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combien la coupe
de la faveur est eni-
vrante, comme cette considération lui
méritera, de notre part, l'indulgence
que nous nous retrouverons si souvent
eucoré dans la nécessité d'accorder à
tant d'autres.

CARRIER (JEAN-BAPTISTE), député
à la convention nationale, né à Yolay
en Auvergue (Cantal), en 1756, exerçait
à Aurillac, capitale de cette province,
l'état de procureur, à l'époque où éclata
la révolution. Un tempérament ardent,
un enthousiasme fauatique et féroce, et
peu
de lumières, l'entraînèrent bientôt
hors de toutes les bornes et annoncèrent
dès-lors à la France, l'un des hommes qui
devaient un jour l'épouvanter par leurs
forfaits, noyer la liberté dans le sang
de ses défenseurs, et rendre la révo-
lution en horreur au monde. Il publia,
dès le commencement de l'année 1790,
plusieurs écrits qui provoquèrent la
juste sévérité des lois, et fut poursuivi
comme auteur de libelles incendiaires.
Cette sorte de persécution ne fit que
l'enflammer davantage, et le recom-
manda à la faction ténébreuse, mais
déjà puissante du concours de toutes
les passions populaires, qui méditait
l'eutière subversion de l'ordre social.
Député, en septembre 1792, par le
département du Cantal, à la conven-
tion nationale, il ne tarda pas à déve-
lopper dans cette assemblée toute la
perversité de son ame. Il se rallia,
dès l'ouverture de la session, aux
hommes, que les feuilles séditieuses et
sanguinaires de Carra et de Marat dé-
signaient, depuis long-temps, comme
les seuls patriotes, et obtint lui-même
toute leur confiance. Déjà digne d'être
l'instrument des abominables projets
qui se tramaient coutre la France, on
l'entendit, déjeûnant dans un café de
Paris, soutenir que pour rendre la ré-
publique plus florissante et plus heu-
reuse, il fallait supprimer( ce fut l'ex-
pression dont il se servit) les deux tiers
de sa population. Lors du jugement de
Louis XVI, il vota la mort de ce prin-
ce, sans appel et sans sursis; se déclara
l'un des plus fougueux ennemis du parti
que lui et ses pareils désignaient sous

le nom de faction de la Gironde ; con-
vertit en motion la demande des chefs
salariés de quelques sections de Paris
qui réclamaient, le 9 mars 1793, l'éta-
blissement du tribunal révolutionnaire;
demanda l'arrestation du duc d'Orléans
et de M. de Sillery; insista pour que
des mesures de rigueur fussent prises
contre Pétion et les députés qui vo-
taient avec lui; et proposa de retran-
cher aux députés du côté droit le trai-
tement dont jouissaient tous les mem-
bres de la convention. Il montra, aux
31 mai, 1er et 2 juin, un acharnement
extraordinaire, même dans sa faction,
coutre les honorables victimes de ces
journées, et fit mauder à la barre deux
administrateurs de son département,
qu'il accusa d'avoir protesté contre el-
les. Envoyé par la faction usurpatrice,
après le triomphe qu'elle venait de rem-
porter à Paris, dans le département du
Calvados, où s'étaient réunis les cou-
rageux proscrits qui venaient de tenter
un dernier et inutile effort en faveur de
la liberté, Carrier écrivit de Caen à
la convention, pour lui annoncer son
entrée dans cette ville, et le suicide de
Fourny, général de la division de Cou-
tances. A la suite de cette mission, pen-
dant laquelle il avait fait connaître tout
ce dont il était capable, il reçut du
comité de salut public, en octobre
1793, l'ordre de se rendre à Nantes
au moment où la guerre civile était dans
toute sa force. Il n'est pas inutile de
peindre ici, en peu de mots, la situa-
tion où se trouvaient alors les provinces
insurgées de l'Ouest; l'incendie des
villages, les massacres précédemment
exécutés par les ordres de quelques-
uns des généraux de la république, sur
les habitans des villes et des campa-
gues; les représailles exercées dans les
deux partis; l'opiniâtre résistance des
Vendéens; les victoires récentes qu'ils
venaient de remporter ; tout concourait
à porter au plus haut point d'exaltation
et de fureur la haine des partis et le be-
soin de la vengeance, qu'une politique
modérée et temporisante, soutenues de
celles
que
forces plus considérables
le comité de salut public pouvait alors

que

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