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Aut impacatos à tergo horrebis Iberos :
Sæpè etiam cursu timidos agitabis onagros,
Et canibus leporem, canibus venabere damas;
Sæpè volutabris pulsos sylvestribus apros
Latratu turbabis agens, montesque per altos
Ingentem clamore premes ad retia cervum.

Disce et odoratam stabulis accendere cedrum,
Galbaneoque agitare graves nidore chelydros.
Sæpè sub immotis præsepibus aut mala tactu
Vipera delituit, coelumque exterrita fugit;
Aut tecto assuetus coluber succedere et umbræ,
Pestis acerba boum, pecorique aspergere virus,
Fovit humum: cape saxa manu, cape robora, pastor;
Tollentemque minas et sibila colla tumentem
Dejice: jamque fugâ timidum caput abdidit altè,
Cùm medii nexus extremæque agmina caudæ
Solvuntur, tardosque trahit sinus ultimus orbes.

Est etiam ille malus Calabris in saltibus anguis, Squamea convolvens sublato pectore terga, Atque notis longam maculosus grandibus alvum; Qui, dum amnes ulli rumpuntur fontibus, et dum Vere madent udo terræ ac pluvialibus austris, Stagna colit; ripisque habitans, hîc piscibus atram Improbus ingluviem ranisque loquacibus explet: Postquam exhausta palus, terræque ardore dehiscunt, Exsilit in siccum ; et flammantia lumina torquens Sævit agris, asperque siti, atque exterritus æstu. Ne mihi tum molles sub divo carpere somnos,

Tantôt tu les verras, pleins d'adresse ou d'audace,
Du lièvre (56) fugitif interroger la trace,
Lancer le faon timide, ou dans les bois fangeux
Livrer au sanglier un assaut courageux,

Ou, par leur course agile et leur voix menaçante,
Presser des daims légers la troupe bondissante.

Surtout que le bercail soit purgé de serpents :
Poursuis, la flamme en main (57), tous ces hôtes rampants.
Quelquefois sous la crèche une affreuse vipère

Loin du jour importun a choisi son repaire;
Et souvent la couleuvre y roulant ses anneaux,
Domestique ennemie, infecte les troupeaux :
Dès que tu la verras s'agiter sur la terre,

Va, cours, soulève un tronc, saisis-toi d'une pierre ;
Malgré ses sifflements, malgré son fier courroux,
Frappe: déjà sa tête est cachée à tes coups,
Tandis que de son corps, déchiré sur l'arène,
Les cercles déroulés la suivent avec peine.

Plus terrible cent fois ce serpent écaillé
Qui rampe fièrement sur son ventre émaillé,
Qui, dressant dans les airs une crête superbe,
Glisse assis sur sa croupe, et se roule sur l'herbe :
Quand le printemps humide et l'autan orageux
Gonflent les noirs torrents, mouillent les champs fangeux,
Il habite des lacs les retraites profondes,

Engloutit les poissons et dépeuple les ondes:
L'été fend-il les champs, a-t-il tari les eaux ?
Furieux il bondit du fond de ses roseaux,
Et, les yeux enflammés et la gueule béante,
De sa queue à grand bruit bat la terre brûlante.

Neu dorso nemoris libeat jacuisse per herbas;
Cùm, positis novus exuviis, nitidusque juventâ,
Volvitur, aut, catulos tectis aut ova relinquens,
Arduus ad solem, et linguis micat ore trisulcis!

Morborum quoque te causas et signa docebo.
Turpis oves tentat scabies, ubi frigidus imber
Altiùs ad vivum persedit, et horrida cano
Bruma gelu; vel cùm tonsis illotus adhæsit
Sudor, et hirsuti secuerunt corpora vepres.
Dulcibus idcirco fluviis pecus omne magistri
Perfundunt; udisque aries in gurgite villis
Mersatur, missusque secundo defluit amni :
Aut tonsum tristi contingunt corpus amurcâ,
spumas miscent argenti, ac sulphura viva,
Idæasque pices, et pingues unguine ceras,

Et

Scillamque, helleborosque graves, nigrumque bitumen.
Non tamen ulla magis præsens fortuna laborum est,
Quàm si quis ferro potuit rescindere summum
Ulceris os. Alitur vitium, vivitque tegendo,
Dum medicas adhibere manus ad vulnera pastor
Abnegat, et meliora deos sedet omina poscens.
Quin etiam, ima dolor balantum lapsus ad ossa
Cùm furit, atque artus depascitur arida febris,
Profuit incensos æstus avertere, et inter
Ima ferire pedis salientem sanguine venam;
Bisaltæ quo more solent, acerque Gelonus,

Me préservent les dieux d'aller dans les forêts
Goûter le doux sommeil ou respirer le frais,
Lorsqu'oubliant ses œufs ou sa jeune famille,
Ce monstre, enorgueilli de l'éclat dont il brille,
Sous sa nouvelle peau, jeune, agile et vermeil,
Darde une triple langue et s'étale au soleil !

Je veux t'apprendre aussi les marques, l'origine
Des maux qui d'un bercail entraînent la ruine.
Si des buissons aigus, ou les âpres hivers,
Ou les eaux de la pluie, ont pénétré leurs chairs;
Si, lorsque le ciseau leur ravit leur dépouille,
Le bain ne lave pas la sueur qui les mouille,
Souvent un mal honteux infecte les agneaux:
Pour les en garantir plonge-les dans les eaux;
Que le hardi bélier s'abandonne à leur pente,
Et sorte en secouant sa laine dégouttante;
Ou bien enduis leur corps, privé de sa toison,
De la graisse du souffre et des sucs de l'oignon;
Joins-y des verts sapins la résine visqueuse,
L'écume de l'argent, une cire onctueuse,
Et la fleur d'Anticyre, et le bitume noir,
Et le marc de l'olive enlevé du pressoir;
Ou plutôt, pour calmer la sourde violence
D'un mal qui se nourrit et s'accroît en silence,'
Hâte-toi, que l'acier sagement rigoureux

S'ouvre au sein de l'ulcère un chemin douloureux.

C'en est fait des troupeaux, si les bergers tranquilles Ne combattent le mal que par des vœux stériles. Même quand la douleur, pénétrant jusqu'aux os, D'un sang séditieux fait bouillonner les flots,

Cùm fugit in Rhodopen, aut in deserta Getarum,
Et lac concretum cum sanguine potat equino.

Quam procul aut molli succedere sæpiùs umbræ
Videris, aut summas carpentem ignaviùs herbas,
Extremamque sequi, aut medio procumbere campo
Pascentem, et seræ solam decedere nocti;
Continuò culpam ferro compesce, priusquam
Dira per incautum serpant contagia vulgus.

Non tam creber agens hiemem ruit

æquore turbo, Quàm multæ pecudum pestes: nec singula morbi Corpora corripiunt, sed tota æstiva repentè,

Spemque gregemque simul, cunctamque ab origine gente

Tum sciat aërias Alpes et Norica si quis

Castella in tumulis, et lapidis arva Timavi,

Nunc quoque pòst tanto videat, desertaque regna
Pastorum, et longè saltus latéque vacantes.

Hic quondam morbo coeli miseranda coorta est
Tempestas, totoque autumni incanduit æstu,
Et genus omne neci pecudum dedit, omne ferarum,
Corrupitque lacus, infecit pabula tabo.

Nec via mortis erat simplex; sed ubi ignea venis
Omnibus acta sitis miseros adduxerat artus,
Rursus abundabat fluidus liquor, omniaque in se
Ossa minutatim morbo collapsa trahebat.
Sæpè in honore deûm medio stans hostia ad aram,
Lanea dum niveâ circumdatur infula vittâ,
Inter cunctantes cecidit moribunda ministros:

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