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série de mots qui est à-peu-près la même, et que je supposois dès-lors représenter la formule Grecque ΑΙΩΝΟΒΙΟΣ ΗΓΑΠΗΜΕΝΟΣ ΥΠΟ ΤΟΥ

OA, &c. qui accompagne presque toujours le nom de Ptolémée. Ce premier pas fait, je découvris le groupe qui, dans la suite, s'est trouvé être en effet le nom d'Alexandre, quoique alors je n'eusse d'autre raison de lui assigner cette signification que les circonstances qui vous ont déterminé à y trouver le même nom, et qui se réduisent à ce que l'on y rencontre une lettre qui ressemble au des Grecs, et à ce que ce mot revient à la dixième ligne qui répond à-peuprès à la dix-septième du texte Grec, où il est fait mention d'Alexandrie. Enfin le nom d'Arsinoë fut le troisième que je crus reconnoître ; et depuis ce moment, il s'écoula quelque temps avant que je découvrisse les autres noms propres: plusieurs même ne m'ont été connus que lorsque j'avois déjà déterminé la valeur d'une partie des mots Égyptiens qui les avoisinoient. C'étoit encore avoir fait bien peu de chose : je connoissois, il est vrai, la signification de chaque groupe qui se rencontroit plusieurs fois; mais je n'osois pas assigner à chacune des lettres qui entrent dans leur composition, sa place dans l'alphabet. Après

des tentatives très-variées et souvent répétées, je crois enfin y être parvenu; et je vais vous présenter d'abord l'analyse alphabétique de presque tous les noms propres, pour vous proposer ensuite l'application de cette analyse à un petit nombre de mots purement Égyptiens. J'insisterai moins sur cette dernière partie, jusqu'à ce que je puisse, quand l'inscription sera publiée, exposer toute la série de mon analyse; ce qui ne seroit ¡ d'aucune utilité, tant que ce monument ne sera pas entre les mains du public.

Je demande votre indulgence, Citoyen, pour la sécheresse inévitable de cet exposé. Il s'agit d'assigner à chaque lettre sa place dans l'alphabet; ce qui oblige de revenir souvent sur ses pas, de répéter fréquemment la même chose, uniquement pour cumuler des preuves de la véritable valeur de chaque lettre. Je tâcherai de passer aussi rapidement que faire se pourra, sur cos discussions minutieuses et stériles auxquelles je suis condamné par la nature de l'objet que je me sujs proposé.

Je commence par les trois noms propres auxquels nous attribuons vous et moi la même signification, quoique notre manière de distribuer les lettres diffère essentiellement. Le premier de ces

noms est celui de Ptolémée. Vous voyez dans ce nom un immense aleph qui absorbe trois des lettres que j'y trouve ; vous négligez au contraire le premier trait de ce groupe, que je crois essentiellement y appartenir. J'ai fait représenter ce groupe, avec quelques-unes de ses variétés, sous le 1er Au commencement j'avois cru que la petite ligne courbe qui presque toujours précède ce nom, comme on le voit au premier groupe sous ce numéro, entroit dans la formation de ce mot ce n'est que dans la suite que j'ai trouvé que c'est un M, qui, dans le copte, est, comme vous le savez, un préfixe qu'on place devant presque tous les cas, tant au singulier qu'au pluriel; et j'en ai la preuve au commencement de la quatrième ligne, où en effet cette lettre ne se trouve pas devant le nom de Ptolémée. La lettre qui ressemble presque à un 2 avec la base prolongée, et qui suit ce préfixe, est donc la première lettre de ce nom, c'est-à-dire, un P. Nous verrons dans la suite, qu'outre cette valeur, cette lettre a quelquefois celle d'un B, d'un PH, et même d'un OU ou EU; ce qui ne paroîtra pas du tout étrange à ceux qui savent que ces lettres sont confondues à chaque instant dans la langue Copte.

La seconde lettre est composée de deux lignes qui forment un angle aigu tourné vers la gauche. Nous la supposerons un T: bientôt nous verrons que c'est en effet sa valeur. La ligne oblique qui suit, et qui forme le principal trait de votre aleph, est un L je vous prie de remarquer que cette lettre a une petite barre presque à son milieu, pour la distinguer d'une autre lettre qui lui ressemble. Ce L est suivi d'une ligne perpendiculaire rompue vers son sommet: il est quelquefois uni avec la lettre précédente; souvent il en est séparé. Nous verrons par la suite que cette lettre est un O ou un OU; quant à présent il faut le supposer. Le M qui suit est figuré à-peu-près comme celui que je vous ai fait remarquer comme préfixe. Les autres lettres qui composent le nom de Ptolémée varient beaucoup pour leur forme, comme on peut le voir dans les différentes représentations que je donne de ce mot. Depuis que je me suis familiarisé avec l'alphabet Égyptien, je juge par l'analogie qu'il y a trois lettres qu'il faut distinguer dans ce ramas de petites lignes tantôt courbes tantôt droites. La première est formée de trois lignes perpendiculaires; c'est une voyelle que nous retrouverons assez souvent: elle a ici la valeur d'AI, prononcé comme simple

voyelle ; ailleurs elle représente le es, le н et le de l'alphabet Copte. Après cette voyelle vient un trait de figure curviligne qui, dans cet endroit, a la valeur d'un O. On peut comparer cette lettre au vau des Hébreux, puisque, comme cet élément, elle est susceptible de plusieurs sons. Enfin, la dernière lettre est un S, qui consiste en trois et même en quatre petits traits. Les deux premiers sont quelquefois entièrement omis, surtout au commencement des mots. Comme finale, cette lettre a la forme du sigma Grec C, comme on le voit figuré dans quelques inscriptions; quelquefois elle est terminée par un trait perpendiculaire à-peu-près comme un K.

En réunissant les lettres que nous venons de trouver, d'après la valeur que nous leur supposons, nous formons le nom пROVEDC; ce qui ne s'écarte pas beaucoup de l'orthographe Grecque Πτολεμαιος ου Πτολεμαίος, car ce nom s'écrit des deux manières. Les Coptes, qui ordinairement conservent aux noms qu'ils ont reçus des Grecs leur terminaison primitive, la retranchent cependant quelquefois. Ils disent, par exemple, εкεpsoc et vækεps, &ntainsoc et Jan, 20εо et п020ɛ. C'est de cette dernière manière que je trouve le nom

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