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DE LA

LITTÉRATURE DE FRANCE.

SEPTIÈME CAHIER, 1831.

Prix, pour 12 cahiers par an, 15 fr. franc de port.

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Les doubles prix, séparés par un tiret, cotés aux articles annoncés dans ce journal, désignent le prix pour Paris, et celui franc de port par la poste, jusqu'aux frontières de la France. Ces prix doivent nécessairement augmenter dans l'étranger, vu les frais ultérieurs, en raison de la distance des lieux.

PREMIÈRE CLASSE.

HISTOIRE NATURELLE.
Histoire naturelle de Pline. Tra-
duction nouvelle, par Ajasson
de Grandsagne, annotée par
MM. Beudant, Brongniart,
G. Cuvier, etc. in-8. Chez
Panckoucke. Tome X. 7 fr.
Ce volume forme la 54 livraison de la
Bibliothèque latine-française.

PHYSIQUE. CHIMIE.

Manuel de l'électricité atmosphé

rique, comprenant les instructions nécessaires pour établir les paratonnerres et les paragrêles. Par J. Murray; trad. de l'angl. avec des notes par Anatole Riffault, in-18. avec pl. Chez Roret. 2 fr. 50.

MÉDECINE. CHIRURGIE.

Lettre sur la lithotritie urétrale, suivi d'une Revue de l'état actuel de la méthode lithotritique.

Journal général de la Littérature de France. 1831. N° 7.

H

Par le docteur Civiale. in-8. Chez Baillière. 3 fr. 50.

ARCHITECTURE.

Parallèle des salles rondes de l'Italie antiques et modernes. Par Edouard Isabelle, architecte. Chez l'auteur, rue Saint-JosephMontmartre, n. 11, et chez Treuttel et Würtz. 15 fr.

Depuis que tant de bons ouvrages, publiés sur l'Italie, ont fait connaître avec détail un grand nombre de ses monumens les plus intéressans, la meilleure manière d'étudier ce beau pays est peut-être de rassembler en parallèle tous les édifices d'une même forme, ou tous ceux qui ont une même destination. Parmi les parallèles d'édifices d'une même forme, celui des salles rondes considérées sous les rapports de leur destination, de leur disposition, de leur construction et de leur décoration, est, sans contredit, un de ceux qui offrent le plus de sujets d'étude. En effet, considérés sous le premier de ces rapports, celui de leur destination, ces édi fices offrent des études de temples, d'églises, de tombeaux, de baptistères, de salles de bains, etc. Sous le second rapport, celui de leur disposition, ce parallèle offre l'étude de trois classes de monumens bien distinctes: les salles sans portiques circulaires, les salles avec des portiques circulaires extérieurs, et les salles avec des portiques intérieurs. Sous le troisième rapport, celui de leur construction, ces édifices présentent l'application du marbre, de la pierre, de la brique, du tuf, des scories, etc., et donnent les moyens de comparer l'épaisseur des murs au dia'mètre intérieur, en ayant égard à la nature des matériaux et à la disposition des points d'appui. Enfin, sous le dernier rapport, celui de leur décoration, ces édifices présentent l'application des marbres, des stucs, des mosaïques, des peintures, etc., et donnent d'heureux

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romaine

exemples d'une décoration produite par la construction. Si à ces recherches on en joint d'autres sur les proportions de masse qui conviennent à une salle ronde, d'autres sur la forme des voûtes dans les premiers temps de l'antiquité comme dans les premiers temps de la renaissance, d'autres enfin sur l'histoire de l'art, d'autant plus facile à suivre, qu'on le juge dans ses applications à des monumens d'une même forme, l'on aura l'ensemble des sujets d'étude que ce parallèle peut offrir au savant et à l'artiste. C'est après avoir consacré en Italie plusieurs années à ces recherches, que l'auteur en présente aujourd'hui la collection. Son ouvrage mérite une attention toate particulière par la beauté de son exécution, l'exactitude, le précieux de ses dessins qui ont été merveilleusement rendus par Hibon, le plus fort de nos graveurs d'architecture au trait. Les trois planches qui le composent contiennent trente monumens, tant antiques que moder

nes,

dont quatre temples et deux tombeaux païens; quatre salles de bains, deux salles deréunion, quatre tombeaux chrétiens, huit baptistères et six églises chrétiennes, parmi lesquelles SaintPierre de Rome tient le premier rang. De ces monumens sept sont avec portique circulaire intérieur, cinq avec portique circulaire extérieur, dix-huit avec un mur circulaire sans portique. De ceux avec portique circulaire extérieur, il donne le plan et l'élévation, des autres, seulement le plan et la coupe. L'échelle commune est petite, 3 pouces pour 30 mètres, mais les proportions sont dans de si justes rapports, les détails rendus avec tant d'esprit et de finesse, que l'œil est toujours satisfait et supplée facilement à ce que la pointe n'a pu qu'indiquer. Le texte est substantiel et ne contient que ce qui est d'une absolue nécessité. En résumé, cette publication sera d'une utilité première pour les artistes studieux, et donnera naissance, nous l'espérons, à d'autres entreprises de même nature, qui, peu

à peu, feront passer sous nos yeux les différentes classes de monumens dont se compose le domaine de l'art, présentés ainsi sur une même échelle, et remplaceront un jour le parallèle des édifices anciens et modernes, publiés par Durand, qui commence à être bien en arrière des besoins créés par les études fortes de nos jeunes architectes.

ART MILITAIRE.

Fonctions des guides dans les manoeuvres, d'après l'ordonnance du 4 mars 1831. in-8. Chez Anselin.

DEUXIÈME CLASSE.

ARTS MÉCANIQUES ET INDUSTRIELS.

L'Art de fabriquer et d'améliorer les cuirs et les peaux de toute espèce. Par A. Dessables. 2 vol. in-12. avec 12 planches. Blois. Paris, rue de la Harpe, n. 11.

Ce traité contient : l'Art du tanneur, du corroyeur, de l'hongroyeur, du mégissier, parcheminier, maroquinier, chamoiseur, boyaudier; avec des observations sur la nature et le choix des écorces et la nomenclature des substances qui peuvent remplacer le tan. Description des divers appareils propres à économiser le temps et

le combustible. in-12. Chez l'auteur, rue de l'Arbre-Sec, n. 5o. Recueil de décorations intérieures, comprenant tout ce qui a rapport à l'ameublement, à l'orfévrerie, menuiserie, serrurerie, etc. Par Ribault. in - fol. Chez Bance aîné. Livr. I. II. 4 fr. chaque livr.

Manuel du bottier et du cordonnier, ou Traité complet et simplifié de ces arts, contenant les meilleurs procédés à suivre pour confectionner les chaussures de toute espèce. Par Martin. in-18. Chez Roret. 3 fr.

TROISIÈME CLASSE.

HISTOIRE.

Chroniques pittoresques et critiques de l'OEil de boeuf, des petits appartemens de la cour et des

me

salons de Paris, sous Louis XIV, la régence, Louis XV et Louis XVI. Publiées par M la comtesse douairière de B***. in-8. Chez Leroux. Tome V. 7 fr. 50.

Ce volume contient les chapitres VII-XVI, et les événemens depuis 1721 jusqu'en 1742. Le sommaire seul excéderait les bornes de notre feuille, nous ne pouvons donner que de légers aperçus de cet intéressant ouvrage en citant quelques anecdotes et traits caractéristiques. Au sujet des paniers à la mode en 1721, l'auteur fait l'observation suivante: Ces paniers consistent dans une carcasse de baleines, quelquefois d'osier, recouverte d'une toile, et que les femines introduisent sous leurs jupes, et les hommes dans les basques de leurs babits, pour les tenir raides et étendus. Cette machine se développe considérablement de chaque côté de la personne, mais très-peu de la partie antérieure à la partie postérieure; de sorte qu'une dame, avec sa taille mince et ses énormes paniers, ressemble à un battoir de blanchisseuse. Rien d'amusant comme les manoeuvres que cet étrange usage nécessite : il n'est pas de porte assez grande dans nos salons pour qu'une femme puisse entrer de face; ce n'est que la hanche en avant qu'elle peut se présenter en société. Depuis quelques années, les femmes se couvrent le visage de rouge, qui les fait ressembler à des bacchantes, ivres de vin ou de luxure. Ce n'est pas tout: non contentes de simuler, à l'aide du rouge, une fraîcheur qu'elles n'ont pas ou qu'elles n'ont plus, elles emploient encore le blanc et le bleu pour blanchir leur peau, et dessiner sur cette couche de céruse des filets veineux que la nature a cachés sous un tissu trop épais. — Au sujet du fameux cardinal Dubois, l'au teur raconte l'anecdote suivante: Les domestiques de Dubois, habitués à l'entendre jurer comme un corsaire, disputaient plaisamment avec ceux de l'archevêque de Reims et du cardinal de Rohan sur la prééminence entre ces trois dignitaires de l'église. « Mon maître, dit un valet de M. de Rohan, sacre les évêques et archevêques.- Le mien, répondit un des gens de M. de Reims, sacre les rois...-Belle affaire que cela!

ajouta un laquais de Dubois; mon maltre sacre Dieu cent fois par jour..... » Un jour, Dubois, ennuyé des obsessions de la princesse d'Auvergne, oublia la dignité de sa pourpre et le rang de sa cliente jusqu'à envoyer cette dame faire..... Elle courut se plaindre au régent de cet excès d'irrévérence; mais le prince lui répondit : « Eh, madame, ce cardinal est quelquefois de bon conseil.»Les hommes raisonnables qui approchent le régent ont essayé, plus d'une fois, de profiter de sa vieillesse anticipée pour le ramener au sentiment exclusif des devoirs de son état et à la dignité de son rang. « Vous me la don nez bonne, messieurs,a toujours répondu Son Altesse royale; comment voulezvous que la raison m'amuse, quand les plaisirs m'enpuient? C'est absolument comme si vous me conseilliez de prendre de l'opium pour m'éveiller. » – Anne de la Trémouille, princesse des Ursins, cette autre Maintenon, qui gouverna long-temps l'Espagne, pour prix de quelques complaisances galantes, mourut à Rome le 5 décembre 1722. Elle était née en 1637; ainsi cette courtisane de haut parage était déjà parvenue à sa 64° année, lorsque en 1701 elle échangeait ses bonnes gràces contre la puissance à peu près souveraine que lui abandonnait Philippe V, qui n'avait alors que 17 ans. On croira sans doute difficilement qu'en 1706, à madame des Ursins, septuagénaire, l'observateur le plus exercé n'aurait pas donné plus de 36 ans, tant sa taille était droite, fine,souple, élancée ; tant son teint était encore animé et son œil étincelant. On peut citer, en parlant de madame des Ursins, deux singularités : le nom primitif de sa famille était Rossini, et le prénom de plusieurs membres de cette famille, Napoléon. Détails curieux sur la fin du cardinal Dubois.-Il se forma en Normandie, en 1724, une association dont les apôtres avaient pris le nom d'adamites; ils se montraient nus en public, prétendaient que la première des conditions véritablement religieuses était

de se dépouiller de toutes les vanités de la terre. Il faut dire que ce point de doctrine était prêché par ces sectaires au mois d'août, ce qui donnait à leurs argumens un certain degré de conviction. Une foule de ces croyans se rendit en costume négatif dans un village du pays de Caux, où, pendant que les paysans travaillaient à la moisson, nos adamites voulurent faire des évites d'un bon nombre de jolies Normandes. Ils travaillaient de tout leur pouvoir à cette initiation quand les maris revinrent des champs. Les rites du nouveau culte furent, comme on le pense bien, troublés par les survenans, auxquels il fut impossible de faire comprendre la moindre partie du dogme adamite. Les incrédules villageois, sans respect pour l'office et les officians, les saisirent, et les ayant attachés derrière des charrettes attelées, ils leur firent traverser le village en les conduisant à grands coups de fouet, dont l'application immédiate était un terrible argument contre la prétendue superfluité des habits -Pendant la représentation de la tragédie de Brutus, un abbé s'était placé sur le devant d'une loge, quoiqu'il y eût des dames derrière lui; cette irrévérence mécontenta le parterre; il se mit à crier : Place aux dames et à bas la calotte! L'abbé, las de ces cris, impatienté surtout d'être le point de mire de tous les spectateurs, prend sa calotte, et la jetant aux criards, leur dit : « Tiens, parterre, la voilà, ma calotte, tu la mérites bien. Cette allusion aux ridicules qui font admettre dans le régiment des calotins, ramena les rieurs du côté du petit-collet.--Nous pourrions rapporter un grand nombre d'autres anecdotes piquantes, mais ce peu suffira pour donner une idée de l'intérêt que présente ce volume.

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L'ouvrage aura 10 livraisons, chacune de 4 lithographies et de 8 pages de texte in-fol.

Souvenirs, épisodes et portraits pour servir à l'histoire de la révolution et de l'empire. Par Charles Nodier. 2 vol. in-8. Chez Levavasseur. 15 fr.

Second extrait.

Tome II. Compagnies de Jéhu. Je me suis plus d'une fois demandé, dit l'auteur, quel était le nœud intime, quel était le pôle sympathique des jėhuistes. Ce n'était pas la religion du pays; puisque la moitié de ceux que j'ai connus étaient libertins et athées. Ce n'était pas l'amour de la dynastie déchue; il n'y avait pas un homme sur cent parmi eux qui en eût approché ou qui en attendit quelque chose. Ce n'était pas la vengeance. Les jeunes gens de cette monstrueuse association qui appartenaient aux familles des proscripteurs étaient plus nombreux de beaucoup que ceux qui appartenaient aux familles des proscrits. Ce n'était pas la cupidité; sortis pour la plupart de la classe aisée, et moins jaloux d'agrandir leur fortune par de mesquines spoliations de diligences et de recettes que de l'épuiser dans des prodigalités extravagantes, ils jouaient des quadruples qu'ils aimaient à perdre contre des sous qu'ils ne ramassaient pas. Lear vols tombaient dans des coffres, d'où ils allaient engraisser quelques misérables aventuriers, décorés de leur chef du titre de commissaires du roi, et ils n'en recueillaient, quant à eux, que l'infamie et l'échafaud. Ce n'étaient pas, sinon par exception, des antipathies de maison ou des haines personnelles. On tuait, sans doute, un ennemi, un rival, un créancier, quand l'occasion s'en présentait; on tuait à tout moment, un étran ger, un inconnu, un voisin, un camarade d'école, un ami d'enfance; on l'embrassait quelquefois auparavant.Ce que c'était, il faut le dire! c'était

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