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Qui tibi nunc viridis depascunt summa Lycæi,
Delige, et intactâ totidem cervice juvencas :
Quattuor his aras alta ad delubra dearum
Constitue, et sacrum jugulis demitte cruorem,
Corporaque ipsa boum frondoso desere luco.
Post, ubi nona suos aurora ostenderit ortus,
Inferias Orphei lethæa papavera mittes;
Placatam Eurydicen vitulâ venerabere cæsa;
Et nigram mactabis ovem, lucumque revises.
Haud mora: continuò matris præcepta facessit;
Ad delubra venit, monstratas excitat aras;
Quattuor eximios præstanti corpore tauros
Ducit, et intactâ totidem cervice juvencas.
Post, ubi nona suos aurora induxerat ortus,
Inferias Orphei mittit, lucumque revisit.
Hic verò subitum ac dictu mirabile monstrum
Aspiciunt, liquefacta boum per viscera toto
Stridere apes utero, et ruptis effervere costis,
Immensasque trahi nubes, jamque arbore summâ
Confluere, et lentis uvam demittere ramis.

Hæc super arvorum cultu pecorumque canebam,
Et super arboribus, Cæsar dum magnus ad altum
Fulminat Euphraten bello, victorque volentes
Per populos dat jura, viamque affectat Olympo.
Illo Virgilium me tempore dulcis alebat
Parthenope, studiis florentem ignobilis otî;
Carmina qui lusi pastorum, audaxque juventâ,
Tityre, te patulæ cecini sub tegmine fagi.

Pour les sacrifier élève quatre autels;

Et, les faisant tomber sous les couteaux mortels,
Laisse leurs corps sanglants dans la forêt profonde.
Quand la neuvième aurore éclairera le monde,
Au déplorable époux dont tu causas les maux
Offre une brebis noire et la fleur des pavots;
Enfin, pour satisfaire aux mânes d'Eurydice
De retour dans les bois immole une génisse.
Elle dit le berger dans ses nombreux troupeaux
Va choisir à l'instant quatre jeunes taureaux;
Immole un nombre égal de génisses superbes
Qui des prés émaillés foulaient en paix les herbes.
Pour la neuvième fois quand l'aurore parut,
Au malheureux Orphée il offrit son tribut,
Et rentra plein d'espoir dans la forêt profonde.
O prodige! le sang, par sa chaleur féconde,

:

Dans le flanc des taureaux forme un nombreux essaim;
Des peuples bourdonnants s'échappent de leur sein,
Comme un nuage épais dans les airs se répandent,
Et sur l'arbre voisin en grappes se suspendent.

Ma muse ainsi chantait les rustiques travaux,
Les vignes, les essaims, les moissons, les troupeaux,
Lorsque César (54), l'amour et l'effroi de la terre,
Faisait trembler l'Euphrate au bruit de son tonnerre,
Rendait son joug aimable à l'univers domté
Et marchait à grands pas vers l'immortalité.
Et moi je jouissais d'une retraite obscure;
Je m'essayais dans Naple à peindre la nature,
Moi qui, dans ma jeunesse, à l'ombre des vergers,
Célébrais les amours et les jeux des bergers.

m

DU LIVRE QUATRIÈME.

1) Progné, sanglante encor du meurtre de son fils.

L'HIROND HIRONDELLE porte des marques rouges sur la poitrine; c'est ce qui a fait imaginer la fable de Progné.

2) Ainsi, lorsqu'au printemps développant ses ailes,

Le nouveau roi conduit ses peuplades nouvelles.....

On sait actuellement que c'est une reine et non pas un roi. Swammerdam a disséqué des mères abeilles dans le temps de leur ponte, et leur a trouvé l'ovaire rempli d'une quantité prodigieuse de petits œufs, dont plusieurs pouvaient se distinguer à la simple vue, sans le secours de la loupe. M. Maraldi les a observées dans le temps même de leur ponte, et M. de Réaumur les a surprises dans des moments plus décisifs encore.

3) Un suc plus onctueux que la gomme des bois.

C'est la propolis, nom qui lui a été donné par les anciens, et que les modernes lui ont conservé. Cette matière est différente de la cire et du miel; c'est une résine extrêmement visqueuse, d'un brun rougeâtre, qui répand communément une odeur agréable lorsqu'elle est échauffée, et qui se dissout facilement dans l'esprit-de-vin et l'huile de térébenthine: elle varie pour la consistance et pour la couleur qui est plus ou moins foncée, et pour l'odeur qui est plus ou moins aromatique. Les anciens, à qui ces différences n'avaient point échappé, reconnaissaient trois sortes de propolis, auxquelles ils avaient même donné des noms. La première, qui était noirâtre, et la plus amère au goût, ils la nommaient comosis; la seconde

sorte, qui avait beaucoup moins de consistance, ils l'avaient appelée pissoceros; et ils avaient réservé le nom de propolis pour la troisième espèce qui était moins visqueuse que les deux autres, et se rapprochait davantage de la nature de la cire. On ignore encore quels sont les plantes et les arbres qui fournissent cette matière aux abeilles, et jamais on n'a pu les trouver occupées à cette récolte: il paraît cependant que cette découverte ne serait point difficile à

faire.

C'est à boucher les crevasses de leur habitation que les abeilles emploient communément la propolis. Cependant, dans des occasions particulières, elles savent en faire un usage qui prouve l'étendue de leurs vues, et les ressources de leur esprit. M. Maraldi vit un jour un gros limaçon qui eut l'imprudence d'entrer dans une ruche: aussitôt l'imbécille animal fut expédié par les mouches. Mais ce n'était point là le plus difficile il s'agissait de transporter au dehors le cadavre, dont l'odeur aurait pu les infecter par la suite. C'était une masse énorme ; toutes les forces de nos petites abeilles réunies ne pouvaient la soulever : le cas était embarrassant. Dans une circonstance aussi critique, elles eurent recours à leur propolis, dont elles masquèrent le corps de leur ennemi mort, et l'embau

mèrent comme une momie.

Dans l'histoire des animaux, les faits généraux qui appartiennent à l'espèce entière, qui sont copiés fidèlement par toutes les générations qui se succèdent, et qui se renouvellent perpétuellement avec une régularité invariable, ne sont pas ceux qui prouveraient le plus en faveur de leur intelligence. La régularité même de ces actions devient suspecte on croit y entrevoir une sorte de nécessité, de mécanisme aveugle; et notre raison, qui est si changeante, si capricieuse et si déréglée, nous ne sommes point portés à la reconnaître dans des mouvements aussi constants et dans des opérations aussi uniformes. Ce qui fait le plus d'honneur à l'industrie des animaux, ce sont, pour ainsi dire, leurs anecdotes secrètes, les faits particuliers, les événements rares et imprévus, qui

supposent une réflexion subite, une détermination prompte ; et si l'on avait un certain nombre de faits pareils, recueillis avec soin et vérifiés avec scrupule, la fameuse question du machinisme des bêtes ne tarderait pas à être décidée.

4) Loin de là sur le feu fais rougir l'écrevisse.

Il ne faut pas faire grande attention aux conseils que Virgile donne ici. Il est à croire que le vif attachement qu'ont inspiré les abeilles a pu mettre quelquefois de l'excès et de la timidité dans les -précautions que l'on a prises pour les conserver. Il est prouyé maintenant que les vapeurs du limon, toutes les odeurs fortes, celle du fumier, de l'urine même, leur conviennent. Vraisemblablement celle des écrevisses brûlées ne leur serait pas plus funeste: cependant je n'en ai point de certitude; et il est fort étonnant qu'aucun de ceux qui ont écrit l'histoire des abeilles n'ait pris la peine de faire cette épreuve.

5) Défends à l'if impur d'ombrager leur maison.

C'est ce qu'on observe encore en Languedoc, où l'on éloigne des ruches, non seulement l'if, mais le tithymale, la jusquiame, la ciguë, et en général toutes les plantes amères et venimeuses, dont le suc donnerait au miel une mauvaise qualité. On peut se rappeler que, dans la fameuse retraite des dix mille, les soldats grecs, ayant mangé auprès de Trébisonde une quantité de miel considérable, éprouvèrent pendant plusieurs jours les crises les plus violentes, qui les mirent aux dernières extrémités. M. de Tournefort, qui s'est transporté sur les lieux, dans ses voyages du Levant, croit avoir reconnu la plante dont les abeilles avaient tiré un miel aussi funeste. Elle est de l'espèce de celles que les botanistes appellent d'un nom bien barbare, chamarododendron.

6) Bientôt abandonnant les ruches maternelles.....

C'est un grand événement que la sortie d'un essaim, et pour les propriétaires des mouches, dont les essaims sont le principal pro:

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