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Les honneurs ne devaient pas manquer à la mémoire d'un homme aussi éminent, et dont la vie privée, comme la carrière scientifique, pouvaient être offertes en exemple à la postérité. A peine la couronne funèbre était-elle flétrie sur sa tombe, que déjà l'une des illustrations de son siècle, Fontenelle, son compatriote et son ami, prononçait son éloge dans le sein de l'Académie des sciences. Ses deux fils soutinrent trop peu de temps, hélas ! l'éclat de son nom et la renommée de son génie. Les éditions de ses écrits se multiplièrent, les traductions s'en répandirent dans toute l'Europe. En chimie, on en appela partout à l'autorité du grand Lémery. Rien ne manqua donc à sa gloire; mais il appartenait à sa ville natale d'élever un dernier monument à l'un de ses enfants les plus illustres. En attendant que le bronze ou le marbre reproduisent ses traits vénérables, pour les exposer au respect et à l'admiration de ses concitoyens, puissions-nous avoir répondu dignement au vœu de l'Académie de Rouen, en faisant mieux connaître ses talents et ses vertus! Heureux nous-même de payer à sa mémoire le tribut de nos éloges et de notre vénération!

NOTICE GÉNÉALOGIQUE

SUR LA FAMILLE

DE NICOLAS LÉMERY

NÉ A ROUEN LE 19 NOVEMBRE 1645, MORT A PARIS LE 19 JUIN 1715.

Nicolas Lémery (Hémery ou Lhémery, car, à cette époque, on tenait peu à l'orthographe des noms propres),

aïeul du chimiste, était procureur au parlement de Normandie, vers la fin du seizième siècle. Il fut obligé de quitter Rouen en 1589, lorsque cette ville tomba au pouvoir de la Ligue. Il se retira à Caen, où le parlement royaliste avait été transféré par lettres patentes du mois de février de la même année. Le 9 août, N. Lémery se présenta au parlement pour y être admis à exercer ses fonctions. Il lui fallut « justifier, sous la foi du serment, de ses actions et « déportements, surtout de n'avoir adhéré, participé et « favorisé directement ni indirectement la Ligue et fausse << union des rebelles et conjurés contre le service et obéis<< sance du roi. » Il y réussit, car le parlement décida qu'il serait reçu à continuer l'exercice de son état et charge de procureur, en faisant serment de fidélité, etc. Il revint à Rouen en 1595, après l'avénement de Henri IV.

Julien Lémery, père du chimiste, naquit à Rouen en 1589. Il épousa, en premières noces, Marie Duvivier. Il en eut un fils, Daniel, qui mourut le 13 août 1632, âgé de huit ans et demi. Sa mère mourut le 13 décembre 1633, à l'âge de vingt-neuf ans.

Julien Lémery se remaria le 17 mai 1637, avec Suzanne Duchemin, fille de Lazare Duchemin, marchand à Rouen, et de Suzanne Daussy.

Il eut sept enfants de ce second mariage, savoir: 1. Louis Lémery, né le 12 août 1640;

2. Suzanne, née le 6 décembre 1641;

3. Marie, née en 1643, morte le 30 décembre 1645; 4. Pierre, né le 11 septembre 1644, mort le 3 juillet 1653;

5. Nicolas (le chimiste), né le 19 novembre 1645, mort le 19 juin 1715;

6. Thomas, né le 9 mai 1647;

7. Geneviève, née le 18 octobre 1648, morte le 22 septembre 1651.

Julien Lémery demeurait à Rouen, rue de la Prison, paroisse de Sainte-Marie-la-Petite. Il mourut le 18 mai 1657, âgé de soixante-huit ans.

Louis Lémery, frère aîné de Nicolas, le chimiste, devint avocat distingué. Il se maria à Rouen, le 27 décembre 1671, avec Catherine Doucet. Il en eut deux fils, Louis et Pierre.

Nicolas Lémery épousa, en 1675, à Paris, Madeleine Bélanger; il en eut deux fils. Le premier, Louis, né le 25 janvier 1677, fut médecin, devint membre de l'Académie des Sciences en 1712, professeur au Jardin du Roi, et mourut le 9 juin 1743. Il avait épousé, en 1706, Catherine Chapotot, dont il eut trois enfants; mais il ne conserva qu'une fille. Le second fils de Nicolas Lémery, connu sous le nom de Lémery le jeune, fut aussi médecin, chimiste, associé de l'Académie des Sciences, et mourut en 1721, sans postérité.

L'éloge de Nicolas Lémery fut lu à l'Académie des Sciences, par Fontenelle, en 1715.

Celui de Louis, Lémery fils, par Mairan, se trouve dans l'Histoire de l'Académie des Sciences, année 1743.

Ouvrages de Nicolas Lémery.

1° Cours de Chimie, contenant la manière de faire les opérations qui sont en usage dans la médecine, par une méthode facile, avec des raisonnements sur chaque opé

ration, pour l'instruction de ceux qui veulent s'appliquer à cette sience. Paris, 1675, in-8°. Cet ouvrage a eu trente et une éditions, tant à Paris qu'à Genève, Bruxelles, Avignon, Amsterdam, Leyde, et fut traduit en anglais, en latin, en allemand et en espagnol. La meilleure édition a été publiée par Baron, en 1756, in-4o.

2o Pharmacopée universelle, comprenant toutes les compositions de pharmacie qui sont en usage dans la médecine, tant en France que par toute l'Europe; leurs vertus, leurs doses, les manières d'opérer les plus simples et les meilleures. Paris, 1697, in-4°. On en compte huit éditions; elle fut réimprimée à la Haye, à Amsterdam, et traduite en italien, Venise, 1720, in-4o; la dernière édition parut à Paris, en 1763.

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3° Dictionnaire universel des drogues simples. Paris, 1698, in-4°. Réimprimé souvent, tant à Paris qu'à Amsterdam, à Rotterdam; traduit en italien, Venise, 1751, et en allemand, par Richter, Leipzig, 1721, in-fo. 4° Traité de l'antimoine. Paris, 1707, in-12, traduit en allemand, par J.-A. Malhern. Dresde, 1709, in-8°.

Les Mémoires de l'Académie des Sciences renferment, en outre, du même auteur:

1700. Observations sur une extinction de voix guérie par les herbes vulnéraires.

Note sur une fontaine pétrifiante des environs de Clermont, en Auvergne.

Explication physique et chimique des feux souterrains, des tremblements de terre, des ouragans, des éclairs et du tonnerre.

1701. Examen chimique des eaux de Passy. Observations sur le camphre et sa purification.

Sur un sel ammoniac naturel trouvé près du Vésuve. Examen de l'eau minérale de Vézelay en Bourgogne. Examen de l'eau de Carensac (aujourd'hui Cransac), dans le Bas-Rouergue.

1706. Observation sur le miel, et son analyse.

Examen d'une eau minérale découverte dans le faubourg Saint-Antoine, à Paris.

1707. De l'urine de vache, de son analyse et de ses effets en médecine.

Mémoire sur l'hydromel vineux.

1708. Observations sur la cire.

Observations sur la manne.

1709. Observations et expériences sur le sublimé corrosif.

Notice sur les cloportes.

1712. Observations sur l'odeur développée pendant la précipitation de l'or dissous dans l'eau régale, par l'esprit de sel ammoniac et par l'huile de tartre.

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