Page images
PDF
EPUB

Il a « vécu assez long-temps, ajouta

« Prietsley, non-seulement pour voir « réaliser son espérance, mais il a pu voir « filer jusqu'à quarante fils à la fois : au«jourd'hui une femme aidée d'un enfaut en file jusqu'à cent,

«En se rappelant tout ce que Franklin a. fait dans les sciences, dan's les arts et dans la politique, on demeurera <«< convaincu qu'il n'a jamais existé un gé<< nie plus universel, plus capable de gran« des conceptions et d'applications ingénieuses. Il descendait des hautes pen«sées qui lui avaient soumis la foudre pour s'occuper des détails de l'écono« mie domestique, pour perfectionner les cheminées comme il passait de son *« imprimerie à celle des négociations avec « la France et l'Espagne qui devaient assurer la libertéde sa patrie ».

« ble de s'apercevoir qu'elle avait été jo« lie, et les traces de son amabilité étaient » presque entièrement disparues. Tout « ce qui était resté d'elle, c'était un es« prit encore piquant, et un goût tou«jours sûr. A l'aide d'un grand nom, de « beaucoup d'audace, et surtout d'une <«< bonne maison, elle était parvenue à « faire oublier une conduite plus que lé« gère, et à s'établir à arbitre souveraine « des bienséances, du bon ton, et de ces «formes qui composent le fonds de la politesse Son empire sur la jeunesse des « deux sexes était absolu; elle contenait

"

[ocr errors]

l'étourderie des jeunes femmes, les for"çait à une coquetterie générale, obli« geait les jeunes gens à la retenue et aux « égards; enfin elle entretenait le feu sacé « de l'urbanité française: c'etait chez elle que se conservait intacte la tradition « des manières nobles et aisées quel Eu La marquise du Deffand. « On m'a rope entière venait admirer à Paris et «compté d'elle un trait qui n'est peut- « tâchait en vain d'imiter Jamais un cen« être pas indigne d'être conservé elle «seur romain n'a été plus utile aux n'aimait pas l'exagération, comme ou en « mœurs de la république, que la maa la preuve dans sa correspondance (*); « réchale de Luxembourg l'a été à l'agré& et pourtant elle était condamnée à voir «ment de la société pendant les derniè << sans cessé des personnes enjouées et « res années qui ont précédé la révoluenthousiastes et des prôneurs éternels «tion. On avait d'autant plus besoin alos a encore plus fatigans que tout le reste. « d'une pareille censure, que l'angloma« Un jour, excédée des éloges excessifs « nie, avec ses clubs, ses fracs et sa ruque monsieur de*** faisait d'un homme « desse envahissait déjà la bonne comtrès-médiocre, en ajoutant par forme pagnie. La licence en détruisait le gerde refrein que tout le monde pensait « me, en ôtant ce que nons avions de « comme lui. Elle répondit: je fais, mon- « mieux, les déhors agréables.... La sesieur, assez peu de cas du monde, de- « vérité caustique de la maréchale de puis que je me suis aperçu qu'on pou- « Luxembourg était d'autant plus remar. vait le diviser en trois parties, les « quable, qu'elle était presque accompåa trompeurs, les trompés, les trompet"«tes. Monsieur de*** était évidemment gnée de la duchesse de Biron, sa petite «ille, dont la douceur était vraiment dans cette dernière classe, et je ne le angélique: elle, au contraire, ne mérencontre guères, sans songer à cette « nageait personne; et ce qu'il y avait de & saillie »>. plus fâcheux, c'est que ses réparties La marechale de Luxembourg. Lors-« étaient des épigrammes que l'on retea que j'ai connu cette maréchale, elle nait Convenons cependant que sa ina« était très-vieille; il n'était plus possi- «lice s'exhalait en saillies, le coeur n'y était pour rien; elle était incapable de

a

[ocr errors]

«

"

།ངས་『

(*) Cette correspondance en 4 volu-faire une méchanceté, pas meine une mes in 8°., deuxième édition, se trouve «tracasserie. Ses formes étaient plus chez MM. Treuttel et Würtz, rue de « cassantes que sèches, plus décidées Bourbon, « qu'impérieuses: elle avait des boutades

[ocr errors]
[ocr errors]

«

[ocr errors]
[ocr errors]

« sans humeur, toujours prête à vous a rendre service au moment même où elle vous faisait une scène. Sa dévotion << qui était sincère sans être fervente, se manifestait plus en bonnes œuvres « qu'en prieres, quoiqu'elle fréquen« tait assez régulièrement les églises. Elle se promenait presque tous les jours « et c'était pour elle une occasion d'exeracer la charité; car pour n'être pas prise » au dépourvu, elle avait imaginé de « remplir la pomme de sa longue canne de pièces de monnaie: de cette manière « elle retirait de la promenade deux ef« fets bien salutaires, l'exercice du corps « et la satisfaction de faire du bien..... Un trait fera mieux connaître que tout « ce que je pourrais dire de sa dispo«sition bienfaisante et le caractère de « sa dévotion. Madame de Mauconseil, a son amie intime, étant à l'extrémité, elle a alla à sa paroisse et fit vou, si la ma« lade réchappait, de délivrer dix pri«sonniers.... La maréchale de Luxembourg aimait les inventions singulières. «Un jour qu'elle avait une fluxion, elle « imagina de faire monter sa chaise à por«teur dans son salon; et elle s'y trouva sibien qu'elle y resta tout l'hiver: peut« être que le tonneau de son amie,madame « du Deffand lui en avait donné l'idée; mais la chaise à porteur était bien pré« férable, puisque les glaces en intercep«tant mieux l'air et le froid, lui per« mettaient de jouir de la lumière..... La « maréchale de Luxembourg joignait à un a jugement sain cette promptitude d'esa prit que l'on nomme coup d'oeil chez les hommes, sans laquelle il n'y aurait ni grands peintres, ni habiles médecins, « ni grands généraux, qualité heureuse « qui dispense de la réflexion, et qui, «suivant les circonstances où l'on est placé, inspire de la confiance ou donne a de l'autorité: mais dans quelques situations que se trouve l'individu qui en « est doué, elle se fait reconnaître par des réponses simples, concises et d'une admirable justesse. Parmi plusieurs « mois de ce genre dont les amis de la «maréchale de Luxembourg ont cona servé le souvenir, je citerai celui que

[ocr errors]
[ocr errors]

་་་

[ocr errors]
[ocr errors]

«me rappelait dernièrement M. le che «valier de Bouflers, son neveu. La du« chesse de Biron, alors madame de Lau«<zun, lui avait douné pour ses étrennes « les portraits de Lafontaine et de Mo« lière, deux de ses auteurs favoris. Quel « est le plus grand des deux? lui deman«da-t-on. Celui-ci, répondit-elle sans « balancer, en montrant Lafoutaine, est « plus parfait dans un genre moins parfait. Académiciens, écrivains consom→ « més, évertuez-vous à faire des parallè « les, à découvrir des nuances, des traits « distinctifs, à assigner la mesure com«parative des talens et de l'esprit; une << femme sans lettres vous efface en se a jouant.

[ocr errors]
[ocr errors]

«M. de Bougainville. Je voudrais « rassurer les vieillards dont la tête est « branlante par un exemple de longévité. « Le célèbre navigateur Bougainville, que à les sciences et les lettres ont perdu l'année dernière à l'âge de 86 ans, était « depuis bien des années sujets à cette « incommodité; sa santé n'en était pas a moins bonne, et son esprit aussi aima«ble qu'étendu, n'en avait pas souffert. « Personne n'était d'une société plus « douce : cependant il était vif, et daus « sa jeunesse il avait été colère. J'ai en« tendu raconter au maréchal de Layis, dont il avait été aide-de-camp pendant la guerre du Canada, qu'à l'attaque d'un « fort, M. de Bougainville reçut, au plus « fort de l'action, une balle au front qui « le renversa. Un officier qui le vit tom«ber, s'écria, en s'adressant à M. de « Lavis qui était peu éloigné: Ah mor « Dieu! ce pauvre Bougainville vient « d'être tue. Eh bien, on Denterrera

a demain avec beaucoup d'autres, répondit froidement le général qui lui « était cependant fort attaché, mais qui, « dans un pareil moment, craignait, en « paraissant sensible à cette perte, de dé« courager les soldats. M. de Bougain« ville, n'était "qu'étourdi du coup, la « colère lui rendit la parole; il se releva, « en disant : Général, il me semble que «vous vous consoliez bien aisément de

ma mort pourtant vous ne me ferez a pas enterrer cette fois-ci..... M. de

[ocr errors]

Bougainville avait dès sa jeunesse le a goût des grands voyages. Pendant qu'il « était au Canada, il avait formé le pro« jet de traverser le continent de l'Amé«rique jusqu'au bord de la mer Paci« fique, malheureusement la guerre l'ep « empêcha; son journal eût été d'un tout << autre intérêt que celui du Mac_kensie ».

« M. de Calonne. M. de Calonne, intendant de Flandres et d'Artois, avant « d'être contrôleur-général, est un de ces personnages historiques, dont la mé• moire est liée aux grands évènemens qui « out amené la révolution. Je l'ai connu « aux différentes époques de sa vie, mi<<nistre tout puissant et proscrit. Je l'ai « toujours vu spirituel, léger, brillant, « rempli de graces et de goût, aimable dans toute la force du terme, parce « qu'il ne l'était jamais aux dépens de « personne; sans fiel, ni malignité, paralant avec impartialité de ses innombra<«<bles ennemis ; comme il avait de l'élé« gance dans les manières, de la galan<< terie, personne ne s'entendoit mieux « que lui à la décoration d'un apparte<< ment et à l'ordonnance d'une fête. Je « m'aperçois, en relisant ce que je viens « d'écrire, que j'ai tracé le portrait d'un « homme du monde fort aimable, et c'est « déjà la critique d'un homme d'état; car « il n'est pas, dans notre nature bornée « de réunir à tant d'agrémens, l'attention « et la patience que demandent les affai<< res publiques. Peut être ne trouveraa t-on dans l'histoire que César qui fasse « exception à une règle tirée de l'imperfection humaine. M. de Calonne avait un esprit vif, étendu et une extrême « facilité pour le travail; mais il s'y fiait a trop et donnait au plaisir des heures « précieuses que formaient, au bout de « la semaine, un deficit de temps aussi « difficile à combler que celui du trésor, « et qui contribuait à l'augmenter Il « s'exprimait avec autant d'aisance que « de grace, et connaissait toutes les res« sources de la dialectique. Dans une con« férence générale où tous les bureaux des « notables étaient réunis, seul et sans ♥ appui, il répondit à toutes les objec

« tions de ses nombreux adversaires....... « Aujourd'hui que les haines sont calmés, « ou plutôt que le combat a fini par la « mort des combattans, on peut juger « avec plus d'impartialité les deux con« trôleurs-généraux, dont la rivalité a si « long-temps occupé la France et divisé « les esprits. Pour moi, il me paraît évi« dent que M. Necker était bien supé«rieur à M. de Caloune, sous le rapport « des finances: je trouve, dans leur con<< duite privée, la preuve sensible de cette «< assertion : le Génévois avait acquis par « des sépéculations habilement combi<< nées, une immense fortune; le Fran « çais avait toujours dépensé au-deli de « son revenu, et même en entrant au mi«nistère, il était chargé de dettes : ce « n'était pas seulement le goût de la dé<< pense qui avait dérangé ses affaires Son « esprit léger, son imagination vive répu« gnaient au travail des chiffres, il avait « une insurmontable aversion pour cette « sêche arithmétique, qui est pourtant la « base de la prospérité des états, conime << ́elle l'est de Paisance des familles. C'é« tait, au contraire, la partie forte de M. << Necker; il joignait à l'économie, à l'or«dre indispensable dans une grande «< comptabilité, la connaissance de toutes « les ressources de la banque, des astuces « de l'agiotage, de la magie du crédit ; il « était lui-même maître passé dans cet art « de prestiges; mais des charges sans aug«< mentation des revenus, des emprunts << sans moyens d'amortissement, sont des << mesures ruineuses dont les nations we a tardent pas à se ressentir (*). Si main« tenant nous considérons ces deux mi«nistres sous le rapport politique, nous

trouverons que M. de Calonne, avec << des vues aussi grandes, n'était pointsys« tématique comme son rival, qu'il con«naissait mieux les Français, leurs qua«lités et leurs défauts; qu'il savait com

(*) M. de Levis ne s'est pas borné à ce jugement sur les opérations de M. Necker, par comparaison avec celles de à son rival; il lui a cousacré un article particulier que nous ferons connaître dans le prochain cahier.

« bien leur légèreté a besoin d'être con-
<< tenue, et que chez eux les discussions
« sérieuses dégénèrant en sanglantes dis-
a putes doivent être soigneusement évi
a tées. Au reste, ces personnages avaient
« tous deux beaucoup d'esprit, et dans
« un genre différent, des talens très dis-
« tingués; mais il leur manquait aussi des
« qualités essentielles pour être à la tête
« d'un grand état. Quelle différence pour
« la France, pour l'Europe entière, si M.
« Necker eut été seulement directeur des
« finances, chargé de l'assiete et de la
« perception de l'impôt, des opérations
« du trésor et des reviremeus de parties;
a si M. de Calonne eut été en même
« temps ministre des affaires étrangères,
« poste où un esprit juste et étendu
a comme le sien, aidé des manières les
plus séduisantes, aurait pû rendre de
« grands services; si surtout un homme
<«< grave et fort, possédant la confiance
<< exclusive du monarque et chargé par
« lui de la direction suprême du gouver-
<<< nement eut contenu dans les bornes
« de leurs départemens ces deux agens
« de l'autorité ! »

«

[ocr errors]

ANNONCES.

Fastes des Bourbons. Cet ouvrage sera composé de quinze livraisons chaque livraison contiendra deux estampes infolio, dessinées par un artiste distingué et gravées à l'aqua-tinta et imprimées en bistre anglais sur papier vélin. On souscrit chez Hacquart, éditeur rue Notre-Dame, près le Luxembourg. Prix de chaque livraison 5 fr. pour les personnes qui souscriront avant le 1er. septembre; 6 fr. pour celles qui ne souscriront qu'après: le prix de celles de ces estampes qui seront imprimées en couleur et retouchées au pinceau, sera de 9 fr. Dictionnaire des Sciences naturelles dans lequel on traite méthodiquement des différens états de la nature, considérés soit en eux-mêmes dans l'état ac

ouvrage

aux

tuel de nos connaissances, soit relati
vement à l'utilité qu'en peuvent tirer la
médecine, l'agriculture, le commerce et
les arts: suivi d'une Biographie des
plus célèbres Naturalistes :
destiné aux médecins, aux agriculteurs,
aux manufacturiers, aux artistes,
commerçans et à tous ceux qui ont intés
rêt à connaître les productions de la na-
ture, leurs caractères génériques et spé-
cifiques, leur lieu natal, leurs propriétés
et leurs usages; par plusieurs Profes-
seurs du Jardin du Roi et des principa
les écoles de Paris; c'est M. Cuvier
qui est chargé de la direction générale
de l'ouvrage.

et

L'ouvrage entier doit être composé de 30 volumes de 5 à 600 pages chacun, tirés sur papier fin, en caractères petit romain interligné. Les deux premiers volumes, avec un supplément et un cahier de planches seront mis en vente, paraîtront au plus tard dans trois mois, deux autres volumes et un cahier de planches le mois suivant ; et ensuite les nouveaux volumes et cahiers de planches seront publiés alternativement de mois en mois.

3 On souscrit à Paris chez Lenormant', à Strasbourg chez Levrault, à Bayonne chez Gosse, chez les principaux Libraires de France, et chez les principaux Libraires des plus importantes villes de l'Europe. Le prix de la souscription est fixé pour chaque volume de texte, papier ordinaire à 6 fr. pour chaque cahier de planches en noir, format in 8o. 5 fr., et format in-4°. 7 fr. 50 c. enluminé, format in-8°. 12 fr., format in-4o. 16 fr. Il n'a été tiré que trente exemplaires sur papier vélin, dont le prix pour chaque volume est de 25 fr La souscription sera fermée après la publication du huitième volume; et alors le prix du volume sera porté à 8 fr. et celui du cahier de planches à 7 fr. 50 c. Les souscripteurs ne paieront qu'après chaque livraison.

DE LA

LITTÉRATURE DE FRANCE

HUITIÈME CAHIER, 1816.

Prix

pour douze cahiers 15 francs.

[ocr errors]

cottés aux articles

Les doubles prix, séparés par un tiret annoncés dans ce journal, désignent le prix pour Paris, et celui franc de port par la poste, jusqu'aux frontières de la France. Ces prix doivent nécessairement augmenter dans l'étranger, vu les frais ultérieurs, en raison de la distance des lieux.

PREMIÈRE CLASSE.

HISTOIRE NATURELLE.

Histoire naturelle de Buffon, y compris ses traductions de la Statique des végétaux de Hales, et de la méthode des fluxions de Newton, réunis pour la première fois à la collection de ses Œuvres. 34 vol. in-8°. avec les cartes et toutes les figures gravées à l'eau forte, au nombre de plus de mille, toutes calquées sur l'édition in-12 du Louvre, et où les animaux sont rangés par familles. Chez l'Editeur, rue Hautefeuille, n°. 3. Prix : 255 fr.

que les OEuvres de Buffon; aucune matière n'y est altérée ni tronquée; toutes placés selon l'indication de l'auteur; les les additions, notes et supplémens y sont titres courans des pages indiquent les matières qui y sont traitées, ce qui n'existe dans aucune autre édition; enfin c'est la seule qui soit terminée par une table générale: c'est donc une bonne tion de luxe; et vu le petit nombre édition classique et nullement une édid'exemplaires qui en ont été tirés (300 exemplaires seulement sur beau papier ordinaire, et 25 seulement sur papier vélin, dont le prix est double), elle ne peut pas manquer de devenir très rare.

BOTANIQUE.

Cette édition ne renferme absolument Examen d'un ouvrage qui a pour Journal général, 1816, No. 8.

P

« PreviousContinue »