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des fleurs des arbres fruitiers. Un certain nombre d'autres observations pourraient encore s'ajouter à celles-ci; telle, par exemple, l'utilité qu'il y a, pour diminuer la propension des arbres à la coulure, d'observer la sélection soit des greffons, soit des boutures au moment du greffage ou du bouturage, en ne récoltant ces rameaux que sur des arbres sains, indemnes de maladies, suffisamment vigoureux et surtout fertiles.

On pourrait encore, d'autre part, recommander contre la coulure de n'effectuer aucun binage ni aucun bêchage au pied des arbres, ni aucune suppression importante soit de racines, soit de branches à l'approche de leur floraison; cette dernière opération ne pouvant que produire un affaiblissement général de la force végétative du sujet et provoquer ainsi la coulure à peu près totale des fleurs.

Note additionnelle.

C'est bien avec raison que dans notre Mémoire, au nombre des causes déterminantes multiples de la coulure, nous avons compris tout d'abord la gelée. En effet, à cet égard, le commencement du printemps de 1899 comptera dans les annales horticoles. Du 19 au 26 mars, et plus particulièrement dans la nuit du 25 au 26 mars, nous avons eu, au Jardin-École de Soissons, un abaissement de température de -11 degrés, au moment où les Pêchers étaient en pleine floraison. Il est inutile d'ajouter qu'à ce degré de froid, malgré les auvents, ces arbres ont été très endommagés, car toutes les fleurs épanouies à ce moment ont été détruites; seuls quelques rares boutons semblent avoir été préservés. Ce qu'il est intéressant de signaler ici, c'est qu'aussitôt après ce désastre, les fleurs de Pêcher paraissaient intactes, c'est-à-dire que la corolle, quoique légèrement brunie, laissait voir le faisceau d'étamines bien vivant, faisant supposer ainsi la floraison sauvée; mais en regardant de plus près, en ouvrant la fleur en deux, il était facile de s'assurer que le jeune ovaire et le style étaient complètement détruits. D'autre part, la position du jardin fruitier, ainsi que l'exposition des espaliers, ont donné lieu à d'intéressantes remarques c'est ainsi que sur le plateau de Laon, l'abaissement de température n'a été que de 7 degrés, et, dans

cette localité, des Pêchers en espalier en plein midi, sans auvent, sont actuellement chargés de jeunes fruits bien noués. Il y a similitude ici avec le fait observé lors du grand hiver de 18791880, à savoir qu'au printemps de 1899, il a fait de même moins froid sur les hauteurs que dans les vallées.

CULTURE PRATIQUE

DES

ODONTOGLOSSUM DE SERRE FROIDE

PAR

M. LÉON DUVAL

Avant d'entreprendre de parler de la culture proprement dite des Odontoglossum de serre froide, nous pensons qu'il est bon de commencer par le commencement, c'est-à-dire de prendre la plante à son arrivée du pays d'origine à l'état d'importation. Les amateurs, comme d'ailleurs les horticulteurs, seront, nous l'espérons, satisfaits d'avoir des détails complets, absolument nécessaires à leurs entreprises futures concernant les Odontoglossum.

De l'importation.

C'est dans un état plus ou moins sec, plus ou moins bon, qu'arrivent en Europe les Odontoglossum ; ces plantes sont attachées sur des bâtons, et le long voyage qu'elles ont fait n'est certes pas de nature à les conserver toujours en excellentes conditions. Examinons tout d'abord des Odontoglossum qui viennent d'être livrés par l'importateur. Les « masses », ainsi qu'on les nomme, se composent de trois à six pseudo-bulbes ou plus, ceux-ci plus ou moins gros, plus ou moins secs; la vie semble avoir abandonné ces sortes d'oignons aplatis. Seul, le bulbe, ou mieux pseudo-bulbe, qui est en avant et qu'on nomme « départ », semble être plus vivant, plus apte à fournir une végé

tation future. En effet, si l'on regarde bien à la base de ce pseudo-bulbe, on y verra un rudiment de pousse plus ou moins développé; cette pousse, jaunie et étiolée par un trop long séjour dans la caisse, est peu disposée à bien végéter et elle peut difficilement se reconstituer. Il faut donc : 1° si la masse est en bon état, et que la pousse ou les pousses soient bien à l'état de repos, prendre la plante en main, enlever avec les doigts et soigneusement les rudiments des anciennes feuilles pour ne pas blesser les pseudo-bulbes, puis couper les vieilles racines, au besoin supprimer les pseudo-bulbes qui seraient décomposés ou morts, et c'est tout.

Si la plante qu'on a en main présente une pousse étiolée (devenue blanchâtre), mais néanmoins ferme encore à la base, on pourra la laisser; cependant, si elle offre la moindre trace de décomposition, il faudra la supprimer, non en la coupant, mais en l'écallant comme on ferait pour enlever un caïeu de Glaïeul; on saupoudre ensuite un peu de poussière de charbon de bois sur la plaie et on laisse ressuyer pendant quelques jours.

La seconde opération qui vient après celle de l'épluchage et de l'examen des importations est celle qui consiste à les placer dans un endroit convenable pour les faire «< revenir »>, c'est-à-dire reprendre peu à peu leur aspect de plantes vivantes et perdre celui de momies desséchées, qu'elles ont presque toujours. Dans ce dernier cas, on placera les importations dans une serre froide, bien saturée d'humidité, où l'air sera un peu concentré. On les disposera sur du sphagnum bien propre et vivant, et on les bassinera deux ou trois fois par jour, mais légèrement; puis on les surveillera de très près, de façon à se bien rendre compte de leur état; ce qui revient à dire que toutes les parties qui se décomposeront sous l'influence des bassinages seront supprimées de suite, tandis que les autres parties se renfleront petit à petit, et reprendront leur aspect primitif, avec cet avantage que la pousse disposée à la base du pseudo-bulbe, en avant, se sera développée et aura, à un moment donné, émis une ou deux racines qui plongeront leurs spongioles dans le sphagnum.

Si, d'autre part, dès l'arrivée, on avait eu affaire à des impor

tations très saines, bien renflées, ayant en somme un aspect de fraîcheur absolue et des pousses en très bon état, il suffira de disposer des godets de différentes grandeurs, en rapport avec la taille des masses à mettre en culture, de placer ensuite ces godets dans les mêmes conditions que celles énumérées plus haut, et d'y planter de suite les Odontoglossum, en tenant ceux-ci légèrement humides, mais en les surveillant aussi avec beaucoup d'attention, car il arrivera fatalement que certaines parties pourront se décomposer et se gâter et qu'il faudra les supprimer de suite si on ne veut pas voir toute la plante se contaminer, et, pour cela, le mieux sera de l'enlever du compost et de l'y replacer après l'avoir bien nettoyée.

Rempotage des importations.

Puisque nous avons parlé de placer dans des pots ou godets les importations, il convient que nous expliquions la manière de s'y prendre.

Les godets seront choisis en rapport avec la force des plantes, mais généralement assez petits, de façon à ce que la masse à empoter occupe le milieu du vase avec 1 ou 2 centimètres de compost autour. On mettra dans le fond du godet et jusqu'à plus de la moitié de sa hauteur des tessons bien propres; puis on emploiera pour l'empotage le compost ordinaire fait de moitié excellent sphagnum et de moitié polypodium. Ces deux substances bien hachées et bien mélangées, auront été au préalable légèrement mouillées pour les rendre plus facile à employer. On placera la plante de façon à ce qu'elle émerge parfaitement des godets, mais il est indispensable qu'elle soit assez enfoncée cependant pour qu'elle s'y maintienne parfaitement, rien que par le tassement du compost, lequel tassement aura été fait avec un petit bâton à pointe émoussée. Si par hasard la plante ne tenait pas bien, il serait utile, pendant les premiers temps, de la fixer à l'aide d'un fil de zinc recourbé en forme d'épingle à cheveux.

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