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la convention nationale. Dès les premières séances de cette assemblée, il s'y prononça contre la commune usurpatrice de Paris, et les forfaits qui avaient déshonoré cette ville, dans le mois de septembre 1792.Il s'éleva avec force, en octobre de la même année, contre l'arrêté du corpsélectoral de Paris, qui ordonnait l'impression des listes des huit mille et des vingt mille, et de celles des membres des clubs de 1789 et des feuillans, déclarant que loin de multiplier les élemens de proscription, il ne fallait plus s'occuper que du soin de les faire disparaître. Dès lors, la haine de l'anarchie s'attacha à lui pour toujours, et on le vit, dans toutes les circonstances, s'efforcer de la mériter davantage. Il vota la cu'palilité du roi ; en faveur de l'appel au peuple; la mort avec la réserve de Mailhe ( voy. ce nom), et le sursis à l'exécution, lorsque le jugement eut été prononcé. Contraint par la nécessité d'obeir au vœu de la majorité de l'assemblée, il présenta, mais dans l'intention bien connue de ne le composer que d'hommes justes et humains, le projet d'organisation d'un tribunal révolutionnaire, dont la faction, qui usurpa la puissance nationale au 31 mai, réclamait à grands cris l'établissement, et fit depuis un emploi si terrible contre Lesage et ses amis. Décrété d'arrestation le 2 juin 1793, il prit la fuite,échappa a ses ennemis, fut mis hors la loi le 28 juillet, et réussit à se soustraire aux recherches tout le temps que dura la tyrannie décemvirale. Cette tyrannie ayant ete renversée, legthermidor an2 (27 juillet1794), Lesage fut rappelé dans la convention le 18 ventose au 3 ( 8 mars 1795). Fidèle à ses principes de modération et de justice, il y combattit les anciens agens de la terreur; attaqua la loi du 17 nivòse relative au partage des successions, comme contraire à la déclaration des droits; proposa, lors de l'insurrection anarchique de prairial an 3, de ne faire juger par la commission militaire que les déits militaires; voulut qu'on renvoyat devant le tribunal criminel de Paris, Romme, Goujon et autres, prévenus de la conspiration qui venait d'éclater; provoqua en mêmetemps la création d'une commission pour faire un rapport sur les députés qui. dans leurs missions, avaient répandu le sang innocent et dilapide les deniers de l'etat; présenta le projet de la nouvelle consti

tution; s'opposa vainement ensuite au décret qui réunissait la Belgique à la France; se prononça pour la convention contre les sections révoltées au 13 vendémiaire an 4; et fut élu, par plusieurs colléges electoraux, quelques jours après (septembre et octobre 1795), membre du conseil des cinq cents, qui fut installé le 8 brumaire de la même année, en vertu de la constitution de l'an 3. Lesage, dont la santé, toujours chancelante, avait été entièrement détruite pendant une proscription de vingt mois, succomba à l'affaissement progressif de ses forces, le 21 prairial an 4 (9 jun 1796). La perte de cet homme de bien fut vivement sentie par tous les amis éclairés de la liberté,qui payèrent, un juste tribut d'hommages et de regrets à sa mémoire.

LESAGE-SENAULT (J.-H.), négociant à Lille, fut député du département du Nord à la convention nationale en 1793, y vota la mort de Louis XVI, sans appel et sans sursis, et se fit coustamment remarquer, dans le cours de la session conventionnelle par l'excessive exaltation de ses opinions démocratiques. Envoyé en mission à l'armée du Nord, en avril 1793, il rendit compte de la defection dugeneral Dumouriez,etdestitua Lavalette, l'ami,le confident et le protégé particulier de Robespierre ; ce qui le brouilla avec ce dernier, contre lequel il se prononça vivement au 9thermido (27 juillet 1794). Violent, passionné hors de toute mesure, dans ses discours, comme dans ses actions,il tint,dans le conseil des cinq-cents, la même conduite que dans la convention et, dans la séance du 12 avril 1796, au milieu d'une discussion très-vive qui s'éleva sur l'impunité dont jouissaient les assassins du midi, il s'élança sur ceux de ses collègues qui paraissaient approuver ces horribles représailles, en vint aux mains avec eux, et fut reporté à sa place tout meurtri et couvert de contusions. Sorti de ce conseil, en mai 1797, il fut nommé president de l'administration centrale du département du Nord. Ree u député pour deux ans, en 1798, il demeura imperturbable dans les memes principes; vota en 1799, pour la declaration de la patrie en danger, et se prononça contre l'usurpation militaire des 18 et 19 brumaire an 8 (9 et 10 novembre 1799). Il s'était retiré depuis plusieurs années à Douai, lorsque la pré

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tendue loi d'amnistie du 12 janvier 1816 l'a contraint de quitter la France et de chercher un azile dans le royaume des Pays-Bas.

LESBROUSSART (JEAN-BAPTISTE ), né le 21 janvier 1747, à Ully-St-Georges, près Beauvais, fit d'excellentes études au college de cette dernière ville, et fut ensuite chargé de quelques éducations particulières, dont il s'acquitta de manière à répondre entièrement à la confiance des parens. Il avait à peine accompli sa 21 année, lorsqu'il fut nommé professeur de rhétorique à ce même college de Beauvais, où il était connu par des succès brillans. Son zèle et son instruction justifièrent pleinement ce choix honorable; et parmi les élèves qu'il forma, il en est plusieurs qui se sont distingués depuis, dans la carrière des lettres, et dans celle de l'administration. On peut citer entr'autres M. Crouzet, depuis directeur du prytanée de St-Cyr, connu par son talent très-remarquable dans la poésie latine, et, de plus, bon versificateur français. En 1778, le gouvernement autrichien, qui s'occupait, à cette époque, de la réorganisation de l'instruction publique dans les Pays-Bas, fit faire au professeur Lesbroussart des offres avantageuses, qui le décidèrent à quitter sa patrie, pour se rendre à Gand, où il occupa successivement les chaires de poésie et de rhétorique au college de cette ville. Au bout de 6 ans, il fut appelé, en cette dernière qualité, au College Theresien, à Bruxelles; fonctions qu'il continua d'exercer jusqu'à la suppression de ce collège par le gouvernement français. Lors de l'organisation des écoles centrales, il fut nommé professeur des langues anciennes, à celle de la Dyle; mais ces établissemens ayant été remplacés par les lycées, et M. Les broussart n'ayant point été compris au nombre des fonctionnaires de celui de Bruxelles (omission qui excita la surprise générale), il accepta l'offre qui lui etait faite par le conseil municipal d'Alost, de la direction de l'école secondaire de cette ville. Il remplit cette place avec la même exactitude et le même dévouement à ses devoirs, jusqu'à l'année 1810, où il fut nommé à la chaire de rhétorique au lycée de Bruxelles, devenue vacante à cette époque. Il joignit dans la suite aux fonctions de cette place celle de professeur de littérature latine à l'académie de la même ville. En novembre 1815, il fut

nommé membre de la commission charge de soumettre au gouvernement ses vu pour l'amélioration de l'instruction publi que. Lors de la suppression de cette aca démie, en 1817, le gouvernement lui offr une chaire de latin, dans l'une des trois un versités qui venaient d'être créées à Lo vain,Liége,et Gand; maisil préféra s'en t nir aux fonctions de professeur de rhétor que à l'athénée qui avait remplacé le lyco de Bruxelles, et il continua de les exerç jusqu'au mois de novembre 1818, épo que à laquelle le dépérissement rapid de sa santé le força à demander sa re traite; il l'obtint, ainsi que tous les avan tages qu'y attachent, dans les Pays-Bas les réglemens sur cette matière, le r lui ayant accordé l'éméritat et une per sion égale à son traitement d'activit (1500 florins ou environ 3200 francs faveur dont le prix était encore relevé pa les marques de considération qui accom pagnaient ce témoignage de la bienveil lance du souverain ; mais il ne put en jouir ayant succombé, le jour même où il fu informé de cette disposition (10 décembr 1818), à l'affection pulmonaire dont était attaqué depuis 18 mois. Nommémer bre de l'académie de Bruxelles, dès l premiers temps de son séjour dans l Pays-Bas, il avait été compris au nomb des personnes admises dans cette réunic savante, lors de sa recomposition p Guillaume Ier. Il faisait également partie l'institut royal des Pays-Bas, et de la s cieté de littérature de Bruxelles. Il a con posé, sur diverses questions de littératu et d'histoire, grand nombre d'écrits, do une faible partie seulement a été re due publique. Nous citerons parmi ces de niers: L'Education littéraire,ou réflexio sur le plan d'études adopté par S. M pour les colleges des Pays-Bas aut chiens, Bruxelles, 1783, un vol. in-1 -Annales de Flandre, de P. d'Oud gherst, enrichies de notes grammaticale historiques et critiques, et de plusie chartes et diplômes, qui n'ont jamais imprimés, avec un discours prélimina servant d'introduction à ces annale: Gand, 2 vol. in-8. Plusieurs mémoi lus à l'académie de Bruxelles, et roulā pour la plupart sur l'histoire de la Bel que. Avant d'être membre de cette socie il avait remporté le prix du concours vert par elle en 1781, pour l'éloge prince Charles-Alexandre de Lorrain

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et une mention honorable pour celui du chancelier Jean de Carondelet. Il remporta également la médaille d'or, en 1784, au concours ouvert par l'académie de Châlons-sur-Marne, relativement à cette ques. tion: Quels sont les moyens de perfectionner l'éducation dans les colleges de France? En 1786, il commença à publier un écrit périodique intitulé: Journal lit téraire et politique des Pays-Bas autrichiens, avec cette épigraphe : Utile dulci. Les troubles qui éclatèrent quelquetemps après, interrompirent la publication de cette feuille, qui avait été favorablement accueillie du public. M. Lesbroussart écrivait en latin avec autant de correction que de facilité ; il a composé dans cette langue, tant en vers qu'en prose, grand nombre de pièces, dont la plupart

sont restées inédites.

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LESCALLIER (Le baron DANIEL), conseiller-d'état et ancien commissaire de la marine, fut nommé, en 1804, commandant de la Légion-d'honneur, et, en 1810, consul-général de France aux ÉtatsUnis d'Amérique. On a de lui: Vocabu laire des termes de la marine, anglais et, français, 1777, in-4; 1800, in-8.-Relation de l'enlèvement du navire le Bounty, commandé par Bligh, traduit de l'anglais de Bligh, 1790, in-8; 1792, in-8. Traite pratique du gréement des vais-, seaux et autres batimens de mer, 1791, 2 vol. in 4.-Essai historique et methodique sur la tactique navale, trad. de l'anglais de Clerk, 1792, in-4.—Exposé des moyens de mettre en valeur et d'admi nistrer la Guiane, 1791, in-8; 1798, in-8. Voyage en Angleterre, en Russie et en Suède, fait en 1775, 1808, in-8.-Bakschiar Nameh, ou le favori de la fortune, conte traduit du persan, 1805, in-8.- Description botanique du Cheranthodendron, etc., traduit de l'espagnol, 1816, in 4.-Journal d'un voyage fuit en 1764, dans l'intérieur de la partie espagnole de Saint-Domingue, (manuscrit in-4.) Oa doit à M. Lescallier, sur l'origine de la boussole, une savante Dissertation, dans laquelle il réfute victorieusement quelques paradoxes de M. Azuni.

avec carte.

LESCENE-DES-MAISONS (JOSEPH), officier municipal, homme de lettres, et avocat, à Paris, naquit en 1751.Il fut nom. mé, en 1789, électeur et membre du corps municipal de cette ville; provoqua le premier, l'abolition des barrières, et fut

chargé de la police municipale. Il publia, en juin 1790, diverses idées politiques sur les bases de la législation de la presse ; sur les hôpitaux; sur le marc d'argent. Nommé en juin 1791, avec l'abbé Mulot, plénipotentiaire du roi, à Avignon. où venaient d'éclater des troubles, il ren→ dit compte à l'assemblée constituante des événemens qui s'étaient passés dans ce pays, et répondit aux faits allégués contre lui par l'abbé Mauri, dans son opinion sur les troubles du Comtat. En mars 1792, il rendit à l'assemblée législative, en qualité de commissaire d'Avignon, un nouveau compte de la situation de ce pays,et des causes qui avaient produit les déchiremens auxquels il était en proie, et qu'il attribua, en partie, à la trahison des commandans Folney et Lefort. Retiré des affaires depuis cette épo que, il est mort à Paris, le 12 octobre 1808.

LESCURE (Le marquis DE), l'un des généraux des armées royalistes de l'Ouest les plus remarquables par son intrépidité, ses talens, son sang-froid dans le danger et sa persévérance dans les revers, naquit vers 1765, d'une famille distinguée du Poitou. Arrêté comme noble en 1793, il fut délivré par Henri de la Roche-Jacquelein, son parent et son ami, des prisons de Bressuire, où il était détenu avec M. de Donissant son beau père, et mis, par les paysans ses anciens vassaux, à la tête d'une division vendéenne. Lescure possédait de trèsgrandes propriétés en Anjou, et son influence était considérable dans cette province. Proclamégénéral,il marcha surSaumur à la tête de 40 mille hommes, dont les divisions étaient commandées par lui, la Roche-Jacquelein, Beauvoilier et Cathelineau. Cette armée prit, en passant, Viniers et Loé, et battit le général Salomon qui s'était avancé pour secourir Saumur; c'était maintenant le stupide et trop fameux Santerre qu'ils allaient combattre, et ce nom ne rasssurait guères plus les républicains qui étaient sous ses ordres, qu'il n'intimidait les Vendéens, déjà enhardis par leurs précédens avantages et par leur supériorité actuelle, car les républicains n'étaient forts que de dix mille hommes environ. La bataille de Saumur eut lieu le 9 juin 1795; la vic toire de l'armée royaliste fut complette: elle entra dans Saumur, dont le château capitula le soir même, après quelque

pourparlers. et où elle trouva d'immenses approvisionnemens. Les royalistes prirent en même temps de bonnes positions; établirent des communications utiles, et s'assurérent du passage de la Loire; toutefois cet inmense avantage fut acheté cher par les vainqueurs; ils perdirent environ deux mille hommes, et Lescure fut blessé. Rétabli de ses blessures, on le vit,trois mois après (14 septembre 1793), dissiper,seulement avec deux mille hommes, la levée en masse de Thouars, qu'il eût probablement anéantie si le général Rey n'eût paru inopinement avec un corps de troupes régulières. Attaqué ensuite par Westermann, avec une vigueur extraordinaire, Lescure obtint d'abord quelqu'avantage sur le général républicain; mais, bientôt forcé de céder, il abandonna Châtillon, qui fut livré au pillage et presque réduit en cendres. Enfin, le 15 octobre, les républicains se portèrent sur Chollet; ils furent un moment attaqués et repoussés par les royalistes, en avant de cette ville; mais le 18 du même mois, la brave garnison de Mayence, qui avait été aussitôt appelée par le général en chef Lé chelle, arrivant en toute hâte sur Chollet, changea, en un instant, la face des affaires, et prit en flanc la colonne de Lescure, qui, après les plus intrépides efforts, reçut un coup mortel en chargeant les ennemis. Enlevé du champ de bataille, avec Bonchamp, blessé mortellement comme lui, Lescure fut transporté à Beaupreau avec les plus grandes difficultés, et mourut peu de temps après, des suites de sa blessure. Son nom, demeure en vénération parmi ses compagnons d'armes, a été souvent célébré depuis, dans les chants guerriers de l'armée vendéenne.

M.

LESLIE ((JOHN), de la société royale d'Edimbourg, a le plus contribué, conjointement avec MM. Crawfort, Irwine, de Rumford et Dalton, aux découvertes modernes sur la chaleur. Tandis que de Rumfort, après avoir établi en principe que les qualités de surface qui aident les corps à prendre de la chaleur, les aident aussi à perdre celle qu'ils ont, assurait sa théorie par l'expérience, au moyen d'un instrument qu'il a nommé Thermoscope, M. Leslie obtenait les mêmes résultats d'un instrument à-peu-près semblable, dont la découverte est dûe au savant belge, van Helmont; mais le physicien anglais a per

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fectionné cet instrument,auquel il a donné le nom de Thermomètre différentiel, et dont l'usage a prouvé, en outre, que beaucoup d'enveloppes et d'enduits accélèrent le refroidissement au lieu de le retarder. Par une nouvelle découverte, dont il ne partage l'honneur avec personne, même professeur a trouvé, en 1817, que la pierre-ponce, et, en général, les substances volcaniques réduites en poudre grossière et dans un parfait état de dessication, exercent une puissance absorbante sur le principe aqueux, aussi forte que celle de l'acide sulfurique, et opèrent avec le même succès, une congélation artificielle. M. Leslie a été élu professeur de mathématiques à l'universitéd'Edimbourg, malgré une vive opposition des théologiens écossais, motivée sur le scepticisme qu'ils lui attribuaient. Il a publie, outre quelques écrits insérés dans des journaux : Recherches expérimentales sur la nature et la propagation de la chaleur, 1804, in-4. Élémens de géométrie et trigonométrie plane, 1809, in-8; 2o édition, 1811.

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Description d'expériences et d'instrumens relatifs aux rapports de l'air avec la chaleur et l'humidité, 1813, in-8,

LESPINASSE ( E.-L. Rozouier de), né à Grenoble le 24 mai 1767, avait déjà servi avec honneur dans la ligne, puis dans les gardes-du-corps, d'où il était passé dans le régiment de Beauvoisis, en qualité de lieutenant, lorsqu'il fut nommé capitaine, pendant le siége de Mayence, et porté, par ses talens et son courage, au commandement du 10 bataillon de l'Isère, à la tête duquel il fit avec gloire plusieurs campagnes. Il commanda ensuite la place d'Anvers, alors en état de siége; devint colonel ; fut appelé en 1796, au commandement d'Avignon, où la réaction royaliste exerçait toutes ses fureurs, et ne tarda point à justifier ce choix d'une manière éclatante. Le jour même de son installation, il se promenait à cheval avec un de ses adjudans, lorsqu'il rencontra deux ou trois cents forcenés qui allaient précipiter un malheureux dans le Rhône. Ordonner à son adjudant d'aller chercher du secours, sauter à bas de son cheval, se jeter au milieu des furieux, et leur arracher leur victime, ne fut pour Lespinasse que l'affaire d'un moment; toute la rage des assassins se tourne alors contre lui; les insultes, les menaces lui sont prodiguées; on veut le contraindre à

restituer à la mort l'infortuné qu'il vient de lui arracher; mais sa fermeté en impose, et donne à son adjudant le temps de revenir avec une troupe fidèle qui dissipe les forcenés. Combien il nous est doux, au milieu des funestes tableaux que nous sommes trop souvent forcés d'offrir au public, d'avoir quelquefois à rappeler des traits aussi honorables pour l'humanité ! Pourquoi ne se trouvait-il point de Lespinasse à Avignon, lorsque, le 2 août 1815, des assassins soudoyés y firent subir à l'infortuné maréchal Brune une mort lente et terrible, que d'infâmes journalistes, non moins criminels qu'eux, et comme eux, sans doute, assurés de l'impunité, ont l'audace de justifier en 1819, par lesrévoltantes calomnies dont ils osent ternir la mémoire du maréchal. Devenu ensuite commandant d'armes à Douai, le colonel Lespinasse cessa, en 1810, de remplir les fonctions de cette place.

LESSART (VALDEC DE ), ministre de Louis XVI, né en Guyenne, fut l'héritier de M. de Gasq, président au parle ment de Bordeaux, dont on le croyait fils. Homme d'esprit, insinuant, d'un commerce facile et sur, M. de Lessart obtint en peu de temps de puissans protecteurs, et la reputation d'un habile financier. Devenu maître des requêtes, il soutint M. Necker dans toutes ses opérations. En dé cembre 1790, il remplaça M. de Lambert au contrôle général des finances, et quitta ce ministère à la fin de janvier 1791, pour passer à celui de l'intérieur. Ce fut lui qui, en février 1791, annonça à l'assemblée nationale le départ des tantes de Louis XVI, et qui, peu de jours après, l'instruisit de leur arrestation à Arnay-le-Duc. Il était encore chargé du département de l'Intérieur, lors du départ du roi, dans la nuit du 20 au 21 juin 1791, et se maintint avec peine dans un poste qui le mettait en relation continuelle avec l'assemblée qui lui prouva plus d'une fois qu'il ne jouissait pas confiance. Il reçut, par intérim, le 1er novembre, le portefeuille des affaires étrangères que venait de remettre M. de Montmorin, et en fut chargé définitivement, le 30 du même mois. Cette scconde époque de la carrière politique de M. de Lessart fut la plus orageuse, et celle dans laquelle il donna à Louis XVI, des preuves d'un dévouement qui ne tarda pas à lui couter la vie. Ministre des affai

de sa

res étrangères, on ne cessait de l'accuser pour sonadministrationprécédente,comme ministre de l'intérieur, et la haine que lui portaient les ennemis de la monarchie et du roi, devenant tous les jours plus implacable et plus active, on saisit, pour faire retentir contre lui de nouvelles et de plus menaçantes accusations, l'occasion qu'offraient sa correspondance avec M. de Noailles, alors ambassadeur à Vienne, et la réponse de l'empereur Léopold aux réquisitions faites par Louis XVIà la cour Vienne, en vertu du décret du 25 janvier 1792, de s'expliquer sur les sec urs accordés par elle à l'électeur de Trèves, qui accueillait les émigrés, protégeait leurs rassemblemens, et favorisait leurs projets. Il repoussa d'abord ces dénonciations avec quelque succès; mais toutes les pièces considérées comme devant servir à l'accusation de ce ministre ayant été renvoyées au comité diplomatique dont Brissot, ennemi particulier de Lessart, était le rapporteur, ce député, dans la séance du samedi 10 mars 1792, monta à la tribune, et dénonça formellement et l'apathie volontaire du comité et les actes du ministre contre lequel il présenta treize chefs d'accusation, dont le résultat était que, soit lâcheté, soit faiblesse, soit connivence avec les ennemis intérieurs et extérieurs de l'état, le ministre des affaires étrangères, prévenu d'avoir trahi ou négligé les intérêts de l'état, serait traduit devant la haute cour nationale, pour y être jugé. Après de vifs débats, dans lesquels le côté droit ne réclamait que le temps nécessaire pour examiner le rapport, le décret d'accusa. tion fut précipitamment rendu contre de Lessart. Prévenu à temps de ce décret, auquel il s'attendait, d'ailleurs, depuis longtemps,il quitta son hôtel, situé rued'Artois, et alla chercher un azile dans une maison de la rue des deux portes St-Sauveur, d'où il écrivit aux administrateurs du département de Paris, qu'il était prêt à obéir à la loi, leur donnant l'adresse de la maison où il s'était retiré. Au moment ou cette lettre fut reçue, le commandant d'une 6me division de la gendarmerie, un brigadier et six cavaliers reçurent l'ordre de s'assurer de la personne de M. de Lessart et de le conduire àOrléans. Avant de partir, il crut devoir écrire une lettre au prési dent de l'assemblée nationale, pour se plaindre de ce que l'assemblée avait pro

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