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les tadunja et les ingkai. Dans les cas de défrichements et de mise en culture par des gens de la tribu le consentement est donné par le tadunja; s'il s'agit d'étrangers il faut aussi la permission du kabusenja. Le défricheur devient propriétaire du terrain (pangale). Les terres cultivées (nawa) peuvent être cédées, louées ou vendues même à des étrangers. Les paiements se font en arbres, bétail, cotonnades, objets en terre et en cuivre. La valeur des terres est établie d'après les récoltes de riz des deux dernières années.

Les transactions se font toujours en présence des ingkai qui servent de témoins. Les différents sont également jugés par eux. Les étrangers qui quittent la tribu perdent tous leurs droits de propriété. Leurs terres reviennent de nouveau à la commune qui peut en disposer comme la première fois.

(A suivre.)

Dr Comte G.-H-J. MEYNERS D'ESTREY.

L'AUSTRALASIE

(SUITE)

LA NOUVELLE-GUINÉE

Les dimensions de la Nouvelle-Guinée. - La NOUVELLE-GUINÉE dite aussi Papouasie, a une superficie d'environ 785 000 KILOMÈTRES CARRÉS: c'est la plus grande île du monde, étant donné que l'Australie est un continent et que le Groenland n'est pas compté au nombre des îles. Elle est située entre l'équateur et le 11° degré de latitude méridionale, et orientée du nord-ouest au sud-est; elle a à peu près la forme d'un fuseau, avec une largeur d'environ 720 kilomètres du nord au sud et une longueur de 2450 kilomètres du nord-ouest au sud-est.

POSITIONS GÉOGRAPHIQUES DES PRINCIPAUX POINTS DE LA NOUVELLE-GUINÉE.

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Les côtes. -La pointe occidentale de la NOUVELLE-GUINÉE est couverte d'un archipel qui s'étend à l'ouest jusqu'à l'île Gêbé et où se trouvent les îlots Ayou, les îles Waygiou (Ouaygiou), bordée à l'ouest par le détroit de Bougainville et séparée de la grande île par le détroit de Dampier, dont l'entrée occidentale est embarrassée de récifs, Battanta, Salawatti, haute (760 m. au mont Wagon) et rocheuse au nord, séparée par le détroit de Galewo, Mysole, très accidentée (env. 900 m. aux monts Foul et Adoa).

REVUE DE GÉOGR.

FÉVRIER 1887.

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La côte septentrionale de la presqu'île occidentale sur laquelle se détachent le cap de Bonne-Espérance et le cap Mamori est haute, coupée à pic et bordée par les monts Arfak. La profonde BAIE DU GEELVINCK, abritée par les îles Mysore, dites aussi îles Schouten, l'ile Jappen (750 m.), l'ile Mefor, hautes et boisées, limite à l'est la presqu'île occidentale; on y trouve, au nord-ouest, la petite baie Doreï. A l'est, la baie du Geelvinck, bordée de hauts rivages rocheux, excepté dans la région voisine de la bouche de l'Amberno, est limitée par la pointe d'Urville dans le delta de l'Amberno. De là jusqu'au cap d'Entrecasteaux ou cap Crétin, la côte orientée du nord-ouest au sud-est sur une longueur d'environ 1200 kilomètres est presque partout bordée de hautes terres boisées et est peu découpée; on y trouve cependant les petites baies de Walkenaer, de Humboldt, qui offre entre deux hauts promontoires un bon mouillage, de l'Astrolabe, un archipel portant encore le nom d'îles Schouten, le cap della Torre, le cap Croisilles. Au sud du cap d'Entrecasteaux et du golfe Huon s'allonge la pointe méridionale de la NouvelleGuinée que terminent le cap Est et la baie Milne. Cette pointe, enveloppée de récifs, est flanquée de l'île Moresby (550 m.), des îles d'Entrecasteaux et de l'archipel de la Louisiade, dédale de récifs et d'îles madréporiques qui ne sont pas encore complètement explorées. Le détroit de la Chine, ainsi nommé par Moresby parce qu'il est la route la plus courte d'Australie en Chine, les détroits de Goschen et de Ward Hunt séparent la Nouvelle-Guinée de ces archipels. Sur la côte méridionale de la Nouvelle-Guinée sont le cap Sud, la baie de l'Orangerie où aborda Bougainville, la pointe Hood, le bon port Moresby (9° 20′ de lat., 145° 10' de long.) dont l'entrée s'ouvre entre des récifs corallins, la baie Redscar, le GOLFe de Papouasie, le delta du Fly qui paraît s'étendre jusqu'au détroit de Torrès. A l'ouest du détroit, la côte, presque partout basse, jusqu'au cap Bûru, est orientée vers le nord-ouest, on y trouve l'île du Prince Frédérick Henri terminée par le cap Valsche « cap Plat » et séparée de la grande île par le détroit Dourga, si resserré entre de hautes rives boisées qu'on l'a pris longtemps pour la bouche d'un fleuve, le cap Steenboom, le cap Bûru, le cap Baudin, l'île Adi, formée d'un banc de corail, le cap Van den Bosch, la baie de Mac Cluer ou Telok-Berau dont la côte méridionale est haute et rocheuse, la côte septentrionale basse et marécageuse; cette baie pénètre profondément dans l'île et son fond n'est séparé de la côte de la baie

du Geelvinck que par un isthme de 25 kilomètres de largeur. Une partie des côtes de la Nouvelle-Guinée n'a été relevée que d'une manière très sommaire par les navigateurs.

L'intérieur de l'île. L'intérieur de l'île est presque entièrement inconnu. C'est de la mer que des navigateurs en ont aperçu les principaux sommets montagneux; à l'ouest, les MONTS CHARLESLouis, qui près de la côte atteignent à peine 1400 mètres au mont Lakahia, paraissent s'élever dans l'intérieur, vers l'est, jusqu'à plus de 5000 mètres et sont couverts de neige; à l'extrémité sud-est, une autre chaîne, très haute aussi, à laquelle on donne quelquefois le nom de son principal sommet, OWEN STANLEY (env. 4020 m.), renferme en outre le mont Yule (3100 m.), le mont Obri (3100 m.), le Suckling (3420 m.), le Simpson (3040 m.), et, près de la côte, le mont Astrolabe (1200 m.). Au centre, M. d'Albertis a aperçu une chaîne qu'il a nommée monts Victor-Emmanuel et qui appartient peut-être, avec les deux chaînes précédentes, à une arête centrale.

La partie méridionale paraît être, en général, une plaine basse. La partie septentrionale est, au contraire, généralement haute; on y a remarqué les monts du Finisterre qu'on suppose hauts de 3300 mètres, les monts Gauthier (2000 m.), et du Cyclone (2300 m.); et dans la presqu'île occidentale les MONTS DES ARFAK (2900 m.), chaîne de granit, sauvage, coupée de ravins et de précipices.

Les deux principaux cours d'eau paraissent être au nord-est l'Amberno ou Mamberau, « grande rivière », que les Hollandais ont remonté en 1884, au sud le FLY, qui porte le nom du bâtiment qui, en 1845, en découvrit l'embouchure; un voyageur italien, M. d'Albertis, l'a remonté, une première fois en 1875 jusqu'à l'île de l'Ellangowan; une seconde fois, en 1876 et en 1877, avec une chaloupe à vapeur, jusqu'à 800 kilomètres de son embouchure et à 450 kilomètres de la mer, au delà du confluent de l'Alice, dans une région où l'horizon était borné par des montagnes et où la rapidité du courant et l'étroitesse du lit indiquaient que les voyageurs avaient atteint le cours supérieur. La région située au pied de ces montagnes est accidentée de collines; plus bas, c'est une vaste plaine, couverte d'épaisses forêts tropicales. Dans la région côtière et dans l'intérieur, de grandes jungles rappellent la végétation de l'Australie et alternent avec les forêts. Dans la presqu'île occidentale, on a remonté, sur une étendue d'une dizaine de kilomètres, le Wa Samson et sur

une longueur d'une soixantaine de kilomètres le Krabra. Les cours d'eau doivent être en grand nombre dans une contrée tropicale qui a de hautes montagnes et dont le climat est très humide : en 1884, une expédition australienne durant un voyage d'environ 760 kilomètres dans le sud-est a découvert douze nouvelles rivières, dont quelques-unes sont larges et profondes.

Les forêts côtières de la Nouvelle-Guinée sont composées de grands arbres dont le toit épais de verdure s'élève à une centaine de mètres au-dessus du sol et abrite une végétation arborescente moins haute et une quantité considérable de lianes; le camphrier, le sagoutier s'y trouvent en abondance. Sous ces ombrages que les rayons du soleil percent difficilement, l'humidité est extrême, la décomposition des végétaux empeste l'air de miasmes qui dans la saison pluvieuse sont funestes aux Européens. La faune est peu variée, les mammifères ne se composent guère, comme en Australie, que de marsupiaux (Kangourous et Wallabis), de dingos, espèce de chiens, et d'un sanglier d'une espèce particulière, le sus papuensis; les oiseaux, parmi lesquels se distinguent les oiseaux de paradis et plusieurs variétés de perroquets, sont, au contraire, nombreux. Les insectes pullulent et font le désespoir des voyageurs. La Nouvelle-Guinée fait partie d'une région intermédiaire entre deux mondes; sa flore et sa faune participent à la fois de celle des Moluques et de celle de l'Australie.

Le climat est très chaud, très humide dans la saison des pluies où peu d'Européens échappent à la fièvre. Les côtes sont les parties les plus malsaines. Des voyageurs ont signalé quelques parties plus élevées de l'intérieur comme étant salubres.

La découverte de la Nouvelle-Guinée. La Nouvelle-Guinée a probablement été aperçue dès 1511 par un navigateur portugais, Antonio de Abreu, que les vents et les courants portèrent des îles Arrou jusque sur la côte de la presqu'ile occidentale (peut-être dans l'anse de Doreï). Quelques années après (1526), un gouverneur portugais de Ternate, don Jorge de Menensis fut poussé aussi par les vents jusque sur les îles de la pointe occidentale où il resta un mois. En 1528, un Espagnol, Alvaro de Saavedra, parti des Philippines, crut découvrir cette terre qu'il nomma « îles d'Or». Les Portugais, qui avaient nommé cette terre Papouasie du nom que les Malais donnaient à ses habitants, et les Espagnols, qui reconnurent une partie des côtes (voyage de Ortez de Retz, 1545,qui lon

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