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étant, d'après l'auteur d'un Traité de plus, « un terme absolument »> négatif qui ne suppose nécessairement aucune ombre de foi (nes» suna fede affatto)'.»

Or, que l'anglicanisme soit une espèce de protestantisme, cela est clair d'après le serment que prêtent à leur couronnement les souverains britanniques, de maintenir la religion réformée protestante, comme aussi d'après la loi que la couronne est héréditaire dans la ligne protestante. Néanmoins, dans sa Lettre à Golightly, M. Palmer, diacre et professeur au collège de la Madeleine à Oxford, va jusqu'à se proclamer catholique et jusqu'à dire « anathême au pro>>testantisme et à toutes ses formes, sectes et dénominations, et

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spécialement à celles des luthériens et calvinistes et des dissidens >> britanniques et américains; » comme aussi, dit-il, « à tous ceux qui chercheront à établir identité de communion entre eux et notre église anglicane.., à tous je dis anathême..; et si jamais l'église angli>> cane faisait profession d'être une forme du protestantisme, je rejetterais l'église anglicane, à l'instant je me séparerais d'elle, >> comme d'une secte humaine, sans donner aux protestans la peine » de m'expulser. » Reste à voir s'il peut accomplir cette promesse solennelle; car ces prétentions ont été victorieusement réfutées par la Revue de Dublin', qui prouve invinciblement le protestantisme de l'église anglicane par le fait récent de l'union des anglicans avec les calvinistes et luthériens unis, ou plutôt avec les évangéliques prussiens, dans l'envoi d'un évêque protestant à Jérusalem. Cet évêque a été consacré et envoyé par le primat de l'église anglicane, auquel il est soumis comme suffragant, et c'est à lui d'ordonner non seulement les Anglicans, mais aussi les Prussiens; ceux-ci, après avoir souscrit les 39 articles anglicans, doivent encore souscrire à la confession contraire, à la confession d'Augsbourg. L'église anglicane s'est donc évidemment unie, non pas avec les catholiques, mais avec les luthériens et calvinistes ou avec les évangéliques prussiens, qui, de l'aveu même des Pusey stes, sont protestans; elle s'est donc déclaré pro

⚫ Page 52.

2 Cette réfutation se trouve dans le cahier de mai 1842.

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testante et point du tout catholique. On peut prouver combien la nomination de cet évêque est illégitime d'après les principes des mêmes Puseystes. On connaît une Lettre du docteur Pusey à l'archevêque de Cantorbéry dans laquelle il blâme cette nomination, et ajoute que l'immense troupeau du docteur Michel-Solomon-Alexandre, évêque de l'église protestante unie d'Angleterre et d'Irlande à Jérusalem se réduit à quatre personnes'.

Ces observations peuvent donner une idée générale de l'état présent de l'Église anglicane, aussi bien que du système des pusėystes. Comme monseigneur Wiseman et le P. Peronne de la compagnie de Jésus, ont réfuté avec détail les principes des Puséystes sur l'Église anglicane, sa vérité, son apostolicité, son autorité, je me bornerai à parler,

1° De l'origine du Puséysme;

2o De ses plus importantes publications, qui mettent en état de connaître ses doctrines;

3o De son état actuel et de son état futur probable.

I. De l'origine du Puséysme.

L'extrême décadence du clergé anglican au siècle passé fit naître dans son sein le nouveau schisme des méthodistes, qui aspiraient à une règle plus exacte, et dès lors à une morale plus évangélique. Avec les autres dissidens, ils déclarèrent la guerre à l'Église anglicane. Cependant, ses ministres, pleins de richesses et gorgés des biens de cette terre, étaient plongés dans une léthargie profonde ; ils ne songèrent à prendre les armes convenables que quand ils virent marcher contre eux les dissidens, le peuple, le gouvernement et les catholiques. Il y a déjà bien des années que, pour se défendre contre

M. Hope, à son tour, dans une brochure sur cet évêché, cherche à faire voir que, d'après les lois tant civiles qu'ecclésiastiques de l'Angleterre, ou les protestans prussiens sont exclus de la communion de l'évêque Alexandre, ou l'évêque lui-même est retranché de l'église anglicane. Mais le fait reste toujours le même, c'est un acte non-seulement du gouvernement prussien, mais aussi de la reine d'Angleterre et de l'archevêque de Cantorbéry.

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les dissidens, qui savent citer l'Écriture aussi bien que les anglicans, un grand nombre furent contraints d'embrasser le principe de la nécessité de la tradition et de l'autorité ecclésiastique déjà reconnue par quelques-uns de leurs pères anglicans, mais oublié par eux pendant un certain tems. Dégoûté de voir les évêques et les ministres protestans s'opposer éternellement aux réformes civiles proposées dans les chambres, le peuple s'était plaint des richesses énormes et du peu d'énergie du clergé établi; c'est pourquoi le gouvernement, appuyé du parlement, supprima sept évêchés protestans en Irlande. Il n'y avait donc rien de surprenant à ce que certains membres du clergé anglican, pour s'opposer à cette prétendue persécution de la part de l'État, commençassent dès lors à soutenir que l'Église était totalement indépendante de l'État, bien que cette Église fût établie par l'État, et que son chef reconnu fût le Souverain ou la Souveraine de ce même État. D'un autre coté, les ministres anglicans n'ont pas manqué d'observer la marche progressive du catholicisme en Angleterre et la tendance toujours croissante des Anglais vers nos doctrines. « Tendimus in Latium, disent-ils, ou, comme l'un d'eux s'en est exprimé devant moi, « Nous sommes sur la voie Appienne; il aurait été mieux de dire sur la voie Cassienne ou sur la voie Flaminienne. Toutes ces forces unies les ont contraints, pour leur propre défense, d'étudier assiduement et de donner au monde des preuves plus édifiantes de conduite morale et de piété.

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On commença donc, à l'université d'Oxford, à étudier la logique purement scholastique de Whately. Elle servit, d'après l'auteur d'un Traité de plus, à exciter les esprits et à leur donner plus de pénétration: ce fut, suivant le Morning-Herald, journal protestant, l'origine immédiate de l'enseignement de beaucoup de doctrines catholiques à Oxford. Le passage est charmant. « Quel a été, dit-il, l'effet » historique de la logique scholastique? N'a-ce pas été le grand in>>strument au moyen duquel le Papisme s'est perpétué dans le » moyen-âge? N'a-ce pas été l'arme de prédilection des prêtres pa» pistes et des jésuites? Ne l'étudie-t-on pas diligemment à Maynooth >> et dans toutes les universités papistes ? N'est-ce pas principalement » par les subterfuges, le mécanisme et les prestiges de cette logique » que la transubstantiation se défend toujours? Il ne reste plus à

>>> cette logique trompeuse qu'à détruire l'attachement du clergé pour >> les sobres doctrines de la réforme, et tout sera perdu.

>>

D'un autre côté, le Morning-Chronicle, autre journal protestant, fait cette observation : « Le syllogisme est, au sens de l'Herald, » une ruse et une invention du Papisme; et sans doute Aristote a été » le fondateur de la Propagande; néanmoins, c'est un fait que l'uni» versité d'Oxford, dans la refonte de son système, a résolu de rete»> nir toutes les abominations du syllogisme'. » Pauvre protestantisme! il ne peut résister aux batteries du seul syllogisme, lui contre qui tant d'autres forces se sont coalisées! Écoutons le docteur Pusey faire, dans sa Lettre à l'archevêque de Cantorbéry, l'énumération des causes qui ont produit la tendance au catholicisme. «< Toute » chose, dit-il, bonne et mauvaise, a contribué à produire ce mou» ment: la poésie, les arts, l'architecture, la morale chrétienne ou » païenne l'ont préparé ou accéléré; nos communications renouve»lées avec les Églises étrangères, et aussi les maux faits à la nôtre » la suppression de nos évêchés, les attaques des dissidens, l'indiffé»rence des adhérens, le courroux des ennemis, la froideur ou la » haine de l'État, tout ce qui est profond, réel, saint, les actes de charité, de bonté, de séverité, tous les tempéramens, toutes les ha>> bitudes d'esprit même les plus éloignées, les plus improbables, les plus hostiles, le libéralisme ou la tendance au scepticisme, tout y a contribué; il va sans dire que celui-là seul lui a donné naissance, qui commande à tout, et qui fait tout coopérer à la réalisation de » ses volontés suprêmes. La tendance au Romanisme lui-même n'est qu'un phénomène dans les diverses évolutions dans ce siècle plein » d'événemens ; ce n'est tout à la fois que l'effet des profonds sou» pirs de l'Église empêchée d'être encore ce que le Sauveur l'a lais»sée, une et unique » (p. 30).

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Mais voyons quelle est l'origine principale et immédiate du système des Puséystes; cette recherche nous conduit à la seconde partie de notre travail, à la considération des plus importantes publications de cette école.

Mgr BAGGS,
Recteur au collége anglais, à Rome.

17 nov. 1841.

Nouvelles et mélanges.

FRANCE.

EUROPE.

PARIS. Nouvelles des missions catholiques. (Extrait du no 91

des Annales de la Propagation de la Foi.

1. Suite de la relation du P. de Smet, jésuite, datée du Camp des Téles plates (Amérique septentrionale), 18 octobre 1811. Le zélé missionnaire a l'espoir de faire revivre les célèbres réductions du Paraguay, tant les sauvages montrent de bonne volonté et d'ardeur dans la pratique de la morale évangélique. Les représentans de 24 nations assistent à ses instructions. - Enumération de ces nations. Les ouvriers seuls manquent pour cette belle

œuvre.

2. Autre lettre du même, datée de Sainte-Marie (idem), 28 décembre 1841; racontant le voyage qu'il vient de faire au port Colville sur le fleuve Colombia, à 320 milles de ses montagnes, dans le but d'obtenir des provisions pour l'hiver, des semences pour le printems, et des outils pour les Indiens. Chemin fesant il visite les Kalispels, convertis par un des leurs. Les Cœurs d'aleines lui font un magnifique accueil. Pendant ce voyage de 42 jours, il baptise plus de 190 personnes, prêche plus de 2,000 indiens. Description des mœurs sauvages. Il travaille à traduire le catéchisme en langue tèteplate. Les missionnaires apprennent aux sauvages à fortifier leurs villages. L'infatigable missionnaire repart pour le fort Vancouverl, entrepòt de la compagnie de la baie d'Hudson, à une distance de 300 lieues, pour procurer de nouveaux secours à ses sauvages.

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3. Lettre du méme, datée de Saint-Louis (Canada), 1er novembre 1842, racontant son nouveau voyage et en particulier la réception amicale qui lui a été faite par la nation des Corbeaux. Ils demandent avec instance des Robes noires.

4. Lettre de Mgr Relord, des missions étrangères, datée du Tong-King occidental, avril 1842, et dans laquelle il donne les détails de la prise, des interrogatoires et des supplices infligés à M. Charrier, saisi le 5 octobre 1841. M. Charrier rend compte lui-même de ses interrogatoires et de ce qui se passe dans sa prison. Ce qu'il y a de remarquable, c'est la déférence que lui témoigne le grand mandarin, le concours de chrétiens qui viennent le voir,

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