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phie, sous le bénéfice de quelques réserves et des améliorations à yapporter nécessairement, par suite des nombreuses lacunes qu'elles renferment et des points laissés par elle volontairement en suspens faute d'avoir pu trouver une solution satisfaisante.

La conclusion de M. Barbier est que «la question des transcriptions géographiques vient de faire un pas considérable en avant, elle vient d'accomplir une étape, non peut-être la dernière, mais assurément décisive, et je serais heureux si j'ai pu y contribner pour ma part». Ainsi que je l'ai dit plus haut, je ne saurais partager cette opinion.

Je crains plutôt que l'adoption en quelque sorte officielle d'un système hybride qui n'est plus français et qui ne deviendra jamais international, n'ait fait faire à la question un pas en arrière en augmentant encore le chaos de la nomenclature géographique sur les cartes françaises, notamment sur celles de l'Algérie.

Je ne veux pas terminer sans féliciter M. Barbier pour sa consciencieuse étude sur la phonétique de la plupart des langues, étude qui sera toujours utile à consulter lorsqu'un congrès international abordera sérieusement le problème de la création d'un alphabet universel.

Général PARMENTIER.

Voici le résumé officiel des propositions faites par la Société de Géographie, dont parle au cours de son étude M. le général Parmentier 1.

Les noms géographiques des nations qui emploient dans leur écriture des caractères latins (langues néo-latines, germaniques, scandinaves) seront écrits avec l'orthographe de leur pays d'origine.

Les règles qui vont suivre s'appliquent uniquement aux noms géographiques de pays qui n'ont point d'écriture propre ou qui écrivent avec des caractères différents des caractères latins.

Toutefois, à titre exceptionnel, on conservera l'orthographe usitée pour les noms de lieux, lorsqu'elle a été consacrée par un long usage: La Mecque, Naples, Calcutta.

1. Les voyelles a, e, i, o se prononceront comme en français, en italien en espagnol ou en allemand. La lettre e ne sera jamais muette.

1. Voy. les Mémoires du Bulletin de la Societé de Géographle, 2o trimestre de 1886. Ce résumé est précédé d'un rapport fait au nom d'une commission composée de MM. d'Abbadie, Bouquet de la Grye, Grandidier, Perrier, membres de l'Institut, Cordier, Gauthiot, Germain, Maunoir, général Parmentier, Pinart, Ploix et Schrader. Le rapport a été approuvé par la Commission centrale le 17 avril 1886.

2. Le son u français sera représenté par un ❞ avec un tréma, comme en allemand.

3. Le son ou français sera représenté par un u comme en italien, en espagnol, en allemand, etc.

4. Le son eu français sera représenté par le caractère a prononcé comme dans œil.

5. L'allongement d'une voyelle pourra être indiqué par un accent circonflexe; un arrêt dans l'émission pourra être figuré par une apostrophe.

6. Les consonnes b, d, f, j, k, l, m, n, p, q, r, t, v, z se prononceront comme en français.

7. Get s auront toujours le son dur français; exemple: gamelle, sirop. 8. L'articulation représentée en France par ch s'écrira sh; exemple : sherif, Kashgar.

9. Kh représentera la gutturale forte; gh la gutturale douce des Arabes. 10. Th représentera l'articulation qui termine le mot anglais path (0 grec).

Dh représentera le son qui commence le mot anglais those (♪ grec). 11. En dehors de ces emplois de la lettre h qui modifient le son de celle qui le précède, cette lettre sera toujours aspirée ; il n'y aura, par suite, jamais d'apostrophe avant un nom commençant par un h. 12. L'i semi-voyelle sera représenté par un y prononcé comme dans yole.

13. Le w semi-voyelle se prononcera comme le mot anglais William.
14. Les sons doubles dj, tch, ts, etc, seront figurés par les lettres
représentant les sons qui les composent. Exemple: Matshim.
15. ln (ñ) surmonté d'un tilde se prononcera gn comme dans seigneur.
16. X, c, q, disparaissent comme faisant double emploi; toutefois, cette
dernière lettre pourra servir à représenter le qaf arabe et le aïn
pourra être représenté par un esprit doux.

On s'appliquera à indiquer au moyen des caractères ci-dessus le plus exactement possible la prononciation locale, sans chercher d'ailleurs une reproduction complète des sons que l'on aura entendus.

L'AUSTRALASIE

(SUITE)

Les îles Fidji et une portion de la Nouvelle-Guinée sont aujourd'hui des dépendances de l'empire colonial de la Grande-Bretagne, en Australasie. L'étude de l'Australasie britannique ne serait pas complète si nous n'ajoutions quelques pages sur ces deux régions.

Iles Fidji.

La Géographie physigue. Les ILES FIJI (Fidji avec l'orthographe française) ou Viti sont situées dans leur plus grande extension entre 15°40′ et 19°50′ de latitude australe et entre 175° et 178°30' de longitude orientale. Elles se composent de deux grandes îles et d'environ cent cinquante à deux cents petites îles disposées en ovale autour d'un bassin intérieur, sur une longueur d'environ 480 kilomètres de l'ouest à l'est. On évalue la superficie totale de l'archipel à 20 800 kilomètres carrés et à 150 000 kilomètres carrés l'espace qu'occupe dans l'Océan l'ensemble du groupe. La plupart de ces îles résultent de soulèvements volcaniques qu'ont enveloppés et agrandis des ceintures de coraux.

A l'ouest, Viti Levu (orthographe française: Viti Levou), « Grande Fidji », a une superficie d'environ 10 300 kilomètres carrés. Elle est de forme ovale, longue de 145 kilomètres et large de 80. Vers la pointe sud-est est le delta fangeux de la rivière Rewa (Reoua) à l'ouest de laquelle est le port Suva; la côte méridionale est généralement haute, bordée de collines de 200 à 300 mètres, boisée et flanquée par la barrière des récifs Mbengha; la côte sur laquelle se trouve le port Na-dronga se termine à l'ouest par la

1. Nous conservons le plus souvent l'orthographe anglaise pour ces îles (Fiji ou Fidji), parce qu'elles sont aujourd'hui des possessions britanniques et que, par suite, les noms ont en quelque sorte une orthographe officielle; aussi faut-il prononcer u comme ou, au comme aou, etc. Nous donnons pour quelques noms la prononciation française entre parenthèses. En général, quand les îles de l'Oeéanie n'appartiennent pas à une puissance européenne, nous préférons, écrivant en françats, adopter l'orthographe française, c'est-à-dire rendre, autant que possible, les sons indigènes par des lettres telles qu'on les prononce en France.

pointe Navoula et par une longue barrière de récifs qui se prolongent jusqu'à l'île Viwa; la côte septentrionale est bordée de roches, la côte orientale est flanquée par l'île Ovalau (Ovalaou), haute et rocheuse. L'intérieur de Viti Levu est montagneux dans sa partie centrale avec un sommet de 1220 mètres, le Moua-NiVata, et des vallées profondes, boisées; entre les montagnes et la côte mériodinale s'étendent de belles plaines. L'île est abondamment arrosée. Le Rewa que les indigènes nomment Ouai Levou, « la grande rivière », est navigable jusqu'à 65 kilomètres de son embouchure.

A 65 kilomètres au sud de Viti Levu est Kantavu, séparée de la grande île par le passage de Kantavu que bordent les îlots de Vatulele et de Mbenga. Kantavu, longue de 40 kilomètres et large de 12, est montagneuse et boisée.

Au nord-ouest de Viti Levu sont les groupes des îles Hudson et des îles Yasaoua (Waia, Nativi, Vangata, etc.), bordés de récifs corallins.

A l'est de Viti Levu sont, outre Ovalau, les petites îles d'Angau, de Nairi.

VANUA LEVU, ou Grande Terre, est située au nord-est de Viti Levu à laquelle elle est reliée par un plateau sous-marin de roches corallines. Elle a une superficie d'environ 6300 kilomètres carrés. Longue d'environ 160 kilomètres et large de 40 seulement, cette île, haute et bien boisée, a des montagnes qui s'élèvent à 1 300 mètres. Elle est flanquée, à l'ouest, de la petite île Yendaua et elle se termine au nord-est par le cap Undu. On trouve sur la côte méridionale un bon port, la baie Savu-Savu, et sur la côte orientale la profonde baie de Nateva.

Au sud-est de Vanua Levu, séparée de cette île par le passage Somo Somo, large de 8 kilomètres et profond (40 mètres), désagréable pour les voiliers à cause des calmes, est l'ile Taviuni ou Vuna, longue de 50 kilomètres et large de 11, haute de 700 mètres à sa partie centrale qu'occupe un lac formé dans un ancien cratère, terre fertile, parée d'une belle végétation tropicale. Kamia et Lanthala sont deux petites îles à l'est de Taviuni; Rambi et les atholls dits iles Ringgold sont à l'est de Vanua Levu.

Au sud-est, par delà le passage de Nanuku, sont les petites îles, flanquées de nombreux récifs corallins, qui ferment la partie orientale des Fidji et qui constituent deux groupes : celui des ILES Ex-,

PLORING, enveloppées de récifs, avec les îles fertiles de Mago, de Yathata, de Vatuvara, etc.; et celui des ILES LAKEMBA avec les îles Lakemba, Motha, Kambara, etc.

Au sud des Fidji sont les petites îles Moala, Totoya, volcan dont le cratère est devenu un lac d'eau salée, Matuku, la plus séduisante de toutes par la splendeur de la végétation; plus au sud-est, l'ile Vatoa et les îles Ono.

Toutes ces îles enveloppent la mer de Koro, mer profonde (1870 mètres au sud de Koro) qui doit son nom à une petite île située au sud de Vanua Levu.

Le climat est tropical. Mais les ardeurs du soleil sont tempérées par la brise de mer et la saison chaude n'est pénible pour les Européens que pendant trois mois. La température moyenne est de 26o,6 avec des variations de 15°,5 à 50°; dans la saison sèche, pendant laquelle souffle l'alizé du sud-est, quelque peu élevé par la température et le relief du sol, la moyenne diurne la plus élevée ne paraît pas cependant dépasser 35° et la moyenne de février, le mois le plus chaud, n'est que de 28,9. D'octobre à mai, c'est la saison humide, qui est la plus chaude, surtout de décembre à mars, et pendant une partie de laquelle sévissent les ouragans. C'est en mars qu'il y a le plus de pluie. Il est tombé, dans la région au nordouest, 285 de pluie en 1881 (avec 168 jours de pluie); la pluie est ordinairement plus abondante sur la côte sud-est que sur la côte occidentale.

L'histoire et la politique. -En mars 1643, Tasman longea la côte de Taviuni et de Vanua Levu et donna à l'archipel le nom du prince Guillaume, mais depuis ce temps, aucun Européen n'y aborda jusqu'à Cook qui descendit dans une des petites îles de l'est. En 1797, le capitaine Nelson, ayant essayé de débarquer des missionnaires dans Vanua Levu, et ayant dù reculer devant l'hostilité des indigènes, perdit son navire sur les récifs de Taviuni.

En 1804, vingt-sept condamnés échappés de Sydney abordèrent dans Viti Levu et, grâce à leurs armes à feu, devinrent bientôt des chefs puissants; mais leurs vices, dont ils ne s'étaient pas dépouillés, les firent peu à peu mépriser et tuer par les indigènes1.

Ceux-ci ont la peau de couleur cuivrée, la taille bien proportionnée; ils nagent comme des poissons, se frottent le corps avec de

1. En 1835, les Européens n'en trouvèrent plus qu'un vivant; c'était un Irlandais du nom de Paddy Connor.

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