qui entrent dans le monde, in-12, et l'Abrégé de la Vie de Jacques II, in-12, tirée d'un écrit de son confesseur. BRETONNIER (BarthélemyJoseph), avocat au parlement de Paris, plaida et écrivit avec succès. Il naquit à Montrotier, près de Lyon, en 1656, d'un médecin, et mourut à Paris en 1727. On a de lui: 1°une Edition des OEuvres de Claude Henrys, avec des observations qui ont beaucoup perfectionné cet ouvrage. 2° Recueil par ordre alphabétique des principales questions de droit qui se jugent diversement dans différens tribunaux du royaume, 1 vol. in12, réimprimé avec des additions en 1756, en 2 vol. Boucher d'Argis en a donné une édi

tion avec des remarques, Paris, 1785, in-4°. La meilleure est celle de 1782, in-4°. Le chancelier d'Aguesseau, qui avait toujours pensé à rendre la jurisprudence uniforme, l'avait engagé à ce travail : Bretonnier l'exécuta d'une manière digne des vues de ce grand magistrat. Tous les principes du droit écrit et des coutumes y sont renfermés avec autant de netteté que de précision. La préface seule vaut un gros ouvrage. Ce jurisconsulte a laissé encore des Mémoires sur des affaires importantes dont il avait été chargé. Ils sont moins estimés que ses autres productions.

BRETTEVILLE (Étienne du Bois de ), né en 1650 à Bretteville-sur-Bordel en Normandie, se fit jésuite en 1667, et abandonna cet état en 1678. Il s'appliqua depuis avec succès à l'instruction des jeunes ecclésiastiques qui se destinaient au ministère de la prédication; il ne put longtemps se livrer à cette utile occupation,la mort l'ayant enlevé en 1688. Il avait donné, trois ans auparavant,desEssais de sermons en4vol. in-8°, où il y a six différens dessins pour chaque jour, avec des sentences choisies de l'Ecriture sainte. Son style n'est ni pur ni élégant; mais le choix des sermons est assez bien fait. L'abbé du Jarri y a donné une suite en 5 vol. in-8°, qui ne peut être comparée à l'ouvrage du premier auteur. On a encore de l'abbé de Bretteville des Essais de panégyriques, in-8°; et l'Eloquence de la chaire et du barreau, Paris, 1689, in-12; plus estimée pour les exemples qu'il donne, que pour les règles qu'il prescrit.

BREVAL (Jean Durant de), originaire Français, et fils d'un chanoine de Westminster, fit ses

études à Cambridge; il s'attacha au service du duc de Malborough, qui lui donna le rang de capitaine, et l'employa en diverses négociations en Allemagne. I mourut le 9 janvier 1738. On a de lui des Voyages, des Poésies, et quelques Pièces de théâtre. BREUGHEL (Pierre), sur nommé Breughel-le-Vieux,naquit à Breughel en Hollande l'an 1565. Ce peintre excella dans les représentations des fêtes champêtres. Les caractères, les manières, les gestes des paysans y sont rendus avec beaucoup de vérité. On a encore de lui des marches d'armée, des attaques de coche, etc. On estime surtout les paysages dont il a orné ses différens tableaux. Quelques-uns se voyaient à Paris, au Palais-Royal. On ignore l'année de sa mort.

BREUGHEL (Jean), fils aîné du précédent, nommé Breughelde-Velours, parce qu'il s'habillait ordinairement de cette étoffe, peignit d'abord des fleurs et des fruits, et ensuite des vues de mer, ornées de petites figures et de paysages extrêmement gracieux. Rubens l'employa dans quelques-uns de ses tableaux pour peindre cette partie. Sa touche était légère et ses figures correctes. Il mourut en 1642, à 67 ans.

BREUGHEL (Pierre), connu sous le nom de Breughel-le-Jeune, autre fils de Breughel-le-Vieux, excella à représenter des incendies, des feux, des siéges, des tours de magiciens et de diables; ce qui le fit appeler Breughel d'Enfer.

BREUL (Jacques du), né à Paris en 1528, bénédictin de Saint-Germain-des-Prés en 1549, et abbé de Saint-Allyre de Clermont, mourut en 1614, âgé de 86 ans. On a de lui: 1° le Théâtre

des antiquités de Paris, in-4′′, 1612. C'est le répertoire de la plupart des fondations de la ville de Paris; on y remarque des particularités intéressantes parmi un amas assez indigeste d'époques et de recherches. L'auteur des Essais sur Paris a su depuis écarter les épines de l'érudition du P. du Breul; mais il les a remplacées par beaucoup de faussetés et de petits artifices de philosophie. 2° Supplementum antiquitatum Parisiensium, in-4°, Paris, 1614; ouvrage peu commun, qui renferme plusieurs auteurs anciens qui ont parlé de Paris, et qui a les mêmes avantages et les mêmes défauts que le précédent. 3° Les Fastes de Paris, par Pierre Bonfons, augmentés, in-8: curieux. 4° La Vie du cardinal Charles de Bourbon (oncle de Henri IV), 1512 in-4°. 5° La Chronique des abbes de Saint-Germain, avec l'Histoire d'Aimoin, qu'il fit imprimer en 1603.

[ocr errors]

BREUL (Jacques du ), jésuite, fils d'un imprimeur, commença lui-même par exercer cet art. Il avait des connaissances étendues dans l'architecture et le dessin. Il mourut à Dijon le 27 avril 1670. Il est auteur d'une Perspective pratique, nécessaire aux peintres graveurs, sculpteurs, architectes, Paris, 1642-1649, 3 vol. in-4°. Elle est recherchée des curieux.

BBEUNING (Jean-Jacques) naquit à Buchembach dans le duché de Wurtemberg en 1552. Né avec un grand goût pour les voyages, et avec une fortune suffisante pour le satisfaire, il sortit fort jeune de son pays, parcourut pendant trois ans l'Angleterre, la France et l'Italie, et s'embarqua en 1579, à Venise, pour la TerreSainte. I alla à Constantinople, de là en Égypte, parcourut en ob

« PreviousContinue »