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cieuse de livres dans tous les genres et dans toutes les langues. Elle renferme d'ailleurs des manus¬ crits infiniment curieux.

La plus considérable des bibliothèques de l'Espagne est celle de l'Escurial. Elle contient un grand nombre de livres arabes, et trois mille manuscrits dans cette langue. Il y a aussi beaucoup de manuscrits grecs et latins.

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Lisbonne a plusieurs bibliothèques publiques; celle de la place du Commerce est remarquable par plusieurs ouvrages sur l'histoire naturelle. On trouve dans celle des bénédictins de Nossa senhora de Jesus, une belle collection d'ouvrages portugais et espagnols. La littérature italienne y est bien composée, et beaucoup mieux que la littérature anglaise, parce que les Portugais apprennent rarement l'anglais. La troisième bibliothèque publique est celle de Saint-Vincent de Fora, qui contient une collection complette des ouvrages portugais.

Après avoir indiqué d'une manière rapide les grandes bibliothèques tant anciennes que modernes, il nous reste à esquisser le magnifique tableau de la Bibliothèque Nationale de France. Avant de le tracer, nous croyons devoir citer encore quelques anciennes bibliothèques françaises qui ont eu de la célébrité.

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La plus riche et la plus considérable des anciennes bibliothèques connues en France était celle qu'avait Tonnance Ferréol, dans sa belle maison de Prusiane, sur les bords de la rivière du Gardon,

Chaque monastère avait aussi une bibliothèque; un moine était proposé pour en prendre soin : c'est ce que portait la règle de Tarnat et celle de Saint-Benoît. Dans la suite des tems, les bibliothèques des moines devinrent célèbres. On y conservait les livres de plusieurs siècles, dont on avait soin de renouveler les exemplaires. C'est à ces bibliothèques que nous devons la conservation des ouvrages des anciens. De-là, en effet, sont sortis presque tous ces excellens manuscrits qu'on voit aujourd'ui en Europe, et d'après lesquels on a donné au public, depuis l'invention de l'imprimerie, tant d'excellens ouvrages en tout genre de littérature, Dès le sixième siècle, on commença, dans quelques monastères, à substituer au travail pénible de l'agriculture, l'occupation de copier les anciens livres, et d'en composer de nouveaux. C'était l'emploi le plus ordinaire et même l'unique des premiers cénobites de Marmoutier,

Les bibliothèques publiques les plus célèbres, étaient, avant la révolution, celles du roi, de Saint-Victor, du collége Mazarin, de la Doctrine

Chrétienne, des Avocats et de Saint-Germaindes-Prés ; celle-ci était une des plus considérables par le nombre et par le mérite des anciens manuscrits. Les autres bibliothèques qui jouissaient de quelque réputation avant la révolution, soit pour le nombre, soit pour la qualité des livres, étaient celle de Sainte-Geneviève, à laquelle on avait réuni le riche cabinet de médailles que le régent avait formé; celles de Sorbonne, du collège de Navarre, des prêtres de l'Oratoire et des Jacobins. Celle de Falconnet, très-précieuse par le nombre et le choix des volumes, pouvait être mise au rang des bibliothèques publiques, puisque les gens de lettres avaient la liberté d'y aller faire des recherches dont ils avaient besoin. Celle de De Boze contenait peutêtre la plus riche collection qui ait été faite de livres rares et précieux dans les différentes langues. Nous ne devons pas passer sous silence la bibliothèque de M. Gaignat, dont le catalogue fait suite à la bibliographie instructive de Debure. La bibliothèque de M. le duc de la Vallière était bien plus nombreuse : le catalogue a deux parties; la première, qui renferine les livres rares a été faite par Debure aîné, en trois forts volumes in-8°.; elle contient 5668 articles, qui ont rapporté 454,677 liv. 8 sous. Cette vente a eu lieu depuis le 12 janvier jusqu'au 5 mai suivant; la seconde partie, faite par Nyon l'aîné, en 6

gros volumes in-8°., renferme 26,537 articles: elle a été vendue entièrement au marquis de Paulmy, qui l'avait réunie à sa supperbe bibliothèque, qui fut achetée par le comte d'Artois. C'est aujourd'hui la bibliothèque de l'Arsenal, qui doit être réunie dans les bâtimens du palais du Sénat Conservateur, au Luxembourg.

Passons maintenant à la bibliothèque nationale que l'on regarde, avec raison, comme la plus riche et la plus magnifique qui ait existé. Son origine est assez obscure; formée d'abord d'un nombre peu considérable de volumes, il n'est pas aisé de déterminer à quel roi de France elle doit sa fondation. Ce n'est qu'après une longue suite d'années et diverses révolutions, qu'elle est enfin parvenne à ce degré de magnificence, et à cette immensité qui la placent au premier rang. Quand on supposerait qu'avant le quatorzième siècle les livres des rois de France ont été en assez grand nombre pour mériter le nom de bibliothèques, il n'en serait pas moins vrai que ces bibliothèques ne subsistaient que pendant la vie de ces princes: ils en disposaient à leur gré, et, presque tou jours dissipées à leur mort, il n'en passait guère à leurs successeurs que ce qui avait été à l'usage de leur chapelle. Saint-Louis, qui en avait rassemblé une assez nombreuse, ne la laissa point à ses enfans; il en fit quatre portions égales

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non compris les livres de sa chapelle, et la léz gua aux jacobins, aux cordeliers de Paris, à l'ab baye de Royaumont et aux jacobins de Compiègne. Philippe-le-Bel et ses trois fils en firent de même. Ce n'est donc qu'aux règnes suivans que l'on peut rapporter l'établissement d'une bibliothèque royale, fixe, permanente, destinée à l'usage du public, en un mot, comme inaliénable, et comme une des plus précieuses portions des meubles de la couronne.

Charles V, dont les trésors littéraires consis taient en un fort petit nombre de livres qu'avait eu le roi Jean, son prédécesseur, est celui à qui l'on croit devoir les premiers fondemens de la bibliothèque nationale d'aujourd'hui. Il était savant, et son goût pour la lecture lui fit chercher tous les moyens d'acquérir des livres aussi sa bibliothèque fut-elle considérablement augmentée en peu de tems. Il la logea dans une des tours du Louvre, qui, pour cette raison, fut appelée la Tour de la librairie. Afin que l'on pût y travailler à toute henre, il ordonna qu'on pendît à la voûte trente petits chandeliers et une lampe d'argent. Cette bibliothèque était composée d'environ 910 volumes, nombre remarquable dans un tems où les lettres n'avaient fait encore que de médiocres progrès en France, et où, par conséquent, les livres devaient être assez rares. Ce

prince

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