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refte plus rien à défirer ni à dire; mais fi quelques Perfonnes bienveil lantes fe donnent la peine de joindre leurs expériences & leurs reflexions aux miennes, j'en ferai d'autant plus charmé fatisfait, que le Public У trouvera fon avantage, & fera mieux fervi; ce qui eft tout ce que je défire.

La déteftable & puniable méthode de détruire & étouffer les ABEILLES, pour en tirer le Miel & la Cire, dans plufieurs endroits du Royaume, m'a déterminé, pour prévenir cette perte irréparable, à écrire ce qu'une longue expérience m'a enfeigné, tant pour les conferver, que pour les faire multiplier au point de produire cent pour cent, plus, fi on fait ufage de la façon de les gouverner que je donne avec plaifir, puifqu'el le est très - profitable, & que de tous les commerces les plus induftrieux, les plus entendus & les * 3 plus

plus laborieux, il n'en eft point qui égale, ou qui approche de ce produit très légitime, que chacun peut effayer facilement, dont Pexpérience le convaincra, s'il fait ufage convenablement de la manière de les foigner que je propofe. Je prouve dans le cours de cet Ouvrage ce que j'avance ici avec certi tude.

Mon deffein n'étant point de faire un étalage de difcours ampoulez &affaifonnez de raifons fans expérience, je n'enfeigne que ce que j'ai éprouvé moi-même. Il est vrai que la vérité nue & fans ornemens a peu de graces; & je conviens, quoiqu'à ma confufion, que ce n'est point à la politeffe du langage, ni à l'arrangement des phrafes, que je me fuis appliqué; mais à me faire entendre, & à faire connoître de quel produit font les ABEILLES, qu'on neglige peut-être, pare qu'on n'est pas inftruit fuffifam

ment

ment de la façon de les gouverner. & foigner, dont chacun fe fait une chimère effrayante, rebutante & pénible; quoique ce ne foit à vrai dire, qu'un badinage récréatif, qu'un amufement lucratif, pour toutes fortes de perfonnes qui ont des biens à la campagne, où il y ait des Pâturages gras, des Bois, des Prairies arrofées de ruiffeaux, des Terres de bon rapport, des Arbres fruitiers & des Fleurs en abondance. Car les ABEILLES ne réuffiffent pas bien dans les terreins arides, fecs, fablonneux, & ftériles en fleurs; elles y font d'un rapport & d'un produit bien moindres, quelque Join & quelqu'attention qu'on fe donne pour les faire profiter & multiplier; les ABEILLES ne pouvant amasser beaucoup de Miel de Cire, où elles n'en trouvent qu'à peine pour leur nouriture, & que fort loin de leurs demeures. Le tems qu'elles employent

à chercher loin d'elles ce qu'elles ne peuvent trouver aux environs de leurs babitations, ne peut être que très-mal employé, puifqu'elles ne peuvent amaffer que très-peu de provifions, par les voyages réiterez de long cours qu'elles font obligées de faire avec peine, où elles font expofées à tant de dangers différens.

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PREFACE.

I nous parcourons toutes les efpeces d'Animaux que Dieu a créez pour l'ufage de l'Homme, & qu'il lui a foûmis par la Raifon dont il l'a honoré, nous n'en trouverons aucun qui ne faffe admirer par fa conduite l'Auteur de fon Etre. L'Homme feul eft excepté de ces juftes louanges; & il s'en rend indigne chaque jour par une conduite déraisonnable qui le défhonore, tout doué de Raifon dont il fe croit pourvû au fuprême degré, dont il fait parade, & dont il n'a fouvent qu'une très-foible apparence. On peut même dire, que l'Homme feul a donné atteinte à la perfection de l'ou

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