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AVIS DE L'ÉDITEUR.

Dès l'année 1814, l'éditeur de la Revue bibliographique avait formé le projet de présenter, du même coup d'œil, l'état des richesses littéraires de l'Europe, en faisant connaître, dans un recueil périodique, non-seulement les ouvrages publiés annuellement dans le royaume des Pays-Bas, mais encore ceux qui l'étaient en France, et, autant que cela serait possible, dans le reste de l'Europe. Ce vaste plan devait avoir pour résultat de donner une grande impulsion au commerce de la librairie, d'augmenter les débouchés de ses produits, et de faire naître dans tous les pays où la littérature et les beaux-arts sont en honneur, cette rivalité, cette heureuse émulation, source du bien et du beau dans tous les arts.

Mais l'éditeur ne craint point d'avouer le motif qui l'a forcé de suspendre, pendant quelques années, l'exécution de ce plan. La typographie, en Belgique, était alors bien loin de l'état florissant où elle est maintenant. Les fonderies de caractères et les fabriques de papier étaient hors d'état de lutter avec celles de nos voisins; les bons ouvriers étaient rares, et il fallait du temps pour en former; les auteurs étaient obligés de confier à des presses étrangères le fruit de leurs veilles; et les éditeurs, n'osant consacrer leurs capitaux à des entreprises dont le succès leur paraissait douteux, n'essayaient point ces vastes spéculations de librairie qui font à la fois les grandes fortunes et les grandes réputations.

Dans cet état de choses, le royaume des Pays-Bas n'aurait occupé qu'un rang très-secondaire dans la Revue bibliographique : l'ajournement de cette entreprise était un devoir pour l'éditeur, puisqu'il était dans l'intérêt de la gloire nationale.

Deux années après, quelques ouvrages remarquables sortirent de nos presses, et l'un d'eux eut même à Paris les honneurs d'une réimpression: ce sont les Considérations sur l'histoire des principaux conciles, par de Potter. Vers la même époque, elles livrèrent encore au public la Méthode d'éducation, par Lancaster, Goldsmith's roman history, la Grammaire anglaise de Cobbett, la Vie du maréchal Ney, etc, etc.

En 1822, des améliorations nombreuses se faisaient déjà remarquer. Toutes les branches qui concourent au perfectionnement de l'art typographique avaient reçu, soit des circonstances, soit des encouragemens d'un gouvernement éclairé, une impulsion telle, qu'on pouvait espérer que, bientôt, le royaume n'aurait presque plus rien à envier à l'étranger. Rien ne s'opposait plus dès lors à ce que la Revue. parût; et, en effet, à compter de cette même année 1822, elle fit connaître aux nations lettrées que les Elzevir, les Plantin, les Verdussen, les Merkus, etc., avaient laissé des successeurs; et, en appelant sur nos presses l'attention du nord de l'Europe, elle exerça la plus heureuse influence sur leurs efforts, leurs progrès et leur prospérité.

La Revue bibliographique n'a pas cessé de tendre vers ce noble but, depuis 1822, et même depuis 1814, puisque tous les ouvrages qui avaient été imprimés en Belgique, dans l'intervalle de ces deux époques, ont figuré successivement dans le premier volume de la collection.

L'éditeur croit maintenant devoir faire connaître les améliorations que va éprouver, à compter d'aujourd'hui, la rédaction de cette Revue.

En s'engageant à annoncer un ouvrage, l'éditeur avait imposé aux auteurs ou imprimeurs la condition de déposer à son bureau un exemplaire de l'ouvrage qu'ils publieraient. Cette condition était juste, et elle était dans leur intérêt; une grande partie d'entre eux l'ont remplie. Mais quelques-uns ont négligé de le faire, et peut-être pourrait-on trouver la cause de cette insouciance dans la conduite de l'éditeur. Celui-ci a ouvert à tous, avec la plus grande impartialité, cette espèce de muséum littéraire, et l'imprimeur inexact n'a pas été traité plus mal que les au

tres.

Désormais cela n'aura plus lieu. Tous les ouvrages imprimés dans le royaume seront annoncés; et, en cela, la Revue ne perdra rien de son importance et de son utilité : mais les noms des imprimeurs et éditeurs ne seront plus indiqués, lorsque la formalité de la remise d'un exemplaire n'aura pas été remplie.

Sur le dépôt d'un second exemplaire, on analysera l'ouvrage, et on le jugera sous le double rapport du fond et de l'exécution typographique.

Un autre objet mérite aussi de fixer l'attention des lecteurs de la Revue bibliographique. Plusieurs articles ayant été annoncés sans désignation de prix, des réclamations ont eu lieu de la part des libraires étrangers. L'éditeur désire qu'elles ne se renouvellent plus, et il réitère à quelques libraires du royaume l'invitation de faire connaître exactement leurs prix : il n'est aucun d'eux, sans doute, qui ne sente combien il est nécessaire à la réputation de sa maison,

que son silence sur ce point ne reçoive pas une interprétation défavorable, et de quelle importance il est de faire disparaître la juste méfiance que l'étranger aurait pu en

concevoir.

Depuis son établissement jusqu'à ce jour, la Revue bibliographique a suivi le mouvement progressif dont elle signalait les résultats, et, d'année en année, le nombre de ses lecteurs s'est augmenté considérablement. L'éditeur va prendre de nouvelles mesures pour donner à ce recueil la perfection dont il est susceptible. La librairie étrangère présentait encore des lacunes considérables; une correspondance active viendra peu à peu la faire disparaître. Rien, en un mot, ne sera épargné pour élever un monument à la fois honorable pour le royaume et utile aux hommes lettrés de tous les pays.

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