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dans ses propriétés s'arrêta quelques jours à Aix, et obtint de l'empereur de Russie un entretien dont les journaux des Pays-Bas ont rendu compte, et qui n'a point été démenti. Cet entretien ou Alexandre a manifesté toute sa haine pour Parbitraire et témoigné ses incertitudes à l'égard des sentimens constitutionnels d'un prince appelé à monter sur un des premiers trônes du continent, a retenti dans toute l'Europe (*); il serait, sans doute à désirer que la France fût fondée à partager la confiance que le marquis Maison, sacrifiant trop, peut-être, comme pair, au sentiment de ses devoirs, s'est crû obligé d'exprimer dans sa reponse à Alexandre; mais, par malheur, il n'en est pas ainsi; et la France, d'accord avec tous les hommes éclairés de l'Europe, qui ne jugent pas des vrais sentimens des princes sur de vaius discours, mais bien par les actes de toute leur vie, n'a pas ratifié les favorables augures du pair français, dont il peut être, du reste, permis d'accuser la prévoyance, mais jamais la franchise et le noble caractère.

MAISONFORT (Le marquis DE LA), né dans le Berri, en 1763, était officier de cavalerie, à l'époque de la révolution. Il émigra; servit dans l'armée des princes; et, après le licenciement, alla se fixer à Brunswick, où il établit, en societé avec le libraire Fauche-Borel, une imprimerie qu'il abandonna ensuite pour se rendre à Hambourg, puis à Pétersbourg et à Londres. Devenu l'un des agens les plus intrigans et les plus actifs des Bourbons, la Maisonfort vint à Paris, en 1800, pour y servir leurs intérêts. Arrêté et mis auTemple,il fut ensuite envoyé à l'île d'El be, où il ne se doutait pas, sans doute, qu'il fût le maréchal-des-logis de Bonaparte. Ayant réussi à se sauver de cette ile, il se rendit en Russie, où M. de Blacas était alors chargé des intérêts du prétendant. Il s'y lia avec cet agent royal, et se dévoua personnellement à lui. Revenu avec les Bourbons, en 1814, le marquis de la Maisonfort fut nommé membre de la chambre des députés, où il se montra ce qu'il avait toujours été : homme d'esprit ; intrigant habile; et toujours prêt à sacrifier son opinion personnelle à celle qui pouvait être utile à son crédit. A peine la

(*) Voyez l'Oracle et le Libéral de Bruxelles, fin d'octobre 1818.

session fut elle terminée,que la Maisonfort fut fait directeur du domaine extraordinaire, et réunit cette place à celle de conseiller-d'état en service extraordinaire, à laquelle il fut nommé, en janvier1816. M. de la Maisonfort a écrit beaucoup et avec talent, sur des matières politiques, mais presque toujours sous le voile de l'anonyme; ce voile est néanmoins tellement leger, que nous n'hésitons pas à lui attribuer tous les ouvrages, dont nous faisons suivre la liste. Nous devons cette justice à M. de la Maisonfort,que, si l'esprit de parti le plus violent et, par cela même, la plus révoltante injustice, ne dictaient pas tous les jugemens de cet écrivain, ses ouvrages pourraient être souvent consultés avec fruit.Voici les titres de quelques-unes des productions auxquelles il a attaché son nom etde celles qui,quoique sans nomd'au. teur, ne lui appartiennent pas moins: État reel de la France à la fin de 1795, 1796, 2 vol. in-8. Lettres sur la mythologie, qu'il a intercallées dans une édition de Dumoustier, imprimée par lui, à Brunswick, en 1798. Dictionnaire biographique et historique des hommes marquans de la fin du 18° siècle, et plus particulièrement de ceux qui ont figuré dans la révolution française, Hambourg, 1800, 3 vol. in-8. Cet ouvrage a eu une seconde édition, Leipzig ou Breslau (Paris), 1806, 4 vol.; et un abrégé ou imitation incomplète et très-fautive, Paris, 1815, 2 vol. in-8; 2o édition, 1816,3 volumes.

MAISSE, député des Basses-Alpes à la convention nationale, était officier municipal à Digne, lorsqu'il fut appelé à la convention; il y vota la mort de Louis XVI, avec appel au peuple et sursis; signa depuis la protestation du 6 juin 1793 contre la montagne; et fut un des soixante-treize députés décrétés alors d'arrestation, puis réintégrés dans le corps légis latif après le 9 thermidor. Envoyé en mission près de l'armée d'Italie en 1795, il passa, en septembre, au conseil des cinqcents, d'où il sortit le 20 mai 1797; fut alors employé en qualité de commissaire du directoire dans son département.

il

MAISSIAT (MICHEL), né à Nantua le 19 septembre 1770, chef d'escadron au corps royal des ingénieurs - géographes militaires, et chevalier de la légion d'honneur, fut du nombre des volontaires levés en 1792, pour former les ba

taillons du département de l'Ain; il fit sa première campagne à l'armée des Alpes dans la même année. Il fit ensuite les différentes campagnes d'Allemagne et du Rhin. Le 20 août 1793, se trouvant cerné avec une grand'garde qu'il commandait dans une ile de ce fleuve, il parcourut quatre lieues de pays à travers l'armée ennemie qui avait repoussé l'armée française jusqu'à Lauterbourg, et, après avoir couru les plus grands dangers, il arriva dans cette ville le second jour, ramenant la plus grande partie des braves volontaires qu'il commandait. Quoique officier d'infanterie, on le désigna souvent pour reconnaître des batteries ennemies, et ses renseignemens ayant contribué au succès des attaques, on l'appela à l'étatmajor-général de l'armée, où il fut fait adjoint aux adjudans - généraux en 1795. Chargé des reconnaissances militaires, il se livra entièrement à la topographie, et fut bientôt compris au nombre des ingénieurs-géographes de l'armée du général Moreau. Il coopéra au levé de la Carte des départemens réunis, exécutée sous la direction du colonel Tranchot, et présentée, en 1810, au concours pour le prix décennal de topographie. M. Maissiat fut un des officiers à qui la classe des sciences physiques et mathématiques de l'institut décerna le prix de 2o classe. On lit dans le rapport du jury: « La Carte des départemens réunis de la rive gauche du Rhin est l'ouvrage le plus complet qui ait jamais été exécuté, et présente, dans toutes ses parties, toute la perfection dont chacune est susceptible. » Cet officier vient de publier (1818), un Mémoire sur le perfectionnement de quelques instrumens de géométrie pratique (la boussole et le rapporteur ), et l'invention d'un autre instrument (le géommomètre), propre à disposer sur les plans et cartes les hauteurs et l'inclinaison des écritures, et à diviser sans compas les lignes droites. L'application qu'il fait de ces instrumens est d'un grand avantage pour le figuré du terrain, le dessin de l'architecture et de la fortification, et pour les teintes formées de lignes parallèles ou concourantes en un seul point dans la gravure. M. Maissiat est attaché depuis quelques années, au bureau topographique du dépot de la guerre.

MAISTRE (Le comte JOSEPH DE), né à Chamberi en Piémont le 1er avril

1753, d'une famille originaire de Languedoc, devint sénateur à Chamberi en 1787, et émigra en 1793, après l'invasion des Français dans la Savoie. Nommé en 1799, regent de la grande chancellerie de Sardaigne, il suivit son souverain dans l'ile de Sardaigne lorsque ce prince fut obige de s'éloigner du continent, et il fut envoyé, en 1804, comme ministre plénipotentiaire à la cour de Russie. Il est un des six membres nationaux non-réside s de l'académie royale des sciences de Turin, reconstituée en 1815, et chevalier grand'croix des ordres de St-Maurice et St-Lazare. On connait de lui entre autres écrits: Eloge de Victor Amédée 111, imprimé à Lyon en 1775.. Adresse de quelques parens des militaires savoisiens à la nation française, 1795. Ouvrage dont Mallet du Pan fut l'éditeur, et où M. de Maistre a mis dans tout son jour l'absurdité des lois françaises sur l'émigration, appliquées aux sujets du roi de Sardaigne. Jean-Claude Tétu, maire de Montagnole, 1795, in-8, brochure aussi plaisante qu'ingénieuse sur les opinions de ce temps-là. Considérations sur la France, 1796, in-8; 1797, in-8, 1814, in 8. Ce dernier ouvrage, dans lequel on ne peut reprendre qu'une opposition tropexagérée aux principes surlesquels la révolution est fondée, eut, à sa publication, un succès prodigieux, et, quoiqu'il fût sévèrement défendu par la police, il s'en fit à Paris trois éditions dans la même année. Essai sur le principe régénérateur des constitutions politiques. Pétersbourg, 1810, in-8; réimprimé à Paris, 1814, in-8. On a reproché à ce livre un peu trop de métaphysique. Sur les délais de la justice Divine dans la punition des coupables, trad. du grec de Plutarque, avec des notes, etc., 1816, in-8. Le comte de Maistre remplissait encore en 1817 les fonctions de ministre de Sardaigne, à la cour de Saint-Pétersbourg. Il en est parti au mois de mai de cette année, sur l'escadre envoyée pour aller chercher en France une partie du contingent russe.

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MAISTRE (Le comte XAVIER DE ), frère du précédent, général-major au service de Russie, chevalier de l'ordre de SaintWladimir, né à Chambéri, en 1764, a débuté en 1794, dans la carrière des lettres, par le Voyage autour de ma chambre. Ce petit ouvrage, plein d'une gaîté

douce et d'une philosophie aimable, a mérité et obtenu un grand succès dans la France et chez l'étranger: C'est Sterne décent, a dit un homme de beaucoup d'esprit. M. de Maistre était déjà connu, depuis dix ans, par un voyage d'un autre genre ce fut lui qui effectua, le 6 mai 1784, avec M. L. Brun, la première ascension aérostatique faite en Savoie. Leur ballon, de cinquante-cinq pieds de diamètre, s'éleva jusqu'à cinq ou six cents toises, et la relation de ce voyage aërien fut imprimée dans le temps, in-8. M. Xavier de Maistre fut d'abord employé comme officier au service de Sardaigne, daus le régiment d'infanterie de la marine, et fit les dernières guerres d'Italie. Après les désastres de sa patrie, il s'attacha à Suwarow, et le suivit en Russie, où il fut du petit nombre des officiers qui assistèrent aux derniers momens de cet illustre général. M. de Maistre entra à cette époque au service de Russie, et il s'est retiré après avoir fait toutes les dernières guerres. Il était fixé à Saint-Pétersbourg. C'est là qu'il a public, en 1811, le Lépreux de la cite d'Aost, nouvelle touchante et d'un caractère tou -à-fait original, où il a dépeint des couleurs les plus vraies et les plus sombres le malheur de l'homme qu'une infirmite contagieuse isole au milieu de ses semblabies. Cette intéressante production a ete reimprimée à Paris en 1817, in-12. Les portefeuilles de ses amis contiennent plusieurs de ses poésies inédites. L'académie des sciences de Turin a fait imprimer dans sa collection quelques mémoires chimiques de M. de Maistre, qui est, comme son frère, l'un des six membres nationaux non résidens de cette compagnie, et joint à ses talens divers celui de peindre fort bien le paysage. On a annoncé son retour dans sa patrie vers la fin de 1817.

MAITLAND (Sir THOMAS), lieutenant-général anglais, commandant en chef des forces navales dans la Méditerranée, et lord-commissaire des Iles Ioniennes, fut employé, en 1789 et 1790, daus l'Inde, contre Tippoo-Saeb, et ensuite en Amérique, sous les généraux Keyler et Abercrombie. Dans ces diverses occasions, il fit preuve de beaucoup de talent et de courage, qui accélérèrent son avancement. Elevé, quelque temps après, au grade de général, il fut envoyé, au commencement de 1800, sur les côtes

de Normandie, pour reconnaître les forces et l'état des insurgés français, connus sous le nom de Chouans. Nommé gouverneur de Ceylan, il arriva dans cette île en juillet 1805, et y opéra dans l'administration civile et militaire, des réformes qui furent généralement approuvées. L'année suivante, il porta ces réformes encore plus loin, ce qui produisit une diminution considérable dans les dépenses du gouvernement de cette île, qu'il quitta en juillet 1809, la laissant sous ce rapport dans un état bien préférable à celui où elle se trouve aujourd'hui, sous l'administration du gouverneur Brownrigg, d'après les détails donnés dans les journaux anglais. A son retour en Angleterre, le roi le nomma colonel du 10° régiment. En juillet 1813, il se rendit en Sicile et de-là à Malte pour y remplir une mission particulière. La même année, le prince-régent le nomma gouverneur et commandant en chef de l'île de Malte, et, deux ans après, le chargea d'organiser le gouvernement des Iles Ioniennes qui devait s'établir sous la protection de l'Angleterre. Après avoir séjourné quelques temps à Corfou, il crut devoir se rendre à Londres pour arrêter, avec les ministres, la rédaction d'une constitution pour ces îles. Il confia le gouvernement à une commission, et il donna avis de son départ et du but qu'il se proposait, par une proclamation adressée aux habitans, dans les premiers jours de 1816: « Le gouverneur, dit-il, désire qu'il ne soit fait aucune innovation pendant son absence, et il garde l'espoir qu'il n'arrivera rien qui puisse l'empêcher de convoquer le corps représentatif à son retour, pour établir la constitution des Iles Ioniennes.»> Après étre resté quelques mois en Angleterre,le général Maitland revint reprendre ses fonctions. Il se trouvait à Venise en juillet 1817; le gouvernement avait mis particulièrement à sa disposition le Glasgow, de 50 canons, pour les visites qu'il aurait à faire aux parties les plus éloignées de son commandement. Dans les missions aussi multipliées qu'importantes dont a été chargé le général Maitland, il a donné la preuve que des connaissances administratives fort étendues s'unissaient en lui aux talens militaires.-MAIT LAND, capitaine de vaisseau anglais, commandait, en juillet 1815, le vaisseau de ligne le Bellerophon, dans la rade des

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