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des habitations, on emploie indifféremment l'eau chaude ou la vapeur pour les serres : l'eau chaude pour les petites serres et la vapeur pour les installations importantes. Ces dernières étant relativement peu nombreuses, il faut croire que, dans la pratique, l'avantage resterait au chauffage à eau chaude.

Il est certain que la vapeur à basse pression, surtout avec certains appareils perfectionnés, rend de grands services pour le chauffage domestique, grâce à sa souplesse d'action et à la facilité de son réglage. Par son emploi, on peut augmenter, dimimuer ou interrompre l'afflux de chaleur avec la plus grande facilité, et cette variation de régime est d'une utilité incontestable dans des locaux sujets à des modifications de température assez fréquentes. Dans les serres, au contraire, il n'en est pas de même et il est nécessaire d'y maintenir plutôt une température constante l'emploi de l'eau chaude paraît donc devoir être préféré.

Nous serions assez partisans des installations mixtes à eau et à vapeur; l'eau chaude, assurant la mise en régime et entretenant la chaleur en temps ordinaire; et la vapeur, mise en service comme secours, dans les temps rigoureux.

Nous avons vu, tout récemment, établir un appareil réalisant ces conditions, pour le chauffage d'un grand jardin d'hiver. La vapeur, fournie par une chaudière multitubulaire à basse pression, munie d'un bon régulateur de tirage, est distribuée par des tuyaux, concourant eux-mêmes au chauffage, à deux serpentins renfermés dans deux cylindres à eau formant thermosiphons. La circulation complémentaire de vapeur est disposée en ruban de chaleur et peut être isolée en temps ordinaire, au moyen de robinets. D'un autre côté, la vapeur à basse pression est utilisée pour le chauffage de divers locaux annexes.

Récemment aussi, le nouveau Fleuriste de la Muette a été chauffé avec les dispositifs employés en 1891 au Jardin d'Acclimatation, mais avec de la vapeur à très basse pression (150 grammes, croyons-nous.)

Nous citerons enfin une disposition ingénieuse réalisée par un constructeur allemand qui, chauffant des serres par la vapeur, envoyait celle-ci dans de gros tuyaux renfermant des briques.

Ces briques emmagasinaient la chaleur comme l'eau dans les thermosiphons et formaient ainsi le volant que l'on apprécie dans ceux-ci.

Voilà donc, succinctement résumées, les applications par nous connues de la vapeur au chauffage des serres.

Nous n'avons pas, d'ailleurs, la prétention de conclure en l'état actuel de la question.

En somme, le chauffage par circulation d'eau est plus doux (la température de l'eau étant, en moyenne, de 70 à 80°, tandis que la vapeur, même sans aucune pression, est à 100°). Il est aussi plus régulier et plus facile à conduire. Quant au chauffage à vapeur, il est plus puissant, d'une application, il est vrai, plus compliquée; mais il répartit et transporte mieux la chaleur, grâce à la chaleur latente, ou de vaporisation.

Un bel avenir est peut-être réservé à ce dernier système, ou au moins à un système mixte utilisant les avantages des deux procédés.

DES

FORMES SOUS LESQUELLES L'AZOTE

EST LE MIEUX ABSORBÉ

PAR LES RACINES DES PLANTES

PAR

M. Georges TRUFFAUT

Cette question, posée pour le Congrès horticole de 1899, est parfaitement nette et nous permet d'éliminer de suite toutes les explications relatives à la nitrification dans le sol des matières azotées, des différents modes d'absorption de l'azote par les plantes, questions intéressantes déjà traitées par de nombreux auteurs lors des précédents Congrès.

Sous quelles formes l'azote est-il le plus avantageusement absorbé par les racines des plantes?

Nous savons que l'azote peut être absorbé par les racines.

4° Sous forme d'azote atmosphérique par l'intermédiaire des bactéries vivant en symbiose dans des nodosités particulières sur les racines de certains genres de plantes.

2° Sous forme très complexe d'azote combiné à la matière organique du sol; cet azote organique est absorbé par les racines après une série de transformations successives dont le mécanisme compliqué nous échappe encore.

3° Sous forme de sels ammoniacaux solubles.

4° Sous forme de nitrates également solubles.

Au point de vue pratique et d'une manière générale (exception faite pour la famille des Légumineuses et probablement pour

certaines Algues et Mousses), nous sommes sans action pour contrôler l'absorption plus ou moins grande de l'azole atmosphérique par l'intermédiaire des bactéries.

Au point de vue de l'azote absorbé sous forme de combinaisons humiques complexes, nous savons bien qu'il est possible de faciliter la dissolution de ces matières par l'action de solutions faibles de carbonates alcalins et d'augmenter ainsi leur assimilabilité. Cependant, les études entreprises sur ce point sont encore trop récentes pour que nous puissions en tirer des conclusions pratiques absolument nettes.

Il n'en est pas de même pour les deux derniers cas. Nous savons parfaitement aujourd'hui, après les beaux travaux de M. Müntz, que les sels ammoniacaux peuvent être directement absorbés par les racines des plantes, et depuis longtemps aussi que l'azote sous forme de nitrates contribue pour la plus large part à la nutrition végétale. M. A. Hébert a montré récemment, dans un savant mémoire sur la «formation des matières albuminoïdes dans les plantes par réduction des nitrates », que les nitrates se réduisent dans les feuilles sous l'influence de la chlorophylle, et passent ensuite à l'état d'acide cyanhydrique, puis, ultérieurement, forment des combinaisons avec les dérivés de l'aldéhyde formique. (Premier état de formation des éléments ternaires).

Nous nous attacherons donc exclusivement à l'étude de l'absorption des sels ammoniacaux et des nitrates, qui, seuls d'ailleurs, offrent au point de vue des applications pratiques un intérêt immédiat.

Théoriquement, si nous offrons à des plantes semblables une quantité égale d'azote, un gramme par exemple, sous quelque forme que cela soit (Sels ammoniacaux, ou nitrates), nous devons constater un résultat pratique identique, tant au point de vue de la beauté de la végétation de ces plantes que de leur rendement en poids. Si ce résultat était acquis, la forme la plus avantageuse d'absorption de l'azote serait aussi la forme la plus économique. Si la théorie est exacte on doit pouvoir en faire la preuve expérimentale; en matière de physiologie végétale, en effet, on doit toujours penser à la phrase célèbre de Boussingault:

« J'aime mieux constater l'opinion d'une plante que celle de dix académiciens. >>

L'expérience seule, en effet, peut trancher la question, et conséquemment, en août 1898, nous réunissions à cet effet deux cents plantes semblables d'Asparagus Sprengerii; nous avons choisi l'Asparagus Sprengerii spécialement en vue de notre expérience devant commencer en septembre. Il fallait trouver pour ce cas spécial une plante vigoureuse, exigeante en azote et végétant activement hiver comme été.

La première opération consista à rempoter ces plantes dans un mélange de terre ainsi composé :

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L'analyse de cette terre silico - argileuse et très riche en humus nous montra qu'au point de vue physique et au point de vue chimique, elle était admirablement constituée.

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Au commencement de l'expérience, le 14 septembre 1898, les Asparagus se trouvaient dans des pots de 0,14 de diamètre, leurs tiges et feuilles pesaient en moyenne 55 grammes, les plantes étaient d'une taille égale et les racines commençaient à tapisser la paroi interne des pots.

Pour mener l'expérience d'une manière complète et sérieuse, nous avions dû préalablement faire une étude chimique de la végétation des Asparagus au point de vue de leurs exigences en azote et en matières minérales. Nous avons trouvé qu'un kilogramme d'Asparagus contient :

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