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ves l'amiral Verhuel, qui vient d'être nommé pair de France, et M. van der Hei den, qui occupe dans ce moment un poste supérieur dans la marine de Russie.

KIOSE-KIAJA, d'abord capitan-pacha, puis pacha de Rudschuck, s'étant fait distinguer par son caractère énergique et par son activité, était destiné au commandement général des armées ottomanes sur le Danube, lorsqu'éclata la révolution terrible qui coûta la vie à Mustapha-Beirac tar (voy. ce nom). Lié avec ce dernier, et étant entré dans le systéme de ce visir, qui avait pour objet de diminuer l'influence excessive du corps des janissaires, le pacha de Rudschuck, dès qu'il eut appris les événemens de Constantinople, manifesta l'intention de venger son ami et d'achever l'ouvrage dont celui-ci avait payé la tentative de sa vie. Se trouvant à la tête d'environ 40,000 hommes de troupes asiatiques, avec lesquels il paraissait vouloir marcher sur la capitale, il inspira aux mutins de si vives alarmes, qu'ils s'occupèrent des moyens de détourner ce danger, en tachant de soulever les soldats de Kiose-Kiaja. Ils y parvinrent par leurs intrigues, secondées de la jalousie de quelques gouverneurs des provinces voisines. Le pacha paraissait décidé à vendre cher sa vie; mais abandonné de presque tous les siens, et apprenant que sa tête avait été mise à prix, il fut forcé de chercher, avec le vice-amiral Juze-Bey, et quel ques autres personnages de distinction, un asile, à Bucharest. Le pacha de Rudschuck avait apporté avec lui plus d'un million en or et une immense quantité d'effets précieux. La guerre ayant paru sur le point de s'allumer entre la Porte ottomane et la Russie, ces fugitifs furent invités à passer le Niester et à aller vivre en Ukraine, où Kiose-Kiaja paraît s'être fixé depuis.

KLAPROTH (MARTIN-HENRI), né à Berlin le 1er décembre 1743, de parens pauvres, s'est placé par ses travaux au nombre des chimistes les plus distingués de son siècle. Ilavait reçu de la nature un esprit obser vateur, sérieux, réfléchi, et une patience à toute épreuve. Après avoir terminéses études classiques, ilselivra tout entier à celle de la minéralogie, pour laquelle il avait un penchant décidé; mais il sentit qu'il ne pouvait y faire de rapides progres sans y associer la chimie : il s'appliqua également à ces deux branches des connaissances

physiques et naturelles. L'analyse des minéraux lui parut surtout d'une importance extrême pour classer les substances inorganiques; et des expériences multipliées lui donnèrent bientôt les moyens de varier les procédés chimiques, et de reconnaître des élémens nouveaux dans les minéraux qui avaient déjà été soumis à l'analyse. Ses nombreuses et intéressantes découvertes, et surtout ses moyens d'analyse, ont guidé plusieurs chimistes français, qui lui doivent une partie des heureux résultats qu'ils ont obtenus. Il a aussi fait faire plusieurs grands pas à la minéralogie. Établi à Berlin avec le grade de docteur en philosophie, il y exerçait en outre la pharmacie. Il fut successivement nommé assesseur au college supreme de médecine, professeur de chimie à l'école d'artillerie, premier conseiller de santé, et chevalier de l'ordre de l'aigle-rouge. Në avec le génie de l'analyse chimique, il porta dans ce travail difficile une exactitude si rigoureuse, qu'on a cru ne pouvoir mieux honorer le célèbre Vauquelin qu'en le nommant le Klaproth français. Il a fait insérer dans divers recueils au moins 150 mémoires ayant pour objet des analyses de minéraux. Il a en outre publié 5 vol. de Matériaux pour servirà la connaissance chimique des corps du règne minéral, Berlin, 1795–1810, dont les deux premiers ont été traduits en français. Ses Mémoires de chimie ont été recueillis et traduits en français par Tassaert, Paris, 1807, 2 vol. in-8. Enfin il a composé, en commun avec M. Wolf, un Dictionnaire de chimie, en neuf volumes in-8; partie de cet ouvrage a été traduit en français (en 1810) par MM. Bouillon Lagrange et Vogel. Klaproth est mort à Berlin le 1er janvier 1817. Il était membre de l'académie des sciences de Berlin, associé étranger de l'Institut de France, et de plusieurs autres académies et sociétés savantes.

KLAPROTH (Henri – Jules), fils du précédent, est né à Berlin, le 11 octobre 1783. A l'âge de quinze ans, il commença l'étude des langues asiatiques, principalement du chinois, pour lequel il trouva des secours précieux à la bibliothèque de Berlin. En 1801, il se rendit à l'université de Halle, qu'il quitta quinze mois après, poursuivit ses études à la bibliothèque de Dresde, et se rendit ensuite à Weimar pour présider à la publication de son journal intitulé: Asiatisches magazin (12 ca

hiers in-8, 1802-1803). En 1804, il retourna à Berlin, d'où il fut appelé à l'académie des sciences de Pétersbourg, pour y remplir une place d'académicien-adjoint pour les langues et pour la littérature asiatique. Le but principal de toutes ses études, paraît avoir été l'éclaircissement de l'histoire et de la géographie de l'intérieur de l'Asie, et des diverses migrations des peuples. C'est dans ce but qu'il accompagna, en 1805, l'ambassade du comte de Golofkin (voy. ce nom), destinée pour Pékin Pendant ce voyage, il traversa la Sibérie et le pays situé au sud du lac Baïcal, jusqu'aux frontières de la Chine. Une dispute très-vive, survenue entre l'ambassadeur russe et le vice-roi de la Mongolie, fit échouer cette expédition: mais M. Klaproth n'avait pas perdu son temps pendant ce voyage. Il saisit l'occasion de connaître les divers peuples dont il traversa le territoire. Il recueillit des vocabulaires de tous leurs dialectes; et ces vocabulaires lui fournirent les bases d'un classement méthodique des habitans de l'Asie, dans l'ordre de leurs races primitives. Depuis son arrivée en Russie, il s'était particulièrement appliqué à l'étude de la langue mandchoue, qui est d'un grand secours pour le chinois. A Irkoutzk, en Sibérie, où il demeura pendant dix mois, il eut occasion de recueillir d'excellens matériaux, et il fit l'acquisition d'un assez grand nombre de livres chinois, mandchous, mongols et japonais. A son retour, dans l'été de 1806, il longea une grande partie des frontières de la Chine, traversa les montagnes d'Altaï, en faisant une excursion sur l'Irtysch, jusqu'au lac Saïssan, dans le pays des Eleuths Après ce premier voyage, l'académie le nomma academicien extraordinaire ( 11

mars

1807). Le comte Jean Potocki, qui ne cessa pas de s'intéresser vivement pour l'objet principal des études de M. Klaproth, proposa au président de l'acadé mie de lui faire entreprendre un voyage aux montagnes du Caucase, pour y continuer ses recherches sur les peuples asiatiques. Cette proposition fut approuvée; et M. Klaproth se mit en route en septembre 1807, muni des instructions de l'academie. Il chercha surtout à connaître les differens peuples tartares qui ont joué un róle dans l'histoire du moyen age, rapporta des recueils complets de toutes les langues qu'on parle dans cette contrée, et

entre autres manuscrits, une traduction de la Chronique géorgienne, intéressante sous beaucoup de rapports. M. Klaproth arriva à St-Petersbourg le 11 janvier 1809; mais ce n'est qu'en 1810 qu'il fit imprimer le premier volume de ses collections sur la littérature de l'Asie, sous ce titre Archiv für die asiatische litteratur, grand in-4, de même que trois Lettres à M. A. Montucci, à Berlin, qui l'avait indirectement attaqué dans ses Recherches philologiques. Ensuite il accepta l'offre d'une place de professeur à l'université de Wilna, pour y établir une école de langues asiatiques, dont il avait tracé le plan, à la demande du comte Czartorinski, curateur de cette université. Il allait se me!. tre en route, lorsqu'il fut retenu à St-Pétersbourg par le nouveau ministre de l'instruction publique, qui le chargea de rédiger le catalogue des manuscrits et livres chinois et mandchous qui se trou vent dans la bibliothèque de l'académie. Ce catalogue fut terminé dans le courant de 1810; et, au mois de décembre, M. Klaproth fut envoyé à Berlin, pour y fai re graver les caractères chinois nécessaires à la publication de cet ouvrage, et de quelques autres qu'il avait projetés. Ce trevail fut achevé en quatorze mois; mais n'ayant pas obtenu les avantages qu'on lui avait fait espérer, il demanda, en juin 1812, un congé qui ne lui fut accordé que long-temps après. Il a cessé depuis lors de signer Julius von Klaproth, comme il le faisait depuis 1810, étant dans la septième classe civile, qui lui conferait en Russie une noblesse hereditaire. En 1814, il quitta l'Allemagne pour visiter l'Italie, où il resta pendant plusieurs mois; et l'année suivante il vint à Paris, où il se trouvait encore en 1817. Nommé, le 11 août 1816, par le roi de Prusse, professeur des langues et de la littérature asiatiques, il est autorisé à faire imprimer ses ouvrages aux frais de ce monarque; et plusieurs sont déjà sous presse. Outre les écrits ci-dessus, M.Klaproth a publié divers ouvrages, tous relatifs aux langues, aux antiquités, et à la geographie de l'Orient, parmi lesquels nous citerons : une traduction allemande, accompagnée de notes, de la Dissertation de M. Hager (voy. ce nom), sur les inscriptions babyloniennes, Weimar, 1802, in-8. - Monument de Yu expliqué, lin, 1811, grand in - 4, avec un grand nombre de caractères chinois anciens et

Ber

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modernes. Voyage dans le Caucase et en Georgie, Berlin et Falle, 1812-14, 3

grin, il sut mettre à profit les leçons qu'il de ce grand maître. Rappelé à Stras

reçu

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