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donné d'excellentes éditions de classiques latins, remarquables par leur beauté et la correction du texte. Les collections entreprises par Foulis, Westein, Brindley, Sandby, etc., ne sont pas sans mérite, bien qu'elles ne renferment qu'un petit nombre d'auteurs.

Celle commencée en France par Coustelier, et continuée avec le même soin par Barbou, est digne de rivaliser avec les Elzévirs, sur lesquels elle l'emporte peut-être, par le caractère plus favorable à la vue. Les exemplaires complets, lorsque tous les volumes sont de première édition, se vendent assez cher, mais ceux en papier fin montent dans les ventes à un très-haut prix. Les éditions modernes des auteurs grecs et latins, imprimées à Manheim, Deux-Ponts, Bâle, etc., ont été exécutées avec un soin qui fait honneur à leurs éditeurs; toutefois il aurait été à désirer qu'on eût employé un papier au moins passable, ce qui fait croire qu'on a sacrifié un peu trop à l'intérêt.

Une collection qui paraît obtenir le suffrage des savans sous le rapport de l'exécution, de la bonté et de la pureté du texte, est celle des auteurs classiques latins entreprise par M. Lemaire. Il serait difficile de refuser les mêmes éloges à une collection semblable, moins avancée il est vrai, mais qui offre l'avantage d'un prix moins élevé. Nous voulons parler des classiques latins publiés par MM. Charles Gosselin et MameDelaunay, qui ont appelé au soin de la révision des textes et des commentaires de savans professeurs de l'ancienne Université, en leur associant des membres distingués de la nouvelle. Ce beau monument élevé à la littérature classique fait d'autant plus d'honneur aux éditeurs qui l'ont entrepris, qu'il est conçu et exécuté de manière à être admis dans les riches bibliothèques, sous le format in-8° (1), et chez le littérateur plus modeste, sous un élégant format in-12. A ces avantages les éditeurs ont ajouté celui de vendre séparément chacun des auteurs de leur collection.

(1) Il a été tiré un très-petit nombre d'exemplaires de ce format; aussi le prix en est-il de 30 fr. le volume. Le format in-12, quoique tiré sur papier fin d'Annonay, ne se vend que 5 fr. le volume.

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C'est au même libraire, M. Charles Gosselin, que le fameux poëte-bibliographe, sir Walter Scott, doit la belle édition française de ses œuvres, ornée de magnifiques vignettes.

M. Jules Didot imprime aussi dans ce moment, pour le compte de M. Lefèvre un de nos libraires les plus distingués, une jolie collection d'auteurs classiques grecs, latins, français, anglais, italiens, etc., de format in-32. Tout nous fait espérer qu'à la beauté typographique elle réunira cette pureté du texte qui distingue si éminemment toutes les éditions sorties des presses des célèbres imprimeurs de cette honorable famille.

Quant aux éditions des ouvrages modernes et dans les langues vivantes, il faut donner la préférence à celles qui ont été faites sous les yeux de l'auteur, ou avouées par lui, à moins que depuis sa mort on n'ait découvert des pièces importantes, authentiquement reconnues pour être de sa main. Malheureusement la réputation d'un homme célèbre devient, aussitôt son décès, la proie de spéculateurs avides, qui récoltent de toutes mains les pièces qu'on lui attribue, sans s'embarrasser si elles peuvent servir ou nuire à sa réputation pourvu qu'elles augmentent le nombre de volumes de l'édition qu'ils publient.

Parmi les auteurs modernes, il en est dont les ouvrages ont été enrichis de notes et de commentaires qui y ajoutent un nouveau prix telles sont les notes de Bret sur Molière, les commentaires de Laharpe, de Luneau de Boisjermain, de Geoffroi sur Racine, ceux de Voltaire sur Corneille, les notes et les remarques de Saint-Marc et Brossette sur Boileau, etc. Il y a encore des ouvrages français très-anciens contenant des expressions qui ne seraient plus intelligibles pour une partie des lecteurs, si l'on n'y avait pas joint des notes et même un glossaire; tels sont le roman de la Rose, les poésies du roi de Navarre, les œuvres de Rabelais, etc.

Après avoir parlé du choix des éditions, occupons-nous aussi de celui des exemplaires, et consignons quelques-unes des règles que l'on doit observer, lorsqu'on tient à n'en acquérir que de beaux.

D'abord on doit commencer par regarder la grandeur des marges, parce que sans elle il ne peut exister de beaux exemplaires. Il faut ensuite regarder si les feuilles ont été pliées avec soin et les cahiers cousus bien également, autrement il pourrait se trouver des parties du texte effleurées dans le haut ou le bas, bien que l'exemplaire parût bien complet au premier coup-d'œil.

Il faut que le papier ne soit pas trop roux ni maculé, comme cela arrive fréquemment dans les éditions imprimées en Allemagne, et qu'il ne se trouve aucune déchirure, aucun feuillet raccommodé ou doublé, soit pour le fortifier, soit pour couvrir quelques défauts. Il faut aussi qu'on n'y aperçoive aucunes taches, soit d'encre, soit de graisse bien qu'on ait découvert le moyen de les faire disparaître, c'est néanmoins un défaut essentiel, parcequ'on est obligé pour y parvenir d'enlever le feuillet, qui se trouve toujours un peu plus bas lorsqu'on le replace.

Plusieurs personnes ont l'habitude de souligner les passages qu'ils veulent rendre remarquables, soit avec de l'encre, soit avec un crayon; c'est à quoi il faut faire attention, parce que ces soulignures sont des taches qui font tort à l'ouvrage. D'autres, s'imaginant que leurs observations sont d'un grand poids, font encore plus de tort à un exemplaire en le chargeant de notes, parce que ces taches sont désagréables pour la plus grande partie des acquéreurs. Ces notes n'augmenteraient la valeur d'un livre qu'autant qu'elles seraient d'un homme bien connu par ses talens, encore serait-il nécessaire qu'il les eût rendues authentiques par sa signature, ou que son écriture fut bien connue, comme l'est celle de plusieurs grands personnages de nos jours dont on possède des originaux ou des fac-simile.

Lorsqu'un livre porte l'empreinte du cachet ou des armes d'un amateur connu par sa délicatesse dans le choix des exemplaires dont était composé son cabinet, il est toujours plus recherché. C'est ce que nous avons remarqué dans beau

coup de ventes, où celui qui présidait à ces ventes ne manquait pas d'annoncer que tel exemplaire venait de la bibliothèque de de Thou, du comte d'Horym, etc. Cette prédilection vient sûrement de l'idée que l'on a qu'un amateur délicat sur le choix des objets dont il enrichissait sa bibliothèque n'y admettait que des livres parfaitement bien con

servés.

CHAPITRE XXVII.

Des différens ornemens des livres, et particulièrement de la gravure et de la reliure.

Après la netteté et l'agrément des caractères, la beauté du vélin, du papier, des gravures et de la reliure constitue les principaux ornemens d'un livre. Ceux qui sont imprimés sur vélin sont recherchés, surtout lorsque celui-ci est blanc, fin et uni. Après le vélin, on estime le papier vélin, qui se reconnaît non-seulement à sa force et à sa blancheur, mais parcequ'on ne voit dans sa fabrication ni pontuseaux ni ver

geures.

Mais les ornemens que l'on recherche le plus aujourd'hui dans un livre sont les gravures; aussi sont-elles portées maintenant à un haut degré de fini et de perfection. Tous nos artistes français semblent rivaliser d'une noble émulation en consacrant leur burin à orner ces belles productions typographiques qu'enfante journellement l'imprimerie à Paris. Comme la gravure était encore dans son berceau lors de l'invention de l'imprimerie, nos premiers livres ne furent ornés que de gravures en taille de bois. Le plus ancien livre français orné de ce genre de gravure fut publié à Lyon, en 1488, par Topie de Pymont, et Jacques Heremberg. Il est intitulé: Saintes pérégrinations de Jérusalem et des lieux prochains du mont Sinaï, et de la glorieuse Catherine, ouvrage traduit du latin de Bernard de Breydenbach, par frère Nicole

le Huan, religieux carme du couvent de Pont-Audemer. Le second ouvrage imprimé en France avec des gravures en bois, est la traduction du Belial, qui parut en 1492. L'un et l'autre sont de format in-fol.

Maso Finiguerra, orfévre florentin, inventa la gravure sur métal ou en taille douce vers l'an 1460. Il orna de planches différens ouvrages publiés en Italie. Le premier de tous, d'après l'opinion de Mercier de Saint-Léger, fut un in-4, intitulé : Il monte santo di Dio, imprimé à Florence, en 1477, par Nicolo di Lorenzo, et qui a pour auteur Antoine Bettini, de Sienne, évêque de Foligno. Cet ouvrage s'est vendu, avec une seule planche, 610 francs chez le duc de La Vallière, et avec les trois planches qu'il doit avoir. 602 f. chez M. le cardinal de Brienne.

Le second livre, imprimé en Italie avec des gravures en taille douce, est le Ptolomée, de 1478, renfermant 27 cartes géographiques. Il s'est vendu 660 fr. en 1818, et 31 liv. 10 sch. à la vente de Willett en Angleterre. Le même éditeur, Nicolo Lorenzo della Magna, a publié aussi le Dante, avec gravures.

La gravure en taille douce ne fut exercée en Allemagne qu'en 1481; et le premier livre, portant une date certaine, qui renferme des estampes en ce genre, fut publié cette année. C'est le Missale herbipolense. La gravure fut connue en France environ dix ans après. M. de Fortia veut même en reculer l'époque jusqu'à Léon Daven qui gravait en 1540.

Dès l'origine de l'imprimerie, on orna les livres de lettres tourneures. On nomma ainsi ces sortes de lettres de leur forme contournée et entourée ordinairement de fleurs et d'ornemens. Elles forment des lettres capitales qu'on peignait souvent de diverses couleurs rehaussées d'argent ou d'or.

Un autre ornement que les imprimeurs plaçaient en tête des anciennes éditions, ce sont les vignettes, ainsi nommées parce que leurs premiers dessins, d'après ceux des manuscrits, offraient des feuilles de vigne. Suivant l'opinion com

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