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Lisez ces vers de la matrone d'Ephèse :

« Enfin ne voulant plus jouir de la clarté

« Que son époux avait perdue,

«Elle entre dans sa tombe...........

Et plus loin:

Encore un autre mort faisait sa résidence

«Non loin de ce tombeau. mais bien différemment.

Car il n'avait pour monument

Que le dessous d'une potence.

Je me borne à cette citation pour vous prouver que tombe et tombeau peuvent s'employer, comme synonymes, et que si vous voulez absolument que je me sois trompé, je me suis trompé en bonne compagnie.

Mais, avouez-le, votre objection n'avait pour but que d'arriver à cette exclamation: « Franchement, comment voir une marque de distinction dans quelques briques, dont les autres défunts se trou<< vent gratifiés dans le même cimetière?» Ici, vos bonnes dispositions à mon égard se montrent au grand jour; car vous avez évidemment voulu insinuer que, par le mot tombeau, j'entendais un grand monument, un véritable mausolée, élevé à quelque grand personnage, à un Pontifex augustalis, peut-être. Eh bien! lisez avec moi ma notice, page 7. Nous ferons remarquer: d'abord, que ces dimensions (les dimensions de la pierre), ainsi que l'irrégularité et l'exécution fantaisiste des lettres n'ont rien de monumental; et page 8: De plus que l'absence de tout titre civil ou militaire, nous met en face d'une épigraphe dédiée à un simple citoyen. D'où je conclus encore, ou que vous ne m'avez pas lu, ou que vous ne comprenez pas le français.

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Maintenant, venons à la dernière lettre de la cinquième ligne de l'inscription. Un I, selon vous, un T, à mon avis.

Vous faites de cette lettre un I, pour lire

IDIBVS MAII ANNO 2o. I

Vous convenez donc que la sixième ligne est composée comme il suit:

DIBVS MA

Or, il est impossible, à moins d'avoir un parti pris, comme vous, de ne pas lire NIBVS dans la septième ligne, malgré que l'V soit éraillé dans le bas, et qu'il n'y ait que le commencement de l'S, ce qui complète la formule DIBVS MANIBVS.

Ne suis-je pas fondé à dire que vous avez un parti pris, lorsque pour lire ANNO vous faites de l'I de la septième ligne un N et un 0; du B, un secumdo, et du premier trait de l'V un I penché, signifiant Imperii, négligeant, d'ailleurs, le trait penché à l'inverse du premier et le commencement de l'S? Et qu'en outre, je me rappelle qu'à la visite que j'ai eu l'honneur de vous faire à votre villa de Gaudebourg, vous ne saviez pas que le mot DIBVS était latin, et, quoique mauvais latin, employé assez souvent dans les inscriptions pour DIIS? Si bien, que malgré mes affirmations répétées vous n'avez pas voulu le croire et que j'ai été obligé de vous renvoyer à Quicherat?

Donc, DIBVS MANIBVS est la véritable lecture des sixième et septième ligne; donc la dernière lettre de la cinquième, est bien un T, ainsi que je l'ai fait voir dans ma nolice, et non un I; et j'ajoute, qu'il ne serait pas plus rationel d'en faire l'initiale de Titulum, que

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de Tumulum, car ce dernier se trouve assez fréquemment dans des inscriptions qui finissent par: Fecit Tumulum; jussit ou curavit fieri Tumulum; et quelquefois avec l'adjonction de: ex testamento; ce qui ferait supposer que vous l'ignorez encore, si l'on ne se bornait à voir, dans votre substitution de Titulum à Tumulum, une puérile chicane de mots ?

Et quant à la formule Dibus Manibus, placée à la fin de l'inscription, il faut que vous en preniez votre parti, elle y est bel et bien, en toutes lettres, comme aussi dans l'inscription suivante trouvée à Cimiès :

M IVLIVS MARTIALIS

T IVLIAE DIIS MANIBVS

La pierre de Solliès-Pont vous donne donc la perle que vous avez vainement cherchée, dites-vous, dans vos mille incriptions, qui ne vous ont pas offert, non plus, le mot Fecit immédiatement après le sujet. Cette dernière affirmation n'annonce pas que vous ayez lu beau coup d'inscriptions, et je ne devrais pas y répondre. Mais pour vous donner une perle de plus, et vous prouver qu'effectivement vous n'avez pas été heureux dans vos recherches, je me contente de vous citer l'inscription suivante, qui se trouve sur un cippe funéraire à Vence:

D. M. S. SE

VERINAE

MATRI DVL

CISSIMAE

SEVERINA

FECIT DE SVO

SIBI

dans laquelle, je vous ferai remarquer, en outre, que le lapicide a oublié la conjonction ET, entre SVO et SIBI; nouvelle preuve que les graveurs d'inscriptions, même les habiles, car le cippe de Vence est d'une bonne époque, ne laissaient pas que de commettre des

erreurs.

Malgré mon désir de m'arrêter, il m'est impossible de laisser passer l'assertion que contient avec tant d'assurance le dernier paragraphe de la page 5 de votre Sphinx, assertion tellement extraordinaire qu'elle tombe dans le grotesque. Je transcris textuellement le paragraphe, afin que vous ne puissiez pas en contester l'exactitude:

« A ce sujet, ne perdons pas de vue que le module de notre médaille trouvée sous le menton du squelette, atteste le commencement du troisième siècle, au dire de tous les numismates qui l'ont examinée. » Un module qui atteste une date !!! Ah! les numismates qui ont examiné votre médaille n'étaient pas forts.

Mais le module, c'est-à-dire, le diamètre d'une médaille n'a aucune valeur comme argument sur la date de sa fabrication. Les mêmes modules se retrouvent à toutes les époques. C'est le faire, c'est le poids, c'est le style et l'art; ce sont les inscriptions, les monogrammes, les têtes des personnages, leurs qualifications et les actions de leur vie qu'elles représentent, ou les figures symboliques qui les accompagnent, qui disent tout sur la question de la date. Le module ne sert qu'à distinguer la grandeur des médailles et à en faire un classement d'après leurs dimensions. Prétendre que le module atteste la date d'une médaille, c'est dire que la date de l'inscription de SollièsPont peut se déduire des dimensions de la pierre. Risum teneatis! Puisque nous sommes à la page 5, nous ne la quitterons pas sans nous arrêter un moment sur ce que vous dites de l'inscription du V•

siècle que vous citez d'après M. de Caumont Vous êtes coulant pour le lapicide qui a écrit quiiscit pour quiescit, et tumolo pour tumulo, et vous n'avez garde d'oublier, dites-vous, qu'à partir du Ve siècle, l'invasion des barbares répandit les ténèbres sur tous les esprits < préoccupés d'autres besoins. Coutumes, style, langage, tout changea chez les vaincus.

Comment n'avez-vous donc pas mieux compris tout ce que pouvait avoir de défectueux le travail d'un tailleur de pierre, et comment même, dans une œuvre de courte haleine, comme l'inscription de Solliès-Pont, il a pu pécher quatre fois par distraction, coup sur coup? Les exemples ne manquent cependant pas, même à votre connaissance, et pour n'en citer qu'un, je reprends l'inscription du Ve siècle dont nous venons de parler, et je copie M. de Caumont :

« Le mot Tumolo y est employé pour Tumulo. La lettre L dans « Tumolo ressemble à un T renversé (L). A la seconde ligne, on << trouve requiiscit pour requiescit (donc un I pour un E) et le Q a la forme du chiffre arabe 9; à la quatrième ligne, le Q se compose

d'un petit o et d'un I» (réunis par un trait horizontal); I'V oublié dans le mot Febrarias, et le trait supérieur de l'F prolongé à gauche comme dans un T, (~F).

Cette inscription, ajoute M. de Caumont, est encore remarquable en ce que les figures symboliques, qui consistent en deux paons devant un vase d'où sortent des pampres, ont la tête en bas; je conclus de cette bizarrerie qu'on traçait quelquefois ces figures avant de donner une destination au marbre qui les portait: ici la ⚫ négligence du graveur des lettres a été telle qu'il n'a pas distingué de quel côté il fallait placer le commencement de l'inscription. »> Vous connaissiez tous ces détails, Monsieur, ainsi que l'I employé

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