Page images
PDF
EPUB

A ce sujet, ne perdons pas de vue que le module de notre médaille trouvée sur le menton du squelette, atteste le commencement du 3o siècle, au dire de tous les numismates qui l'ont examinée.

Je vais plus loin: le verbe quiesco seul a offert cette anomalie à mes investigations.

Je respecte trop votre érudition pour ne pas jouer avec vous cartes sur table, comme on dit.

Il me convient d'avouer que l'I remplaçait par fois l'E comme contraction chez les Romains. Mais en quel cas? Dans les terminaisons des noms de la 3e déclinaison, ce qui tenait sans doute aux dérivations radicales étrusques. Ainsi Divis pour diveis (dives); omnis pour omneis (omnes); civis pour civeis (cives), etc.

Mais si l'on veut voir la source de pareilles excentricités, il nous faut remonter au berceau de Rome. Dans l'enfance de la langue latine, les terminaisons des verbes mêmes n'étaient point arrêtées non plus, et quelques écarts de ce genre s'y font remarquer, mais jamais dans les voyelles finales d'une syllabe initiale.

Je vous livre, Monsieur, ces remarques, et m'en rapporte à l'étendue de vos lumières comme à votre chevaleresque loyauté dans la recherche du vrai.

Quant au tau et au gamma de la 5e ligne (T G) en faire un R ! c'est une responsabilité que je n'oserais partager.

Il est vrai que moi-même je les ai convertis en P, mais avec si peu de confiance, que je me suis cru obligé d'en donner l'interprétation littérale dans le cours de ma démonstration.

Il reste la lettre I, dont vous faites systématiquement un T pour le coiffer du sens de Tumulum que vous traduisez par tombeau. Eh bien pour celui qui a vu notre cimetière, cette interprétation doit

être bien étrange. Notre homme se tenait entre des briques qui le séparaient d'un squelette supérieur et d'un autre squelette inférieur. C'est à peine une tombe Car vous n'ignorez pas la différence qui existe entre tombe et tombeau.

Qui sait si l'épigraphe en question ne concerne que ce M. Q. Junius, dont le crâne décèle un âge de 50 à 60 ans ? Il y a deux circonstances à noter: 1. l'inscription s'est trouvée en dehors des briques tumulaires contre la seconde tombe; 2° en ce seul endroit la pioche a découvert 3 squelettes superposés.

Ne serait-il donc pas plus rationnel de rendre le prétendu T (I) par Titulum, ainsi que le portent plusieurs inscriptions antiques? Franchement, comment voir une marque de distinction dans quelques briques, dont tous les autres défunts se trouvent gratifiés dans le même cimetière ?

Venons aux caractéres. Selon vous, les F, les T, les M du commencement ne gardent plus la même forme dans les lignes suivantes. Je m'attacherais volontiers à démontrer que l'uniformité des signes caractéristiques me paraît un critère des plus importants dans le déchiffrement de pareils logogriphes, si je n'avais pas pour moi l'autorité de M. de Caumont. Ce savant assure (p. 75, Rud. d'Arch.) que durant la période romane primitive les capitales romaines furent constamment employées sans altération. S'il fait une exception, c'est pour les lettres onciales, cursives, etc.; et même là il paraît moins regretter la régularité de forme que la proportion.

J'ai raisonné, jusqu'ici, dans le but de savoir s'il était possible d'accorder à votre interprétation toutes les chances de succès. Mais que sera-ce de votre édifice, si je signale au lecteur l'introduction de la lettre C, qui n'existe pas sur la pierre, à la 3e ligne ? Évidemment, il s'écroulera tout entier.

Je me résume, Monsieur: Une interprétation de l'épigraphe de Solliès, offrant un sens naturel en harmonie avec l'uniformité des caractères, exempte de toute altération de lettres, sera celle à laquelle j'applaudirai sans restriction.

Cependant, il ne m'en coûte point de rendre justice à la perspicacité qui vous a servi pour donner à mon épitaphe le tour le moins hasardé, malgré les difficultés que vous constatez et qui ont arrêté les érudits allemands.

Mais quand je vois suppositions sur suppositions, tiraillements, interpolations, ou lettres travesties, oh! non. J'ai droit de regarder à l'horizon pour voir arriver le nouvel Edipe.

Maintenant, puis-je clore cette causerie sans reconnaître avec quel à-propos et quelle dignité vous avez protesté contre l'outrecuidance de ceux que vous appelez les maîtres de la science? J'aurais le cœur bien mal placé. J'opine pourtant qu'il ne faut pas s'en émouvoir. Oublions une boutade si peu française dont l'opinion publique nous a vengés, et agréez, Monsieur, la respectueuse assurance de mes sentiments les plus distingués.

D. ROSSI.

P. S. L'épreuve photographique tirée, je crois, par les soins de M. de Bonstetten, me dispense de relever l'injuste accusation que M. le colonel Gazan a fait peser sur mon facsimile, hautement approuvé, d'ailleurs, par l'éminent M. Renier. Malheureusement, si la photographie est exacte, la reproduction qui en a été faite dans la Carte archéologique du var, par M. de Bonstetten est tout-à-fait manquée. Nous en donnons quatre preuves péremptoires Le K de la première ligne est représenté par un F tout pur, et la dernière lettre de la même ligne, qui est un véritable I, est représentée par un T avec un crochet au pied à droite. Le dernier I de la 5 ligne est changé en T au point que le trait transver sal d'en haut est le double de celui de la photographie. Le tau et le gamma de la mème ligne sont confondus. Or, sur la pierre ils sont détachés. Si l'on dénature les lettres, comme l'ont fait M. le colonel Gazan et le typographe de l'imprimerie Robert, qui fixera les limites à la fantaisie des interprètes ?

Le lecteur aura pour agréable de trouver ici réunies les différentes interprétations auxquelles a donné naissance la nôtre que nous avons déclarée tout arbitraire.

[blocks in formation]

M. le colonel Gazan a démontré justement tout ce qu'il y a d'inadmissible dans cette version, et combien il est peu rationel de voir en tête ce mot mater isolé et le verbe fecit répété deux fois. Cette interprétation est identique à celle de M. Renier...!!!

30 Marcus Atilius Rufus Fecit

Filio Pientissimo | Optimo Unico IVLIO

Filiæ Caii | Sabini Marito Tumulum

Dibus Manibus.

A. GAZAN.

Nous n'avons rien à ajouter à ce que nous avons déjà dit sur l'interprétation de M. le colonel Gazan, si ce n'est que, il nous est bien difficile de lire Marito dans 0.

4° Voir l'interprétation de M. F..., page 2.

5 Matcr Fecit

Filio Pientisi

Mo Quinto I

Ulio Felici

Sabinila Fecit

Dibus Manibus.

M. L. RENIER.

* Nous avons parcouru près de mille inscriptions sans jamais pouvoir rencontrer le mot Fecit immédiatement après le sujet, ni le Dis Manibus à la fin. Peut-être que la mille-unième inscription nous eût fait trouver la perle. N'est pas heureux qui veut.

« PreviousContinue »