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rarement consultées; elles vivent isolées et leurs travaux sont ignorés. Quelques-unes d'entre elles publient périodiquement des documents trop peu nombreux et trop succincts. Elles devraient toutes publier chaque année le compte rendu de leurs travaux et entrer en relations avec les Chambres de commerce de la métropole.

Ainsi que le fait observer M. Poinsard, dans son Étude sur les Chambres de commerce (Annales de l'École des sciences politiques, 15 avril 1887), les Chambres fondées à l'étranger par les résidents français montrent l'efficacité de l'initiative privée; car ces compagnies vivent surtout de cotisations volontaires.

Les musées commerciaux ne sont pas moins utiles que les Chambres de commerce à l'étranger. Celui de la Société de Géographie commerciale prend tous les jours une nouvelle extension. L'administration des colonies a organisé en 1884 au Palais de l'Industrie une exposition commerciale des produits étrangers vendus dans les colonies; elle possède à Paris un bureau du régime économique qui a été fondé pour créer des rapports commerciaux entre le métropole et ses possessions extérieures et qui pourrait rendre de grands services.

La Cochinchine a créé à Paris une agence commerciale dont la nécessité a été contestée et dont le titulaire nous paraît cependant appeler, dans une certaine mesure, à fournir des renseignements utiles. Un des devoirs de ce fonctionnaire sera de faire parvenir des échantillons au musée commercial de Saïgon.

L'exposition d'Hanoï a eu le plus grand succès et pourra avoir de l'influence sur le développement de nos relations commerciales avec le Tonkin. Nous devons donc rappeler les missions qui ont été envoyées dans ce pays par les fabricants lyonnais.

Un musée commercial va être ouvert à Tanger. Les commerçants et industriels auront sans doute à cœur d'y envoyer de nombreux échantillons. L'administration du musée promet de fournir gratuitement à tous ses correspondants des références commerciales sur le pays, et même de se charger de leur représentation dans des conditions qui seraient l'objet d'une entente particulière.

III

On a reçu de bonnes nouvelles de MM. Bonvalot et Capus. Après avoir parcouru la Perse et le Turkestan, ils se sont vu refuser le

passage à la frontière afghane, à Merouchak d'abord, puis à Meïmené; revenus à Merv, ils ont été visiter Samarcande. Les Afghans qui les ont retenus prisonniers quelque temps à Meïmené les regardaient comme suspects en raison du bon accueil qu'ils avaient reçu dans l'empire russe. Ils étaient néanmoins décidés à gagner l'Inde, fût-ce par une voie détournée; les dernières nouvelles qu'on a reçues d'eux sont datées de Simla; bientôt sans doute on apprendra qu'ils ont réussi à atteindre le but de leur voyage.

M. Duveyrier a communiqué à la Société de Géographie une lettre intéressante de M. Krause, qui n'a pu parvenir jusqu'à Tombouctou.

M. Alexandre Mac-Arthur, employé de la Compagnie de la baie d'Hudson, a quitté Winnipeg le 13 février dernier dans le but d'atteindre le fort Churchill, et de là le rivage septentrional de la baie d'Hudson, puis de se diriger au nord-ouest en parcourant la terre du Roi-Guillaume et le golfe de Boothia Félix. Il compte hiverner dans la terre du Roi-Guillaume; il pense explorer la terre du Devon septentrional, la terre de Grinnell, et revenir dans trois ou quatre ans seulement.

Un arrangement récent entre la France et l'Allemagne fait de leurs possessions sur la côte des Esclaves un seul territoire douanier. On sait quel grand développement le commerce allemand a déjà atteint dans cette région. Les paquebots de la maison Woermann y font escale. C'est Hambourg seule qui fabrique le genièvre si recherché des noirs (avec des alcools de Russie, d'Allemagne, de Hongrie). Le sel qui est transporté en Afrique vient en grande partie d'Allemagne.

On pourrait donc être tenté de dire que le commerce allemand dans les pays neufs n'a pas eu besoin pour grandir de la fondation de colonies impériales. Le gouvernement ne pourrait-il pas se reposer sur l'initiative individuelle, se contenter tout au plus d'accorder une subvention à des compagnies de navigation qui relieraient les uns aux autres les pays étrangers où seraient fixés les comptoirs des nationaux? Il faut se rappeler combien les transactions avec les indigènes manquent de sécurité; le commerce fait dans ces conditions se développe beaucoup moins que lorsqu'il est à l'abri du pavillon d'une nation civilisée et surtout de celui de la patrie. La protection donnée par un État européen à ses nationaux diminue les risques de leurs entreprises et accroît la valeur de leurs opérations,

et par suite la richesse publique. Comment un gouvernement soucieux des intérêts du commerce pourrait-il refuser son appui aux négociants, ses nationaux, établis dans un pays indépendant?

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EISEN.

n° 3).

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LES SOURCES DU MISSISSIPI

LEURS EXPLORATEURS RÉELS OU PRÉTENDUS

Vous vous figuriez peut-être que, depuis longtemps, aucun doute n'était plus possible sur l'emplacement des sources du grand fleuve américain. Vous vous trompiez un M. Glazier prétend avoir découvert les véritables sources du Mississipi, et c'est pour anéantir une pareille prétention que l'honorable James H. Baker vient de présenter (8 février 1887) un rapport à la Société historique du Minnesota. Ce rapport offre un grand intérêt, en ce que d'abord il coupe court par avance à toutes les réclamations des gens qui voudraient trouver une nouvelle source au fleuve, et aussi en ce qu'il rend un hommage bien mérité à notre compatriote Nicollet. Donnons-en un rapide résumé.

Un certain capitaine Willard Glazier a prétendu tout récemment qu'il avait fait d'importantes découvertes dans le réservoir principal du Mississipi : il aurait trouvé un nouveau lac, inconnu avant la courte visite qu'il fit en 1881 à la région de « l'Itasca ». Ce lac, qu'il nomme lac « Glazier », serait, d'après lui, la vraie source du grand fleuve. Et, là-dessus, il se met à exalter sa découverte, et à tenter d'enlever les lauriers qui couronnent le front de Schoolcraft et celui de Nicollet pour les placer sur le sien. Examinons la question.

Les sources du Mississipi sortent d'un plateau élevé, couvert de ruisseaux, de lacs et de marais, par environ 47° de lat. N. et 95° de long. O. 2. Où est donc la véritable source? Qui l'a trouvée le premier?

3

L'Encyclopédie américaine (édit. de 1855) dit : « Nous suivons la carte de Schoolcraft en plaçant sous la latitude et la longitude du lac « Le Busch » (Itasca) la première source du Mississipi. » Et tous les géographes, pendant cinquante ans, ont fait comme l'Encyclopédie. La découverte de Schoolcraft, du 12 juillet 1832, a été d'ailleurs confirmée en juillet 1836 par Jean N. Nicollet, savant français distingué. A force de temps et de recherches, il trouva quelques affluents sans importance de « l'Itasca »; mais il reconnut bien que << l'Itasca, était le bassin principal du réservoir du Mississipi; et loyalement il attribua « tout l'honneur de la première exploration des sources à M. Schoolcraft et à son compagnon le lieutenant Allen, ne réclamant pour lui que le · mérite d'avoir achevé de faire connaître la géographie de cette région ». Après ces savants vinrent, à différentes époques, une douzaine d'autres hommes instruits qui affirmèrent les droits de ces explorateurs à l'honneur de cette décou

1. The Sources of the Mississipi; Their Discovers real and pretended, par l'Hon. James H. Baker (Saint-Paul, Minnesota).

2. Il s'agit de la longitude de Greenwich.

3. La Biche, mot français dénaturé.

REVUE DE GEOGR. - AOUT 1887.

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