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DICTIONNAIRE

HISTORIQUE, BIOGRAPHIQUE ET BIBLIOGRAPHIQUE

DU DÉPARTEMENT DE VAUCLUSE.

ABB

ABBATI (FRANÇOIS-MARIE) est l'auleur d'un opuscule pseudonyme qui fut imprimé (probablement à Carpentras) sous ce titre Réponse d'un canoniste français à la question qu'un canoniste ultramontain lui propose au sujet de la quarte canonique des évêques, in-8o de 40 pages. Il le composa, pour sa consolation, ayant été condamné, contre son attente, en 1716 et 1727, dans un procès qu'il avait cru devoir soutenir d'abord contre le prieur d'Aurel, et ensuite contre celui de Sault, pour éviter de contribuer aux charges affectées aux prieurés de ces communes, dont il percevait une portion de la dime, en sa qualité d'évêque de Carpentras. ABBATI était né à Pesaro le 13 janvier 1660. Il fut successivement auditeur de la nonciature de Portugal et de celle de Vienne, recteur du Vénaissin en 1702, 1716 et 1727, évêque de Riéti en 1707, et enfin évêque de Carpentras depuis 1710 jusqu'au 22 avril 1735, époque de son décès. Sous son épiscopat, la peste sévit dans nos contrées ce fut pour le prélat l'occasion d'ordonner des prières et d'exhorter le clergé à recommander la pratique des bonnes œuvres, la fuite des cabarets, la cessation des procès, la réconciliation des ennemis, ainsi qu'il appert par une

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brochure intitulée: Lettre pastorale de Monseigneur l'évêque de Carpentras à tous les fidèles de son diocèse, pour les exciter à implorer la divine miséricorde dans ce temps de tribulation. A Carpentras, chez Dominique Eysséric, 1720, in-8o de 18 pages. Cette lettre est datée de Carpentras, le 19 octobre 1720. (1) — ABBATI fit construire, au milieu du sanctuaire de la cathédrale de Saint-Siffrein, une crypte spacieuse qu'il destina à sa dépouille et à celle des évêques ses successeurs, et dans laquelle il fut descendu le premier et le dernier. On lit encore sur le marbre qui ferme horisontalement ce caveau sépulcral: F. M. EPISCOPVS, SIBI ET SVCCESSORIBVS. ΑΝΝΟ DOMINI

(1) On imprima aussi, lors du même fléau, un petit in-4° de 38 pages, intitulé: Projet de quarantaine pour la ville de Carpentras, capitale du Comté-Vénaissin, en cas de contagion. A Carpentras, Domin. Eysséric, 1721. On y voit que le bureau de santé était composé alors des trois consuls (Poyol, avocat, Jean-Jacques de SeguinsVassieux, et Bastet, notaire), du capiscol de Jarente, du théologal d'Orléans-laMotte, du marquis des Isnards, du marquis de Modène, élu de la noblesse, de l'avocat de Villeneuve, procureur-général des trois états du Comtat, de l'avocat Charpaud, trésorier-général de ces états, de J. Fornéry, greffier de la cour ordinaire et majeure, et de Barcilon, vice-greffier de la cour de la chambre apostolique.

M.DCC.XXXI. Le portrait en pied de ce digne prélat, conservé dans la maison de charité de Carpentras, porte cette inscription, qui résume un bel éloge: Vivens aluit pauperes, moriens hæredes fecit. (1) Sa générosité et son goût pour les arts ont embelli la cathédrale de cette ville de diverses peintures, sculptures et dorures, ainsi que de ce balustre en fer qui règne au-dessus des trois portes occidentales (Voyez le mot Meynier.) Il fit aussi construire le château de Saint-Félix, près de Malemort, où, à son exemple, les évêques de Carpentras ont eu l'habitude de passer une partie de la belle saison. ABBATI avait déjà montré son affection pour cette ville; car, avant d'en avoir été nommé évêque, et dès l'époque de son élévation au siège de Riéti, il désira, à la veille de s'éloigner du Vénaissin, d'être inscrit parmi les citoyens de la capitale de cet état. C'est le 20 mars 1707, peu de jours avant son départ, que le conseil municipal lui fit expédier, à ce sujet, les lettres-patentes. Lorsqu'ensuite, le 29 juin 1710, ABBATI écrivit aux consuls de Carpentras pour les informer qu'il allait, comme évêque, résider dans leur cité, il ne manqua pas de leur rappeler qu'il portait le titre de civis Carpentoractensis. On sait qu'en 1716, lorsque le recteur A. F. Codebo quitta la rectorie du Vénaissin, il voulut aussi recevoir ce même titre, qui lui fut accordé par le conseil municipal et dans les mêmes formes. (Voy. CH. COTTIER. Not. hist. sur les rect. pag. 338, 350 et 360.)

(1) Selon ce que dit J. FORNÉRY (Hist. des Evêq. de Carpent.), les pauvres de la charité eussent été les héritiers universels d'ABBATI, si le pouvoir qu'avait ce prélat de tester eût été revêtu de toutes les formalités requises.

ACADÉMIE D'AVIGNON. (Ancienne) Voy. UNIVERSITÉ D'AVIGNON.

ACADÉMIE DES ÉMULATEURS. Elle fut fondée à Avignon, en 1658, sous les auspices du vice-légat Jean-Nicolas Conti, de Rome. Elle prit cette qualification particulière à l'imitation des académies d'Italie. L'évêque de Vaison, J.-M. Suarès, contribua beaucoup à son établissement. Au nombre de ses principaux membres fondateurs, on peut citer de Fay-Perrault et le jurisconsulte Louis Benoît. Samuel Sorbière en fit aussi partie. Le pape autorisa cette société et lui accorda plusieurs privilèges et immunités; mais elle fut spécialement protégée par les vice-légats. On ignore en quel temps et pourquoi elle a cessé d'exister. Il n'en était plus question vingt ans plus tard.

ACADÉMIE DE MUSIQUE DE CARPENTRAS. Tout ce que j'en puis communiquer au lecteur, c'est que j'ai en ma possession une brochure intitulée : Règlements de l'Académie de musique de Carpentras; à Carpentras, chez Dominique Eysséric, imp. et libr. de Monseign. l'évêque, du clergé, de la ville et de l'académie. 1719. in-16 de 20 pages, qui commence ainsi : « L'oubli des » bienséances, la négligence des de» voirs, le dérèglement dans les mœurs, » effets pernicieux de l'oisiveté dans la » jeunesse, ont donné lieu de tout temps » aux princes et aux magistrats atten>> lifs à maintenir la tranquillité parmi » les hommes, de chercher les moyens qui rendent les liens de la société plus doux et plus durables: la musi» que, dont l'origine remonte jusqu'à >> celle du monde, est l'occupation qu'on » a jugé la plus propre à cimenter cette >> union; elle polit les mœurs, elle ré

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pand sur toutes les actions une dou» ceur qui engage, et semble même » élever l'homme par la noblesse des ⚫ sentiments qu'elle lui inspire,........ » Les Messieurs de Carpentras, animés » par tous ces motifs, et soutenus de l'exemple des principales villes de » France où l'on a établi des académies » de musique, ont voulu jouir du même » avantage, etc...... » Cette académie, essentiellement morale, paraît avoir été honorée de la protection de l'évêque de Carpentras et du recteur du Vénaissin, et c'est sous leur autorité que les règlements en furent arrêtés et publiés en 52 articles; probablement la peste, qui sévit peu de temps après, vint mettre obstacle à de si beaux projets et priver les habitants de cette ville d'un délassement qui devait leur ètre si salutaire. Parmi ces sages statuls, on remarque ceux-ci (5e et 19o articles) Pour conserver la tranquillité dans la compagnie, on nʼintroduira aucune sorte de liqueurs, boisson, vin, ni autres amusements étrangers à la musique. L'union des académiciens doit contribuer à la durée de l'académie; dans cette rue, il est défendu à tous et à chacun en particulier de se quereller dans la salle, dans les assemblées générales et particulières; et les académiciens qui tomberont dans ces cas, seront exclus pour toujours de l'académie, au jugement de l'assemblée générale. On le voit; l'idée de faire servir la musique à améliorer l'espèce humaine est antérieure (du moins à Carpentras) à celle qu'a émise au commencement du 19e siècle le jurisconsulte OLIVIER. (Voy. ce mot.)

ACADÉMIQUE D'ORANGE (SOCIÉTÉ). L'Annuaire de Vaucluse pour 1840 a donné (pag. 382) les noms des membres qui la composent.

ACHARDS (CLAUDE DES), seigneur de la Baume, issu d'une famille qui possédait des fiefs considérables en Dauphiné et en Savoie dès le commencement du XIVe siècle, el qui vers 1450 vint s'établir à Avignon en la personne d'Antoine II, son aïeul, commanda, en 1562 et les années suivantes, l'artillerie du Comtat pendant les guerres de religion, et mourut dans cette charge, après avoir été nommé chevalier de l'ordre de l'Éperon d'or, qu'il reçut des mains du général Fabrice Serbelloni. Il était fils de Barthélemi, et de Marie de Cambis, d'Avignon.

ACHARDS (LOUIS DES), frère aîné du précédent, fut connu, pendant les guerres civiles du 16° siècle, sous le nom de l'Ecuyer de la Baume. Les historiens louent le zèle et la prudence qu'il fit paraître, dans ces temps difficiles, pour les intérêts de l'Eglise. Il fut fait chevalier de l'ordre du roi (S.-Michel). Il fut le trisaïeul du suivant.

ACHARDS (ELZÉAR-FRANÇOIS DE LA BAUME DES), naquit à Avignon le 29 janvier 1679, prit l'habit ecclésiastique à l'âge de 16 ans, et resta jusqu'en 1701 dans le séminaire de Saint-Charles de cette ville. Lorsqu'il eut reçu la prètrise, il se livra entièrement aux missions des campagnes dans le Comtat, la Provence, le Languedoc et le Dauphiné, et, après dix ans de travaux, fut fait prévôt de la cathédrale (N.-D. des Doms), dont il était déjà chanoine. Lors ACADÉMIE DE VAUCLUSE. Voyez de la peste de 1720, qui affligea penATHÉNÉE. dant plus de dix mois les habitants du

Comitat, il se signala par un dévouement héroïque. Ses vertus et son mérite le firent nommer évêque d'Halicarnasse; bientôt après le pape, connaissant la portée de ses talents et la douceur de son caractère, jeta les yeux sur lui pour mettre fin aux différends scandaleux et toujours subsistant entre les missionnaires de la Cochinchine. DES ACHARDS partit pour cette contrée en 1738: arrivé à Macao, après une traversée de plus de six mois, les Jésuites parvinrent à le faire emprisonner; rendu à la liberté, il alla d'abord à Canton et ne mit le pied sur le sol cochinchinois qu'en mai 1759. Les missionnaires furent sourds à ses propositions de paix : son amour sincère du bien échoua contre leur turbulente rivalité. Après deux ans de travaux inutiles, il mourut à Cochin le 2 avril 1741, martyr d'un zèle infatigable et extrêmement traversé. S'il eût vécu plus long-temps, il aurait peutêtre rencontré le sort de son prédécesseur (le cardinal Ch. Th. Maillard de Tournon), qui, en 1710, trouva, pendant une mission semblable en Chine, le licu de son supplice dans la maison de ses ennemis, les Jésuites, qu'il avait trop peu ménagés. L'abbé PierreFrançois Fabre, né en Suisse, secrétaire de DES ACHARDS, lui succéda dans ces contrées, et donna au public: Lettres édifiantes et curieuses sur la visite apostolique de M. de la Raume, évêque d'Halicarnasse, à la Cochinchine. Venise, 1746. in-4o.- 1753. 5 vol. in-12. On trouve à la suite: 1° Une traduction de l'Oraison funèbre de M. d'Halicarnasse, prononcée en langue du pays par un prêtre chinois, à Hué, capitale de la Cochinchine; 2o Une lettre du R. P. Norbert, capucin, à l'auteur des Lettres édifiantes et curieuses, etc. M. le comte Ulric d'An

drée de Rainoard a donné en 1836, au Musée-Calvet, le portrait de l'évêque d'Halicarnasse (DES ACHARDS). (Voy. Biographie de Michaud, et PithonCurt.)

ACHARDS DE LA BAUME (JosephCRISPIN-LOUIS DES), neveu du précédent, devint, après son oncle, prévôt de la métropole d'Avignon, sa patrie, et fut élevé au siège épiscopal de Cavaillon le 14 des kalendes de mars 1760. Lors de l'inondation de 1755, on vit le marquis de Fortia portant sur ses épaules un sac de pain de 76 livres, se jeter à l'eau malgré la rigueur de la saison, pour secourir les nécessiteux d'Avignon, et le prévôt DES ACHARDS aller après lui avee un baril d'eau, pour remplir le même but de charité. Ce prélat, qui a été le dernier évêque de Cavaillon, est mort à Lyon en 1793.

ACHARD (CLAUDE-FRANÇOIS), docteur en médecine, auteur du Dictionnaire de la Provence et du Comté-Vénaissin et d'autres ouvrages, était natif de Marseille. Il est mort en 1809, âgé de 56 ans. Son Dictionnaire devait se composer de 6 vol. in-4°, dont les 2 premiers contiennent le Vocabulaire français-provençal et provençal-français, les 2 suivants la Biographie des hommes illustres de la Provence et du Vénaissin, et les deux derniers la Géographie de ces deux provinces, de la principauté d'Orange, du comté de Nice, etc. Les 2 vol. du Vocabulaire ont été imprimés à Marseille chez Jean Mossy, en 1785; les 2 vol. de la Biographie, chez le même, en 1786-1787; quant à la Géographie, il n'en a été publié que le premier volume, qui ne va que jusqu'à la lettre L inclusivement (en 1787, à Aix, chez Pierre-Joseph

Calmen), et quelques feuilles du second.

+ ACHARD (JEAN-PAUL-XAVIER), né à Avignon le 27 décembre 1811, conservateur des archives du département de Vaucluse, a publié (outre quelques articles insérés dans le Messager de Vaucluse) l'Annuaire statistique et administratif de ce département pour 1840 (in-12 de 401 pages) et 1841.

ADÉLASIE (OU ADALAZIE, ainsi que (ou l'écrit Duverdier bibl. édit. de Lyon 1585 in-fol. pag. 654 et 786), qualifiée vicomtesse d'Avignon, passe pour avoir été une femme distinguée par l'éclat du rang, l'ancienneté de la naissance, la beauté du corps et la délicatesse de l'esprit. Elle est citée parmi les dames provençales qui présidèrent des cours d'amour, ou qui en firent partie. Elle florissait, dit-on, vers 1162. Quelquesuns, entr'autres Bouche (hist. de Prov.) l'ont confondue avec Adélasie, comtesse de Forcalquier et d'Avignon (1), qui, en 1129, fit une donation en faveur de ses pelits-fils, comtes de Folcalquier, et mourut octogénaire vers 1144. M. de Blégier - Pierregrosse (Rech. hist. sur les vic. d'Avignon, page 17) conjecture qu'ADÉLASIE, Vicomtesse, pourrait bien être la mère de Bérenger de Ponte, et par conséquent la femme de Bérenger, dernier vicomte d'Avignon. Il est question de cette dame d'esprit dans Nostradamus. (Vies des anciens poet. prov.), dans l'abbé de Sade (Mém. sur Pétrarq. tom. 2. notes, pag. 63), et dans tous les historiens de Provence. Son discernement, ennemi des mé

(1) J. Fornéry (Hist. civile, mst. Carpent, liv. 2. pag. 120) lui donne aussi le titre de comtesse, et la fait fille de Bertrand, comte de Forcalquier. Il la nomme ADELAIS.

» chants vers et des ouvrages trop li» bres, dit J. Fornéry, les condamnait » à un éternel oubli. Le bon goût, l'hon» nêteté et la politesse régnaient par-. >> tout où elle se trouvait. Son plaisir » était de faire choix des meilleurs vers >> provençaux qui lui tombaient sous la » main; elle prenait la peine de les co» pier, et les donnait ensuite pour étren»nes à ses parents et à ses amis, avec » des manières d'ailleurs si gracieuses, » qu'elle faisait les délices de la Provence et des seigneurs étrangers que » la poésie provençale et les cours d'a» mour y attiraient. »

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ADHEMAR. Il est probable que la première race des comtes héréditaires d'Orange fut de la maison d'ADHÉMAR, et que le premier comte qui devint propriétaire de cette ville et de ses dépendances était un Giraud Adhémar, vivant à la fin du Xe siècle et au commencement du XI. Cette branche finit en Tiburge Adhémar, comtesse d'Orange, dont ce même Giraud était le trisaïeul. Elle fut mariée vers 1130 avec Guillaume de Montpellier, seigneur d'Omelas. Elle mourut peu de temps après 1150 (Voy. les mots BAUx el Orange.) Il n'entre point dans mon cadre de parler ni de l'évêque du Puy, Aimar Adhémar de Monteil, qu'Urbain II fit son légat en Orient pour la croisade de 1097, et qui mourut à Antioche le 3 juin de l'année suivante; ni du troubadour Guillaume Adhémar qu'on présume avoir flori vers la fin du 13° siècle, et sur le compte de qui les chroniqueurs sont loin de s'accorder. Mais il n'est peut-être pas étranger à mon sujet de rappeler ici ce qui a été écrit touchant une branche cadette des ADHÉMAR, qui se serait établie à Cavaillon dans le XIe siècle sous le nom de vicomtes de Ca

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