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Chine est attribué à Fo-hi, Yao ou Tiko ', et dans l'histoire des Chaldéens à Xisuthrus; et ce qu'on trouve de conforme au récit de Moïse, sur l'origine du monde, sur la chute de l'homme, et sur le déluge dans les livres de l'Inde les plus anciens3. C'est aussi à quoi il faut rapporter l'origine de ce qui se trouve épars dans l'histoire, les traditions et la mythologie des différens peuples, sur la création de l'univers et sur celle d'Adam et d'Eve, et sur le déluge. C'est ainsi que, grâce aux instructions des anciens patriarches, la voix de la divine révélation s'est fait entendre aux nations diverses; et c'est pourquoi enfin nous lisons dans Aristote : « Oui (oʊv), c'est une parole >>>"antique, une tradition répandue de père en fils parmi tous les hom» mes, que tout vient de Dieu (ex Oɛoʊ); que Dieu a disposé pour » nous (iv) toutes choses; qu'il n'est point de nature créée (púcic). » capable de se suffire à elle-même (a¿τáρxnç) et de se conserver un » seul instant, privée de ce secours divin 4. »

' M. Brunati renvoie ici à Duclos : Biblia difesa, t. 1, p. 207-212. Brescia 1821.-Storia universale degli autori inglesi, t. 1, p. 197, 198. Not. R. Venezia 1765, in-40; de Paravey: Identite du déluge d'Yao et de celui de la Bible dans les Annales de philos. déc. no 89. t. xv, p. 38.-Duclos n'a fait qu'extraire l'Histoire univeselle, non seulement t. 1, mais encore t. xxx, p. 81-93, et t. LIV, p. 89 et suiv. de l'édit. franç. in-8°. On y défend, p. 91-155, le système de Shuckford, diamétralement opposé à celui de M. dé Paravey, et soutenu jusqu'à la mort par M. Riambourg. Cette discussion exige d'immenses détails, qu'il nous faudra, en les abrégeant beaucoup, renvoyer à l'appendice. (Note du traducteur.)

2 Voir Duclos, Op. cil., t. 1, p. 156-158.- Duclos y cite Bérose et Abydène. Nous renvoyons à l'appendice leurs textes et les discussions qu'ils exigent. (Note du traducteur.)

3 V. dans l'appendice la dissertation de M. Brunati sur la conformité des anciens livres de l'Inde avec les x1 premiers chapitres de la Genèse. (Note du traducteur.)

4 Αρχαῖος μὲν οὖν τις λόγος καὶ πατριός ἐστι, πᾶσιν ἀνθρώποις, ὡς ἐκ Θεοῦ τὰ πάντα, καὶ διὰ Θεοῦ ἡμῖν συνέστηκεν· οὐδεμία δὲ φύσις, αὐτὴ καθ ̓ ἑαυτὴν αὐτάρκης, ἐρημωθεῖσα τῆς ἐκ τούτου σωτηρίας. (Artist. De mundo. c. 6.) Budée traduit : «< Vetus igitur sermo est, à majoribusque proditus inter omnes homines, » universa tum ex Deo, tum per Deum constituta fuisse atque coagmentata :

Ce discours antique, cette tradition de père en fils dont parle Aristote, comment la révoquer en doute?

Noé a survécu 350 ans au déluge;

Sem 500 ans.

La vie de Cham et celle de Japhet auront été sans doute à peu près aussi longues.

Autant de livres vivans, et les plus respectable de tous.

Sans aucune peine leurs arrière-neveux pouvaient lire dans de tels livres; ils y pouvaient apprendre sans la moindre étude tout ce qu'il leur importait de savoir sur les dogmes, la morale, le culte et l'histoire.

N'est-ce point, par exemple, ce que fut à portée de faire cet Abraham dont le savoir était si renommé en Orient. Sem vivait encore, que ce saint patriarche était déjà âgé de 150 ans. Pendant 130 ans, Salé petit-fils de Sem, et pendant 180 ans, Heber, fils de Salé, furent contemporains d'Abraham.

A ces témoins de la Providence et de la justice de Dieu, à cette tradition patriarchale des prodiges que Dieu avait opérés, ajoutez des monumens plus instructifs, plus éloquens, plus dignes de foi que les médailles d'or, d'argent ou de bronze, et que les pierres entassées, savoir pour la création, la division de la semaine ';

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pour le déluge: l'arche, demeurée sur le mont Ararat;

les dépouilles des animaux engloutis;

la tour de Babel, dans la plaine de Sennaar.

L'abbé BRUNATI.
Traduit et complété par P. P.

nullamque naturam satis instructam ad salutem esse posse, quæ citra Dei præsidium suæ ipsa demùm tutelæ permissa sit. » M. Brunati traduit en ces termes la première moitié de la phrase: E dunque derivata una certa tradizione antica e paterna a tutti gli uomini, che da Dio, e per mezzo di Dio siano state a noi costituite tutte le cose.

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Ici une longue note sur le nombre 7, et ses rapports avec la création, Nous renvoyons de même a l'appendice les développemens qu'elle exige. (Note du traducteur.)

Littérature Liturgique.

DEUX PREFACES INÉDITES D'ABAILARD.

C'est cet été seulement qu'ayant passé par Bruxelles, à notre retour de Saint-Gall, il nous a été donné de connaître enfin par nousmême le manuscrit des Hymnes inédites d'Abailard, dont nous avions annoncé l'existence en publiant naguère, d'après une copie de *M. Oehler, savant philologue allemand mort depuis peu, la curieuse et intéressante lettre à Héloïse qui accompagna primitivement l'envoi de ces hymnes'.

Nous ne recommencerons pas après M. Émile Gachet, qui, depuis nous, a publié la même lettre d'Abailard dans le Compte-rendu des séances de la commission royale d'histoire de Belgique 2, la description du célèbre manuscrit ; nous nous bornerons à remarquer que le titre placé sur le dos du volume, à la fin duquel le recueil des hymnes

Voy. le vol. 11 de la Bibliothèque de l'école des charles. Paris, 1841. Nous devons une bien vive reconnaissance à M. le secrétaire général du ministère de l'intérieur de Belgique, pour la grâce parfaite avec laquelle il a bien voulu, en l'absence du ministre, et sur l'obligeante recommandation de MM. de Rumigny et de Bassano, charger M. Marchal, conservateur des manuscrits de l'Etat, dont tous ceux qui ont eu des relations avec la Bibliothèque du Roi de Bruxelles connaissent le zèle empressé, de nous remettre le manuscrit que M. Cousin venait tout récemment de restituer. Nos rapports ont été non moins flatteurs à Paris, avec MM. le Prince de Ligne et Firmin Rogier, lorsque, notre travail étant terminé, il s'est agi de faire repasser encore une fois la frontière au précieux volume, afin de le réintégrer dans son domicile actuel.

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Bruxelles, 1812. La découverte de M. Oehler remonte à l'automne de 1840, ainsi que le constate une lettre de lui que nous avons en notre possession.

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a été inséré, volume relié au chiffre de Napoléon, ainsi que tous les autres volumes de la Bibliothèque de Bourgogne, qui fit, comme l'on sait, partie sous l'Empire de notre Bibliothèque du Roi de Paris, est loin d'en annoncer tout le contenu. Il ne présente en effet que ces simples indications: Vita Pilati. Cicero de amicitia.—12° siècle. Cependant d'autres opuscules, ayant chacun un numéro particulier dans le catalogue, figurent encore sous la même couverture, sans compter le plus important de tous, celui dont nous nous occupons et qui est inscrit dans le catalogue sous le n° 10158. A cette première remarque, nous en joindrons une autre qui n'est pas dénuée d'un certain intérêt. Le manuscrit portait primitivement, à la première ligne « ad tuarum instantiam » au lieu de « ad tuarum precum instantiam”» qu'on y lit; le mot precum, que MM. Oehler et E. Gachet ont inséré dans leurs copies, et que nous croyons devoir maintenir, a été mis après coup et en surcharge au-dessus de la ligne; il est d'une encre différente et n'a été évidemment ajouté que postérieurement. Abailard n'avait-il écrit lui-même que « ad tuarum instantiam » pour désigner par là les instances que lui avaient faites à différentes reprises les compagnes d'Héloïse, dont il parle deux lignes plus bas, et qu'il a pu avoir l'intention de désigner sous la simple dénomination de tuarum ? C'est un point sur lequel nous ne nous permettons pas de prononcer et que nous livrons à l'appréciation de la critique.

Quoi qu'il en soit, ni M. Oehler, ni M. E. Gachet, ni M. Cousin, ainsi qu'il est permis de le conjecturer d'après son silence, ne s'étaient aperçus d'une chose qu'il n'était possible de reconnaître qu'en lisant le manuscrit d'un bout à l'autre ; c'est que la lettre ne finit pas là où commencent les premières hymnes; elle n'y est qu'interrompue et Abailard la continue en deux autres endroits. Ces reprises, qui se confondent d'autant plus facilement, à la première vue, avec les hymnes au milieu desquelles elles se trouvent jetées sans aucune espèce de distinction particulière, que ces hymnes sont, à la manière des anciens manuscrits, écrites de suite, en forme de véritable prose, constituent deux préfaces nouvelles ; et si nous employons cette expression, c'est qu'il appert de leur lecture qu'Abailard ayant divisé ses hymnes en trois classes ou catégories, savoir: hymnes pour les fé

ries de la semaine, hymnes pour les solennités divines', et hymnes pour les saints, composant chacune, selon son expression, un libellus, a distribué sa lettre en autant de parties dont chacune est destinée à servir de préface à la catégorie d'hymnes qu'il place à la suite; de sorte que la partie de la lettre que nous avons déjà éditée forme, ainsi qu'il le dit dans les lignes qu'on va lire, la première préface. On a pu remarquer que, dès cette préface, Abailard s'adrèssait à toute la communauté du Paraclet, comme il le fait dans celle de ses lettres à Héloïse qui accompagne les règles de la vie monastique; il persévère sur le même pied dans les deux autres, où il ne parle plus directement à Héloïse, mais qui font exactement suite à la première et dans lesquelles la dissertation entamée d'abord se prolonge et se complète de manière à offrir définitivement un véritable traité de l'hymne religieuse. Les trois préfaces ne font évidemment qu'une seule et même lettre, divisée en autant de parties qu'il a plu à Abailard d'établir de catégories d'hymnes; la deuxième commence dans le manuscrit au bas du verso du folio 86, remplit tout le recto du folio 87, et finit au haut du verso suivant; la troisième commence au bas du verso du folio 91 pour continuer et finir sur le recto du folio 92. Il est probable que dans les pages du manuscrit que nous avons annoncé avoir été emportées par la vétusté, se trouvait, après les hymnes qui nous manquent, la salutation finale qu'Abailard n'omet jamais au bas de ses lettres.

La nouvelle découverte dont nous faisons part en ce moment nous dispense de revenir, comme nous nous l'étions d'abord proposé, sur notre première publication, afin d'en rendre l'intelligence plus parfaite, Abailard allant de lui-même au devant des doutes que nous avions à élever ou des explications que nous pensions nécessaire de donner. Désormais l'histoire de la réforme dans l'hymnaire sollicitée par les nones du Paraclet et exaucée par Abailard, sera bien complète, bien lucide, et l'on connaîtra tous les motifs qui déterminèrent ce dernier à favoriser cette réforme malgré les changemens qu'il était amené à proposer dans la liturgie. Le texte inédit que nous livrons

On entend ici sous ce titre les fêtes qui se rapportent spécialement à

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