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N°. III

Cette figure eft tirée du beau MS. indiqué au N° 5601, contenant l'ouvrage de Boccace fur les Illuftres Malheureux ; elle représente, ainfi que d'autres miniatures qui fervent de bordure à la page, & dont quatre font fupprimées dans la copie, la fin tragique de pluficus personnages fameux de l'Hiftoire Romaine, dont il eft fait mention dans le hui tieme livre de l'ouvrage de Boccace.

Le premier fujet eft Marc-Jules-Antoine, fils du Triumvir, tué par ordre de l'Empereur Augufte fur quelques foupçons de confpiration. Il expire aux pieds de la ftatue de Jules Céfar, qu'il tenoit embraffée, dans l'efpoir qu'on refpecteroit ce lieu confacré.

Le fecond eft Cefation, qu'on affure que Jules Cefar cut de Cléopâtre, tué par le commandement du même Empereur. Le troisieme, Julie, fille d'Augufte, envoyée en exil dansl'ifle de Pendataire, à cause de ses débauches.

Le quatrieme, Marcus Agrippa, troifieme fils de Vipfanius Agrippa, relégué par Arrêt du Sénat de Rome dans l'ifle de l'lanafie, pour les mauvaises qualités.

Le cinquieme, la mort de Caffius Severus de Parme, Poëte, l'un des Conjurés qui massacrerent Jules Céfar.

Le fixieme, Gallus, autre Meurtrier de Jules Célar, allant en exil après avoir eu les yeux crevés. Il est assassiné dans un bois des larrons. par

Le feptieme, la mort d'Hérodes le Grand, ou l'Afcalonite. Il y eft repréfenté nu dans fon lit, parcequ'au quin zieme fiecle où cette miniature a été exécutée, l'usage en France, jufqu'à la fin du feizieme fiecle, étoit de coucher fans chemife.

Le huitieme, l'exil d'Antipas & d'Archelaus, fils d'Herodes; & le débat de Tibere, Caligula & Meffaline.

N° IV.

N. IV.

Cette fuperbe miniature eft peinte fur le recto du lose feuillet du Bréviaire de Salisbury, exécuté par les ordres de Jean, Duc de Bedfort, Régent du royaume de France fous Charles VI. Voyez le N° 173. Nous ne craignons pas d'avancer qu'il exifte peu ou point de MSS. auffi magnifiques foit par la quantité innombrable de miniatures & d'ornements dont il est enrichi, foit par la beauté & l'éclat des couleurs qu'on y a employées. En supposant qu'on pût imiter aujourd'hui l'ancienne maniere de peindre, un Artifte nous a affuré que l'exécution d'un pareil MS. coûteroit plus de foixante mille livres.

Ce Bréviaire eft le travail de plufieurs peintres. Ceux qui ont été chargés des grandes miniatures excelloient dans leur art. Elles l'emportent fur les petites, & la plus belle des toutes, eft celle dont on a donné une copie, dans laquelle on a fupprimé la moitié de la bordure.

Cette miniature nous offre un excellent tableau de l'Adoration des Mages; on y voit la Vierge, ayant à ses côtés S. Jofeph, affife dans une étable, fur des couffins & des tapis que le Peintre a faits riches contre la vraisemblance. Elle tient fur les genoux l'Enfant Jéfus, enveloppé de langes, fe penchant vers un des Mages qui lui offre d'une main, dans une attitude d'adoration, une boîte remplie d'or, & ôte de l'autre main une couronne ouverte dont il est couronné. Les trois Rois Mages font richement vêtus & couverts d'or & de pierreries. L'Artiste leur a donné, fuivant la coutume, un âge différent. La tête du plus âgé eit peinte avec une fineffe & une expression admirable. L'un d'eux n'eft point repréfenté fous la figure d'un Maure, parceque cet ufage parmi les Peintres eft moderne, & que d'ailleurs il n'eft fondé sur rien.

L

On remarque dans la Crêche le Bouf & l'Ane, dont on attribue l'origine à ces mots d'Ifaie : le Bœuf a reconnu fon Maître, & l'Ane la creche de fon Seigneur; ou à ceux-ci du Prophete Habacuc: vous ferez reconnu au milieu de deux animaux.

On voit dans le fond du tableau la marche des Rois Mages précédés de toute leur maison. Un rouleau flottant fur leurs têtes, renferme ces mots: Alons en Iherufalem veoyr le Roy. Le Prophete Ifaie placé dans un coin du tableau en tient un autre, fur lequel on lit: omnes fitientes venite ad aquas.

Les armes qui font dans la bordure au bas de la page, font celles du Duc de Bedfort, parties de celles de Jaqueline de Luxembourg, fa feconde femme; elles font pendues au cou d'un Aigle d'argent, becqué d'or, avec ailes éployées, & ayant fur la poitrine une couronne ducale d'or. Il s'élance de deffus un tronc d'arbre aussi d'or.

No. V.

Cette copie à-peu près de la même grandeur & de la même beauté dans l'original, que celle que nous venons de décrire, eft tirée du même Bréviaire & fe trouve au com. mencement de l'Office de Sainte Anne. Cette Sainte y cft repréfentée dans l'intérieur d'une Chapelle, à côté de la Vierge-Marie fa fille, qui tient dans les bras l'Enfant Jéfus. A la droite eft Sainte Marie-Salomé avec St. Jacques le Majeur & St. Jean l'Evangélifte, qu'elle eut de Zébédée, & à la gauche, Sainte Marie-Jacobé ou Cléophas, femme d'Alphée, accompagnée de fes quatre enfants: St. Jacques le Mineur, St. Simon, St. Jude, dit Thadé, & Jofes. Le peintre a représenté dans ce tableau ces deux Maries comme filles de Sainte Anne, & fœurs de la Vierge, quoique quelques

auteurs aient assuré qu'elles n'étoient que fœcurs de Sainte

Anne.

La copie ne donne que la moitié du cadre qui borde la page, & dans lequel il y a quatre miniatures & les armes fimples du Duc de Bedfort, qui pendent au bec d'un Aigle, avec cette devife: affouuy.

On remarque dans les deux miniatures que nous venons de décrire plus de delfin qu'on n'en voit ordinairement dans les monuments du XV fiecle; les draperies y font bien jettées & les têtes y font pleines d'expreffion. L'habile Artifte a employé les couleurs les plus belles & les plus brillantes ; il n'a épargné ni l'or ni l'outre-mer.

N°. V I.

Cette miniature très intéreffante, fupérieurement exécutée dans le MS. & représentant Charles VI dans son palais de St. Paul, est décrite à la page 204 & 2'05 tome III. du Catalogue.

Salmon, dont il eft parlé dans cet endroit, eft encore Auteur d'un ouvrage qui porte le titre de fes feul parlers, & qui renferme plufieurs moralités.

N°. VII.

Le fujet de cette miniature eft la présentation faite à Charles I. Comte de Nevers, fils aîné de Philippe II. mort en 1464. du roman de Gerard de Nevers, traduit de rime en prose, par un anonyme qui dit dans fa dédicace avoir été tout le temps de fa vie, dès le commencement de la plus florie jeuneffe de Charles, fon très humble & obeyffant ferviteur.

Ce Prince, vêtu d'une robe bleue, bordée de fourrure, ayant un bonnet de velours noir fur la tête, & un collier d'or au cou, cft affis fous un dais, dans l'intérieur d'un de fes

appartements, & reçoit un volume doré fur tranche, couvert de velours cramoifi, & enrichi de clous d'or, que le traducteur, avec un genou en terre, lui préfente de fes deux mains. L'habillement de ce dernier eft une longue robe qui pend jusqu'à terre; il porte un chaperon noir, placé fur fon épaule. Quatre Officiers du Prince font présents à cette Cérémonie, il y en a deux qui ont des habits très courts. Derriere le traducteur on apperçoit un Seigneur & une Dame, affis fur un banc, à côté l'un de l'autre. La coëffure de la Dame eft remarquable; c'eft un bonnet en forme de cône, tel que les femmes les portoient en France vers le milieu du XV, fiecle.

Le MS. orné de cette miniature fe trouve fous le N°. 4107 du Catalogue. M. de Gaignieres en a fait faire aussi une très belle copie. On la trouve dans le porte-feuille VI. No. 68 de fon recueil de Deffins, qui eft à la Bibliothe que du Roi.

No. VIII.

Le beau MS. de l'ingénieux Roman de Cœur d'Amour, composé par René d'Anjou, Roi de Sicile, & placé fous le No. 1811 du Catalogue, renferme au foixante - feizieme feuillet la miniature dont on a fait exécuter une copie.

Cette miniature repréfente la voûte du portail de l'Eglife de l'Hôpital d'Amour, contre laquelle étoient cloués les blafons des illuftres Amoureux anciens & modernes. Trois perfonnages dont l'un eft nommé dans le Roman Largeffe, le fecond le Caur, & le troifieme Defir, paffent en revue tous ces blafons, & contemplent dans cette miniature celui de Pâris. Le heaume de Cœur d'Amour, cimé d'une couronne de fleurs, & d'un cœur dans un val, eft à terre derriere lui. On voit dans le fond, au travers de la voûte, le

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