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DES

LETTRES DE CACHET

ET DES

PRISONS D'ÉTAT.

SECONDE PARTIE.

DES PRISONS D'ÉTAT.

AVERTISSEMENT.

M. Lenoir est mon bienfaiteur je le dis d'avance à ceux qui liront cette seconde partie. Mais je sais que des motifs particuliers de reconnaissance ne suffisent pas pour autoriser l'éloge d'un homme public; et c'est sur les preuves les moins équivoques, que je crois pouvoir vanter la bonté naturelle et l'équité de ce magistrat sensible, qui, pour faire du bien, se met au-dessus des préjugés et même des clameurs. Qu'on ne lui impute donc point les iniquités que je vais dévoiler. Si M. Lenoir ne regarde pas d'assez près à l'administration de ces maisons de douleur et d'oppression dont il est l'inspecteur, c'est une faute; mais c'est plutôt celle des circonstances que la sienne : il est trop surchargé; telle partie, capable d'occuper un homme tout entier, n'est qu'un point dans la masse de ses devoirs et de ses fonctions; il se voit donc forcé de donner beaucoup à la routine des bureaux. D'ailleurs le commissaire départi pour l'administration des prisons d'État est fort loin de pouvoir changer arbitrairement les méthodes reçues : il ne peut que rapporter, proposer et demander. Je crois M. Lenoir incapable de taire la vérité, quand elle frappera ses regards; et voilà pourquoi je lui ai dédié cette partie de mon ouvrage, lequel, à ce que j'espère, prouvera suffisamment combien l'adulation est loin de mon caractère et de mes principes. Au reste, ce magis

trat, quelque fortune que ses vertus et ses talens méritent et lui promettent, ne pourra probablement plus rien pour moi, au moment où ce livre sera publié : mon hommage est donc uniquement fondé sur mon respect pour sa personne.

DES

LETTRES DE CACHET

ET DES

PRISONS D'ÉTAT.

SECONDE PARTIE.

DES PRISONS D'ÉTAT.

CHAPITRE PREMIER.

Observations préliminaires. Traitement pécuniaire du commandant au donjon de Vincennes. Pensions et nourriture des prisonniers.

Il parvint en 1712 à madame de Maintenon des plaintes sur l'administration intérieure des prisons. Le Mémoire fut envoyé à M. d'Argenson, alors lieutenant de police, et voici ce qu'il répondit à ce sujet :

« La police immédiate des prisons ordinaires appar» tient à MM. du parlement, et je n'y puis rien. Il » est vrai que les geôliers y font payer le plus cher qu'ils peuvent toutes les commodités qu'ils fournis» sent à leurs prisonniers, et que ceux qui ne sont pas » en état de les acheter sont fort misérables. Je crois

VII.

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