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il passe pour n'avoir jamais besoin de cracher ni de se moucher (en tout cas, il ne le fait jamais en public) et pour pouvoir rester indéfiniment assis dans une complète immobilité. Il est coiffé d'une calotte en calicot bleu clair sur laquelle une pagne noire fait trois tours et forme un petit turban. Un bout de pagne passe sous le menton. Il est vêtu du cafetan arabe de couleur café au lait, d'un turqui blanc et d'un grand tolbé bleu clair, de grandes culottes en calicot blanc. Il est chaussé de tamaks (bottes ou mieux bas) en cuir jaune brodé de soie.

La Société normande de géographie s'est honorée en prenant sous son patronage cette publication de son président fondateur, à laquelle est jointe une carte de l'itinéraire de Soleillet, et qui a été exécutée avec le plus grand soin par un imprimeur de Rouen, ayant lui aussi maintes fois fait ses preuves, Espérance Cagniard.

Je ne saurais oublier qu'à Venise, en 1881, je me suis souvent promené sur la rive des Esclavons en compagnie des trois excellents Français dont je viens de faire l'éloge, MM. Soleillet, Gravier et Cagniard.

LUDOVIC DRAPEYRON.

Voyage d'une Parisienne dans l'Himalaya occidental, par Mme DE UJFALVY-BOURDON. Huit mois au Kalahari, par FARINI. Alger et le Sahel, par HENRI DROUET (librairie Hachette, 1887). La maison Hachette, qui a tant fait pour l'extension et les progrès de la science géographique, vient encore d'ajouter deux ouvrages à son excellente collection de voyages en volumes de 400 pages environ, du format in-16, illustrés de nombreuses gravures sur bois. Le premier est dû à Mme de Ujfalvy-Bourdon, connue depuis longtemps par de sérieux travaux. Dans un agréable récit, orné de soixantequatre dessins, cette Parisienne, aussi courageuse qu'instruite, nous conduit sur ses pas de Trieste à Bombay par Port-Saïd, de Bombay à Simla, et de Simla au Koulou, au Tchamba, au Badhrawar, au Kitchwar, au Cachemir, à Srinagar, au Baltistan, à Marri, Lahore, Delhi et Agra. En route, l'intelligente voyageuse observe et note tout les temples, les écoles, les couvents, les fêtes, les palais, les bazars, les cascades, les étangs, les tombeaux; elle étudie les mœurs, le commerce, les curiosités des pays qu'elle traverse; mais elle ne juge rien par convention et les mystères de la piété hindoue, les beautés de la vallée de Cachemir, les danses si vantées des bayadères la laissent froide. Le second volume, joint à cette collection, est l'œuvre d'un certain M. Farini, qui s'est acquis une grande réputation en Amérique et en Angleterre, sous le titre assez bizarre d'Entrepreneur de spectacles pour le peuple, en exhibant devant le public des animaux rares et des races d'hommes étranges. En 1885, il partit du cap Bonne-Espérance pour visiter des régions assez peu explorées antérieurement. Les chutes d'eau du fleuve Orange, les mines de diamants dont on parle plus maintenant que de celles de l'Inde ou de l'Amérique du Sud, les chasses d'antilopes ou d'hyènes, de lions ou d'éléphants, les insectes venimeux et les Cafres non moins malfaisants l'attirent tour à tour, et rien ne le rebute, ni les dangers, ni les fatigues, ni les déceptions. Les huit mois qu'il a passés au Kalahari lui ont fourni de précieux souvenirs dont il nous fait part avec la certitude de nous intéresser.

Qui n'a pas écrit sur notre grande colonie du nord africain? Cependant M. Henri Drouet n'a pas hésité, après tant d'autres, à publier chez Hachette ses impressions sur Alger et le Sahel. Il fait remarquer justement que dans ce beau pays tout change, tout se transforme, tout progresse tellement et si vite que les touristes peuvent se succéder sans se copier et peindre les mêmes tableaux sans trop tomber dans les redites. C'est ainsi qu'il nous décrit les monuments, les mosquées, les costumes, les paysages, et que nous ne nous lassons point de ces spectacles qu'on a tant de fois remis sous nos yeux. A. PHILIBERT-SOUPÉ.

Le Triton dans l'antiquité et à l'époque actuelle. Réponse à la brochure de M. Rouire, intitulée: La Découverte du bassin hydrographique de la Tunisie centrale et l'emplacement de l'ancien Triton (ancienne mer intérieure africaine), par M. A. DU PATY DE CLAM, membre de la Société de Géographie de Paris (Toulouse, Brun-Rey, 1887). L'espace nous manquerait pour engager, nous troisième, une discussion approfondie, digne de celle de MM. Rouire et Du Paty, sur un sujet qui, historiquement, est du plus haut intérêt. Nos lecteurs connaissent de longue date les travaux de M. le docteur Rouire. Nous donnerons ici la Conclusion de son adversaire :

« Cette étude de la brochure de M. Rouire a, je crois, pleinement démontré que toute la théorie de cet auteur (de ce novateur, comme l'appelle fréquemment M. Du Paty) peut se résumer dans le cercle vicieux suivant :

› L'Oued-Baghla est le Triton parce qu'il descend de l'Ousslet; donc l'OuedBaghla étant le Triton, la montagne où il prend sa source est l'Ousalaiton ancien.

» Conséquence naturelle des nombreuses contradictions sur lesquelles elle s'appuie, cette thèse est cependant utile à connaître. Ses défauts écarteront dorénavant toute idée d'assimilation possible entre le fleuve de la Tunisie centrale et le cours d'eau antique. Si on se rappelle, en outre, les conclusions de M. Rolland sur l'absence de toute communication permanente à l'époque historique entre l'Oued-Zéroud-Baghla et la mer, on sera frappé de l'attention, de l'intelligence et de l'esprit d'observation dont firent preuve les Tissot, Roudaire, Duveyrier, etc., dans leurs commentaires des textes anciens et dans leurs études sur le Triton. >

BIBLIOGRAPHIE ANGLAISE

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NOUVELLE-GUINÉE. Pioneering in New-Guinea, par James Chalmers, avec une carte et illustrations. Il s'agit ici de diverses expéditions accomplies de 1878 à 1885. L'auteur a exploré la côte orientale de la Nouvelle-Guinée, Vamaru et Huon Bay. I signale Discovery Bay ainsi que Lorne Mountain (2300 pieds) et Point Moresby. Il a également visité Kalo en compagnie du commandant Wilson qui devait y venger un massacre. Grâce à l'habileté de M. Wilson, on amena les indigènes à livrer les coupables, et la justice fut satisfaite sans représailles sanglantes. M. Chalmers nous décrit ses relations à Erema avec les négociants de Mota, la proclamation du protectorat britan

nique sur l'est de la Nouvelle-Guinée en 1884. L'auteur nous communique anssi ses impressions au sujet des indigènes. Il paraît que les principes de Malthus y sont en honneur, que l'on s'oppose à tout surcroît de population; après la première nuit de noce, les époux couchent séparés, les hommes dans. un dubu, ou temple réservé au sexe mâle, les femmes dans la case domestique. L'égalité dans les partages prévaut sans distinction de sexe.

Nous regrettons que la carte de M. Chalmers n'indique pas tous les points visités par lui. C'est là un grave desideratum géographique.

MÉLANÉSIE. Ten years in Melanesia, par le Rev. Alfred Penny. Ce livre a trait aux îles Salomon, si peu connues. En sa qualité de missionnaire, M. A. Penny s'étend principalement sur la religion, qui est le culte des ancêtres. Ces ancêtres ou Tindalos s'occupent plus ou moins des survivants, au gré de ceux-ci il y en a même qui reparaissent sous la forme peu avenante d'un requin, qui préside à la pêche! M. Penny, qui est resté dix ans dans ces parages, décrit les industries auxquelles se livrent les insulaires et signale surtout leurs canots et leurs maisons aériennes construites dans les arbres. Nos lecteurs feront bien de feuilleter ces pages intéressantes.

AFRIQUE. My African Home or Bush Life in Natal, par Eliza Whigham Fielden. Quoique ce livre ne soit point un ouvrage scientifique, qu'il se contente de peindre sur le vif les épreuves d'un jeune ménage, il mérite d'être étudié par des colons ou par ceux qui ont l'intention de le devenir. South African Traits, par le Rev. James Mackinnon. l'établissement des Hollandais à Stellenbosch.

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Esquisse de

Cet

ILES GRECQUES. Rhodes in modern times, par Cecil Torr. M. A. ouvrage nous retrace l'état de l'île de Rhodes avant qu'elle ne fût englobée dans l'empire ottoman. M. Torr décrit la vie sociale des Chevaliers, des paysans, des négociants helléniques et fait voir comment l'affreux régime turc, tout en épuisant le pays, a laissé subsister les formes de la vie du moyen âge. Ce livre intéresse également l'ethnologue et l'historien.

GUIDES. Handbook for Essex, par Miller Christy. Véritable guide diamant, où le lecteur rencontrera tout ce qu'il faut pour l'agrément de petits voyages.

VOYAGES. Queen's Highway from Ocean to Ocean, par M. Stuart Cuinberland, F. R. G. S. Panorama peint sur le vif du chemin de fer du Canada Pacifique. N'oublions pas que cette voie, à peine créée, relie la GrandeBretagne avec la Chine, le Japon, l'Australasie et la Nouvelle-Zélande. L'auteur voit en beau l'avenir de cette route, et peut-être a-t-il raison. Ecoutons plutôt ses conclusions et sachons les méditer à notre profit. Les communications avec l'extrême Orient par voie américaine, c'est-à-dire par New-York et San-Francisco, prennent 137 heures; par la nouvelle route, 86 heures. De Québec à Liverpool, il y a 2661 milles; de New-York, 3130.

Pour atteindre Yokohama, il faut vingt et un jours par le Canada Pacifique; trente par les États-Unis; cinquante-cinq par le canal de Suez.

Sir Charles Warren n'admet pas que la route du Canada remplace celle de Suez, si ce n'est en cas de besoin; mais le Times conclut différemment. A l'avenir de nous apprendre lequel des deux a raison.

J. W. HAY.

NOUVELLES GÉOGRAPHIQUES

Ont été nommés agrégés des lycées dans l'ordre de l'histoire et de la géographie MM. Jordan (Ecole normale supérieure); Poirel (Faculté des lettres de Nancy); Sée (Faculté des lettres de Paris); Bardot (Faculté des lettres de Lyon); Girbal, chargé de cours au lycée de Troyes; Bérard (École normale supérieure); Kainaud, étudiant libre; Morel, chargé de cours au lycée de Nice; Gidel (École normale supérieure); Pouzet (Faculté des lettres de Lyon); Cultru, étudiant libre; Martin (Faculté des lettres de Paris); Peytraud, professeur en congé.

Voici un fait qui mérite d'être signalé ici au point de vue ethnographique dans la dernière promotion de l'École polytechnique figure Si-Chériffben-el-Arbi, un jeune indigène de Souk-Arras (province de Constantine, Algérie), frère de deux cadis, dans l'administration indigène, l'un à Tebessa, l'autre à Souk-Arras. Ce jeune homme a fait la plupart de ses études au lycée de Constantine et ses mathématiques spéciales au lycée d'Alger.

- Les thèses géographiques prescrites pour le concours d'agrégation d'histoire et de géographie en 1888 sont les mêmes que celles de l'an dernier (Voy. Revue de Geographie, livraison de novembre 1886, p. 386-387). Toutefois la thèse sur Marco Polo a été retranchée. Les thèses d'histoire qui ont en même temps un caractère géographique sont les suivantes: Organisation politique et commerce de Marseille dans l'antiquité jusqu'au siège de cette ville par César. La Gaule narbonaise d'après le Pro Fonteio. Les Castra stativa sous l'empire romain. Économie rurale des Romains d'après Caton, Varron et Columelle. L'Afrique au temps de saint Augustin. Étudier les monnaies mérovingiennes dans leurs rapports avec l'histoire, la géographie et l'archéologie. Étudier, au point de vue historique et géographique, les Itinera latina antérieurs aux croisades, publiés par la Société de l'Orient latin. Les traités de Munster et d'Osnabruck. Le régime des colonies françaises d'Amérique sous le règne de Louis XIV. Comme texte de géographie: Strabon livre Ier, chapitre Iv; livre II, chapitre v, §§ 1, 11, 12, 13, 26 à 33 inclusivement.

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Le comité des travaux historiques et scientifiques du ministère de l'Instruction publique vient de publier une Bibliographie des sociétés savantes de la France, dont l'auteur est M. Eugène Lefèvre-Pontalis, bibliothécaire du Comité. L'introduction nous apprend que le nombre des associations historiques, archéologiques et scientifiques, fondées en France et dont le catalogue a été dressé, s'élève à 655, non compris les 12 sociétés savantes de l'Algérie et des colonies. Si l'on veut se rendre compte de la répartition géographique de ces associations, on constate que la ville de Paris n'en renferme pas moins de 142. Le département de la Seine-Inférieure en possède 28, le Rhône 26, le Nord 24, la Gironde 22, le Calvados 20, les Bouches-du-Rhône 16, l'Aisne 15,

la Haute-Garonne, l'Hérault, la Charente-Inférieure 12, le Pas-de-Calais et Seine-et-Oise 11. Les départements de Maine-et-Loire et de Meurthe-etMoselle ont chacun 10 sociétés et tous les autres en renferment un nombre inférieur à ce dernier chiffre. Les Ardennes, la Corse, le Gers, les Landes, la Lozère, les Deux-Sèvres n'en possèdent qu'une seule. Aucune société savante n'a fixé son siège dans le département de l'Indre. La plupart de toutes ces Sociétés ont été fondées entre 1830 et 1880, mais quelques-unes remontent à une époque antérieure à la Révolution. Parmi ces dernières, nous citerons l'Académie française (1636), l'Académie de Caen (1652), l'Académie de Bordeaux (1662), l'Académie des inscriptions et belles-lettres (1663), l'Académie des sciences (1666), l'Académie de Nîmes (1682), l'Académie de Jeux floraux (1694), l'Académie de Montpellier (1706), l'Académie de Dijon (1725), l'Académie de La Rochelle (1732), l'Académie d'Arras (1737), l'Académie de Rouen (1744), les Académies d'Amiens et de Toulouse (1746), l'Académie de Stanislas à Nancy (1750), l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon (1752), la Société d'agriculture, sciences et arts de Limoges (1759), l'Académie delphinale de Grenoble (1772).

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A Paris, les sociétés qui se consacrent à l'étude de la géographie sont ; la Société de géographie de Paris (1821), la Société de géographie commerciale de Paris (1873), le Club Alpin français (1874), la Société de topographie de France (1876), la Société des études coloniales et maritimes (1876).

- La librairie Charles Bayle a récemment publié une édition populaire et classique de l'Atlas colonial de M. Henri Mager, avec texte par M. A.' Jacquemart, ancien inspecteur de l'enseignement primaire à Paris, député des Ardennes (prix : 1 fr. 75).

Dans les excellents Extraits de Diderot, à l'usage des classes supérieures de l'enseignement secondaire classique et spécial, par M. Eugène Fallex, proviseur du lycée de Versailles (Delagrave, 1887), nous trouvons ces quelques lignes empruntées au Plan d'une université par Diderot : « Lorsqu'on a dit de la géographie et de la chronologie qu'elles étaient les deux yeux de l'histoire, on a tout dit. Je désirerais qu'on diminuât la sécheresse de l'étude du globe par quelques détails sur les religions, les lois, les mœurs, les usages bizarres, les productions naturelles et les ouvrages des arts. Il y a la géographie ancienne et la géographie moderne: il n'en faut point faire des études séparées; il en coûterait si peu pour joindre au nom d'une ville ou d'une rivière celui qu'elle portait autrefois! Ailleurs (Voyage de Hollande), Diderot écrit : « Si vous n'êtes pas un homme de peu de cervelle, vous pratiquerez le conseil que je vais vous donner. Arrivé dans une ville, montez sur quelque hauteur qui la domine, car c'est là que, par une application rapide de l'échelle de l'œil, vous prendrez une idée juste de sa topographie, de son étendue, du nombre de ses maisons, et, avec ces éléments, quelque notion approchée de sa population. >>

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Dans son savant Essai sur l'histoire de la religion romaine pendant les guerres puniques, extrait des Annales de la Faculté des lettres de Bordeaux (Paris, Ernest Leroux, 1887), M. Édouard Sayous, professeur à la Faculté des lettres de Besançon, dit excellemment « La mer, la Sicile, l'Afrique, trois nouveautés où la première guerre punique entraînait le ferme

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