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représentait la grandeur du bas du théâtre. Dans ce cercle ils inscrivaient quatre triangles équilatéraux, dont les extrémités, placées à égale distance, touchaient la circonférence. Celui de ces triangles dont le côté était le plus près de la scène

en déterminait la face (soit ba de la figure) à l'endroit où il faisait une section dans le cercle. Une autre ligne parallèle à celle-là (ba), et passant par le point du centre d, séparait l'avant-scène de l'orchestre 1.

240.

Tracé des Théâtres romains.

a

Mais les Romains ne se contentèrent pas, pendant cette époque, d'étaler un grand luxe dans leurs édifices publics, ils prodiguèrent aussi les richesses dans les maisons particulières. Lorsque aucun monument public n'était encore orné de colonnes en marbre, l'orateur Lucius Crassus se fit bâtir, en 104 avant l'ère vulgaire, une maison sur le mont Palatin, dont l'atrium était décoré de colonnes en marbre du mont Hymette près d'Athènes. Soixante-dix-huit ans avant l'ère vulgaire, Marcus Lépidus habitait une maison qui avait des portes dont les linteaux étaient en marbre de Numidie 3. Lucullus employa une espèce de marbre noir d'Égypte qui dans la suite reçut son nom. Mamurra fut le premier Romain qui, vers l'année 54 avant l'ère vulgaire, fit orner à l'intérieur les parois de sa maison en plaques de marbre'. Marcus Scaurus avait dans l'atrium de sa maison des colonnes en marbre noir de plus de 11 mètres d'élévation. Malgré cette magnificence des maisons particulières, il y eut des Romains qui ne dérogèrent point à l'antique simplicité de leurs pères. L'orateur Hortensius (mort 50 ans avant l'ère vulgaire) habitait une maison sur le mont Palatin dont les colonnes, peu élevées, étaient en pierre ou marbre d'Albano (peperino); les murs n'étaient pas revêtus de marbre, le sol était sans mosaïques : c'est cette maison simple que l'empereur Auguste habita pendant quarante années. La maison de Pompée le Grand, du milieu du dernier siècle avant l'ère vulgaire, était telle

1. Vitruve, 1. v, ch. vi. — Voyez la note et la figure du théâtre romain dans l'architecture de Vitruve, traduite par Ch. L. Maufras. 1847, t. 1, p. 552 et suiv.

2. Pline, Hist. nat., 1. XXXVI, ch. VI-XV.

3. Id., ibid., 1. XXXVI, ch. VIII-XXIV, § 4. 5. Suétone, Vie d'Auguste, ch. LXXII.

4. Id., ibid., 1. xxxvi, ch. vII.

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ment modeste, que celui qui l'habita après lui s'écria en y entrant: « Où donc le grand homme a-t-il pu prendre ses repas '? »

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Le luxe des maisons de campagne chez les Romains ne semble avoir pris naissance qu'un demi-siècle avant l'ère vulgaire. Avant cette époque, on ne connaissait pas encore de différence entre la chaumière du paysan et la maison de campagne (villa rustica et villa urbana). La villa de Scipion l'Africain, à Liternum, près Cumes, dans la Campanie, était simple et modeste 2. Il en fut de même de celle de Caton3. Il était réservé à Lucullus (mort vers le milieu du dernier siècle avant l'ère vulgaire) de porter une magnificence effrénée dans ses villas de Tusculum et de Naples, qui se composaient d'une quantité de bâtiments, de colonnades, de thermes, de gymnases. La villa de Varron était aussi célèbre par sa magnificence. On y admirait un ornithon, grande volière dans laquelle on avait imité l'horloge d'Andronikos Kyrrhestes à Athènes 5. Le Tusculanum de Marcus Scaurus, les jardins de l'historien Crispus Sallustius, près de Rome, non loin de la porte Salara, l'Albanum de Pompée et beaucoup d'autres villas étaient non moins célèbres que celles de Lucullus et de Varron. Chaque citoyen romain ayant quelque fortune avait sa villa, quelques-uns même en possédaient plusieurs. On choisissait toujours pour les établir les sites les plus pittoresques de l'Italie; on les bâtissait ordinairement sur le penchant de hautes et riches montagnes, quelquefois aussi dans des plaines fertiles. Il y avait beaucoup de villas romaines aux environs des villes de Tusculum et de Tibur, mais on cherchait surtout les côtes pittoresques et magnifiques du golfe de Baja.

1. Plutarque, Vie de Pompée, ch. XL.

2. Seneca, epist. 86. 3. Aulu-Gelle, Nuits attiq., 1. XIII, ch. XXII-XXIII. 4. Plutarque, Vie de Lucullus, ch. XXXIX. Tacite, Annal., 1. VI, ch. L. tone, Vie de Tibère, ch. LXXIII.

5. A. Hirt, Geschichte der Baukunst bei den Alten, t. II, p. 243. 1. III, ch. II-IV. · Pline, Hist. nat., 1. x, ch. LXXII. 6. Pline, Hist. nat., 1. XXXVI, ch. XXIV, § 7.

7. Dion Cassius, 1. XLIII, p. 217; ch. LXVI, p. 750. ch. XLVII.

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Varro, De re rustica,

Tacite, Annal., 1. vIII,

CHAPITRE IV.

DEPUIS L'ANNEE 30 AVANT L'ÈRE VULGAIRE JUSQU'A L'ANNÉE 69 DE CETTE ÈRE.
DEPUIS LE RÈGNE DE L'EMPEREUR AUGUSTE JUSQU'A CELUI DE GALBA.
LES OCTAVIENS ET GALBA, OTHON, VITELLIUS.

Tout ce que les Romains firent pour les arts pendant cette époque n'est point dû à leur sentiment artistique; la seule pensée d'élever, par des embellissements de tout genre, et comme maîtres du monde, leur capitale au-dessus des autres villes connues, leur fit créer les grands et riches monuments d'architecture qui firent effectivement de Rome la ville la plus splendide de l'antiquité. Mais à Rome ce n'était pas comme autrefois à Athènes; la quantité seule fut obligée de remplacer la qualité. Les efforts réitérés tentés pour atteindre ce but par les grands hommes qui avaient eu l'administration de l'État, et surtout par Pompée et César', étaient restés stériles par suite des troubles civils et des guerres qui se succédèrent au dehors et à l'intérieur. Mais enfin arriva une époque où Rome, jouissant des bienfaits de la paix, put s'embellir. Auguste vainquit les partis et devint très-puissant; il dit, après avoir élevé à Rome une quantité prodigieuse de monuments d'architecture : « J'ai trouvé une ville de pierre et je la laisse en marbre 2. » Ce mot fameux du premier des empereurs romains est encore une de ces exagérations orgueilleuses, de ces vantardises banales si fréquentes chez les Romains. Cette phrase eût été juste dans la bouche de Périklès, qui a laissé une véritable ville de marbre. Auguste, au contraire, n'a légué à la postérité

1. Suétone, Vie de César, ch. XLIV. 2. Id., Vie d'Auguste, ch. XXIX.

qu'une ville de pierre. Auguste ne protégea les arts et les lettres que dans un but personnel, égoïste. Ses quatre successeurs les abandonnèrent à leur sort. Sous Tibère, Caligula, Claude et Néron, la Rome impériale fut occupée de toute autre chose que de l'édification de monuments d'architecture; il en est de même sous Galba, Othon et Vitellius. Noyés dans les plaisirs les plus abjects, dans les débauches les plus infâmes, le sentiment du beau et du vrai, qui est aussi le

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sentiment du sacré, ne toucha pas l'âme de boue de ces princes. La vie et les mœurs de César avaient laissé une longue traînée d'impureté derrière elles. En l'année 28 avant l'ère vulgaire, l'empereur Auguste inaugura le temple d'Apollon sur le mont Palatin. Six ans plus tard, il acheva, contre le mont Capitolin, le temple de Jupiter Tonnant. Seize ans avant l'ère vulgaire, Auguste commença le plus

grand monument qu'il fit élever, le temple de Quirinus, sur le mont Quirinal. Il était d'ordre dorique et diptère, et avait 76 colonnes. L'empereur consacra, en l'année 2 avant l'ère vulgaire, le temple de Mars Ultor, sur le forum. Ce temple était petit et monoptère. En l'année 13 avant l'ère vulgaire, Auguste inaugura le théâtre de Marcellus, commencé déjà sous Jules César. Marcus Claudius Marcellus était neveu d'Auguste. On dit que ce monument pouvait contenir 30,000 personnes; il avait 20m 30 d'élévation à l'extérieur et 131 mètres de diamètre. Au xe siècle, il fut fortifié et servit de citadelle dans laquelle le pape Urbain II mourut en 1099. Devenu la propriété des Pierleoni et des Savelli, ceux-ci le détruisirent en partie,

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afin d'y faire construire leur palais par Balthasar Peruzzi. Aujourd'hui il appartient au prince Orsini. Auprès du théâtre de Marcellus, Auguste éleva un portique en l'honneur de sa sœur Octavie, dont les restes se voient encore sur la Pescheria vecchia, le vieux marché au poisson. Deux architectes grecs, Saurus et Batræus, en furent les auteurs. En l'année 28 avant l'ère vulgaire, Auguste bâtit un mausolée pour lui et sa famille'. Il fit réparer la voie Flaminienne et d'autres 1. Suétone, Vie d'Auguste, ch. c. E. Sadeler, Vestigi delle Antichita di Roma, etc., come si ritrovanno nel secolo xv, tav. 34, montre ce qui restait au xve siècle de ce mausolée.

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