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avant sa mort, quelques extraits de la Bible en allemand et en français, sous ce titre : Passages choisis de l'Écriture sainte, recueillis pour servir de consolation à tout chrétien souffrant injustement.

jamais pardonné à ceux qui ont choqué son orgueil ou qui ont touché à son intérêt. » Toutefois, il servit bien son pays en 1742 il conclut une alliance avec l'Angleterre, et, l'année suivante, avec la Suède, le traité d'Abo, par lequel la succession au trône de ce royaume du Nord fut réglée suivant les désirs de la Russie. Ce traité fut suivi d'une alliance avec la Suède, et d'une autre avec la Saxe. Par tous ces succès il établit si bien son crédit auprès d'Élisabeth, qu'il déjoua sans peine les intrigues tramées contre lui, et secrètement appuyées par l'héritier du trône. En 1746 il entra dans la ligue formée contre la Prusse par les cabinets de Vienne et de Dresde, et, à cette occasion, Bestoujef est formellement accusé de s'être laissé gagner à prix d'argent. Kaunitz mêla ainsi l'empire moscovite aux affaires de l'Europe, et depuis ce temps il y a toujours pris une part active et presque prépondérante.

Non content de contrarier les affections du grand prince héritier, le chancelier Bestoujef le brava encore en formant en 1746 une alliance avec le Danemark, et en préparant la cession à ce royaume du Slesvig et du Holstein. En 1747 il conclut un nouveau traité d'alliance avec l'Angleterre, à Saint-Pétersbourg; et, à l'effet d'accélérer la conclusion du traité de paix d'Aix-la-Chapelle, il s'engagea à faire marcher à travers l'Allemagne un corps auxiliaire russe de trente mille hommes ou au-dessus. Ce corps, sous la conduite du prince Repnine, traversa en effet les États autrichiens, pénétra dans la Franconie et marchait sur le Rhin, quand il fut arrêté par la mort de son chef et par la convention du 2 août 1748, qui fut suivie de la paix du 18 octobre, dont l'intervention de la Russie détermina la conclusion (1).

Sûr de son crédit, Bestoujef osa renverser en 1748 le comte de l'Estocq, qui favorisait le parti prussien, dont Pierre Fodorovitch était le chef. Après avoir adhéré à l'alliance de la France et de l'Autriche contre Frédéric le Grand, il poussa son antagonisme contre l'héritier d'Élisabeth jusqu'à chercher à l'exclure de la succession; mais, loin de réussir, cette entreprise téméraire devint l'occasion de la chute du ministre. Apraxine, qui commandait l'armée russe envoyée contre Frédéric, agissait de concert avec le chancelier: au lieu d'avancer, après la bataille de Gross-Jægerndorf, il revint sur ses pas, suivant les uns pour soutenir les projets de Bestoujef, suivant les autres pour ne pas se compromettre avec l'héritier du trône; mais, en tout cas, sur l'ordre formel du chancelier et à l'insu d'Élisabeth, qu'on croyait mourante. L'impératrice s'étant rétablie, apprit la cause de la retraite de l'armée russe: elle fit arrêter son chancelier infidèle, le dépouilla de tous ses titres et de presque tous ses biens, et le relégua dans un village près de Moscou. Bestoujef supporta sa disgrâce avec résignation. Il fit imprimer, peu de temps

(1) Dohm, Mémoires, t. IV, p. 19 et suiv,

En 1762, Catherine II le rappela à Saint-Pétersbourg, lui rendit ses honneurs, lui conféra le rang de feld-maréchal-général, le nomma sénateur, et lui assigna un revenu considérable; elle fit publier et afficher dans les églises un oukase (31 août 1762), par lequel sa condamnation fut déclarée injuste. Cependant il n'obtint plus aucune influence, et mourut en 1766, au moment où il songeait à déshériter son fils unique, conseiller privé actuel et chambellan.

"

Le comte Bestoujef-Rumine était un homme d'un grand talent et d'une extrême activité, mais il était peu scrupuleux dans le choix des moyens qui devaient le mener à son but. Voici le jugement bien sévère que porte de lui Rulhière : C'était le Russe Bestuchef, génie vigoureux, mais sans culture, sans morale, sans aucun soin de sa réputation. La cour le croyait audacieux, parce qu'il méprisait toute pudeur, et que jamais il n'employa l'intrigue où pouvait réussir l'impudence. Sa politique était de croire qu'on peut toujours faire à un autre homme la proposition d'un crime... Ce ministre perdu de luxe, comme le furent tous les courtisans sous ce règne, trouvait une ressource perpétuelle à son désordre en vendant l'alliance de sa cour aux puissances étrangères. Aussi soutenait-il dans le conseil que l'état naturel de la Russie est la guerre; que son administration intérieure, son commerce, sa police, toute autre vue doit être subordonnée à celle de régner au dehors par la terreur; et qu'elle ne serait plus comptée parmi les puissances européennes, si elle n'avait pas cent mille hommes sur ses frontières, toujours prêts à fondre sur l'Europe. » (Histoire de l'Anarchie de Pologne, t. I, p. 172.)

Le chancelier Bestoujef passe pour l'inventeur d'une préparation ferrugineuse connue sous le nom de tinctura tonica nervina Bestucheffi. [Enc. des g. du m.]

Manstein, Histoire de Russie. Dohm, Mémoires. — Rulhière, Hist. de l'Anarch. de Pologne. BESTOUJEF-RUMINE (Michel), sous-lieutenant dans le régiment d'infanterie de Pultava, et appartenant à une autre branche de la même famille, fut exécuté le 13-25 juillet 1826. Vers l'année 1820 il entra dans un complot tramé contre la vie de l'empereur Alexandre. Le principal centre de cette conspiration était à Toultchine, dans la Petite-Russie. En 1823 il fut chef de l'un des comités de l'Union, et c'est alors qu'il paraît avoir adhéré au projet de Mathieu Mouraviof-Apostol, du colonel Pestel, du prince Serge Volkhonski, de Davouidof et de plusieurs autres militaires, résolus d'exterminer la famille impériale. Ce fut par l'organe de Bestoujef-Rumine que le directoire de Toultchine entra (1824) en négocia

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les asphyxiés, les empoisonnés. etc., in-8°; Paris, 1818;-l'Anti-Charlatan, ou traitement raisonné de la maladie vénérienne, d'après l'état actuel de la science; Paris, 1819, in-8° (traduit en espagnol, Paris, 1828, in-18); Précis historique de l'ordre de la Franc-maçonnerie, depuis son introduction en France

tions avec la société secrète de Varsovie, dont le but était l'indépendance de la Pologne sur l'ancien pied, et qui devait agir de concert avec les sociétés russes (Voir le Rapport de la commission d'enquête, pag. 47-48). En janvier 1826, il fut pris, les armes à la main, dans l'insurrection qui éclata à cette époque près de Vassilkof, dans le gouvernement de Kief, et dont Mouraviof-jusqu'en 1829; suivi d'une Biographie des Apostol, lieutenant-colonel du régiment d'infanterie de Tchernigof, avait donné le signal. Par sentence de la haute-cour de justice, il fut placé, avec quatre autres accusés, hors des catégories établies, vu l'énormité de leurs forfaits, et condamné à être écartelé comme régicide. Mais l'empereur Nicolas ayant commué la peine de la plupart des autres, et abandonné les cinq principaux coupables à la décision de la haute-cour nationale, ils furent simplement condamnés à être pendus, par arrêt du 11-23 juillet 1826. Deux jours après, à quatre heures du matin, cette sentence reçut son exécution sur les glacis de la forteresse de Saint-Pétersbourg. Bestoujef eut, avec deux de ses compagnons d'infortune, le malheur de tomber à bas du gibet, la corde ayant été mal affermie autour de leur cou. Un quart-d'heure après, il cessa de vivre. [Enc. des g. du m.]

Busching, Magasin.

* BESTOÜJEF ( Alexandre), romancier russe, né en 1795, officier aux gardes, et aide de camp du duc Alexandre de Wurtemberg en 1825. Impliqué avec son ami Rylejeff dans la conspiration de cette année, il fut pour cette raison dégradé, et, réduit à la condition de simple soldat, envoyé en exil à Pakoutsk en Sibérie. Amnistié après de longues sollicitations, il rejoiguit l'armée du Caucase, où il périt en 1837, dans un engagement contre les montagnards. On a de lui: l'Étoile polaire, le premier almanach qui eût paru en Russie; Saint-Pétersbourg, 1823; Mullah-Nur, nouvelle; - AmmalethBeg, autre nouvelle dont le sujet, puisé, comme celui de la précédente, dans les mœurs qu'il avait sous les yeux, est la trahison d'un chef circassien envers la Russie. Ses œuvres complètes ont été publiées à S.-Pétersbourg en 1840.

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membres de l'ordre les plus célèbres par
leurs travaux, leurs écrits, ou par leur rang
dans le monde, depuis son origine jusqu'à
nos jours, et d'un choix de discours et de poe-
sies; Paris, 1829, 2 vol. in-8° (anonyme); ou-
vrage utile et curieux par une biographie générale
des francs-maçons, formant les deux tiers du
dernier volume; - Traité de la Gastrite et des
Affections des organes de la digestion, mis i
la portée des personnes étrangères à l'art de
guérir; suivi du traitement prompt et sûr des
affections; Paris, 1837, in-8°, dont une 3o édi-
tion parut en 1840 sous le titre : la Gastrite, les
Affections nerveuses et chroniques des vis-
cères, etc. Besuchet a fourni en outre plusieurs
articles à l'Encyclopédie moderne de MM. Di-
dot.
P. DE GEMBLOUX.

Germain Sarrut et Saint-Edme, Biographie des Hommes du jour, t. IV, p. 4. Quérard, la France litteraire, supplément, t. I, p. 431. Pascalet (E.), Notice sur Besuchet, dans la Revue generale biographique et litteraire, t. 11, 270, 288 (1841).

BETANÇOS (le P. Domingo DE), missionnaire espagnol, né à Léon vers la fin du quinzième siècle, mort en 1549. Il étudia d'abord le droit à Salamanque, et vint ensuite à Rome se fixer dans un couvent de l'ordre de Saint-Benoit, qu'il quitta bientôt pour se réfugier dans la petite île de Poma, située à quatre ou cinq lieues de Naples. L'ile était habitée depuis longtemps par des ermites, qui s'y étaient logés dans des cavernes spacieuses et saines. Le nouveau solitaire choisit, pour en faire sa demeure, une grotte luimide où en peu de temps il fut frappé de vieillesse anticipée. Des pêcheurs charitables le décidèrent à aller habiter une autre caverne; et il demeura à Poma cinq ans entiers dans une réclusion absolue. Le souvenir d'un homme qu'il vénérait et qui avait embrassé la vie religieuse l'arracha à cette vie ascétique; il voulut revoir Pedro de Arconeda, et il se dirigea vers l'Espagne en vivant d'aumônes. Arrivé à Léon, où demeurait encore son père D. Gabriel de Betanços, il se présenta devant la maison paternelle, demandant humblement le viatique qu'on accordait jadis si facilement aux moines espagnols, et qui lui fat refusé. Les changements plus simples amenés par ses austérités l'avaient fait méconnaître complètement. Il fut ordonné prêtre à Séville, et se rendit à Hispaniola vers 1514, c'est-à-dire vers le temps où l'évêque Géraldini songeait à catéchiser les Indiens.

Betanços fut donc témoin des cruautés qui dépeuplèrent avec tant de rapidité les campagnes de Saint-Domingue. Pas plus que le jeune

Las-Casas, il ne put demeurer le spectateur impassible de ces horreurs. A cette époque déjà, on ne pouvait reconnaître l'inutile solitaire de l'île de Ponca, fuyant naguère la société des hommes: sans cesse en compagnie des Indiens, Betanços apprenait leur langue, les catéchisait, et tâchait de sauver ceux qu'il ne pouvait toujours arracher au supplice. Bientôt le Mexique offrit un champ plus vaste à ses travaux : il résolut de s'y rendre, et il arriva à Mexico avec quelques-uns de ses frères le 23 juin 1526. Il y avait deux ans que les franciscains l'avaient précédé dans cette ville, où tout rappelait encore l'ancienne magnificence des Astèques, mais où tout attestait l'impitoyable cruauté des conquérants.

Bien qu'il eût été abandonné dès l'origine par ses frères, Betanços n'en fonda pas moins, pour la gloire de l'ordre auquel il appartenait, la province de Santiago-de-Mexico. On voulut lui accorder quatre villages pour subvenir aux besoins naissants du couvent; il rejeta ces commanderies qui rappelaient le dur esclavage des Indiens, et prétendit ne devoir sa subsistance qu'aux aumones volontaires des conquérants et catéchumènes, qu'il confondait dans sa charité. L'horticulture était son seul délassement et parfois son unique ressource: telle était son austérité néanmoins, qu'il ne goûta jamais aux fruits de ce beau jardin de Tepetlaotzoc, dont les arbres magnifiques avaient été plantés par lui. Un peu de maïs, quelques racines lui suffisaient; et cependant il avait été promu dès l'origine aux dignités de l'ordre. Il s'en démit en 1528; puis il alla fonder un autre couvent à Guatemala, et ne franchit le désert de Mexico qu'à l'époque où l'indépendance du couvent fut menacée par la maison de SaintDomingue, qui élevait des prétentions de suprématie. Betanços s'embarqua alors pour l'Europe, et alla en 1531 faire valoir les droits de ses frères à Rome. Il obtint ce qu'il souhaitait, et retourna immédiatement en Amérique. En 1535, il était élu canoniquement comme provincial.

C'est l'époque glorieuse de sa carrière; car le reste est dévolu pour ainsi dire à l'ascétisme et à l'extase. S'il y avait dans le nouveau monde un lieu qui pût attester aux Européens les développements intellectuels de la race indienne, c'était certainement l'ancienne Tenotchitlan et Tescuco, l'Athènes américaine. L'avarice des conquérants ne tint compte ni des monuments fastueux de ces peuples, ni des travaux scientifiques dont le Temotchli ou le livre divin était, diton, le dépositaire; elle insinua d'abord et ensuite prétendit prouver que la race indienne pouvait être opprimée sans remords, parce que Dieu avait dédaigné de lui accorder une âme raisonnable. Le solitaire de Ponca n'alla pas luimême à Rome plaider la cause des Indiens, comme l'ont dit plusieurs historiens; mais i expédia vers le saint-siége un noble et zélé religieux, F. Domingo de Minaya, qu'il avait in› vesti de sa confiance, et dans lequel il avait re

connu tout le feu de sa charité. Grâce à l'envoyé de Betanços, en l'année 1537 Paul III promulguait la bulle qui rappelait aux chrétiens que les Indiens étaient leurs frères, et qui, par ce seul acte, condamnait leur cruauté. Cette bulle, trop peu connue, commence par ces belles paroles, Veritas ipsa, quæ nec falli nec fallere potest, et annonce au monde chrétien que tous les hommes ont été conviés à entendre la parole du Christ, et à profiter de ses bienfaits.

Après avoir répandu dans toute l'Amérique méridionale cette bulle fameuse, dont les prescriptions furent si peu exécutées, Betanços refusa l'évêché de Guatemala pour lequel il avait été présenté par Charles-Quint, et il cessa même, par humilité monastique, d'occuper les fonctions de provincial. Vers la fin de sa carrière il était dévoré du désir de passer aux Philippines, pour de là se rendre en Chine et peut-être aux Indes; car la bulle parlait des Indiens orientaux comme des Indiens du nouveau monde. L'évêque de Mexico Zumarraga brûlait de le suivre, et prétendait l'imiter dans l'abandon de l'épiscopat. Ni lui ni le pieux dominicain ne purent réaliser ce projet. Les définiteurs de l'ordre déclarèrent que Betanços ne devait pas songer à ce surcroît de travaux apostoliques. Il se résigna sans murmure, mais il voulut du moins revoir l'Europe; et il partit pour l'Espagne avec un religieux qu'il aimait, et qui portait le beau nom de Vicente de Las-Casas. Ils débarquèrent à Sar.-Lucar au mois de juillet 1549; le mois suivant, Betanços expirait dans le couvent de Saint-Paul à Valladolid. FERDIN. DENIS.

Historia de la fundacion y discurso de la provincia de Santiago de Mexico, de la orden de Predicadores, por maestro Frey-Augustin Davila Padilla; 2e édit., Brussellus, 1628, in-fol., écrite vers 1894. — Vasconcellos, Chronica da companhia de Jesu, in-fol. TernauxCompans, Pièces sur le Mexique, in-8°.

*BETANÇOS (Jean DE), historien espagnol, né en Galice, vivait dans le seizième siècle; il fut un des premiers qui accompagnèrent les nouvelles expéditions dans les Indes. On a de lui, en manuscrit : Historia de Indorum moribus, imperio regum rebusque eorum gestis usque ad Hispanorum adventum.

Antonio, Bibliotheca hispana nova.

BETAU, BÉTAUD, ou BÉTAUT (Jean), architecte français, mort à Nancy dans la première moitié du dix-huitième siècle. Il fut architecte du duc Léopold. Ses principaux ouvrages sont l'église des Prémontrés de Nancy; l'église des Petites Carmélites;- la chapelle de Notre-Dame de Mont-Carmel, dans l'église des Carmes; la maison des Carmélites. J.-J. Lyonnais, Hist. de Nancy, t. II et III,

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Théologien en conversation avec les sages et les gens du monde ; Paris, 1683, in-4°.

Adelung, suppl. à Jöcher, Allgem. Gelehrten-Lexicon. BETBEDER (Jean), médecin français, vivait dans le dix-huitième siècle; il était membre du collége des médecins de Bordeaux, et chargé du service de l'hôpital de Saint-André. On a de lui: Dissertation sur les eaux minérales de Montde-Marsan; Bordeaux, 1750, in-12; — Histoire de l'hydrocéphale de Bègle; Bordeaux, 1757, in-8°; - quelques dissertations médicales imprimées à Bordeaux, et dans le recueil des savants étrangers de l'Académie des sciences de Paris; un Mémoire sur un enfant monstrueux. Biographie médicale. — Quérard, la France littéraire. BETBEDER (Pierre), médecin français, natif de Pau dans le Béarn, vivait vers la fin du dix-septième siècle. On a de lui: Questions nouvelles sur la sanguification et la circulation du sang ; Traité des vaisseaux lym phatiques découverts depuis peu; Paris, 1666, in-12; -Observations de médecine, concernant la guérison de plusieurs maladies considérables; ibid., 1689, in-12.

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Carrère, Bibliothèque de la médecine.

BETENCOURT (Pierre-Louis-Joseph DE), bénédictin de l'abbaye d'Anchin, né à Arras le 7 juillet 1743, mort à Paris le 16 mai 1829. Il avait consacré ses loisirs à des recherches historiques qui le firent nommer, le 2 août 1816, associé libre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Il a publié : Cartulaire de l'abbaye d'Auchy-lezHesdin, 1788, in-4o; tom. I, tiré à vingt-cinq exempl. ; Noms féodaux, ou Noms de ceux qui ont tenu fiefs en France depuis le douzième siècle jusque vers le milieu du dix-huitième siècle, extraits des Archives du royaume, par un membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres; 1re partie, Paris, 1826, 2 vol. in-8°: de Bétencourt a laissé en manuscrit la seconde partie de cet ouvrage; - le Cartulaire de l'abbaye de Notre-Dame de la Roche, avec un relevé des noms qualifiés ; · le Cartulaire du prieuré de Combourg, diocèse de SaintMalo, rédigé en 1780 (il en avait fait hommage, en 1821, à l'Académie des inscriptions). Parmi les mémoires qu'il avait lus à cette société savante, on remarque: Mémoires à consulter sur l'état des personnes en France avant et sous la première et la seconde race; Mémoires sur les prénoms, noms, surnoms, titres et qualités; Note concernant l'origine des fleurs de lys; Nouvel examen de la question relative au blason, avec une suite; Notice sur Fontaines;- Aperçu et Éclaircissements des difficultés qui se rencontrent dans l'ordre des successeurs d'Alberon III, évêque de Metz, décédé en 1072, jusqu'à Étienne de Bar, en la chronique attribuée à Albéric, etc.; 1120; Exposé du dialecte artésien écrit ou parlé; - Notice sur des sceaux antiques.

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E. REGNARD. Archives de l'Académie des inscriptions et belles-let

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'BETHABOR ( Floret DE), nom emprunté, sous lequel un alchimiste a fait paraître l'ouvrage suivant: Traumgesichte, welche Ben-Adam zur Zeit der Regierung Racharetz, des Kōniges von Ordoma, gehabt, nebst Frid. Galbi Reise nach der Einöde S.-Michael (Visions que Ben-Adam a eues au temps du règne de Racharetz, roi d'Ordoma; avec le Voyage de Fréd. Galbi dans la solitude de Saint-Michel); Hambourg, 1648 et 1682, in-8°.

Adelung, suppl. à Jöcher,Allgem. Gelehrten-Lexicon. BETHAM (Édouard), prédicateur anglais, vivait au commencement du dix-huitième siècle. Après avoir fait ses études au séminaire d'Éton, il entra dans les ordres, fut doyen du collége du roi à Cambridge, et en 1771 on le nomma membre du collège d'Éton, et prédicateur de Whitehall. Il dépensa plus de 50,000 livr. pour le jardin botanique de Cambridge, fonda une école élémentaire pour trente élèves, tant filles que garçons, et fit ériger à Henri VI, fondateur du collége d'Éton, une statue que l'exécuteur testamentaire de Betham paya 57,500 fr.

Rose, New Biographical Dictionary.

BETHEM, astronome arabe. On lui attribue : Centiloquium; - de Horis planetarum. Ces deux opuscules se trouvent dans l'ouvrage suivant : Julii Firmici Astronomia; Bâle, 1561, in-fol.

Adelung, suppl. à Jöcher, Allgem. Gelehrten-Lexicon.

BETHENCOURT (Jean, seigneur DE), conquérant des fles Canaries, mort en 1425. Il était chambellan de Charles VI, roi de France, et baron de Saint-Martin-le-Grillard, dans le comté d'Eu. Pendant la guerre des Anglais, il eut son château saccagé à diverses reprises; et, ruiné comme tant d'autres gentilshommes normands, il chercha fortune en pays étranger. Le récit de ses aventures se trouve consigné dans un livre fort curieux, intitulé Histoire de la première descouverte et conqueste des Canaries, faite dès l'an 1402 par messire Jean de Bethencourt, escrite du temps mesme par F. Pierre Bontier, religieux de Saint-François, et Jean le Verrier, prestre, domestiques dudit sieur de Bethencourt; Paris (Soly), 1630, in-8° (1). C'est de ce livre que nous avons tiré les détails qui vont suivre.

Après avoir engagé sa terre de Grainville-laTeinturière, en Caux, à Robert de Braquemont,

(1) Cette histoire a été imprimée sur un manuscrit de la bibliothèque de Gallen de Bethencourt, conseiller au parlement de Rouen.

833

BETHENCOURT

amiral de France, « Jean de Bethencourt s'en vint à la Rochelle, et là trouva Gadifer de la Sale, un bon et honeste chevalier, lequel alloit à son adventure; et eut parole entre ledit Bethencourt et Gadifer, et luy demanda monseigneur de Bethencourt quelle part il vouloit tirer, et ledit Gadifer disoit qu'il alloit à son adventure. Adonc monseigneur de Bethencourt luy dit qu'il estoit fort joyeux de l'avoir trouvé, et luy demanda s'il luy plaisoit de venir en sa compagnie, en contant audit Gadifer son entreprinse; et tant que ledit Gadifer fut tout joyeux de l'ouïr parler, et de l'entreprinse qui estoit faite par ledit de Bethencourt. »>

Après ce colloque, qui rappelle la chevalerie errante dont Cervantes a fait la spirituelle satire, Bethencourt s'embarqua à la Rochelle, avec son compagnon Gadifer et quelques autres aventuriers, le 1er mai 1402; il passa devant Belle-Isle, l'île de Ré, relâcha en Espagne dans les ports de la Corogne et de Cadix, où il eut quelques démêlés avec des marchands de Séville et de Gênes. De Cadix, il se rendit en cinq jours à l'ile d'Allegranza, toucha à l'île Gracieuse, et descendit à l'île de Lancerote, où il construisit un fort; de là il alla visiter l'île Fortaventure. Mais n'ayant pas des forces suffisantes pour conquérir ces îles, il revint en Espagne, demanda des renforts au roi Henri III, après avoir confié le commandement à Gadifer de la Salle et à Bertin de Barneval. Ce dernier fomenta des troubles, s'enfuit sur une barque, et se noya près de la côte d'Afrique. Gadifer fit tout rentrer dans l'obéissance, et soumit une grande partie des insulaires.

Sur ces entrefaites, Bethencourt arriva avec des secours, et avec le titre de seigneur des îles Canaries. Il fit baptiser le roi de ces îles sous le nom de Louis le 20 février 1404, convertit la plus grande partie des Canaries au christianisme, et soumit l'île de Fer et l'île de Palme. « Cette île, dit l'auteur de la relation citée, est garnie de grands bocages de diverses conditions, comme de pins et de dragonniers portant sang de dragon, et d'autres arbres portant laict de grande médecine, et de fruictages de diverses manières; et y court bonnes rivières parmy, et y sont les terres bonnes pour tous labourages, et bien garnies d'herbages. Le pays est fort et bien peuplé de gens; car il n'a mie esté ainsi foullé comme les autres pays ont esté. Ils sont belles gens et ne vivent que de chair, et est le plus délectable païs que nous ayons trouvé ès isles de par deçà. >>

Bethencourt voulut étendre ses conquêtes jusqu'aux côtes d'Afrique, et s'embarqua, avec vingt hommes, dans un bateau qui toucha au cap Bogador. Des dissensions s'étant ensuite élevées entre lui et Gadifer, ils retournèrent tous deux en Espagne, pour faire valoir leurs droits auprès de Henri III. Bethencourt l'emporta, et Gadifer renonça, par dépit, à revenir, aux Canaries.

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834 Bethencourt fit plusieurs fois le voyage de Normandie, pour en emmener des ouvriers et des colons, et finit par y laisser son neveu Marciot de Béthencourt, comme gouverneur des iles Canaries. Le 15 décembre 1405, il obtint du pape un évêque pour ces îles, et passa, depuis 1406, le reste de ses jours dans ses terres de Normandie.

Histoire de la première descouverte et conqueste des Canaries, Paris, 1630, in-8°.

BETHENCOURT ou BETTENCOURT (Jacques DE), médecin français, vivait dans la première partie du seizième siècle. Le calvinisme, dont il faisait profession, l'exposa à d'assez grands périls lorsque Charles IX s'empara de Rouen, où Bethencourt pratiquait son art. On croit qu'il appartenait à la famille de Jean de Bethencourt, célèbre par la découverte des îles Canaries (Voy. l'art. précédent). Il est le premier qui ait appelé jusqu'alors le nom de française. On a de lui : vénérienne la maladie à laquelle on avait donné Nova pœnitentialis quadragesima et purgatorium in morbum gallicum sive venereum, una cum dialogo aquæ argenti ac ligni guiaci colluctantium super dicti morbi curationis prolatura, opus fructiferum; Paris, 1527, in-8°. Biographie médicale.

BETHENCOURT Y MOLINA (Augustin DE), ingénieur espagnol, né dans l'ile de Ténériffe en 1760, mort à Saint-Pétersbourg le 26 juillet 1826, descendait en ligne directe de Jean de Bethencourt. Élève de l'école militaire de Madrid, il fut admis dans le corps des routes et canaux (ponts et chaussées); il obtint le grade d'inspecteur général et la décoration de l'ordre de Saint-Jacques. Dans un voyage qu'il fit en France, il présenta à l'Institut le plan d'une nouvelle écluse, qui fut approuvé sur le rapport de Monge, Bossut et de Prony, et dont il donna le modèle à l'école des ponts et chaussées. Ne voulant pas reconnaître le gouvernement imposé à l'Espagne par Napoléon, il entra en 1808 au service de la Russie, où il devint successivement général major et lieutenant général, et fut décoré de l'ordre de Saint-Alexandre Newski. La Russie lui doit la construction des bâtiments élevés en 1818 à Nischnei-Novogorod, où l'empereur Alexandre transporta la foire de Makarief, l'une des plus célèbres du monde. C'est encore Bethencourt qui a créé pour cet empire le corps des ingénieurs hydrauliciens, et une école pour les sciences exactes. Il était correspondant de l'Institut de France, et membre de plusieurs académies. On a de lui: Mémoire sur la force expansive de la vapeur de l'eau; 1790, in-4°; Mémoire sur un nouveau système de navigation intérieure; Paris, 1805, in-4°, fig. ; — Essai sur la composition des machines; Paris, 1808, in-4°.

Journal des Voies et Communications, publié à SaintPétersbourg, en russe et en français. Francœur, dans la Revue encyclopédique, 1819, t. III, p. 229-239.

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