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qu'il nous communique de son infinie perfection. Nous avons, en » effet, si je puis parler ainsi, cette équation: Dieu, perfection in>> finie. Si nous méditons le second membre, n'arrivons-nous pas » immédiatement à cette conséquence? Il faut affirmer de Dieu toute » perfection; donc aussi, il faut l'exclure de tout ce qui est incom» patible avec l'idée de la perfection infinie, c'est-à-dire tout défaut, >> toute borne. Or, ce principe ne nous porte-t-il pas à prononcer » avec une invincible assurance qu'il n'est pas un composé, un ag» grégat de plusieurs êtres? Dès lors on ne peut pas l'identifier avec la » matière, lui attribuer une forme, la succession, le tems, une ma» nière d'être finie. Donc enfin, Dieu n'est pas l'ensemble de l'uni» vers et la vie universelle; car il est évident que la perfection sou» veraine et infinie n'a jamais existé, n'existera jamais, s'il n'y en a » pas d'autre que celle de la vie et de l'harmonie universelles. Prenez, >> en effet, le monde à tel moment de sa durée que vous voudrez, » dans le passé ou dans l'avenir, quel que soit le point où vous vous » arrêtiez, vous avez toujours l'infini en avant, l'infini en arrière, » par conséquent vous ne saisissez jamais qu'une existence incom» plète et tronquée. Eh bien ! cette existence bornée ne peut être la >> perfection souveraine; ce n'est pas l'infini véritable dont la vie est » pleine et complète à tous ses momens; ce n'est point là la manière » d'être du Dieu que nous cherchons '.

Quel est-il donc? Le principe que nous avons posé nous l'apprend encore il possède toutes les perfections à un degré infini; il est celui qui est. Dans son étre, pour aider notre faiblesse, nous distinguons divers attributs : l'asséité, la simplicité, l'éternité, l'immensité. Leur réunion constitue son essence. Cette essence n'est pas une simple puissance d'étre ; elle ne se développe pas; elle est : c'est un acte pur, un acte immanent.

Mais ce n'est pas assez de méditer l'essence de Dieu seule et en elle-même; il faut aussi considérer sa vie, son action. M. Maret passe donc à l'etude des dogmes de la Trinité et de la création qui nous révèlent l'une et l'autre. Nous donnerons, dans le prochain cahier, une analyse de ces belles et savantes leçons.

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Archéologie Chrétienne,

DÉCOUVERTE

Du sépulcre où repose le corps de saint Réparatus', évêque d'Afrique au 4° siècle.

Description et beauté de cette église. Inscription de son tombeau, qui est encore intact. Autres églises retrouvées. Autre inscription chrétienne. Les martyrs de Tipasa parlant sans langue. toriques payennes et chrétiennes.

Preuves his

On parla beaucoup il y a près de deux ans de la découverte du corps de saint Réparatus et de l'inscription qui ornait son tombeau. Nous attendions pour l'admettre dans les Annales qu'elle fut accompagnée de quelques détails, et qu'une copie bien exacte fut entre nos mains. Nous trouvons aujourd'hui ces détails dans le n° 92 des Annales de la Propagation de la Foi. L'article, bien que sans signature, est de Mgr Dupuch, évêque d'Alger. C'est une garantie de son exactitude.

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« La belle mosaïque retrouvée à El-Esslam › par les soins de M. le commandant du génie Tripier, était bien en effet le pavé d'une des plus anciennes basiliques de la chrétienté; à en juger par son inscription, écrite en grands caractères, elle daterait des premières années du 4 siècle. Cette mosaïque n'a pas moins de 40 pas de longueur sur 22 de large, sans y comprendre les bas-côtés qui étaient séparés de la nef par deux rangs de colonnes.

A l'extrémité Est de cet admirable pavé et au milieu d'un hémicycle, se trouvait l'autel ; l'hémicycle est remarquable par son élévation d'un mètre et quelques centimètres, mais bien plus par la perfection de la mosaïque qui le décore. Au devant de l'autel est un agneau percé d'une flèche, et un peu au-dessous, des deux côtés, des poissons d'un merveilleux travail. Le poisson, dans ces tems antiques,

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'El-Esslam, la Ville aux Statues, nom donné à ces ruines par les Arabes, cause de la multitude de grandes pierres droites qu'on y voyait.

était, comme tous le savent, un signe symbolique du christianisme. Sous l'autel, dans une crypte voutée, est un tombeau creusé dans du plâtre; il était ouvert au moment des fouilles; ce qui ne doit pas surprendre, puisqu'on communiquait de la basilique au caveau par un escalier dont on reconnaît encore les marches. A droite et à gauche s'élevaient deux colonnes de marbre blanc.

A l'extrémité opposée et dans un hémicycle parfaitement semblable à celui où est l'autel, mais presque au niveau du pavé, orné comme le premier de deux colonnes de marbre blanc, on lit, au milieu d'une belle rosace entourée de guirlandes de feuillage, l'inscription tumulaire que voici dans sa plus parfaite exactitude

HIC REQVIES

CIT SANCTAE MEMO
RIÆ PATER NOSTER
REPARATVS EPS. QVI FE
CIT IN SACERDOTIVM AN
NOS VIIII MEN XI ET PRE
CESSIT NOS IN PACE

DIE VNDECIMA KAL
AVG PROVN CCCCXXX

ET SEXTA

<< Ici repose notre Père de sainte mémoire, Réparatus, évêque ; il » vécut dans le sacerdoce 9 ans et 11 mois : il nous a précédés dans ⚫ la paix, le 11 jour des kalendes d'août de l'an de notre province » 436*. »

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L'inscription que nous publions ici n'est point la même quant à la forme des signes, que celle donnée dans les Annales. Nous reproduisons celle qui a été envoyée d'Afrique en fac simile à M. Hase, membre de l'Institut, avec plusieurs autres inscriptions, par M. de Montgravier, capitaine d'artillerie, et que M. Miller a insérée dans sa Revue de Bibliographie, cahier de janvier dernier, p. 58; elle avait été déjà publiée aussi dans le t. v, p. 103 de l'École des Charles, mais avec quelques variantes dans la configuration et même dans les lettres; nous suivons, nous, exactement l'original que nous avons sous les yeux. A. B.

Une nouvelle organisation de cette province, dont l'époque servait à dé terminer la date des monumens publics et des monnaies du pays, avait précédé de quelques années notre ère chrétienne. (Note des Annales de la Foi). Nous ne savons où l'auteur a puisé l'indication que l'ère de la province

à

Ce serait donc vers l'an 412 de J.-C. que se serait endormi dans le sein de Dieu ce père de sainte mémoire, cet évêque Réparatus, qui ses enfans reconnaissans élevèrent ce monument devenu presque impérissable. Il sont allés le rejoindre dans la paix... Puissent ceux qui leur succèdent après tant de siècles, les y retrouver un jour!

L'inscription est aussi en grands caractères et en mosaïque; la rosace est encadrée entre deux colonnes en mosaïque et une arcade surmontée d'une corbeille de fleurs; tout à l'entour serpentent des guirlandes supportées par des colombes. Vers le bas, d'autres colombes boivent dans deux beaux vases.

Évidemment le tombeau de Réparatus n'a pas été violé. Le pontife a été enseveli là et il y repose, hic requiescit. Impossible de pénétrer par l'intérieur de la basilique dans le caveau, et à l'extérieur il a été muré dès le commencement. Déjà, suivant le désir de Mgr l'évêque, des travaux avaient été entrepris pour parvenir jusqu'au précieux dépôt; mais la difficulté de les terminer avant son départ, l'inconvénient d'ouvrir trop tôt ce sépulcre sacré, et la certitude de le faire plus convenablement lors de la restauration prochaine de la basilique, les ont fait heureusement ajourner.

Sur le tombeau même, le samedi 30 septembre 1843 au matin, le successeur de Réparatus officiait pontificalement entouré de l'armée, des colons et des indigènes étonnés. Après la messe, en frappant de son bâton pastoral le dessus du tombeau et en invitant son prédécesseur, de sainte mémoire, à se réjouir dans le glorieux lit où il repose, Mgr l'évêque paraphrasait ces belles paroles: Exultabunt sancti in gloria, lætabuntur in cubilibus suis; il y baptisait le premier enfant d'Orléansville présenté aux fonts sacrés ; c'était une petite fille née l'avant-veille, intéressant et fragile anneau, renoué si merveilleusement à une chaîne brisée pendant de longs siècles!

commence 24 ans avant Jésus-Christ. L'École des Chartes pense qu'il s'agit de l'ère de Numidie, qui avait commencé 46 ans avant Jésus-Christ. M. Hase croit au contraire que c'est l'ère de Mauritanie, qui a commencé l'an 700 de Rome, 33 ans avant Jésus-Christ. Dans ce cas, Réparatus serait mort le 22 juillet 403, et non 469 comme le dit l'auteur par inadvertance.

A. B.

Le reste de la mosaïque se compose alternativement de guirlandes, de feuillages et de rosaces de fleurs au milieu, et, sur les côtés, de compartimens variés, aux arabesques émaillées des plus vives couleurs. En avant de la porte latérale, à gauche, se trouve une dernière inscription, véritable jeu de lettres, où ne figurent que ces paroles répétées diverses fois : Ecclesia sancta.

Malgré la chute de la voûte de l'édifice, la mosaïque est encore dans un état surprénant de conservation. Restaurée à peu de frais, elle servira bientôt sans doute de pavé à la nouvelle basilique. Nous donnons le nom de Sufazar à ce poste devenu si intéressant, parce que l'évêque Réparatus de Sufazar' est le seul, dans la notice extrêmement détaillée des évêques de l'ancienne Afrique, dont l'époque se rapproche de celle de l'inscription.

Notre Réparatus assistait à la célèbre conférence où saint Augustin et ses disciples remportèrent une si éclatante victoire sur les Donatistes. Il mourut peu après l'énergique profession de foi que mentionnent encore les actes de la conférence.

Indépendamment de cette basilique, on a retrouvé à Orléansville l'emplacement et les débris d'une seconde église chrétienne, au lieu même où s'élève l'hopital militaire, et, à un quart de lieue environ, au milieu du nécropole chrétien de Sufazar, les restes de deux chapelles ou oratoires dont la forme et la destination ne sauraient être douteuses.

Sur les bords escarpés du Chelif (Chinalaph des anciens) et parmi

'Dans une lettre à M. Hase, M. de Montgravier, qui avait d'abord pensé qu'il s'agit de Sufasar, croit qu'il faut y reconnaltre le Castellum lingitanum, ou bien Tigaudia mancipium des Romains, et M. Hase est de son avis; en sorte que Réparatus aurait été l'évêque de Tigauda. Nous ne pouvons partager cette opinion, parce que 1o dans aucune notice des évêchés d'Afrique, on ne trouve un évêché du nom de Tingilanum ou de Tigaudia, mais seulement de Tingensis; 2° parce que, au contraire, la notice de l'Afrique parle d'un Romanus, évêque de Suffura, et qu'un Réparatus, évêque de Suffasa, est mentionné dans la fameuse conférence de Carthage avec les Donatistes; voir la Geographia sacra, édition d'Holstenius; 3° les géographes anciens, Ptolémée, Strabon, etc., ont placé le Castellum tingilanum sur le détroit d'Hercule, à la place à peu près où est aujourd'hui Tanger.

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