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DES

CONTEMPORAINS,

OU NOUVELLE

BIOGRAPHIE,

SEULE ÉDITION, DANS LAQUELLE SE TROUVENT RÉUNIS LES HOMMES
MORTS OU VIVANS, DE TOUTES LES NATIONS, QUI SE SONT FAIT
REMARQUER A LA FIN DU 18me SIÈCLE ET AU COMMENCEMENT DE
CELUI-CI, PAR LEURS ÉCRITS, LEURS ACTIONS, LEURS TALENS,

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LEURS VERTUS OU LEURS CRIMES.

SECONDE ÉDITION,

Augmentée de deux volumes de Supplément et de 100 Portraits.

TOME TROISIÈME.

BRUXELLES,

AUG. WAHLEN ET COMP, IMPRIMEURS-LIBRAIRES.

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Bouches-du-Rhône. Chargé, en 1816, par les princes, d'une mission auprès du roi de Prusse, ce monarque lui fit présent de son portrait enrichi de diamans. Le vicomte de Bruges, possède, presqu'au même degré que son frère, la confiance de Monsieur, et ses opinions bien connues le rendent digne de cet honneur.

BRUGMANS (SEBALD-JUSTINUS), professeur de médecine, de chimie, de botanique et d'histoire naturelle, à l'université de Leyde, inspecteurgénéral du service de santé de l'armée et de la marine de S. M. le roi des Pays-Bas, chevalier de l'ordre du lionbelgique, membre de la première classe de l'institut royal des Pays-Bas, et de plusieurs académies et sociétés littéraires, naquit à Franeker (Frise), le 24 mars 1763. Il fit ses études d'abord à l'université de Groningue, où son père professa les mathématiques et la physique, et ensuite à Leyde. Destiné par ses parens à entrer de bonne heure dans le corps du génie, il s'appliqua aux sciences, dont la connaissance est particulièrement nécessaire pour faire des progrès dans cette partie; quoiqu'il ait ensuite renoncé à ce projet, il n'en continua cependant pas moins ses études dans les sciences exactes, auxquelles il joignit celles de l'histoire naturelle, de la botanique et de la médecine. Il n'avait que dix-huit ans lorsqu'il fut reçu docteur en philosophie à Groningue, en 1781. A cette occasion, il publia une description géognostique, d'après le système de Wallerius, des pierres qu'on trouve dans les environs de cette ville (Lithologia groningana). Il remporta dans la même année, un prix qui lui fut décerné par l'académie royale de Dijon, pour sa réponse à la question proposée par elle, savoir: Quelles sont les plantes inutiles et vénéneuses, qui infectent souvent les prairies, et diminuent leur fertilité, et les moyens les plus avantageux d'y en substituer de salubres et d'utiles, de manière que le bétail y trouve une nourriture saine et abondante? Cette dissertation a été

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imprimée à Groningue en 1783. L'académie royale de Bordeaux avait proposé au concours cette question : Existe-t-il quelque indice sensible, qui puisse faire connaître aux observateurs les moins exercés, le temps où les arbres et principalement les chénes cessent de croitre, et où ils vont commencer à dépérir; et ces indices (en supposant qu'il y en ait ) ont-ils généralement lieu, et affectent-ils nè-* cessairement les arbres venus dans toutes sortes de terrains? M. Brugmans se mit au nombre des concurrens, et ne fut pas moins heureux à Bordeaux, en 1782, qu'il ne l'avait été l'année précédente à Dijon; son mémoire obtint le prix. Il publia, dans le cours de l'année 1783, une dissertation sur un météore sulfureux, accompagné de phénomènes particuliers, surtout par rapport à la végétation des plantes, qui avait été observé en juin 1783, à Groningue, ainsi que dans une grande partie de l'Europe. L'académie de Berlin lui décerna un prix en 1785, pour son mémoire sur l'ivraye. Voilà donc trois prix académiques remportés par M. Brugmans, encore étudiant, et obtenus en pays étranger pour des Mémoires écrits dans une langue qui n'était point celle de son pays. Il est sans doute peu d'exemples d'une si prodigieuse étendue de connaissances, dans un âge si peu avancé. M. Brugmans songea alors à embrasser un état, et se décida pour celui de médecin. Il reçut publiquement à Groningue en 1785, le bonnet de docteur en médecine, en publiant une dissertation de Puogenia, dans laquelle il établit, par des expériences nouvelles, 1° la différence qu'il y a entre le pus et entre tous les autres fluides animaux; 2° que le pus est formé par une vêritable sécrétion pathologique. Vers la fin de cette année, il fut appelé à la chaire de professeur de physique et de philosophie,à l'académie de Franeker, que son père avait occupée autrefois, et qui se trouvait vacante par le départ du célèbre professeur Van

Swinden pour Amsterdam. Après un enseignement de quelques mois, il quitta cette place pour occuper celle de professeur de botanique à l'université de Leyde, et prononça, à cette occasion, un discours sur la nature du sol de la Frise (de naturá soli Frisici exploranda); ce discours a été imprimé en 1787. Lorsqu'il prit possession de sa nouvelle chaire dans la première université de la Hollande, il prononça, au mois d'octobre 1786, un discours sur l'utilité d'une connaissance plus exacte des plantes indigènes (de accuratiori plantarum indigenarum notitiâ maximè commendanda). Ce discours fut publié l'année suivante, et extraordinairement bien accueilli des plus savans naturalistes. Depuis cette époque, la direction du jardin botanique de l'université, un des plus riches et des plus célèbres de l'Europe, a été confiée à M. Brugmans, qui fut en outre nommé, en 1787, par les curateurs de cet établissement, professeur d'histoire naturelle, nouvelle chaire qui fut jointe à celle de la botanique. A cette occasion, il prononça un discours analogue à la circonstance. L'histoire naturelle, étant enseignée par un professeuraussi habile que M. Brugmans, dès-lors grand nombre de personnes commencèrent à s'y appliquer avec une ardeur prodigieuse. Tel est toujours l'ascendant d'un talent supérieur, qu'il anime tout ce qu'il touche, et fait passer dans toutes les ames, ce feu sacré qui seul, dans les arts et les sciences, fait atteindre à la perfection. Le cabinet d'anatomie comparée que M. Brugmans s'est formé lui-même, et qui est, sans contestation, un des plus complets que possède aucun particulier, ne contribua pas médiocrement à favoriser cette étude de l'histoire naturelle. Ce cabinet lui sert, depuis trente ans, à enseigner les principes de la zoologie et de la physiologie, tant générale que particulière de l'homme. Cette collection est l'objet de l'admiration de de tous les connaisseurs qui visitent les établissemens de l'université, et M.

Cuvier en a fait particulièrement l'éloge dans son rapport sur les établissemens d'instruction publique, existant en Hollande. En 1791, M. Brugmans fut nommé membre de la faculté de médecine; et cédant aux instances des curateurs de l'université, il se chargea, en 1795, de l'enseignement de la chimie, la chaire de cette partie étant devenue vacante, par la mort du professeur Voltelen, et ce ne fut que par suite des sollicitations les plus flatteuses, qu'il se décida à continuer ses leçons dans cette science. C'est en cette nouvelle qualité qu'il prononça, en 1800, un discours sur les services rendus par Boerhave, la chimie (de meritis Hermani Boerhavii in Chemiam). M. Brugmans, ayant fait une étude particulière de l'hygiè ne militaire et de tout ce qui a rapport à l'organisation et à l'administration des hôpitaux, fut consulté en 1794, par les états députés de la Hollande, sur les mesures à prendre pour l'établissement des hôpitaux à ouvrir aux malades et blessés des armées alliées, qui, à cette époque, se retiraient vers l'intérieur de cette province. Les Hanovriens ayant été placés dans le grand hôpital de Leyde, M. Brugmans, qui habitait cette ville, fut à même de leur rendre des services signalés. Après la révolution de 1795, il fut appelé à rédiger un plan d'organisation du service de santé pour l'armée hollandaise, et à disposer en même temps, avec les commissaires français, tout ce qui concernait le service des hôpitaux, pour leurs malades et blessés. Le plan qu'il présenta fut adopté en totalité, et sur l'invitation du gouvernement, il se chargea de son exécution en acceptant la direction du service de santé de l'armée, qui, en conséquence, fut réorganisé et mis sur un pied respectable, de sorte qu'il obtint souvent les éloges des étrangers, qui l'avaient jugé digne d'une attention particulière. L'armée hollandaise doit à cette institution, une pharmacie centrale, et un laboratoire chimique établi à la

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Haye, où l'on prépare, avec une trèsgrande économie, les médicamens dont le gouvernement a besoin pour ses troupes. Lorsque, sous le roi Louis Napoléon, presque toutes les institutions subirent des modifications ou des changemens, le service sanitaire n'en reçut point; au contraire son chef obtint les titres de directeur-général du service de santé et de conseiller-d'état, il fut en outre nommé médecin consultant du roi,qui savait aprécier ses talens extraordinaires. Lors de la réunion de la Hollaude à l'empire français, la place de directeur-général ayant été supprimée, par suite de lintroduction de l'organisation française dans cette partie du service, M. Brugmans fut nommé inspecteur-général du service de santé des armées. La réputation de ce savant était, pour ainsi dire, devenue européenne, et les soins qu'il prodigua aux militaires de toute arme, l'avaient fait connaître plus particulièrement à l'empereur, qui, en organisant les universités des provinces hollandaises, qu'il venait d'attacher au grand empire, le nomma recteur de l'académie de Leyde, place non-seulement trèshonorable, mais dont il profita pour rendre d'éminens services à cet établissement; il obtint pour l'académie la faveur, bien rare alors, de pouvoir conserver toutes ses anciennes propriétés et possessions, le gouvernement se chargeant en outre de payer les dettes contractées par cet établissement, sous l'administration précédente, et le dotant encore d'une somme de 100,000 francs par an. M. Brugmans, en servant tous les gouvernemens qui avaient successivement régné sur la Hollande, n'avait fait que servir son pays, et ses concitoyens ayant recouvré leur indépendance en 1813, il fut encore appelé, par le nouveau roi, à donner ses soins au service de santé militaire. Il fut chargé d'abord de l'organisation de cette partie dans les provinces méridionales du royaume, et ensuite mis à la tête de toute cette administration, avec le titre d'inspecteur-général. S. M. y ajouta

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quelque temps après, le service de santé militaire pour la marine et les colonies. Le grand laboratoire de chimie et de pharmacie à la Haye, fut rétabli, et les médicameus qui s'y préparent, sont maintenant distribués tant pour le service de la marine et des colonies, que pour celui de l'armée de terre. Les services importans rendus par M. Brugmans à l'armée en 1799, lors de l'invasion anglaise dans la Nord-Hollande, et en 1809, dans la Zélande et le Brabant, lorsque les Anglais avaient fait une expédition contre ces provinces, furent encore surpassés en 1815, à l'époque mémorable de la bataille de Waterloo. Le zèle et l'activité que déploya M. Brugmans, dans ces momens critiques, sont au-dessas de tout éloge; seul, il dirigea tout le personnel du service important de santé ; il fut toujours là où sa présence était nécessaire; rien ne manqua aux blessés. Ses soins ne furent pas prodigués seulement aux blessés des troupes de Pays-Bas et de celles des alliés; les Français prisonniers furent soignés avec ce zèle que l'humanité, supérieure aux déplorables distinctions de l'esprit de parti, inspire toujours aux ames généreuses. La sagesse de ses mesures prévint les suites ordinaires de l'accumulation des cadavres sur le champ de bataille, au milieu de l'été. Lors de son arrivée à Bruxelles, cette ville entière n'était qu'un vaste hôpital, dans lequel se trouvaient confondus 20,000 blessés des diverses armées. En très-peu de temps, cette masse énorme de malheureux eut tout ce qui était nécessaire pour leur traitement, tant sous le rapport du personnel que du matériel. Les cures y ont été aussi promptes que nombreuses. Il est digne de remarque, que, depuis vingt ans, on n'a observé dans les hôpitaux qui se sont trouvés sous la direction de M. Brugmans, ni fièvre contagieuse, ni gangrène d'hôpital. Les grandes occupations attachées aux places qui lui étaient successivement confiées, empêchèrent le savant professeur de se livrer pendant

long-temps aux travaux du cabinet. Cependant, il remporta encore un prix en 1814, pour un Mémoire adressé à la société des sciences à Haarlem, sur la nature du miasme de cette terrible maladie dont il avait su défendre l'entrée dans les hôpitaux confiés à ses soins. M. Brugmans a trouvé la récompe se de ses utiles travaux dans la reconnaissance publique et les marques d'estime que lui ont données son souverain et les plus grands mouarques de l'Europe. S. M. Guillaume Ior, Tui conféra d'abord le rang et le titre de général-major, et le nomma chevalier de l'ordre du lion-belgique. L'empereur de Russie le nomma chevalier de l'ordre de St-Anne, 2 classe; le roi de Prusse lui donna la décoration de l'ordre de l'aigle-rouge, 3° classe, et le roi de France lui a conservé celle de la légion d'honneur. M. Brugmans a été chargé successivement de diverses missions importantes, qu'il a toujours remplies à l'entière satisfaction de ses commettans. Placé à la tête de la commission nommée pour la rédaction d'un code pharmaceutique pour toute la Hollande, il fut un des principaux auteurs de la Pharmacopoea batava, publiée en 1805, par ordre du gouvernement, ouvrage regardé comme un des meilleurs dans ce genre. Ses collaborateurs étaient les professeurs P. Driessen et G. Vrolik, et les médecins J. R. Deimans et G. G. Ten Haaf. Il a été rendu, de cet ouvrage, un compte très-détaillé dans les Annales des sciences et arts dans le royaume de Hollande, rédigées sous les auspices de M. S. Meerman, tom. 2, p. 50, et suivantes. M. Brugmans est encore aujourd'hui président perpétuel d'une réunion d'hommes instruits, instituée pour travailler à l'amélioration de l'art vétérinaire dans sa patrie; c'est par ses soins que l'état des vétérinaires attachés aux régimens de l'armée, a été beaucoup amélioré. En 1815, il fut envoyé par S. M. le roi des Pays Bas, à Paris, afin de réclamer, de la part de son souverain, le cabinet d'histoire naturelle qui avait été enlevé en

1795, de la Haye, par les commissaires français. M. Brugmans, après avoir réussi parfaitement dans cette mission, a eu la satisfaction de voir que S. M. a fait présent de cette riche collection à l'université de Leyde, où elle se trouve maintenant exposée et arrangée systématiquement par le savant professeur, qui l'a rapportée dans sa patrie, où elle sert actuellement à l'instruction publique, et excite l'admiration de tous ceux qui viennent la visiter. Indépendamment des ouvrages dont il a été fait mention plus haut, on lit encore dans le premier volume des Mémoires de l'institut de Hollande, des observations de M. Brugmans sur la natation des poissons, dans lesquelles il fait connaître une force jusqu'ici ignorée, qui donne aux poissons une impulsion indépendante de celle que produisent la queue et les nageoires.

BRUGNATELLI (Louis), professeur de chimie à l'université de Pavie, sa patrie, membre de l'institut italien et d'un grand nombre d'autres sociétés savantes, a traduit, publié, rédigé ou composé une immense quantité d'ouvrages, dont les principaux sont : Elementi di chimica, appogiati alle più recenti scoperte chimiche e farmaceutiche, Pavie, 1804, 4 vol. in-8.- Farmacopea ad uso degli speziali e medici moderni della repubblica italiana, Pavie, 1802, in-8.-Farmacopea ad uso degli speziali e medici moderni; ossia dizionario delle preparazioni farmaceutico mediche, Pavie, 1807, in-8, et 1816 (Cet ouvrage, qui est une nouvelle édition du précédent, a été traduit en français, avec des notes et des additions, par L.-A. Planche, Paris, 1811, 2 vol. in-8).

- Annali di chimica, in-8, Pavie.Materia medica, faisant suite à la pharmacopée et dont une nouvelle édition a paru cette année (formant plus de 20 volumes). - Riforma alla nomenclatura chimica. Bibliotheca fisica d'Europa, in-8, Pavie (Ce journal a, au moins, une vingtaine de volumes). Giornale fisico - medico,

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