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Bailly, Jean, Silvain,

Premier Président de l'assemblée nationale et 1. maire de Paris en 1789, né à Paris, le 16 9th 1736, mort le 12 the 1793, victime de la révolution.

Lallement, Guillaume n.

DE

RAPPORTS, OPINIONS

ET

DISCOURS

Prononces à la Tribune Nationale

depuis 1789 jusqu'à ce jour;

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Chez ALEXIS EYMERY, Libraire de la Minerve française,
rue Mazarine, N° 30;

Et chez CORRÉARD, Libraire, Palais-Royal, galerie de

bois, N° 258.

1818.

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NEM AOBK

L'ITALIE était fière d'avoir dans ses beaux jours

imposé des lois au monde; elle était fière aussi de la renaissance des lettres, qui plus tard eut lieu dans son sein: mais les lois que Rome superbe dicta aux nations vaincues étaient de la servitude, et les lettres relevées pleuraient encore un genre d'éloquence, celui qu'inspirent le patriotisme et la liberté.

Plus généreuse, plus grande, la France donna la liberté au monde, et fit renaître cette auguste éloquence qui associe les lettres à l'immortalité des peuples.

La révolution française a porté ses bienfaits dans les deux hémisphères : tandis que des peuples nouveaux en recueillent les fruits avec reconnaissance, les rois de la vieille Europe ne trouvent plus de gloire que dans le respect des principes que la France a fait revivre; principes indestructibles que sa première Assemblée nationale a posés dans son imperissable

Déclaration des Droits.

Elle a dit, elle a proclamé, et l'univers a reconnu que « le principe de toute souveraineté réside essen>> tiellement dans la nation; nul corps, nul individu >> ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expres» sément. »> (1)

De là suit que le peuple, de qui émane tout pouvoir, en confie l'exercice à un seul ou à plusieurs, à la condition qu'ils n'en feront usage que dans l'intérêt et pour le bien-être de tous.

Telles sont effectivement les bases immuables de tout

(1) Article III de la Déclaration des Droits de l'homme.

édifice social (1). Elles étaient consacrées et respectées dans les premiers âges de la monarchie française : tous les ans la nation s'assemblait; elle créait ou expliquait ses lois; le roi les faisait exécuter; en un mot, la nation commandait, et le roi régissait au nom de la nation.

Cependant un contrat si légitime, si sacré, tomba en désuétude le peuple négligea ses droits; on les usurpa bientôt il n'y eut plus qu'esclaves et tyrans.

De l'insouciance des rois et de l'ambition des grands naquit d'abord une aristocratie féodale qui divisa la France en une foule de principautés subalternes, usurpant à la fois les droits du peuple et les droits du trône. Les rois, humiliés, renversèrent peu à peu le pouvoir féodal; mais ensuite, oubliant eux-mêmes leur titre de délégué, ils enfantèrent le pouvoir absolu.

Armes de ce pouvoir sans bornes, ils étaient presque parvenus à accoutumer vingt-cinq millions d'hommes se regarder comme la propriété d'un seul. Aussi, avant la a revolution, disait-on des Français qu'ils étaient un peuple aimable, généreux, brave et savant; il ne serait venu à l'idée de personne de les nommer un grand peuple on félicitait leur chef d'avoir à commander à de tels hommes, de qui l'on pouvait tout espérer, avec qui l'on pouvait tout faire : les monarques étrangers enviaient la propriété des rois

de France.

Mais ce qui n'a point pour bases la vérité, la morale

(1) Ces principes ont, dans tous les temps, été professés chez tous les peuples. Personne n'ignore entr'autres cette formule des Arragonais lors de l'intronisation de leurs rois :

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Nous, qui valons autant que toi, nous te faisons roi pour » nous gouverner avec justice et selon nos lois; sinon, non. »>

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