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ceaux de bois deffous, dont chaque bout pofera contre les parois de la Ruche dans laquelle vous les faites entrer de force; ce qui foutient vos Rayons de Miel à la hauteur que vous voulez. Et pour faire cette manœuvre, vous prenez de la boufe féche de Vache, que vous jettez fur du feu, & vous faites recevoir la fumée qui en exhale à vos Mouches, qui fouffrent après cela cette opération plus patiemment ; ou vous leur faites recevoir la fumée de linge qui n'ait point fervi de chemife à des femmes, parce que telle fumée leur feroit très-contraire & préjudiciable: ou vous pouvez renverser fur le côté le panier pendant quelque efpace de tems, dont les Abeilles vous laifferont faire enfuite patiemment ce que vous voudrez.

L'un & l'autre de ces moyens pour ravitailler vos Abeilles, réuffiffent à merveille, fans leur faire courir rifque d'aucun accident. Telle eft ma façon que j'ai toûjours pratiquée avec fuccès. Leur donner du Miel fur une affiette en feringuer fur leurs rayons, leur eft plus nuifible que profitable, puisque Podeur de ce Miel, ou feringué ou mis fur des affiettes, attire les Mouches étrangeres infailliblement, les ac

coû

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coûtume au pillage, & fait plutôt périr que fauver celles à qui vous croyez avoir donné du fecours: d'ailleurs toutes celles qui tombent fur ce Miel n'ont pas la force de s'en retirer; & y étant mortes, elles ne tardent pas à infecter ce qu'il en refte de vivantes dans la Ruche.

Au défaut de Miel en Rayons, on pourroit fe fervir en partie de la manière que le Sieur la Ferriere indique dans fon petit Traité, où il y a de trèsbonnes chofes : c'eft de mettre fur une affiette creufe une livre de Miel, plus ou moins, felon le befoin de vos Abeilles; ce que je laiffe à la prudence de ceux qui veulent ufer de ce moyen, qui doivent avoir foin de le couvrir de papier, que l'on aura percé de plufieurs trous, au travers defquels les Abeilles fucceront le Miel, fans rifque de s'y coller & engluer à ne pouvoir s'en retirer. Quand il dit qu'il faut mettre du papier mouillé deffus ce Miel, je ne fuis point de fon avis; car l'humidité du papier mouillé tranfit les Abeilles, fans force ni courage, donne un goût de moifi au Miel, pour peu qu'il refte, & le fait aigrir. Les autres façons de donner de la nouriture aux Abeilles qu'il E 2 pro

propose, & d'autres auffi, ne font point de mon goût, & je ne puis les approuver, par les différens inconvéniens que j'y ai remarquez.

La Maifon Ruftique n'a rien propofé de mieux que lui. Si cependant on ne fe contente pas de mes moyens, on peut y avoir recours, & effayer ceux qu'on y croira les meilleurs, les plus profitables & les plus faciles. Les derniers Effains de l'année, qui n'ont pas eu le tems d'amafler des vivres en quantité fuffifante pour paffer l'Hyver, peuvent auffi être fecourus de la manière que je viens de propofer: mais L'avoine & le fucre font le fecours le plus prompt, le plus efficace, le plus affuré & le plus facile, & qui réuffit mieux.

TITRE XV I.

Du DEPERISSEMENT & RENOUVELLEMENT des ABEILLES dans leurs Ruches.

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E défaut de provifions ne contribue pas peu à la mortalité des Abeilles, & à leur depériffement; mais

ce

ce n'est pas le feul accident qui les détruit: car je ne crois pas qu'elles vivent plus de trois ans. D'autres prétendent qu'elles vivent jufqu'à dix, ou au moins jufqu'à fept, felon Virgile. Je ne crois pas que ceux qui font de cet avis, ayent fait des expériences fuffifantes pour en être inftruits à fond. Un Panier, ou Ruche, fubfifte plus long. tems que dix ans ; mais c'eft par le moyen du renouvellement & du repeuplement plus ou moins confiderables, qui fe font ordinairement tous les ans: car on diftingue auffi aisement les jeunes Abeilles d'avec les vieilles, que la jeuneffe d'avec la vieilleffe.

On s'apperçoit de la diminution des Abeilles dans un panier, au fortir de l'Hyver, & avant l'Hyver; car dans d'autres tems on n'a pas lieu de douter de leur augmentation, qui ne fe fait qu'au moyen de la production qu'elles font, tant pour repeupler que pour eflainer. Ce font ordinairement les vieilles Abeilles qui meurent plutôt que les jeunes, qui font plus vigoureufes, à moins que quelques maladies ou les différens accidens auxquels elles font toutes expofées, ne faffent périr les unes & les autres. E 3

Lorf

Lorfque les Abeilles meurent avant 1'Hyver, on ne peut pas dire que ce foit manque de vivres; puifque leurs provifions font entieres alors, & qu'elles n'y ont point encore touché. On ne dira pas non plus, que c'est la rigueur de l'Hyver qui les fait périr, puifqu'il ne s'eft point encore fait fentir; mais un excès de travail dont elles font épuifées, pendant l'Eté, les détruit inconteftablement. La fin de l'Hyver eft auffi un tems où elles périffent beaucoup; foit qu'elles ayent été affoiblies pour avoir été renfermées trop long-tems, foit qu'elles fortent trop tôt, & que l'air trop vif les faififfe, & que le renouvellement de la faifon les affoibliffe: on voit alors périr des jeunes Abeilles auffi-bien que des vieilles; puifque les Effains de l'année, qui ne font compofez pour la plus grande partie que de jeunes Abeilles, font quelquefois détruits, & réduits tout au plus à la moitié ou au tiers à la fortie de l'Hy

ver.

Il faut convenir que l'une & l'autre de ces faifons leur font contraires, puifqu'on en voit plus périr alors qu'en tout autre tems, excepté ceux de mortalité, caufée par cours de maladie.

Les

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