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devoir! » M. Kemble a su agrandir la sphère de ses talens 'dramatiques, par l'étude constante des auteurs anciens et modernes qui ont écrit pour le théâtre. Dans un voyage qu'il fit à Paris, la conversation avec desacteursfrançais étant tombéesurla comparaison des auteurs qui ont illustré la scène des deux nations, on s'aperçut que Kemble ne mettait point Molière en ligne de compte ; on s'écria: » et Molière! «Messieurs, reprit Kemble avec feu, Molière n'est pas Français ; c'est l'homme de la nature: il appartient à toutes les nations. >> Le lendemain, étant sorti avec un des acteurs pour ce qu'il appelait un pélerinage, il prit lui-même les rênes du cabriolet, et conduisit, sans s'égarer un seul instant, son camarade droit aux piliers des halles, en face de la maison de Molière, dont il salua le berceau, par un élan d'enthousiasme et des expressions dignes de son talent. Cet estimable acteur a quitté le théâtre. Sa représentation de retraite, donnée le 23 juin 1817, dans le rôle de Coriolan, fut pour lui un véritable jour de triomphe. A la fin du spectacle, un grand nombre de ses amis l'accompagnerent dans sa loge pour lui témoigner leur estime et leurs regrets. On remarqua qu'il n'avait jamais rendu le rôle de Coriolan avec plus d'ame ni d'énergie. Ses amis exigèrent, avant de le quitter, qu'il leur distribuât une partie des objets dont il venait de se servir. Il donna à l'un son bandeau, à un autre ses gants, un troisième obtint son mouchoir, un quatrième ses sandales. Talma était à Londres à cette époque, et il assista au banquet d'adieux, que plusieurs lords honorèrent de leur présence. Après les toasts usités dans toute réunion anglaise, le président, lord Holland, fit un discours pour offrir à M. Kemble un vase magnifique qui devait porter l'inscription suivante : « A J. P. Kemble, écuyer, lors de sa retraite de la scène, dont il a été, pendant trente-quatre ans, l'ornement et l'orgueil; qui doit à ses connaissances, à son goût et à son génie, l'état d'amélioration auquel elle est parvenue; qui, sous ses auspices et par ses travaux constans, dirigée habilement pour soutenir le véritable drame et plus particulière ment la gloire de Shakespeare, est arrivée à un degré de splendeur et de prospérité auparavant inconnu; et qui, par sa haute réputation, est augmentée en honneur et en dignité ; ce vase a été pré

senté au nom d'un corps nombreux d ses admirateurs, comme une marque d leur gratitude, de leur respect et de leu affection, par les mains de leur président le 27 juin 1817. » M. Kemble à arrange pour le théâtre anglais, un grand nom bre de pièces dont la plupart appartiennent à Shakespeare, et en a publié plusieurs autres, parmi lesquelles nous cite rons: la Ferme, comédie, 1789, in-8 -L'Amour sous plusieurs masques, comédie, 1790, in-8. Lodoiska, opéracomique, 1784, in-8.- Le Pèlerin, comédie, 1787, in-8. KEMBLE (Charles) frère du précédent, est né en novembre 1775, à Brecknock. A l'âge de treize ans il fut envoyé à Douai, où il resta troi ans il y apprit la langue française et se perfectionna dans l'étude des classiques. A son retour, il obtint une place dans le bureau de la poste; mais il n'y resta qu'uo an. Poussé vers le théatre par un goût gé néral dans sa famille, il commença sa car rière à Sheffield, en 1792, par le rôle de Roland, de la pièce : Comme vous l'aimez (As you like it), et y obtint un grand succès. Après avoir rempli divers roles pendant un an à Newcastle et à Edimbourg, il se rendit à Londres. Il parut pour la première fois au théâtre de Drury-Lane, en avril 1794, dans le rôle de Malcolm de Macbeth; et il fut si bien accueilli que M. Colman l'engagea pour Haymarket, où il resta jusqu'en 1802, qu'il passa sur le continent pour rétablir sa sante. A son retour, il se réunit à son frère, au théâtre de Covent-Garden. En 1814, il parut avec quelques autres acteurs anglais sur le theatre du Waux-Hall, à Bruxelles, et y fut très-applaudi. M. Kemble a compose: Du point d'honneur, comédie, 1800, in-8. Le Vagabond, histoire dramatique, 1808, in-8.—Intrigue et contre-intrigue, farce, 1808, in-8.

KEMPER (JEAN-MELCHIOR), professeur de jurisprudence à l'université de Leyde et député à la seconde chambre des étatsgénéraux du royaume des Pays-Bas, est né à Amsterdam le 26 avril 1776. Il fit d'excellentes études dans sa ville natale, d'abord sous le professeur van Ommeren, qui lui inspira, ainsi qu'à tant d'autres disciples distingués sortis de son école, cet ardent amour pour les belles-lettres, qui dans la suite à si éminemment contribué à embellir sa carrière politique et littéraire; ensuite sous les célèbres pro

fesseurs. Wyttenbach et M. C. Cras. C'est sous les auspices du dernier qu'il soutint, au mois d'octobre 1796, une dissertation publique, intitulée: Dissertatio juris dejurisconsultorum romanorum principio, quod contrà bonos mores fiat, id jure ratum esse non oportere. Peu de temps après il partit pour Leyde, où il passa licences et reçut le grade de docteur en droit. Il s'établit alors comme avocat à Amsterdam, et y fut, en 1798, secrétaire de la société des patriotes dits moderés, qui s'était formée pour contrebalancer l'influence de celle des patriotes dits révolutionnaires, lesquels avaient adopté le systême politique établi par la révolution du 22 janvier 1798. M. Kemper manifesta dès-lors les opinions politiques qu'il développa par la suite avec tant de talent et d'énergie. Partisan des idées libérales et ami d'une liberté sage, il se prononça avec véhémence contre toutes les innovations demagogiques, ce qui non-seulement lui attira la haine du parti alors dominant, mais lui aurait fait perdre la chaire de professeur à l'académie deHarderwyck, place que lui destinaient les curateurs de cet etablissement, si la contre-révolutiondu 12 juin 1798, qui mit le gouvernement entre les mains du parti modéré n'avait heureusement opere un changement ne sa faveur. Nommé,dans le cours de cette année, professeur à l'académie dont nous venons de parler, il y enseigna la jurisprudence avec beaucoup de succès, jusqu'en 1806, et y prononça deux discours latins, dont nous donnerons les titres a la fin de cette notice, avec ceux des autres ouvrages qu'il a publiés. M. le professeur Cras ayant manifeste,vers cette époque,le désird'avoir un adjoint dans sa chaire, à cause de son åge avancé qui ne lui permettait plus d'en remplir convenablement toutes les fonctions, ce respectable vieillard eut la satisfaction de voir nommer M. Kemper, son élève, pour l'assister dans ses travaux. C'est à ce dernier que fut confié l'enseiguement du droit civil, tandis que M. Cras continua de garder celui du droit naturel et du droit public. M. Kemper ne resta que trois ans à Amsterdam, ayant été appelé, en 1809, à la chaire du droit de la nature et des gens à l'université de Leyde. Lorsqu'en 1811, MM. Cuvier et Noel furent envoyés en Hollande, de la part du gouvernement français, pouryprendre des renseignemens sur l'état de l'ins

truction publique dans ces départemens, M. Kemper fut nommé membre de la commission chargée de donner des explications concernant l'état de l'académie de Leyde, à laquelle il rendit alors de grands services. Veritable ami de sa patrie, il endurait difficilement l'oppression étrangère, et ne se resignait qu'avec effort au joug imposé par une force tellement supérieure, qu'elle eût rendu à cette époque toute résistance aussi vaine que dangereuse; mais nourrissant toujours au fond du cœur, l'espoir de la délivrance de son pays, il y travailla en secret en 1813, lorsque les revers de la France firent entrevoir à la Hollande la possibilité de recouvrer son indépendance. Parmi les moyens que M. Kemper crut devoir employer pour atteindre ce but, un des principaux fut de faire sentir, à chaque occasion qui se présentait, tout ce que les mesures du gouvernement impérial pouvaient avoir d'odieux; plaçant par là les esprits dans un état d'effervescence telle que l'explosion devait inévitablement avoir lieu des la première circonstance favorable. Personne mieux que lui n'était propre à devenir un des principaux chefs de cette conspiration légitime; sa place de professeur lui donnait du crédit auprès de ses concitoyens; il inspirait d'ailleurs la confiance la plus entière aux jeunes gens qui se trouvaient à l'université de Leyde pour y faire leurs études. Les revers de l'armée française avaient nécessité l'organisation des gardes-d'honneur; cette mesure allait recevoir son exécution en Hollande. M. Kemper en sut tirer très-habilement parti pour la cause publique. Consulté par les étudians de l'université de Leyde et par d'autres personnes qui se trouvaient dans la même catégorie, il embrassa leur cause avec chaleur, et mit même tant de vivacité dans ses démonstrations, qu'il fut bientôt cité à la Haye pour donner des explications sur la conduite qu'il avait tenue à cet égard. Dans cette circonstance il se conduisit avec une fermeté digne des plus grands éloges, et dont nous aimerions beaucoup à faire connaître les honorables détails, si les limites dans lesquelles nous sommes obliges de nous circonscrire n'y mettaient obstacle. Nous, nous bornerons à observer que c'est à cette opposition plus particulièrement vigoureuse qu'éprouva la mesure de l'organisation des gardes-d'honneur dans le département des Bouches-de-la-Meuse,

prendre le titre de prince-souverain, de préférence à l'ancienne dénomination de stathouder des Provinces-Unies. Ce choix lui fut dicté par le motif, plein de justesse et de sagacité, de prévenir toute reaction, qu'aurait pu entrainer le rétablissement du titre de stathouder, lequel rappelait les anciennes dissentions qui avaient été si souvent nuisibles à la prospérité de l'état, et qu'il fallait, sur toutes choses, éviter de réveiller; il sentit que le nouveau titre de prince-souverain annoncerait d'abord assez l'établissement d'un ordre de choses tout différent de celui qui avait existé auparavant dans la république des Provinces-Unies, et mieux assorti à l'état actuel de la Hollande : ce titre devait d'ailleurs ôter pour jamais au parti aristocratique l'espoir de ramener le peuple hollandais à des institutions qui n'étaient plus en harmonie avec ses vœux ni avec l'esprit du siècle. Il s'est néanmoins trouvé des personnes (de ce nombre est un auteur anonyme, dont l'ouvrage, écrit en langue allemande, fait, au moment où nous écrivons (avril 1819), beaucoup de bruit) qui ont blâme l'avis de M. Kemper, et qui ont voulu y voir un coup mortel porté à la liberté de la nation: le reproche est grave, mais est-il fondé? nous ne le pensons pas. Il ne pouvait plus être question de la république fédérative, telle qu'elle avait existé avant 1795. Les progrès que les nations européennes avaient faits depuis un quart de siècle dans la science du gouvernement, y mettaient un obstacle insurmontable: car malgré les déplorables tentatives de quelques incurables, il est heureuse ment reconnu qu'on ne peut facilement faire rétrograder une nation éclairée. Il fallait donc un nouvel ordre de choses; un souverain, chef d'un gouvernement constitutionnel, semblait offrir la forme de gouvernement la plus convenable à la Hollande, dans les circonstances où se trouvait alors ce pays, et après les differens essais de gouvernemens qu'on y avait faits; essais malheureux qui proclamaient l'impérieuse nécessité d'un changement total dans le système. D'ailleurs, le pouvoir souverain, non absolu, mais circonscrit par une bonne constitution, tel que M.Kem. per voulait le deferer au prince, pouvait seul prévenir de grands maux,et amener les plus heureux résultats. Au surplus, l'é– vénement paraît avoir justifié complete

qu'il faut vraisemblablement attribuer la difficulte que rencontra son exécution dans ce département, difficulté qui alla beaucoup plus loin que dans les autres départemens de la Hollande; car il faut remarquer que les efforts de M. Kemper étaient secondés par d'autres personnes de marque qui travaillaient dans le même sens. Il ne paraîtra donc pas étonnant que cette mesure, qui mit le comble à l'exaspération des Hollandais, et qui contribua ainsi à favoriser efficacement les vues et les projets des amis de l'indépendance nationale, fit enfin, vers le milieu du mois de novembre 1813, éclater cette révolution, qui fit si glorieusement reprendre aux Hollandais leur ancien rang parmi les nations. M. Kemper, qui jusqu'à cette époque n'a. vait travaillé qu'en secret, se montra dèslors au grand jour, et fut un des principaux auteurs de la révolution à la tête de laquelle s'étaient placés MM. van Hogendorp et van der Duyn (voy.ces noms). M. Kemper nommé par ce duumvirat, commissaire avec M. Fannius-Scholten, fut charge conjointement avec celui-ci d'une mission tendant à persuader à la ville d'Amsterdam de ne plus différer à seprononcer hautement pour la révolution qui venait de s'opérer. Les commissaires du gouvernement provisoire réussirent dans leur mission, et prirent ensuite les moyens les plus convenables pour consolider le nouvel ordre de choses. Les nobles efforts de M. Kemper pour préparer et consommer le grand œuvre de la libération bata. ve, seront toujours cités avec reconnaissance par ses concitoyens, et feront une des plus belles pages de l'histoire de la Hollande, dans laquelle, sans doute, son nom ne brillera pas avec moins d'éclat que ceux des van Hogendorp, van der Duyn et Falck, véritables patriotes, au talent et à l'énergie desquels la Hollande doit l'ina préciable bonheur d'avoir par elle-même recouvré l'indépendance qui lui avait été ravie sans motif par un gouvernement ambitieux, pour lequel elle n'avait cessé de faire les plus grands sacrifices. Le prince d'Orange, au nom duquel le gouvernement provisoire agissait, étant rentré dans sa patrie, M. Kemper l'accompagna, à son entrée à Amsterdam, laquelle eut lieu le 1er décembre. La nation attendait une proclamation du prince rendu à ses vœux. Celui-ci était encore indécis sur le titre qu'il prendrait. M. Kemper l'engagea à

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ment l'avis énoncé par M. Kemper.Le prince,effrayé d'abord de l'idée toute nouvelle que lui présentait le titre imposant de souverain, et après avoir, pendant quelque temps, élevé plusieurs objections qui, toutes, prouvaient la pureté de ses intentions, persuade enfin par les argumens de M.Kemper,qu'il n'existaitque ce moyende sauver la patrie, finit par accepter le titre que cet estimable citoyen lui avait proposé, et porta sa résolution à la connaissance du peuple, par la proclamation, également noble et simple, du 1er décembre 1813, dans laquelle il déclare n'accepter la souveraineté que sous la réserve expresse qu'elle serait le plutôt possible réglée et circonscrite par une constitution. M. Kemper fut secondé dans cette démarche par M. van der Duyn, qui se trouvait à cette époque à Amsterdam. Gette mesure finit la révolution, et M. Kemper, content de son sort et s'estimant heureux d'avoir pu contribuer à la délivrance de son pays, retourna à Leyde reprendre ses leçons de droit. Il succé da alors à M. Brugmans dans le rectorat de l'académie, et fut ensuite nommé membre de la commission chargée d'une nouvelle organisation des universités. La partie qui concerne les academies fut confiée à M. Kemper, et on lui doit le travail qui s'y rattache. Pour prix des services qu'il a rendus à l'état, à l'époque de la révolution, il fut nommé commandeur de l'ordre du lion-belgique, écuyer (jonkheer), et conseiller-d'état en service extraordinaire. Quelque temps après, il fut question de faire abandonner à M. Kemper la carrière de l'enseignement, pour lui faire suivre la carrière politique; le roi lui offrit la place de conseiller-d'état en service ordinaire: M. Kemper crut ne devoir pas l'accepter, préférant garder sa charge de professeur à Leyde; mais il ne put plus long-temps se défendre de rentrer dans la carrière politique, où il avait joué un róle si honorable. En 1817, il fut nommé membre de la seconde chambre des étatsgénéraux, pour la province de Hollande. Il se rendit alors aux vœux de ses concitoyens, et nous ne craignons pas d'ajouter qu'il a jusqu'ici satisfait à l'attente qu'ils avaient conçue de ses talens et de son patriotisme éclairé. Dans la session de 1817-1818, il se distingua par plusieurs excellens discours, et y fit la motion qui avait pour objet de prendre en délibéra

tion les pétitions de MM. Guyet et Cauchois-Lemaire, réfugiés français, qui de→ mandaient à être autorisés à poursuivre en justice le ministre de la police, par les ordres duquel ils avaient été obligés de quitter le territoire du royaume des PaysBas, où ils étaient établis. M. Kemper se prononça pour le rejet de la demande, et la chambre,presqu'à l'unanimité,se rangea de son avis. Dans la session suivante, il proposa un projet de loi relatif au droit de chasse, et tendant à le faire considérer, non comme un droit régalien, mais comme un droit inhérent à la propriété; proposition parfaitement conforme à l'esprit du siècle, au bon sens, et à ce qu'exigeaient les circonstances; elle fut adoptée par l'assemblée où elle avait été faite, mais rejetée ensuite à une très-forte majorité par la première chambre des états-généraux. Le discours prononcé par M. Kemper à cette occasion, fait le plus grand honneur à ses sentimens libéraux, ainsi qu'à la justesse de son raisonnement et à ses connaissances comme jurisconsulte.Si, dans cette occasion, ne s'est pas montré attaché à l'opinion manifestée par le gou vernement dans la session précédente, où un projet de loi, relatif au même objet, fut présenté, projet dans lequel le droit de chasse était envisagé comme un droit régalien, dans d'autres circonstances M. Kem. per s'est presque toujours prononcé en faveur des opinions émises par le gouverne→ ment. Il est en même-temps membre de la commission chargée de la rédaction des nouveaux codes; travail immense, mais dont le public ne pourra juger le mérite qu'à la session prochaine des états-généraux, époque à laquelle ces nouveaux codes seront présentés aux délibérations de la réprésentation nationale. Jusqu'ici nous avons suivi principalement M. Kemper dans sa carrière po litique, et nous n'avons pu lui refuser le tribut d'éloges auquel il nous semble avoir tant de titres : sa carrière littéraire n'a pas été moins brillante : il y atteignit les grades les plus élevés, ceux de professeur à l'université de Leyde et de membre de l'institut des Pays-Bas. Voici les ouvrages sur lesquels, d'ailleurs, sa considération littéraire est basée: Oratio de jure naturæ immu abili et æterno, prononcée, en 1798, à Harderwyk.-Oratio de prudentiá civili in promovendá eru litione, prononcée peu de temps après dans

la même ville.-Oratio de litterarum stu. dio calamitosis reipublicæ temporibus op timo solatio et perfugio; discours par lequel il prit congé de l'académie de Harderwyk, le 12 juin 1806. Il y composa encore un mémoire auquel fut décerné le second prix par la société de Teyler, à Harlem, sur une question proposée par cette société savante et conçue à-peu-près en ces termes : La vertu et les mœurs peuvent-elles, chez des peuples parmi lesquels la civilisation a fait de grands progrès, trouver un appui suffisant et une garantie durable dans les meilleures institutions humaines de législation, d'économie politique et d'éducation, sans avoir besoin de l'influence des idées religieuses? et qu'est-ce que l'expérience nous apprend à cet égard? Nous avons dit à l'article Feith, que celui-ci remporta le premier prix.-Oratio de legibus populorum optimis increscentis vel decrescentis humanitatis indiciis, prononcé le 3 novembre 1806, en entrant dans ses fonctions de professeur du droit civil à l'athénée d'Amsterdam. Oratio de præstantia disciplinarum moralium cum cæteris disciplinis comparata, prononcée à Leyde en 1809, à l'occasion de son entrée en fonctions comme professeur. Discours sur differens sujets en langue hollandaise, publiés à Amsterdam en 1814, et dédiés au roi des Pays-Bas. Annales du droit français à l'usage des départemens hollandais, 5 petits volumes in-8. Code criminel (pour la Hollande) avec remarques, I vol. in-8. Observations sur la loi du 4 mai 1814, relative à la conversion de la dette publique de la Hollande. Opi nion sur le projet de loi concernant la péche du hareng, présenté à la seconde chambre des états - généraux, dans la session de 1817, publiée séparément. On a encore de lui un discours très-éloquent, prononcé en 1814, pour l'inauguration de l'université de Leyde (dont M. Kemper venait d'être nommé recteur), d'après sa nouvelle organisation; il est publié dans les Annales de l'académie de Leyde, avec le récit de la part qu'ont prise les étudians de cette université, à la campagne de 1815. En se démettant de ses fonctions de recteur, il prononça un discours latin, peut-être le meilleur de tous ceux qu'on a de lui, qui a pour objet d'indiquer quelles instructions les princes et les peuples peuvent tirer de ce

qui s'est passé dans les dernières années, (Oratio de cetatis nostræ fatis exemplo gentibus ac præsertim Belgis nunquàm negligendo). Ce discours se trouve également dans les Annales de l'académie de Leyde. De tous les ouvrages sortis de la plume de M. Kemper, celui qui fait le plus d'honneur à ses talens, est, à notre avis, son mémoire qui vient d'être couronné par la société de Teyler, à Haarlem, et qui est intitulé : Essai sur l'influence des événemens politiques et des opinions religieuses et philosophiques depuis 25 ans, et sur les progrès des lumières chez les peuples de l'Europe, sous le rapport de la religion et de la morale. On nous fait espérer une traduction française de ce mémoire, aussi bien écrit que bien pensé. Nous nous abstiendrons de l'ér umération exacte des autres productions de moindre importance de ce publiciste; mais nous ne pouvons nous dispenser de dire encore qu'il est l'auteur des lettres anonymes, publiées à Amsterdam, en 1806, en langue hollandaise, et qui avaient pour but d'insinuer que l'empereur des Français ne pouvait avoir l'intention sérieuse d'anéantir l'indépendance de la république batave, état qui avait fait des sacrifices si considérables pour le maintien de sa liberté. Ces lettres firent dans le temps une grande sensation, et leur éditeur reçut, peu de temps après leur publication, trois exemplaires d'une traduction française qui en avait été faite à Paris, par un ami des droits des peuples, accompagnés d'une lettre très-flatteuse pour leur auteur. Le gouvernement français désira le connaître, mais l'éditeur (le libraire Ten Brink) refusa obstinément de le nommer: et le ministre de la justice, M. Van Maanen, sollicité par M. Champagny, ministre de Napoléon, d'entamer des poursuites judiciaires contre l'auteur de cette brochure, s'honora par son refus constant, déclarant « que, n'y trouvant rien qui pût donner lieû à des poursuites, il ne pouvait intenter une action à une personne qui, suivant son opinion, n'avait commis ni crime ni délit. » D'après cette declaration, M. Kemper ne fut point persécuté. On trouve son éloge dans l'ouvrage du professeur Van der Palm, sur l'histoire de la revolution de 1813.

KENNA (Le colonel M'), d'origine irlandaise, fut nommé, en novembre 1813, commandant en second de l'armée

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