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si souple, si facilement inspirée, qui l'avait tiré plus d'une fois de situations difficiles : un paragraphe de l'adresse le flétrit, lui et son parti. On s'attendait à une démission en masse des légitimistes à la chambre; sur les conseils de M. Berryer, elle n'eut pas lieu. M. Berryer avait déjà le sentiment instinctif des dangers que les violences croissantes de l'opposition et les imprudents défis du cabinet Guizot faisaient courir à la monarchie de Juillet; et le moment lui paraissait mal choisi de déserter un poste d'où il pouvait aider à sa chute. La révolution de Février donna gain de cause à sa longue et persévérante hostilité. Nommé à la constituante par le département des Bouches-du-Rhône, il fit partie du comité des finances, et combattit avec son talent ordinaire, mais talent désormais mûri par de sérieuses études, les nombreuses et redoutables utopies financières qui se produisaient presque chaque jour à la tribune. Évitant avec soin, dans une assemblée toute républicaine, des manifestations monarchiques qui auraient inutilement affaibli l'autorité de sa parole, il fut toujours et avant tout l'homme du pays, l'adversaire résolu de toutes les mesures violentes ou prématurées. Membre influent du comité électoral dit de la rue de Poitiers, il contribua efficacement pour sa part à déterminer le courant d'opinion qui amena à l'assemblée législative une majorité hostile aux principes de Février. Chef de l'un des partis monarchiques dont l'union momentanée formait cette majorité, il ne craignit plus de donner à ses sympathies dynastiques un essor que les entraves des serments ne gênaient plus. Le voyage à Wiesbaden, la fameuse déclaration, dans la discussion de la proposition Créton, « que le comte de Chambord ne pouvait rentrer en France qu'avec le titre qui lui appartenait, c'est-à-dire comme le premier des Français, » montrèrent assez que M. Berryer se croyait libre désormais de travailler ouvertement à l'établissement de la monarchie de Henri V, comme quelques-uns de ses alliés du moment ne se faisaient pas faute d'ailleurs de travailler à la restauration de la monarchie orléaniste.

Lorsque, par la destitution du général Changarnier, le pouvoir exécutif eut rompu avec la majorité, M. Berryer s'associa, mais dans une moindre mesure, à la véhémente opposition

que M. Thiers et les autres membres de l'orléanisme dirigeaient contre la personne même du président. A ce titre, il combattit les propositions tendant à réviser la constitution au point de vue de la réélection du prince; mais il n'en saisit pas moins cette occasion de proclamer l'incompatibilité de la république avec les mœurs, les traditions et les intérêts du pays. Rapporteur des budgets de 1850 et 1851, il en soutint la discussion avec un talent qui témoigna de nouveau de toute la puissance de ce brillant esprit, quand il s'applique à l'étude des intérêts matériels de son pays.

Le 2 décembre, M. Berryer fut l'un des orateurs les plus vifs et les plus résolus de la petite assemblée qui se réunit à la mairie du 10° arrondissement pour protester contre le coup d'État.

M. Berryer a remplacé en 1852 M. de SaintPriest à l'Académie française. A. LEGOYT. Lesur, Annuaire

Biographie des Contemporains. historique.

*BERSANUS (Barthélemy), júrisconsulte italien, mort en 1707. Il laissa : Tractatus de Compensationibus; Milan, 1691, in-fol.; Tractatus de Viduis, earumque Privilegiis et Juribus; Lyon, 1705, in-fol.; - Quæstiones singulares de ultimis voluntatibus, successoribus, statutariis et de variis contractibus cum rebus superinde judicatis per senatum Mediolani; Bologne, 1707; Opera; Venise, 1717 on y trouve les écrits cités.

Mazzuchelli, Scrittori d'Italia.

* BERSENEW (Iwan), graveur russe, né en Sibérie en 1762, mort en 1790. Il étudia à Paris, sous Bervic, et serait devenu un remarquable artiste s'il ne fut mort prématurément. On cite parmi ses œuvres un Saint Jean l'Évangéliste, d'après le Dominiquin, et un Tentateur, d'a près le Titien. Il grava aussi d'après l'Albane, le Poussin, etc.

Nagler, Neues Allgemeines Künstler-Lexicon.

'BERSERKER, héros scandinave, petit-fils de Starkader aux huit mains, et de la belle Alfhilde, vivait vers le huitième siècle de J.-C. Méprisant tous moyens artificiels, le fer, les casques, les boucliers, il n'eut jamais recours, dit la tradition, qu'à sa valeur personnelle. Il épousa la fille du roi Swarfurlam, qu'il avait tué; il en eut douze fils, également braves et déterminés.

Conversations-Lexicon.

BERSMANN (Grégoire), poëte et humaniste allemand, né à Annaberg le 11 mars 1536, mort le 8 octobre 1611. Il étudia à Meissen, vint en 1555 à Leipzig, où il s'appliqua à la médecine, dans laquelle il se perfectionna en France et en Italie; et, à son retour en Allemagne, il professa la poésie et la langue grecque, et mourut recteur du gymnase de Zerbst. On a de lui: Psalterium Davidis versibus descriptum ; Calligraphia Ovidiana; Leipzig, 1582; — Virgilii opera; ibid., 1581; Esopi Fabulæ; ibid., 1590, éditées par le fils de Bersmann.

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'BERSOTTI (Carlo-Girolamo), peintre de l'école milanaise, né Pavie en 1645, fut disciple de Carlo Sacchi. Il abandonna la peinture d'histoire pour les fleurs, les fruits et les animaux, qu'il rendait avec une grande vérité. II mourut dans les premières années du dix-huitième siècle. E. B-N. Orlandi, Abecedario. Lanzi, Storia pittorica. — Ticozzi, Dizionario.

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*BERSWORDT (Jean), chroniqueur et écrivain héraldique allemand, mort le 24 février 1640.

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On a de lui, manuscrits: Historia Westphalia, jusqu'en 1622; - Nomina et fragmenta quædam nobilium familiarum Westphaliæ, etc., anno 1624.

Harzheim, Bibliotheca Coloniensis.

*BERT (Corneille), grammairien danois, vivait dans la première moitié du dix-septième siècle. On a de lui: Pro Danica perfectione vindicia, diatriba secunda; 1640, in-8°; De Danicæ linguæ cum græca mixtione; 1640, in-8°; De Danicæ linguæ cum latina mixtione; 1641, in-4°.

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Catalogue de la Bibliothèque imp. de Paris.

*BERT (Isaac DE), auteur tragique, présumé Hollandais, vivait dans la seconde moitié du dix-septième siècle. On a de lui: Tragedische -otte Klaeglicke historien (Tragédies ou Histoires lamentables); Rotterdam, 1696, en huit parties; 1696, in-12.

Adelung, Suppl. à Jöcher, Allgem. Gelehrten-Lexicon.

BERT (Pierre-Claude-François), écrivain français, né à Paris vers 1760, mort en cette ville le 14 septembre 1824. On a de lui : D'une alliance entre la France et l'Angleterre, 1790, in-8°; Des Prêtres salariés par la nation, considérés dans leurs rapports avec le gouvernement républicain; 1793, in-8°. Quérard, la France littéraire.

BERTA (François, l'abbé), bibliographe italien, né à Turin en 1719, mort dans la même ville le 7 avril 1787. Issu d'une famille patricienne, il accompagna à Florence, à Rome, à Naples, le cardinal des Lances, et se perfectionna ainsi dans la connaissance des arts. Il entra dans l'état ecclésiastique, devint l'un des conservateurs de la bibliothèque royale de Turin, et s'appliqua avec zèle à l'étude de l'histoire littéraire et de la diplomatique. Collaborateur de Joseph Pasini et de Rivautella, il rédigea avec eux le Catalogue des manuscrits de la bibliothèque de Turin, 1749, 2 vol. in-fol.; et, avec Rivautella seulement, le Cartulaire de l'abbaye d'Oulx, 1753, in-4°.

Barbier, Examen critique des Dictionnaires.

* BERTACCHI Ou BERTACCIUS (Dominique), médecin italien, natif de Campo-Reggio, mort le 23 septembre 1596. Il fut médecin du duc Alfonse II de Ferrare. On a de lui: De spiritibus libri quatuor, nec non de Facultate vitali libri tres; Venise, 1584, in-4°.

Biographie médicale.

* BERTAGLIA ( Romuald), hydrographe italien, natif de Ferrare, vivait dans la première moitié du dix-huitième siècle. Il se fit surtout connaitre par des travaux hydrostatiques, que sa ville natale sut utiliser. En 1726, il alla à Rome, où l'appelait Benoît XIII pour visiter les marais Pontins et aviser à quelque moyen de les dessécher. Il professa les mathématiques à Ferrare. On a de lui: Ricerca dell' alzamento che sarebbe per produrre l'immissione del Reno in Po, ouvrage publié, sous le pseudonyme

de Valdinagro, en 1717; - Ragioni della città di Ferrara, presentata alla sagra Congregazione dell' Acque, colle quali si dimostra l' insussistenza del progetto contenuto nel Memoriale de' signori Bolognesi; 1732; - Riflessioni sopra il parere del sig. Ant.-Felice Facci Ferrarese Ingegnere; 1750.

Mazzuchelli, Scrittori d'Italia.

BERTAIRE OU BERTHAIRE (saint), abbé du mont Cassin, mourut martyr, tué par les Sarrasins en l'an 884. Il descendait des rois de France. En 856, il fut choisi unanimement pour remplacer l'abbé Barratius, qui venait de mourir. Les Sarrasins, qui dévastaient alors l'Ialie', l'assaillirent un jour près du fleuve Liris, et le massacrèrent dans l'église de San-Germano, au monastère du Sauveur. Avant sa conversion, i! avait écrit sur la médecine et la grammaire; mais depuis son élection, il composa des sermons, des vers sur la vie et la mort de saint Benoît, et un livre qu'il appela Antikeimenon, c'est-à-dire, des Contradictions qui peuvent embarrasser dans la lecture de l'Ancien et du Nouveau Testament. Ce dernier ouvrage a été imprimé à Cologne en 1533, in-8", sans nom d'auteur.

Petr. Diaconius, de Viris illustrib. Casin., cap. 12. — Mabillon, Acta Sanct, ord. S.-B., in sæc. IV

*BERTALDI (Jean-Louis), médecin italien, natif de Murello dans le Piémont, vivait dans la première moitié du dix-septième siècle. Il fut médecin d'Emmanuel Ier, duc de Savoie. On a de lui: de Durationibus medicamentorum compo sitorum eorumque facultatibus; Turin, 1600, in-4°; Medicamentorum Apparatus, in quo remediorum omnium compositorum vires enodantur; Turin, 1611 et 1612, in-4o; Tractatus confectionis hyacinthi et alchermes; Turin, 1613, in-4°, et 1619, in-4°; — Externorum medicamentorum Apparatus; Turin, 1614; Regole della sanità e natura de' cibi d' Ugo Benzo Sanese; ibid., 1618 et 1620, in-4°.

Biographie médicale.

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BERTANA (Lucie), femme poëte italienne, native de Modène selon les uns, de Bologne selon d'autres, morte en 1567. Au rapport de Tiraboschi, elle était de la famille bolonaise dell' Oro. Elle cultiva les lettres et fut en correspondance avec plusieurs poëtes, notamment avec Vincent Martelli et Annibal Caro. Elle s'entremit aussi, mais en vain, pour réconcilier ce dernier avec Castelvetro. Quelques-unes des éditions de Ludovico Domenichi lui furent dédiées; ses poésies ou Rime se trouvent dans les recueils indiqués par Mazzuchelli.

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enrichit le palais des ducs de Mantoue de sujets historiques, et surtout de décorations architecturales. E. B-N.

Camillo Volta, Notizie de' Professori Mantovanni, 1777.

BERTANI OU BERTANO (Giovanni-Battista), frère aîné du précédent, peintre et architecte, florissait à Mantoue vers 1568. Élève de Jules Romain, il alla étudier à Rome la perspective et les monuments de l'antiquité. Quand il revint dans sa patrie, il fut jugé digne de succéder à son illustre maître dans la direction de l'académie, et il devint pour le duc Vincent de Gonzague, qui le créa chevalier, ce que Jules Romain avait été auprès du duc Frédéric; il eut la haute main sur tous les grands travaux d'art exécutés sous le règne de ce prince. Habile dessinateur, mais peintre médiocre, Bertani mania rarement le pinceau; mais un grand nombre de tableaux qui décorent les églises et les palais de Mantoue furent peints sur ses dessins par les premiers artistes de son temps. On cite parmi les plus remarquables le Baptême de Constantin et la Flagellation de saint Adrien,par Lorenzo Costa; et surtout le Martyre de sainte Agathe, par Hippolyto Costa. Comme architecte, il égala au moins Jules Romain: la porte de la Douane, l'ancien couvent des Carmes, l'église Sainte-Barbe et son élégant clocher, décoré des quatre ordres, et plusieurs autres édifices de Mantoue, offrent des preuves éclatantes de son talent. Il a laissé sur son art plusieurs écrits estimés, tels qu'une lettre à Martin Bassi sur les discussions qui s'élevèrent à l'occasion de la cathédrale de Milan, et un mémoire destiné à éclaircir différents passages de Vitruve. La maison que Bertani habita existe à Mantoue; elle est décorée de deux demicolonnes placées aux côtés de la porte; sur l'une sont tracées les règles et les mesures de la colonne ionique; l'autre, cannelée et garnie d'une guirlande de chêne, offre l'exécution exacte et gracieuse de ces mêmes règles.

On a de Bertani : Gli oscuri e difficili parti dell' opera Jonica di Vitruvio, di latino in volgare tradotti; Mantoue, 1558, in-fol.; trad. en latin par Jean Polenus. E. B-N.

Vasari, Vita. Lanzi, Storia pittorica. - Ticozzi, Dizionario di Pittori, etc. - Camillo Volta, Notize de' Professori mantovani. — Mazzuchelli, Scrittori d'Italia. BERTANO (Jean-Baptiste), le jeune, poëte italien, natif de Venise, vivait dans la première moitié du dix-septième siècle. Il fut fait chevalier par l'empereur Mathias, et fonda à Padoue l'académie des Disuniti. On a de lui: i Tormenti amorosi, favola pastorale (en vers); Padoue, 1641, in-12; il Marino Arasdo, favola marittima (en vers); ibid., 1641, in-12; la Ninfa spensierata, favola pastorale (en vers); ibid., 1642, in-12; · la Gerusalemme assicurata (tragédie en vers); ibid., 1641, in-12; Epistole amorose historiali; ibid.,

1645.

Mazzuchelli, Scrittori d'Italia.

BERTAPAGLIA (Léonard), médecin italien, vivait dans la première moitié du quinzième siècle. Son nom a souvent été défiguré dans les recueils biographiques. Il se rendit célèbre comme médecin et comme chirurgien. Les cours qu'il fit à Padoue sur la chirurgie attiraient de nombreux auditeurs; il n'eut pas moins de succès à Venise. Ses principaux ouvrages sont : Chirurgia, seu recollectæ super quartum Avicennæ de Apostematibus, Morbis cutaneis, Gangræna, Carbunculo pestilente, Cancro, de Vulnere duri nervi, Fistula, Ventositate spinæ; Venise, 1499, in-fol., et 1546, in-fol., avec les œuvres de Guy de Chauliac, de Roland, de Roger, et d'autres.

Biographie médicale. Mazzuchelli, Scrittori d'1talia. - Tiraboschi, Storia della Letteratura Italiana.

* BERTARELLI (Paul), théologien et chroniqueur italien, vivait dans la seconde moitié du dix-septième siècle. On a de lui: Del borgo di Menagio con le proprie e vicine delizie ; Côme, 1645, in-4°;- Principe del Mondo, e segnalati guerrieri estinti dall' anno 1630-1652; Milan, 1653, publié d'abord sous le titre de Trionfo della Morte, et réimprimé sous cet autre titre Catalogo de' Principi e personaggi morti dall' anno 1630-1664; Milan, 1665.

Mazzuchelli, Scrittori d'Italia.

*BERTAUD ( Marie-Rosalie), appelée aussi selon Duplessis-Bertaud, femme graveur, née, Heineck, en 1738, et, selon Rost, en 1760. Elle fut élève de Saint-Aubin et de Choffard, ce qui rend la date que Rost assigne à sa naissance peu vraisemblable. Elle se distingua parmi les artistes femmes de Paris, et grava des fleurs et des ornements d'après la Fosse, Vernet, etc. Nagler, Neues Allgemeines Künstler-Lexicon.

BERTAUT, BERTHAUT, ou BERTAULT (....), fondateur de l'école de violoncelle de France, né à Valenciennes dans les premières années du dix-huitième siècle, mort en 1756. Caffiaux, son contemporain, dit, dans son Histoire de la musique (manusc. de la Biblioth. impériale de Paris) : «Avec un talent extraordinaire, Bertaut n'a pas celui de faire sa fortune; c'est assez le propre des hommes à talent. Une anecdote qu'il a souvent racontée lui-même, va faire connaître son génie. Tandis qu'il jouissait à Paris de la gloire de n'avoir aucun égal, un ambassadeur, ami de la musique, l'engagea à venir faire les délices d'une compagnie qu'il avait assemblée. Le musicien complaisant obéit : il se présente, il joue, il enchante. L'ambassadeur satisfait lui fait donner huit louis, et donne ordre de le conduire à son logis dans son propre carrosse. Bertaut, sensible à cette politesse, mais ne croyant pas ses talents assez bien récompensés par un présent si modique, remet les huit louis au cocher en arrivant chez lui, pour la peine que celui-ci avait eue de le reconduire. L'ambassadeur le fit venir une autre fois; et, sachant la générosité

qu'il avait faite à son cocher, il lui fit compter | seize louis, et ordonna qu'on le reconduisit encore dans sa voiture. Le cocher, qui s'attendait à de nouvelles largesses, avançait déjà la main; mais Bertaut lui dit : « Mon ami, je t'ai payé pour deux fois. »>

Cet artiste possédait un talent de premier ordre pour son temps; malheureusement son mérite était terni par un penchant immodéré pour le vin, défaut assez commun aux peintres, aux poëtes, et surtout aux musiciens. Bertaut eut pour élèves Cupis, les deux Janson, et Duport l'aîné, qui ont propagé sa belle manière de chanter, et la belle qualité de son qu'il tirait du violoncelle.

Fétis, Biographie universelle des Musiciens.

BERTAUT ( François), sieur de Fréanville, littérateur français, né à Paris en 1621, mort dans les premières années du dix-huitième siècle: il était frère puîné do Mme de Motteville. Il est surtout célèbre, dans l'histoire de Louis XIII, par le crédit dont il jouissait auprès de ce prince. Bertaut avait obtenu, par l'influence de sa sœur, la charge de lecteur de la chambre du roi. Il captiva l'amitié de ce prince à un tel point, que Louis XIII quittait souvent le conseil pour aller causer avec son lecteur, et qu'il lui donnait une partie à exécuter dans les concerts de guitare qu'il faisait presque tous les jours. Le cardinal de Richelieu, qui s'était déjà opposé à sa nomination, le força à vendre sa charge (1). En 1666, Bertaut acheta une charge de conseiller au parlement de Paris. Il publia en 1701, in-12, un ouvrage intitulé les Préroga tives de la Robe, où il s'efforçait de prouver que la noblesse qui naît des emplois militaires n'était pas d'une espèce différente de la noblesse qui vient de la magistrature, et qu'elles tiraient toutes deux leur origine du même principe, c'est-àdire de la vertu. Il avait accompagné en 1659 le maréchal de Grammont, qui allait demander au nom de Louis XIV, à Philippe IV, la main de sa fille Marie-Thérèse. Il publia en 1669, in-4o, la relation de son voyage, sous le titre de Journal d'un voyage en Espagne fait en 1659, contenant la description de ce royaume: ce livre est curieux par les remarques qu'il contient sur les antiquités espagnoles. Madame de Motteville a inséré dans ses Mémoires le journal de l'ambassade, que son frère lui avait adressé.

Tallemant des Réaux, Memoires.

BERTAUT ( Éloi), littérateur français, né à Vesoul en 1782, mort le 25 juillet 1834. Il se distingua parmi les professeurs de l'université par la science, le zèle et le talent. Élève brillant du collège de Besançon, il y fut chargé, dès l'âge de dix-huit ans, d'une chaire de mathéma

(1) La Gazette de France du 8 décembre 1637, p. 1270, annonce la présentation du sieur de la Ménardière à Leurs Majestés, « pour servir le roy dans la charge de lecteur ordinaire de sa chambre, cy-devant exercée par le sieur Berthaut, abbé de Saint-Thomas, >>

tiques. Son goût pour les sciences exactes ne l'empêcha pas de cultiver les lettres, soit en étadiant les modèles, soit en composant lui-même. Un écrit qu'il produisit, à vingt-quatre ans, sur le Vrai considéré comme source du bien, attestait de soigneuses méditations sur l'art du style. Malheureusement sa santé, usée de bonne heure par le travail, ne lui permit pas de tirer des heureuses facultés de son esprit tout ce qu'elles eussent pu lui fournir. Nommé inspecteur de l'académie de Besançon, il devint, en 1819, recteur de celle de Clermont; et ce fut en cette qualité qu'il y prononça, à une distribution de prix, un discours fort remarquable, que recueillit le Journal des Débats. Élci Bertaut est mort à Besançon, où il était revenu quatre ans auparavant, avec le titre de recteur.

Le Bas, Dict. encyclop. de la France.

BERTAUT (Jean), évêque et poëte français, né à Caen en 1570, et mort le 8 juin 1611, fut secrétaire et lecteur du roi, évêque de Séez, et premier aumônier de la reine Marie de Médicis. Il était fils de François Bertaut, originaire de la paroisse de Donnai; et le père voulut se charger luimême de l'éducation de son fils. Familiarisé par lui de bonne heure avec les auteurs grecs et latins, il prit le goût de la poésie française en lisant les ouvrages de Ronsard et de Desportes. Celui-ci n'avait que six ans de plus que lui, et lui avait servi d'introducteur auprès du premier. Ce fut en les étudiant jour et nuit l'un et l'autre, comme il le dit lui-même dans son Discours sur le trépas de monsieur de Ronsard, qu'il devint poëte. Ses premiers essais charmèrent la cour de Henri III. Ce prince lui accorda une charge de conseiller au parlement de Grenoble, dont il se démit depuis. Plus prudent que Desportes, et plus fidèle, il passa tout le temps de la Ligue à l'abbaye de Bourgueil, en Anjou, chez le cardinal de Bourbon. Il en sortit avec un nom justement considéré. Il contribua puissamment avec le cardinal du Perron, dont il avait été le condisciple, selon la Gallia Christiana, à la conversion de Henri IV, qui, en 1594, lui donna la riche abbaye d'Aunay, dans le diocèse de Bayeux. Lorsque Marie de Médicis monta sur le trône en épousant Henri IV, elle choisit Bertaut pour son premier aumônier; enfin, l'évêché de Séez étant devenu vacant par la mort de Claude de Merenne, il fut désigné pour son successeur en 1606. L'année suivante, il assista au baptême du Dauphin (Louis XIII) à Fontainebleau, et en 1610 il mena le corps de Henri IV à SaintDenis. Il mourut dans sa ville épiscopale, après cinq ans à peine de prélature, et fut inhumé dans la cathédrale de Séez. Il était oncle de ma dame de Motteville, auteur des Mémoires sur la reine Anne d'Autriche, dont Voltaire a fait souvent l'éloge. Bertaut avait dans sa jeunesse composé des poésies légères, qui avaient obtenu de grands succès. Lorsqu'il fut élevé aux graves fonctions de l'épiscopat, il songea à les

supprimer; mais elles avaient déjà paru dans divers recueils, et les libraires en publiaient des copies fautives et compromettantes. Le frère de l'auteur eut beaucoup de peine à arracher à Bertaut la permission d'en donner une édition qu'il pût avouer. Il ne réussit à obtenir son consentement qu'en lui citant souvent le proverbe : Marie ta fille, ou elle se mariera. » Le Recueil de quelques vers amoureux (c'est le titre de l'ouvrage), publié en 1602, contient plusieurs pièces de vers remarquables. Le poëme assez long qui le termine, et qui a pour titre Panarète, n'est qu'une froide allégorie sur la naissance du Dauphin. Un autre volume, renfermant des poé sies du même genre, a été publié seulement après la mort de l'auteur. Le troisième, publié dès l'année 1601, se compose de cantiques imités des psaumes, et appliqués presque tous à Henri III et à Henri IV; des discours sur les événements politiques; des épîtres adressées à de grands personnages; un poëme intitulé Timandre, sur une tragique aventure; et enfin la traduction du second livre de l'Enéide. La dernière édition de ses œuvres est de 1623.

On estime plus généralement les poésies légères de Bertaut que ses compositions plus étendues. Dans les premières, en effet, il y a souvent une harmonie et un charme qui justifient les éloges que lui ont adressés ses contemporains. Plusieurs de ses élégies et de ses poésies pastorales respirent une douceur et une tendresse dont il avait trouvé le secret plutôt en traduisant Virgile qu'en étudiant les poésies de Ronsard. Il n'est personne qui ne connaisse les belles stances dont Léonard et La Harpe ont fait chacun le refrain d'une romance :

Félicité passée,

Qui ne peux revenir,

Tourment de ma pensée,

Que n'ai-je, en te perdant, perdu le souvenir ! Plusieurs de ses chansons ont beaucoup de grâce, de légèreté et de finesse : il sait en composer le rhythme d'une manière très-habile; ses sonnets valent bien ceux d'Uranie et de Job, qui ont valu tant de renommée à Voiture et à Benserade. Nous remarquerons, parmi les ouvrages d'une plus grande étendue, des vers sur la mort de Henri III, d'autres sur celle de Henri IV, et surtout une élégie touchante sur la mort de Caleryme, nom sous lequel il désignait Gabrielle d'Estrées.

La plupart de ses vers ont été traduits en grec et en latín. Le satirique Regnier le jugeait poëte trop sage, et c'était l'opinion de son oncle Desportes. Il a, en effet, moins de verve que le célèbre abbé de Tiron. Malherbe, dans la vie de Racan, dit qu'il n'estimait aucun des anciens poëtes français, qu'un peu Bertaut; et, lui appliquant une de ces phrases pittoresques qui lui servaient à formuler ses jugements littéraires, il disait que ses vers étaient nichil-au-dos, et que, pour mettre une pointe à la fin, il faisait les trois premiers

vers insupportables. (On appelait alors nichilau-dos un pourpoint dont le devant avait environ deux doigts de velours, et rien sur le dos, nihil ou nichil au dos). Sorel, dans la Bibliothèque française, signalait aussi sa trop grande propension aux pointes; et Guillaume Colletet (Discours sur l'Éloquence) lui a reproché de s'être trop formé sur Sénèque. On a, dans ces derniers temps, contesté la justesse des deux vers célèbres de Boileau, qui n'accorde à Bertaut, comme à Desportes, que le même éloge d'avoir été plus retenus que Ronsard. On peut du moins le louer d'avoir, dans un siècle assez disposé à braver l'honnêteté, parlé d'amour d'une manière décente. Mlle de Scudéry, qui s'y connaissait, dit de lui (Conversations nouvelles), qu'il donnait une grande et belle idée des personnes qu'il aimait. On en peut juger par ces vers de sa jeunesse :

Arrière ces desirs rampants dessus la terre!
J'aime mieux en soucis et pensers élevés
Étre un algle abattu d'un grand coup de tonnerre,
Qu'un cygne vieillissant ès jardins cultivés.
Devant que de te voir, j'atmois le changement,
Courant les mers d'Ancour de rivage en rivage,
Desireux de me perdre, et cherchant seulement
Un roc qui me semblat digne de mon naufrage;
Et constamment aimer une rare beauté,
C'est la plus douce erreur des vanités du monde.
C. HIPPEAU.

Henri Martin; Mémoires de l'Académie de Caen, année 1840. - Sainte-Beuve, De la Poesie française au seizième siècle, p. 365; Paris, Charpentier, 1843.

BERTAUT (Léonard), historien français, né à Autun au commencement du dix-septième siècle, mort à Châlons le 12 mai 1662. Il entra fort jeune dans l'ordre des Minimes, et consacra ses loisirs à recueillir dans les archives des monastères les documents relatifs à l'histoire de Bourgogne. La mort ne lui permit pas de livrer à l'impression le résultat de ses recherches. On a de lui: la Très-ancienne et très-auguste ville d'Autun, couronnée de joie, d'honneur et de félicité par la promotion de monseigneur Louis Dassi d'Attichi dans son siége épiscopal; Châlons, 1653, in-4°; — l'Illustre Orbandale, ou l'histoire ancienne et moderne de la ville et cité de Châlons-sur-Saône; Châlons, 1662, 2 vol. in-4°, avec fig. Le second volume de ce dernier ouvrage renferme des pièces justificatives fort importantes.

Le Bas, Dictionnaire encyclopédique de la France.

BERTAUX (Duplessi), artiste français, mort en 1815. Il se forma en étudiant l'œuvre de Callot, qu'il imitait avec une habileté toute particulière, et grava un grand nombre de planches pour le Voyage d'Italie de l'abbé de Saint-Non. II adopta avec ardeur les idées révolutionnaires, et courut de grands dangers à l'époque de la fermeture du club des Cordeliers, dont il faisait partie. Rendu à la liberté, il grava à l'eau-forte plusieurs collections d'estampes qui eurent un grand succès, entre autres : les Scènes de la Révolution ; — les Métiers et les Cris de Paris;

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