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lous les botanistes en renom ont connu la Pomme de terre, mais nul d'entre eux n'a pris soin de la répandre ou de la recommander de quelque façon que ce fût. N'est-ce pas là, pour Charles de l'Escluse, un titre sérieux à la gratitude des peuples? On peut affirmer, en effet, qu'à partir du XVIe siècle, si la Pomme de terre a réussi à gagner peu à peu du terrain, dans le centre de l'Europe, elle ne l'a dû qu'à sa productivité et à ses qualités alimentaires, et que c'est pour ainsi dire d'elle-même qu'elle a fini par s'imposer et par se faire accepter comme une plante nécessaire et de première utilité.

Il nous semble que la véritable appréciation des faits, bien que tardive, doit reprendre tous ses droits en faveur de Charles de l'Escluse, qu'il est équitable de prendre en grande considération le rôle officieux qu'il a joué dans l'introduction de la Pomme de terre en Europe, et que l'on ne doit pas oublier que Parmentier n'aurait pu en aucune façon s'occuper du précieux tubercule, si grace à ce qu'avait déjà fait avant lui Charles de l'Escluse, la Pomme de terre ne s'était pas jadis, si lentement que ce fût, répandue sur le Continent européen et particulièrement en France.

Du reste, il est à présumer que Parmentier lui-même, s'il avait su ce qu'avait fait Charles de l'Escluse pour la Pomme de terre, n'eût pas manque de parler chaudement en sa faveur. Croyant bien à tort que c'était à Walter Raleigh que nous devions le précieux tubercule, il disait en effet: « Il faudroit lui ériger une statue et la reconnaissance ne manqueroit pas de faire tomber à ses pieds les habitans des campagnes, dérobés aux horreurs de la faim par le secours unique des Pommes de terre ».

Félicitons-nous des honneurs qu'a obtenus Parmentier, mais appelons de tous nos vœux la juste réparation qui doit être faite à Charles de l'Escluse. Souhaitons donc que tous ceux qui ont, en France, le culte des hommes dignes d'être honorés par les services qu'ils ont rendus, et en particulier que les habitants de la ville d'Arras veuillent bien accorder mieux qu'un souvenir admiratif à celui qui a devancé Parmentier dans son œuvre philanthropique, en prouvant plus manifestement leur gratitude à leur célèbre Compatriote Charles de l'Escluse, l'un des plus illustres savants du XVIe siècle et le Premier Propagateur de la Pomme de terre.

IMP. CAMIS ET Cie, PARIS.

SECTION ORIENTALE A. BURDIN, ANGERS.

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