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mort, en rejetant l'appel au peuple et le sursis. Marié à Paris, en novembre 1792, il fut le premier évêque qui donna cet exemple. Il renonça à l'épiscopat le 7 novembre 1793, et rendit, le 16, à la convention, ses lettres de prêtrise et celles de plusieurs ecclésiastiques d'Evreux qui jugèrent à propos de l'imiter. Dirigé par son frère,il suivit constamment ses traces, et le défendit, le 1er prairial an 3(20 mai 1795), lorsqu'il fut dénoncé comme un des auteurs de l'insurrection anarchique qui venait déclater contre la convention. Devenu membre du conseil des anciens, Thomas Lindet en sortit en 1798, et vécut depuis dans l'obscurité. La loi d'exil du 12 janvier 1816, l'a contraint de quitter la France; il s'est retiré en Suisse, puis en Italie.

LINGARD (JOHN), prétre catholique anglais, établi à Newcastle-sur-Tyne, déploya beaucoup d'adresse et d'énergie dans la défense de sa communion contre les attaques de quelques écrivains protestans; mais le principal objet de ses écrits polémiques fut l'évêque de Durham, dont le mandement au clergé, en 1806, excita son animosité. Les pamphlets anonymes qu'il publia attirèrent également l'attention des protest ans et celle des catholiques; ils donnèrent lieu à une vive controverse, dans laquelle prirent part plusieurs perSonnes d'un grand talent. M. Lingard a publié entr'autres écrits: La loyauté caholique vengée, dans une série de lettres qui ont paru d'abord dans le journal de Vewcastle, in-12, 1805. Remarques ur un mandement adressé au clergé de Durham (par Schute, évèque de Durham), 1-12,1807. — Antiquités de l'église saxon e, 2 vol. in-8, 1809. - Documens sur es sentimens des catholiques anglais du remier siècle à l'égard de la puissance paale, in-8, 1812.

LINGUET (Simon--Nicolas-HENRI), é à Rheims, le 14 juillet 1736, fit ses udes au college de Beauvais, à Paris, à son père avait été professeur. Il mafesta de bonne-heure l'esprit le plus vif le plus pénétrant, et remporta, en 51, les trois premiers prix de l'univeré. Un début si brillant attira sur lui l'attion du duc des Deux-Ponts, alors à ris, qui l'emmena dans ses états. Après voir passé quelque temps, Linguet le tta pour suivre le prince de Beauvau, i se l'attacha dans la guerre de Portu

gal, en qualité d'aide-de-camp_pour la partie mathématique du génie. Il profita de son séjour en Espagne pour en appren dre la langue et traduire une partie du théatre espagnol dans la sienne. Revenu en France à l'âge de 26 ans, il entra dans la carrière du barreau, ne tarda pas à y obtenir de l'éclat et des contradictions, de la renommée et des revers: il merita les uns et les autres par la hardiesse de son caractère, un esprit novateur, l'art de maîtriser la multitude en paraissant la mépriser, des connaissances littéraires superieures à celles de ses confrères, une diction vive qui lui attira des admirateurs et un plus grand nombre d'ennemis. Sa défense du duc d'Aiguillon arracha ce dernier à la poursuite des tribunaux, et lui ouvrit bientôt après l'entrée. du ministère. Ce grand seigneur, suivant l'usage, se montra peu reconnaissant d'un pareil service; Linguet se plaignit de cette ingratitude avec toute la vivacité de son caractère : il rappella au duc, dans une lettre qui, par la suite, fut rendue publique, qu'il l'avait dérobé à l'échafaud, et lui déclara que, s'il ne s'acquittait pas enfin de ce qu'il lui devait, «il le tiendrait pendant dix ans au bout de sa plume Le ministre crut devoir, à ce qu'il paraît, le satisfaire, au moins en partie; mais n'ou. blia point cette menace, comme la suite le prouva. L'affaire du comte de Morangiés contre les Verron, sur laquelle Voltaire a écrit quelques réflexions, ne fut pas moins utile à la réputation de Linguet : il s'y livra à toute l'ardeur de son zile, à toute la fougue de son éloquence. Il se fit beaucoup d'honneur en défendant mademoiselle de Caëns, depuis madame Vanrobes, indignement trompée par le vi. comte de Bombelle, qui fit casser son mariage avec elle, parce qu'étant catholique (ce que la famille ignorait), il l'avait épousée d'après le rit protestant. Les avocats, jaloux de ses succès, lui ayant fait une injonction d'etre plus circonspect à l'avenir, vingt-quatre d'entre eux delibérèrent de ne plus plaider avec lui d'un an. Sur les plaintes de Linguet contre cette délibération, le parlement rendit un arrêt qui parut plus que rigoureux. Linguet alors fit un journal, et publia divers écrits politiques, qui accrurent sa réputation et le nombre de ses détracteurs. La Théorie des lois surtout fit grand bruit. Un style pompeux, semé de métaphores, des opinions

singulières, une opposition constante aux idées reçues, la critique de Montesquieu, l'apologie du despotisme, le tableau du bonheur de ceux qui vivent dans la servitude, étaient propres à en produire. Dèslors la critique eut un vaste champ pour le combattre. Le premier ministre Maurepas se rangea du côté de ses adversaires, et fit supprimer son journal. Linguet, craignant pour sa liberté, s'enfuit en Suisse, passa en Hollande, ensuite à Londres. Mécontent des Anglais qui ne l'avaient pas accueilli comme il croyait le mériter, il se retira pendant quelque temps à Bruxelles. Là, il écrivit au comte de Vergennes pour lui demander s'il pouvait revenir en France; ce ministre y consentit. Bientôt, sur de nouvelles plaintes, auxquelles on croit que le duc d'Aiguillon eut beauconp de part, il fut arrêté et renfermé à la Bastille, dont, par la suite, il traça un tableau tellement épouvantable, qu'il est permis, même en parlant de la Bastille, d'y soupçonner un peu d'exagération. Il y resta plus de deux ans; mais en promettant plus de modération dans ses écrits, et la révélation d'un moyen qu'il prétendit avoir trouvé de faire passer en deux heures un avis de Brest à Paris, il sortit de sa prison au mois de mai 1782, pour être simplement exilé à Réthel; il n'y resta pas long-temps; il repassa en Angleterre, et s'empressa de publier un écrit contre le pouvoir arbitraire, dont il avait précédemment vanté la douceur, mais dont il venait d'éprouver l'abus. Linguet, indépendamment de son dernier exil à Rethel, avait été exilé deux autres fois, la première à Chartres, et l'autre à Nogent-leRotrou. Dans cette dernière ville, il fit tourner la tête à une dame Buté, épouse d'un riche fabricant d'étamines; et cette femme égarée le suivit dans les Pays-Bas et en Angleterre. Quand on rapproche la conduite de Linguet de son zèle pour la défense de la religion, on est forcé de conclure que ses mœurs démentaient sa croyance réelle ou apparente. C'est ce que prouvent assez, et le scandale dont nous venons de parler, et le défaut de probité dont il donna plus d'une preuve dans le cours de sa vie. De l'Angleterre il revint à Bruxelles, y continua son journal, intitulé: Annales politiques, et y prodigua des louanges à l'empereur Joseph II. Ce souverain, flatté surtout de l'écrit relatif à la liberté de la navigation de l'Es

caut, permit à l'auteur de venir à Vienne, où il lui accorda une gratification de mille ducats. Linguet ne sut point ménager la faveur dont il jouissait, et n'en prit pas moins le parti de Vander Noot et des révolutionnaires du Brabant contre l'empereur,qu'il insulta de la manière laplus révol tante, l'accusant de reproduire les fureurs de Néron; reproche aussi absurde qu'atroce, et quiindigna jusqu'aux personnes que ceprince s'était aliénéesparson imprudente précipitation. Aureste Linguet ne tarda pas à être puni de cette monstrueuse ingratitu de par ceux même auxquels il venait de dévouer sa plume: soupçonné de machinations contre le parti des états, il fut inquiété, poursuivi, et n'échappa qu'avec peine aux persécutions d'un pouvoir ombrageux. Forcé de quitter les Pays-Bas après la rentrée des Autrichiens, et de retour à Paris, il parut, en 1791, à la barre de l'assemblée constituante pour y défendre l'assemblée coloniale de St-Domingue, à-la-fois factieuse et tyrannique, et pour y plaider la cause des Noirs. En février 1792, il dénonça à l'assemblée législative le ministre de la marine Bertrand de Molleville; mais sa dénonciation était si ridicule, que malgré la défaveur du ministre, elle fut accueillie par l'assemblée avec le plus profond mépris. Linguet furieux déchira à la barre son mémoire qu'on l'invitait à déposer sur le bureau. A l'époque de la terreur, il s'était retiré dans une campagne: mais on l'y découvrit, et il fut traduit au tribunal révolutionnaire, qui le condamna à mort, le 27 juin 1794, pour avoir encensé dans ses écrits les despotes de Vienne et de Londres»; il la subit avec courage. Parmi ses nombreux ouvrages, qui sont de genres fort différens, nous citerons : Les Femmes-filles, parodie de la tragédie d'Hypermnestre, Paris, 1759, in-12. • Histoire du siècle d'Alexandre, Paris, 1762, in-12. L'auteur composa cet écrit pendant son séjour en Espagne. Le style en est élégant, mais trop épigrammatique pour le genre de l'histoire. Le Fanatisme des philosophes, Abbeville, 1764, in-8. -- Necessité d'une réforme dans l'administration de la justice et des lois civiles de France, Amsterdam, 1764, in-8. — Socrate, tragédie en 5 actes. La Dime royale, avec ses avantages, 1764. Cet écrit a été réimprimé en 1787.-Histoire des révolutions de l'empire romain, 1766,

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2 vol. in-12. L'esprit systématique de l'au teur trouva carrière à se développer dans cet ouvrage des tyrans y sont justifies, des grands hommes rabaissés et la servitude y est préconisée.-Theorie des lois, Londres, 1767, 2 vol. in-S. La dernière édition est de 1774, 3 vol. in-12. Histoire impartiale des jesuites, 1768, in-8.- Des Canaux navigables pour la France, 1769, in-12. Continuation de l'Histoire universelle de Hardion. Linguet y a réuni les volumes 19 et 20. Théâtre espagnol, 1770, 4 vol. in-12. Cette traduction est élégante et correcte. Théorie du libelle, ou l'art de calomnier avec fruit, Amsterdam (Paris), 1775, in-12, en réponse à la Théorie du paradoxe, écrit polémique et plein de force, où Linguet avait été vivement attaqué par l'abbé Morellet.-Du plus heu reux des gouvernemens, ou Parallèle des Constitutions de l'Asie avec celles de l'Eu rope, 1774, 2 vol. in-12. - Essai philosophique sur le monachisme, 1777, in-8 et in-12. On y trouve peu de profondeur dans les recherches, mais des apercus politiques qui ont eu leur exécution, et des faits intéressans sur l'établissement des ordres religieux. — Appel à la posté rité, in-8. Réflexions sur la lumière, 1787, in-8. Considérations sur l'ouperture de l'Escaut, 1787, 2 vol. in-8. - La France plus qu'anglaise, 1788, n-8.-Examen des ouvrages de Volaire, 1788, in-8. Point de banqueoute et plus d'emprunt, 1789, in-8. ettre à Joseph II, sur la révolution du rabant, 1789, in-8. Légitimité du ivorce, 1789, in-8. Code criminel de seph II, 1790, in-8.-La Prophétie rifiée, 1790, in-8. Collection des vrages relatifs à la révolution du Braint, 1791, in-8.-Recueil des Mémois judiciaires, 7 vol. in-12. On y trouve e logique pressante, de l'adresse dans développemens, un talent marqué pour Journal politique et litaire. Il parut depuis 1774 jusqu'en 1778. Annales politiques. Elles commenceit en 1777, furent interrompues, reses à diverses époques, et très-répans. Dans ces Annales, écrites avec char, l'auteur attaque sans cesse et sans agement tantôt l'un, tantôt l'autre, tranche sur tout. Elles eurent la plus nde vogue.

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rt oratoire.

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INIERS ( Dɔn SANTIAGO) français

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d'origine, parvint, par ses services dans la marine espagnole, au rang de chef d'escadre: et ayant séjourné long-temps dans les parages de l'Amérique méridionale, connaissance qu'il acquit de ce pays et de ses intérêts lui fit confier, par interim, les fonctions de vice-roi et capitaine-géné ral des provinces de Rio de la Plata, dignité à laquelle il joignait le titre de chevalier de l'ordre de St-Jean. Il s'acquittait de cet important emploi de manière à justifier la confiance de son gouvernement, lorsque les troubles de la péninsule vinrent le placer, ainsi que tous les autres fonctionnaires d'un ordre supérieur, dans la situation la plus difficile. Il arriva en août 1809, un agent français porteur de dépêches qui annonçaient les derniers événemens d'Espagne, sans faire toutefois mention du changement de dynastie, et qui promettaient le maintien de la religion et des lois nationales, l'intégrité du territoire, etc. Liniers fit connaître le contenu de ces dépêches par une proclamation adressée aux habitans de Buenos-Ayres, dans laquelle il disait avoir répondu à l'empereur des Français: « que cette ville se distinguerait toujours, par son attachement à son légitime souverain, et qu'il recevrait des secours consistant en armes, munitions, et troupes espagnoles. » Mais la restriction qu'indiquait ce dernier mot ne put suffire aux américains, déjà soulevés par la connaissance qu'ils avaient des événemens d'Aranjuez, et des intrigues du gouvernement français. L'idée de recevoir des lois d'une métropole dont le chef allait être imposé par l'étranger, révolta leur triotisme, et, dès ce moment, ils furent disposés à regarder comme traître quiconque songeait seulement à traiter avec la France. Une junte fut formée pendant le printemps de 1810,pour travailler à l'établissement de l'indépendance. Liniers eut le tort et le malheur de méconnaître la force de ce mouvement national; il leva 2000 hommes, et se joignit aux memde l'Audiencia, qui, ne songeant qu'à conserver leurs places sous quelque gouvernement que ce pût être, s'opposaient de tout leur pouvoir aux opérations de la junte. Cependant cette assemblée avait réuni des troupes pour la défense de la cause publique. Ces troupes se dirigerent vers la ville de Cordova: Liniers, pour leur en fermer l'approche, dévasta

pa

les environs de cette place. Cette conduite lui devint funeste. Les troupes de l'indépendance avancérent : l'ex-vice-roi Cisneros, et les membres de l'Audiencia, convaincus de complicité avec Liniers, furent exilés, et embarqués pour les îles Canaries. Le colonel O'Campo, commandant l'armée de Buenos-Ayres, attaqua Liniers, qui, abandonné de la plus grande partie de ses forces, tomba en son pouvoir avec quelques-uns de ses principaux partisans. Tous ces prisonniers furent exécutés peu après sur le mont Papagallos. Cette fin tragique fournit une nouvelle preuve du danger que présente, dans les troubles politiques, cette tergiversation qui ressemble à la perfidie.

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LINOIS (Le comte CHARLES-ALEXANDRE- LÉON-DURAND DE), contre-amiral, né à Brest le 27 janvier 1761, entra au service le 1er avril 1776, comme volontaire de la marine royale, et reçut le brevet de lieutenant de frégate le 27 février 1779. Nommé, le 1o juillet 1781, enseigne de vaisseau et de port, il fit, en cette qualité, les campagnes de 1782 et 1783; devint sous-lieutenant de port l'année suivante, et lieutenant le 1er mai 1789. En 1794, l'amiral Villaret l'envoya en croisière, et lui confia le commandement d'une division composée de la frégate l'Atalante, et des corvettes la Levrette et l'Epervier. Il fit quatre prises; mais ayant été séparé des deux corvettes, il fut chasse pendant quarantedeux heures, par le Switfsure, de 74 canons, et se rendit à ce vaisseau, le 18 floréal (mai 1793), après un combat inégal et sanglant, qui dura deux heures, à portée de pistolet. Il resta dix mois prisonnier en Angleterre, et fut nommé capitaine de vaisseau le 4 mai 1795. Il commandait le Formidable, vaisseau de 74, dans les actions des 28 prairial et 5 messidor ( 18 et 28 juin), où il reçut une forte contusion à la tête et une blessure à l'œil gauche. Le feu s'étant manifesté à son bord, il tomba au pouvoir de l'armée anglaise, victime de son obéissance aux signaux du général, et pour soutenir le vaisseau l'Alexandre, enveloppé par l'ennemi. Étant venu à Paris sur parole, il devait être échange contre sir Sidney Smith. Le comité de salut public se refusa à l'échange, et engagea le capitaine Linois à rester en France; mais celui-ci, au lieu d'écouter cette proposition, s'em

barqua aussitôt pour l'Angleterre, et alla se constituer prisonnier à Tavistock. It revint dans sa patrie au bout de deux mois, et, le 22 mars 1796, il fut fait chef de division. Le vaisseau le Nestor, sous son commandement, fit partie de l'expédition d'Irlande. Il réunit sous ses ordres, dans la baie de Bantry, quatre vaisseaux, quatre frégates, et d'autres petits bátimens; proposa aux officiers-généraux de terre, dans un conseil qu'il convoqua, d'effectuer la descente de quatre mille hommes qui se trouvaient à bord, et, sur leur refus, ne s'occupa plus qu'à sauver cette portion d'armée, qu'il ramena à Brest, malgré les forces ennemies qui blo quaient ce port. Nommé contre-amiral en 1800, il remplit les fonctions de chef d'état-major d'armée, qu'il quitta pour commander en second l'escadre expéditionnaire aux ordres du contre-amiral Gantheaume. Il contribua à la prise de la frégate le Succès, et aux attaques par mer de la forteresse de Porto-Ferrajo et de l'ile d'Elbe, qui eurent lieu les 5 et 8 mai 1801. Parti de Toulon, dans cette même année, avec une division de trios vaisseaux et une frégate, il chassa l'ennemi qui était sur la côte, et prit la cor vette anglaise the Speedy. Ayant ensuite mouillé à Algesiras, il y soutint un combat de six heures contre six vaisseaux an glais et une frégate, L'Annibal, de 74, resta en son pouvoir. Le 24 du même mois, il était réuni à l'amiral espagnol Moreno, dans l'affaire désastreuse qui eut lieu, la nuit, au détroit de Gibraltar. Le premier consul lui décerna, à titre de récompense, un sabre d'honneur, par brevet du 28 juillet 1801. En l'an 10, le contre-amiral Linois partit de Cadix, ayant sous ses ordres trois vaisseaux et trois frégates, pour transporter des troupes à Saint-Domingue. Peu après son retour en France, il fut nommé au commandement des forces navales, à l'est du cap de Bonne-Espérance, et partit de Brest avec un vaisseau et trois frégates. A la reprise des hostilités, il se porta à Bencoul, incendia trois magasins et cinq bâtimens, en prit deux, et fit éprouver à l'ennemi une perte de 15 millions. Dans les mers de la Chine, il attaqua, le 14 février 1804, la flotte de la compagnie, et, après un court engagement, convaincu de la supériorité des Anglais, il fit sa retraite. A une seconde sortie, il visita

quelque rades ennemies sur la côte de Coromandel, notamment celle de Visigapatnam, où il combattit le Centurion, de 56 canons, embossé et protégé par un fort; y fit jeter à la cóte un bâtiment de 600 tonneaux, et en amarina un autre. Il rentra à l'Ile-de-France avec cinq prises. Dans une troisième sortie, à vue du port de Galle, il fit perdre un bâtiment ennemi de 1000 tonneaux et armé de 30 canons. Le 5 août 1805, il rencontra et attaqua, à l'entrée de la nuit, dix vaisseaux de la compagnie, armés et chargés de troupes, escortés par le Blenheim, de 74, monté par l'amiral Trowbridge. L'obscurité et le mauvais temps obligèrent à cesser le combat, après une canonnade de trente-cinq minutes. Le lendemain, il alla s'approvisionner au Cap, d'où il se rembarqua pour visiter la côte d'Angola. Il n'y rencontra que deux bâtimens anglais, de 16 et 18 canons, qui furent amarines et envoyés au Cap. Rendu à la croisière de Ste-Hélène, le contre-amiral Linois fut instruit, par un Américain, de la prise du cap de Bonne-Espérance, et il se détermina aussitôt à faire route pour l'Europe. Le 13 mai 1806, étant par 26 degrés de latitude nord et 32 de longitude ouest, il donna, pendant la nuit, dans une escadre ennemie de sept vaisseaux, sous le commandement de l'amiral Warren. A cinq heures du matin, le vaisseau à trois ponts le London, de 110 bouches à feu, se trouvant à portée de voix du Marengo, celui-ci commença e feu et chercha à prendre son ennemi a 'abordage. Le London parvint à l'éviter, en laissant arriver. On se battit longemps au tiers de la portée du pistolet. Enfin, le Marengo, cerné par quatre aisseaux, amena ses couleurs, ayant erdu soixante-trois hommes, outre quae-vingt-deux blessés. Après huft années e détention en Angleterre, l'amiral Liois rentra en France le 22 avril 1814. e13 juin, il fut nommé, par le roi, gou. erneur de la Guadeloupe. Instruit, en ai 1815, par une lettre du comte de acas, du débarquement de Bonaparte, resta d'abord attaché à la cause de Louis VIH, mais, mieux informé de toutes les constances qui avaient accompagné le tour de Napoléon, et du prodigieux enousiasme qu'une année de fautes du avernement royal avait réveillé en faur de l'homme qui avait laissé si peu

de regrets à son départ, Linois n'hésita plus et se prononça pour le gouvernement qui venait d'être rétabli dans la métropole. Les Anglais ayant,selon les principes et l'usage de leur gouvernement, profité de cette circonstance pour s'emparer, le 10 août 1815, de la colonie; livrée par la trahison et qui n'avait que peu de résistance à leur opposer, le contre-amiral Linois fut fait prisonnier, embarqué pour la France avec l'adjudantgénéral Boyer, conduit à Paris, et enfermé à l'Abbaye. Traduits tous les deux, en mars 1816, sur la demande de l'amiral Linois lui-même, devant le conseil de guerre permanent de la 1re division, il a été acquitté à l'unanimité. Il habite aujourd'hui Versailles.

LISTON (Le chevalier ROBERT ), ministre d'Angleterre en Suède, en 1792, quitta cette cour dans le courant de septembre, fut envoyé, en mars 1794, à Constantinople,en qualité d'ambassadeur, et en fut rappelé à la fin de 1795. En 1802, il fut envoyé auprès du gouvernement batave, de qui il eut sa première audience le 16 septembre. Il continua d'y résider jusqu'au moment de la rupture du gouvernement avec l'Angleterre, en juin 1803; et passa peu après en Danemarck, en la même qualité. Il a été nommé, en mai 1817, ambassadeur de S. M. Britannique à Constantinople; il se trouvait en juin à Marseille, où il s'embarqua avec sa famille sur la frégate le Tage, et se rendit à son poste en août suivant. Il ne paraît point que l'on ait eu à reprocher au chevalier Liston, ces intrigues perfides et ces violations du droit des gens, qui ont, dans ces derniers temps, souillé la conduite d'un trop grand nombre des agens de la diplo matie britannique.

LITTA (Le duc ANTOINE), né à Milan, en 1748, fils du marquis Pompeo et d'Elisabeth Visconti, appartient à une des premières familles de cette ville, tant par sa noblesse que par son opulence. Il fut du nombre des grands seigneurs que Bonaparte exila de Milan en 1799; et il passa le temps de son exil à Nice. Le duc Litta a épousé la fille du prince Albéri de Belgiojoso, qui, sous le titre de duchesse, dame d'honneur de l'impératrice Joséphine, faisait les fonctions de cette charge auprès de la vice-reine d'Italie. Dans les différentes fonctions qu'il a remplies, le duc Litta a toujours montré des sentimens

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