diciables & nuifibles. Comme l'humidité de l'Hyver donne fouvent un goût de moifi à l'enduit de leurs Ruches, elles ont grand foin de le regratter, & de le recharger & enduire de nou veau. Les jeunes Abeilles, dans leurs nouvelles habitations, après l'avoir_nettoyée, & en avoir ôté les ordures & petits brins de paille qui les incommodent, commençant par le haut de la Ruche en defcendant, forment d'abord des Rayons de Cire dont la ftructure eft d'une fymetrie parfaite, lefquels font fort blancs; car ils ne noirciffent que par une chaleur exceffive concentrée dans la Ruche, ou que par la vieilleffe. Si on trouve de l'ouvrage des Guêpes & Frelons, il s'en manque de beaucoup qu'il approche de la perfection de celui des Abeilles, & il n'eft pas digne d'y être comparé; puifque le fond des Alveoles ou cellules des Abeilles, qui font de figure hexagone très-réguliere, de même largeur par-tout, fe trouve formé en pointe triangulaire à facettes, comme fi elles fe fervoient d'un Diamant bien taillé pour moule. Cette figure ou forme étant donnée à ce fond des cellules, pour que la fubftance de l'œuf l'œuf y foit ramaffée totalement, & qu'elle y reçoive la chaleur néceffaire, qui s'y concentre plus facilement que fur un fond de toute autre figure & ftructure; & les Rayons de Cire des Abeilles font compofez de doubles cellules, ou Alveoles adoffées les unes contre les autres, de façon qu'un feul fond fert pour ainfi dire, aux deux alveoles oppofées, avec cette différence, que le milieu du fond des cellules d'un côté eft foutenu par le paroi de celle qui lui eft oppofée de l'autre côté; & ils font fufpendus perpendiculairement, à la différence de ceux des Guêpes, qui font pofez horifontalement, mal-propres & noirs, & les Rayons des Abeilles ont entr'eux un intervalle affez large, tant pour donner la facilité à leur Roi de vifiter les travaux, que la liberté du paffage aux Ouvrieres, & cependant affez étroit pour conferver par-tout une chaleur égale dont elles ont befoin: l'entrée des cellules en eft plus épaiffe que le refte, par le moyen d'une petite bordure qu'elles y font; auffi eft-elle plus étroite à l'entrée qu'en dedans: & cette fage précaution qu'elles prennent, eft pour les rendre plus folides & de plus longue durée. C 6 Après Après ces Alveoles ainfi conftruites,"" elles travaillent à les remplir de Miel, en commençant par le haut, & fur le derriere de leur Ruche, & elles continuent tant que la faifon le leur permet; ce qui fait qu'étant préfervé par cette fituation de l'ardeur du foleil, auquel le derriere de la Ruche eft moins expofé que le devant, il prend une confiftance, au lieu qu'il refteroit fluide. Celles qui font chargées fu foin d'apporter cette douce & charmante liqueur que Virgile appelle don du Ciel, la dégorgent dans ces Alveoles, que d'autres ont foin de boucher, en commençant par le bas, & elles n'y laiffent qu'un petit trou au deffus, propre à y pouvoir entrer leur trompe: autrement cette liqueur mielleufe, qui eft très-liquide, & fluide comme de l'eau, couleroit & l'Alveole ne fe trouveroit jamais remplie. Ce Miel fluide acquiert une confiftance, fe durcit & fe perfectionne au moyen de la chaleur moderée qui regne dans les Ruches. Les Abeilles ont auffi foin de remplir partie de ces Alveoles d'une espece de Cire qui leur fert à boucher à mefure celles qu'elles rempliffent de Miel, & & celles qui contiennent leur couvin; & à former auffi des rayons dans les momens que la rigueur du tems ne leur permet pas d'aller chercher des matériaux à la campagne, & pour ne pas refter oifives pendant les mauvais tems. Cette précaution de provifion de Cire leur eft d'une grande utilité; car elle leur fert auffi pour reconstruire & reparer leurs logemens en cas de fracture, ou de multiplication de leur efpece, au-delà de ce qu'elles n'avoient prévû. La fondation de leurs bâtimens eft toûjours au haut de la Ruche, enduite préalablement d'une couche de colle ou de glu, fur laquelle les Abeilles attachent les premières logettes ou Alveoles de leurs Rayons, qui font fi bien collez, que tout l'ouvrage eft parfaitement folide. Leurs Rayons font divifez en trois cantons, dont chacun a fa destination: le plus haut eft pour le Miel, qui eft leur provifion pour l'Hyver, qu'elles y placent pour être plus en fûreté & à leur portée; le fecond canton eft le milieu, destiné pour le lieu convenable à la formation des Abeilles nouvelles; & le troifième eft celui où on met la Cire en réserve pour l'employer felon qu'il leur convient, & que la néceffité le requiert; & pour les garantir de la froidure, dont les Rayons de Cire les préfervent. TITRE IX. Du TEMS reglé des ABEILLES pour faire leur RECOLTE de MIEL & de CIRE. L E Printems l'Eté & l'Automne font les faifons convenables & favorables au travail des Abeilles; car elles reftent tranquilles fans fortir de leurs demeures, à moins qu'il ne faffe du foleil pendant l'Hyver, qui leur eft fatal & à leurs provifions, auxquelles elles font obligées d'avoir recours pour s'alimenter; mais fouvent elles leur manquent, principalement lorfqu'il est trop long, ou trop humide: car l'humidité leur eft funefte, parce que leur logement & leur ouvrage étant fufceptibles de moififfure, qui leur devient d'une odeur mortelle, elles n'en peuvent fupporter le goût défagréable & per |