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rangé Le Kaside, genre de poésie très en vogue parmi les Arabes, et cultivé avec grand succès, qui répond plus qu'aucun autre à l'élogie Latine, mais qui par sa construction tient au Ghazel, avec cette différence, que le Ghazel, suivant les règles, ne devroit jamais passer 13 distiques ou beits; et que le Kaside n'est borné à aucun nombre; 2do, que les beits du Ghazel doivent par leur nature comprendre en eux-mêmes, et terminer tout le sens, pendant que ceux du Kaside ont du rapport entre eux, en continuant le même sujet. Un exemple admirable de ce dernier est celui sur la mort de Mahomet, célèbre dans tout l'Orient, et connu par cœur à tous les gens de fettres, dans une allégorie continuelle, mais admirable et très pathétique, dont le commencement est tel, si je m'en souviens:

امن تدكر جيران بني سلم
من
مزجت دمعا جري

مقاله بدم

Pour ce qui regarde vos doutes sur la prétendue allégorie de Hafyz, il y auroit beaucoup à dire, car il semble que le respect et la vénération que les Mahometans portent à la mémoire de ce grand génie, est la véritable cause de leur mystérieuse interprétation, voulant par là justifier la conduite du poëte en nous le donnant pour un homme irréprochable aussi bien dans ses mœurs que dans ses vers. La plus grande partie de ses commentateurs, comme Shemy, Surury, et les autres, s'évertuent d'expliquer

d'expliquer dans un sens mystique les vers qui roudent sur de vin, les garçons, les plaisirs, et le mépris de la religion, comme indigne d'un bon Musulman; mais le plus habile de ces interprêtes, le savant Sudi, n'a pas voulu suivre cette méthode, disant, que quelque raison que puissent avoir les autres commentateurs, sans combattre leurs bonnes intentions, il se contentera d'expliquer le texte littéralement. Il ne sera pas peut-être mal-à-propos, de marquer ici une anecdote, 'que j'ai lû quelque part touchant Hafyz; ce grand homme étant mort, quelques-uns des Ulemas, ont fait difficulté de lui accorder la sépulture, à cause du libertinage de ses poësies, mais en fin après bien de contestations, il èr sont venu au Tefal, c'est-à-dire à la pratique, d'ouvrir son Divan au hazard, moyenant une aiguille; le premier vers qui s'offrit à leur vûe fut le suivant:

قدم دریخ مدار از جنازه حافظ اگرچه فرق کنا هست میرود بهشت

Ce passage ayant été pris pour une décision du ciel, les Ulemas furent bientôt d'accord, et on le fit enterrer dans l'endroit même du Musella, dcvenu célèbre par ses vers. Si je ne me trompe pas, eette circonstance se trouve dans Katib celebi. Quant à moi, tout autant que je suis porté à croire que Hafyz en parlant de vin et de l'amour n'entend point finesse en cela, de même je dois avouer que je ne trouve point des obscénités en lui, ni des expressions

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pressions sales et grossières, comme cela arrive as sez souvent à Sadi. Je ne puis m'empêcher non plus de le regarder comme un esprit fort, et je pourrois citer cent exemples, pour montrer qu'il se moque du prophète et de l'Alcoran comme quand il dit:

.

ان تلخ دش له صوفی ام الخبايث خواند لنا و احلي من قبل العز ارا

اشي

Pour les poëtes Turcs, j'avoue que je ne les lis pas avec le même plaisir, quoique je convienne qu'il y en a quelques uns qui ont du mérite; le plus agréable, à mon avis, est Ruhi Bagdady, dont il y a des satyres admirables. Je ne sais pas s'il est de votre connoissance. Mais la plupart des Turcs ne sont que des copistes ou traducteurs des Persans, et souvent destitués de goût et d'harmonie.

Je ne puis pas déviner la raison qui vous fait trouver, Monsieur, un sens impudique dans ce beau vers de Mesihi:

المي سن بني ايلته سينه مرلیا پنجه پارک سینه سینه

dont le simple sens est: "Mon Dieu, ne m'envoyez pas au tombeau sans que j'aye auparavant embrassé mon ami;" à moins que vous ne fassiez .consister l'obscénité dans l'amitié d'un garçon, qui est l'éternel sujet de toutes les poësies Orientales aussi bien que Grecques et quelquefois Latines.

Je

Je vous envoye la plus fraiche de mes traductions, en vous priant de me la renvoyer quand vous en serez las, car je n'en ai point de copies. Je suis, avec la plus parfaite estime et vénération,

Votre très-humble Serviteur,

REVICZKI.

No. IV.

REVICZKIUS JONESIO, S.

Londini, Martii die 7, 1768.

Dicámne me literis tuis delectatum, an

eruditum? Prorsus animi pendeo, tu in literis omne punctum tulisse videris, hoc unum reprehendendum existimo, quòd concisione peccent, etsi tu prolixitatis notam" incurrere verearis. Quòd missam ad te duarum odarum versionem iutemperanti laude efferas, quòdve meas esse aliquid putâris nugas, id puiè putà humanitatis ac comitatis tuæ indicium esse suspicor; quòd autem in sphalmata mea benignus animadverteris, serid habeo gratiam, uti vice versâ, quòd tam parcus fueris in castigandâ errorum meorum sylvâ, indulgentiæ tuæ adscribo. Itaque etsi sumoperè cavendum mihi sit, ne, dum culpam removere studeo, gratiam, quam profiteor, imminuere videar; non possum tamen apud animum meum impetrare, ut omni penitùs apologia' supersedeam. Quare non incongruum puto monere, me, nullo sive ostentationis sive gloriæ studio, ad versus scribendos animum appulisse, quos jam olim "in scholæ limine valere jussos, non ante hos 'tres menses, otio me ad id pelliciente, resumsi; non

aliâ, Tйs pelaTlúews, ratione, quàm quòd, Latinė redditis 50 circiter odis mercurialis nostri Hafyzi,

cujus amor tantùm mihi crescit in horas,

Quantùm vere novo viridis se subjicit alnus,—

in ipso progressu operis tam immanem observavi metaphrasis meæ à prototypo difformitatem, ut me laboris fastidium ceperit. Nam etsi præter illam inficetam, sed religiosam versionem, quam singulis distichis subscriptam vides, aliam liberiorem et tersiorem, Latinâ æquè ac Gallica linguâ, præ manibus habeam; tamen non est minùs dis

حکایت زردوز دبر یا باف crepans à textu, quam

1

Hoc est,

Historia aurifabri et storeaṛum textoris.

HAFIZ

Accedit, quòd sæpissimè ad exprimendum unius monosyllabi sensum, sesquipedali paraphrasi sit utendum. Proindè non abs re futurum judicavi, ligatâ nonnunquam oratione textum Persicum æmulari; cujus tamen qualicunque successui illud semper obstabit, quòd in Ghazelâ, nulla sit ver suum cohæsio et αλληλουχία, cujus defectum La tina poësis nulla ratione admittit. Sed de his affatim.

Librum de poësi Hebræorum quem commendas, episcopi Oxoniensis, quémve tibi pro exemplari proposuisti, legi jam aliàs, et quidem maguâ cum voluptate, quamvis in præsentiarum parum ex illo memoriæ meæ inhæreat: hoc unum recordor, quod dictione æquè ac methodo sit præditus admirabili. Flores Græci et Orientales epistolæ tuæ interspersi,

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